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écrivain

[Bernard] Shaw ne comprend rien au sexe. Il n’a même pas la plus vague conception de l’amour. Aucune de ses pièces ne présente de véritable histoire d’amour. Il fait une farce de l’amour de Jules César – qui est peut-être la plus grande passion de l’histoire –. Avec méchanceté, il dépouille délibérément Cléopâtre de toute grandeur pour en faire une simple jeune fille insignifiante. La raison de l’étrange attitude de Shaw envers l’amour, qu’il nie être le mobile de toutes choses humaines (ce qui fait ses pièces n’atteignent pas à une acclamation universelle malgré leur immense portée intellectuelle), est inhérente à sa psychologie. Dans l’une de ses préfaces, il souligne lui-même l’aspect ascétique de son tempérament.

Auteur: Freud Sigmund

Info: Entretien par G.S. Viereck, 1926

[ critique ]

 

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femmes-hommes

Tous les sons que maîtrise la dame d’un certain âge, l’homme les connaît depuis longtemps. Il les lit en effet sur le visage rubicond, moite, enchanté et ravi qu’elle a quand elle le voit. Et elle sonne faux, la tonalité de cet air qu’elle entonne sous lui, il la croit même falsifiée à dessein. Ce sont d’étranges plaintes qui, dès qu’on la touche, se muent en gémissements pour le moins experts. Il n’y aurait pas cru s’il ne les avait entendus de ses propres oreilles. Cette maison est bien la seule à être attachée à cette femme. Une propriétaire sans propriété, voilà ce qu’elle est en fait, et elle croit demeurer dans un espace qui est, en dépit de sa beauté, celui du faux. C’est ça l’amour.

Auteur: Jelinek Elfriede

Info: Avidité

[ jeu ] [ bagatelle ] [ badinage ]

 

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relations humaines

"J’aime quelqu’un", m’a-t-elle dit. Je ne sais pourquoi ces mots quelconques ont subitement fait naître en moi une grande pitié pour elle. Je ne sais pourquoi cette façon de m’annoncer une nouvelle aussi importante m’a montré une Madeleine sans défense. J’ai eu le pressentiment qu’elle allait être dominée, qu’elle allait souffrir encore davantage, parce que je ne serais plus là pour la comprendre. Ce dernier mot me dévoile tout à coup une vérité à laquelle je n’avais pas encore songé. La compréhension la plus profonde, la compréhension qui aujourd’hui m’était apparue comme la base de tout amour, est inutile. Il ne sert à rien de comprendre ses semblables. La compréhension profonde n’ajoute rien à l’amour. Oui, la lassitude qui pèse sur moi est quelque chose d’effrayant. J’ai passé la quarantaine, et me voilà comme au début de l’existence.

Auteur: Bove Emmanuel Bobovnikoff Dugast Vallois

Info: Journal écrit en hiver, Flammarion, 1983, page 191

[ altérité radicale ] [ stagnation ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

astronomie

JE VIS une galaxie spirale dans la constellation de la Chevelure de Bérénice, une région discrète du ciel à laquelle l’astronome grec Aristarque de Samos se plut à donner au troisième siècle avant Jésus-Christ le nom d’une reine de l’Égypte ancienne : Bérénice avait fait vœu de sacrifier sa chevelure aux reflets d’or si son époux revenait indemne de sa guerre contre les Assyriens. Le pharaon rentra victorieux et Bérénice déposa les mèches de ses cheveux coupés aux pieds d’une statue de la déesse de l’amour. L’offrande ayant disparu dans la nuit, le pharaon crut à un vol et sa colère ne s’apaisa que lorsque l’astronome grec de la cour, la nuit d’après, lui désigna trois nouveaux astres et lui apprit qu’Aphrodite, la déesse de l’amour, avait accepté l’offrande de son épouse : métamorphosés en étoiles, les cheveux d’or de Bérénice étaient à présent accrochés là-haut, dans le ciel nocturne.

Auteur: Ransmayr Christoph

Info: Atlas d'un homme inquiet

[ étymologie ] [ légende ]

 

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religion

La théologie aide ainsi à découvrir le sens profond de l’Évangile ; mais plus elle avance, plus en un sens elle doit se cacher ; elle doit disparaître un peu comme saint Jean-Baptiste après avoir annoncé Notre-Seigneur. Elle aide à trouver le sens profond de la Révélation divine contenue dans l’Écriture et la Tradition, et quand elle a rendu ce service, il convient qu’elle s’efface. Pour restaurer les cathédrales, remettre quelques pierres ciselées au bon endroit, il faut faire un échafaudage ; mais les pierres remises, l’échafaudage est enlevé et la cathédrale apparaît de nouveau dans toute sa beauté. La théologie sert aussi à nous montrer la fermeté des fondements de l’édifice doctrinal du dogme, la solidité de sa structure, la proportion de ses parties, et quand elle nous la fait entrevoir, elle s’efface devant la contemplation surnaturelle qui procède de la foi éclairée par les dons, de la foi pénétrante et savoureuse, unie à l’amour.

Auteur: Garrigou-Lagrange Réginald

Info: Dans "Les trois conversions et les trois voies", Les éditions du Cerf, 1933

[ utilité ] [ étape ]

 

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romantisme

À ce moment-là, il satisfaisait une curiosité voluptueuse en connaissant les plaisirs des gens qui vivent par l’amour. Il avait cru qu’il pourrait s’en tenir là, qu’il ne serait pas obligé d’en apprendre les douleurs ; comme maintenant le charme d’Odette lui était peu de chose auprès de cette formidable terreur qui le prolongeait comme un trouble halo, cette immense angoisse de ne pas savoir à tous moments ce qu’elle avait fait, de ne pas la posséder partout et toujours ! Hélas, il se rappela l’accent dont elle s’était écriée : "Mais je pourrai toujours vous voir, je suis toujours libre !" elle qui ne l’était plus jamais ! l’intérêt, la curiosité qu’elle avait eu pour sa vie à lui, le désir passionné qu’il lui fît la faveur — redoutée au contraire par lui en ce temps-là comme une cause d’ennuyeux dérangements — de l’y laisser pénétrer ; comme elle avait été obligée de le prier pour qu’il se laissât mener chez les Verdurin ; et, quand il la faisait venir chez lui une fois par mois.

Auteur: Proust Marcel

Info: A la recherche du temps perdu, tome 1, 2ème partie : Du Côté de chez Swann II : Un amour de Swann

[ femmes-hommes ] [ théorie-pratique ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

anti-prédétermination

Mythe stupide et vénéneux de l’âme sœur créée spécialement pour chacun de nous et qu’il suffit de rencontrer pour réaliser sur terre le paradis de l’amour. Certes, un minimum d’harmonie préétablie est indispensable à l’éclosion d’un grand amour, mais ce minimum de consonance entre les âmes, des centaines de femmes le réalisent a priori à l’égard de chaque homme et des centaines d’hommes à l’égard de chaque femme. Il faut toute la candeur de la jeunesse, toute son ignorance de la vie pour méconnaître cette vérité. Et il faut aussi beaucoup d’orgueil : il faut se croire unique et solitaire comme un dieu que seul un autre dieu, également unique et solitaire, peut comprendre et peut combler. [...]

En réalité, l’harmonie unique et irremplaçable entre deux âmes n’est, à l’heure de la rencontre, qu’une ébauche indéterminée au sein d’une gangue d’illusion. C’est de la communion quotidienne, des joies, des douleurs, des efforts et des sacrifices partagés, qu’elle tire ensuite sa forme précise et immuable. "L’âme sœur", "la moitié de nous-même", n’est pas donnée a priori, mais a posteriori : c’est notre amour et notre fidélité qui la créent.

Auteur: Thibon Gustave

Info: "Ce que Dieu a uni", libraire Arthème Fayard, 1962, pages 180-181

[ travail de volonté ]

 

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impossible

Socrate affirme […] le savoir interne au jeu du signifiant. Il pose en même temps que ce savoir entièrement transparent à lui-même est ce qui en constitue la vérité. 

[…] Le pas sans doute essentiel de Socrate assure l’autonomie de la loi du signifiant, et prépare pour nous ce champ du verbe qui lui aura permis de critiquer tout le savoir humain comme tel. Mais la nouveauté de l’analyse, si tant est que ce que je vous enseigne concernant la révolution freudienne soit correct, c’est justement ceci, que quelque chose peut se sustenter dans la loi du signifiant, non seulement sans que cela comporte un savoir, mais en l’excluant expressément, en se constituant comme inconscient, c’est-à-dire comme nécessitant à son niveau l’éclipse du sujet, pour subsister comme chaîne inconsciente, comme constituant ce qu’il y a d’irréductible, en son fond, dans le rapport du sujet au signifiant.

C’est pour cette raison que nous sommes les premiers, sinon les seuls, à ne pas être forcément étonnés que le discours proprement socratique, celui de l’épistémè, du savoir transparent à lui-même, ne puisse pas se poursuivre au-delà d’une certaine limite concernant tel objet, quand cet objet […] est l’amour.

Auteur: Lacan Jacques

Info: Dans le "Séminaire, livre VIII - Le transfert" page 145

[ psychanalyse ] [ dépassement ]

 

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refuge

Pourtant, en repensant maintenant à ces trois années, je me rends compte qu’elles n’étaient nullement gaspillées. Sans même le savoir, j’ai appris alors dans la solitude ce qui fait l’essentiel du métier de mathématicien - ce qu’aucun maître ne peut véritablement enseigner. Sans avoir eu jamais à me le dire, sans avoir eu a rencontrer quelqu’un avec qui partager ma soif de comprendre, je savais pourtant, "par mes tripes" je dirais, que j’étais un mathématicien : quelqu’un qui "fait" des maths, au plein sens du terme - comme on "fait" l’amour. La mathématique était devenue pour moi une maîtresse toujours accueillante à mon désir. Ces années de solitude ont posé le fondement d’une confiance qui n’a jamais été ébranlée - ni par la découverte (débarquant à Paris à l’âge de vingt ans) de toute l’étendue de mon ignorance et de l’immensité de ce qu’il me fallait apprendre : ni (plus de vingt ans plus tard) par les épisodes mouvementés de mon départ sans retour du monde mathématique ; ni, en ces dernières années, par les épisodes souvent assez dingues d’un certain "Enterrement" (anticipé et sans bavures) de ma personne et de mon oeuvre, orchestré par mes plus proches compagnons d’antan...

Auteur: Grothendieck Alexandre

Info: Récoltes et semailles

[ discipline passion ] [ spécialité ]

 

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amour impossible

Je sais ce que signifie un homme sans femme, ce que signifie croire en une femme, être à une femme, et pourtant ne pas l’avoir, passer des années, même, sans être homme avec une femme, et alors en prendre une qui n’est pas la tienne et avoir ainsi, avoir dans une chambre d’hôtel, au lieu de l’amour, le désert de l’amour.

C’est là, parmi les déserts, le plus lugubre ; non point celui d’une vie qui fait défaut, mais celui d’une vie qui n’en est pas une. Tu avais soif, et tu peux boire ; il y a de l’eau. Tu avais faim et tu peux manger ; il y a du pain. Il y a la fontaine, et les palmiers qui sont autour, semblable à ce que tu cherchais.

Mais c’est seulement semblable à la chose, ce n’est pas la chose elle-même.

Que voulais-tu ? me dis-je. Je mange, et c’est de la terre que je mange, non du pain. Je bois, et c’est de la terre que je bois. Je reste penché sur le lit que j’ai devant moi ; et une fois, je ne me suis même pas déshabillé ; j’ai fumé tout le temps, appuyé au bois du lit, devant ce désert.

Auteur: Vittorini Elio

Info: Dans "Les hommes et les autres", éd. Gallimard, Paris, 1947, page 45

[ mélancolie ] [ superposition des réalités ] [ hanté ]

 

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