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indiscrétion

Monsieur Paul s’était mis à chuchoter. "Pourriez-vous tout de même me dire comment vous vous appelez ?"
Cette question toute simple rendit le visage de l’artiste parapluiste blanc comme la chaux. Ses yeux devinrent aussi grands que les roues d’une calèche et, dans le même temps, la pluie se changea en une terrible averse, sous laquelle on n’y voyait pas à plus d’un mètre. Plus étonnant encore, la pluie ne tombait pas du ciel, mais de la terre vers le ciel, de sorte que Monsieur Paul eut beau disposer son parapluie dans toutes les positions possibles, il se retrouva trempé jusqu’aux os.
Lorsque la pluie cessa enfin, Monsieur Paul découvrit que la terre autour de lui était complètement sèche. Quant à l’artiste parapluiste, il n’était plus visible nulle part.

Auteur: Heinsaar Mehis

Info: Les Chroniques de Monsieur Paul

[ lourdeur ] [ intempestivité ]

 

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escamotage

"Le noir absolu n’existe pas", dit encore Soulages (en 2007). Mais 10 ans après, force est de questionner cette déclaration de principe. L’artiste contemporain Anish Kapoor n’a-t-il pas acheté en 2016 les droits d’usage exclusifs d’un " noir absolu " (geste d’appropriation qui a suscité beaucoup de réprobation dans le monde de l’art) ? Au-delà du "coup" commercial tenté à cette occasion, ce sont les propriétés de ce noir extrême qui méritent l’attention. Mise au point par la société Surrey Nano Systems, le Vantablack (Vertically Aligned Nanotubes Array) n’est pas une couleur pigmentaire mais physique. Il a pour caractéristique, avec sa composition de nanotubes verticaux extrêmement serrés, d’absorber 99,965 % des rayons lumineux. En conséquence, il rend indiscernable le relief des objets qu’il recouvre. Ses utilisations industrielles pourraient aller du camouflage des avions de guerre à l’élimination des reflets dans les dispositifs optiques.

Auteur: Jenny Laurent

Info: le désir de voir, p 54

[ aveuglement ] [ furtivité ] [ teinte ]

 
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Ajouté à la BD par Plouin

repli sur soi

La communauté, si elle crée l’illusion rassurante d’un lien social renoué en dépit des failles que la technologie ne cesse d’ouvrir entre nous, érige au contraire des murs infranchissables. Assigné à une identité d’appartenance l’individu se trouve amputé de sa singularité – qui n’est pas un isolement, mais un enracinement dans une expérience propre. Il n’est plus unique, mais représentant – des musulmans/juifs/catholiques/athées ; des hommes/femmes/trans ; des valides/handicapés ; des Blancs/Noirs/Arabes/Asiatiques, etc. (rayer les mentions inutiles). Cette assignation à une catégorie lui interdit l’accès à l’universel, qui ne s’ouvre à chacun que par le biais de son enracinement. […]
L’art est, parmi les expériences qui nous sont données de vivre, une des voies d’appréhension les plus radicales de l’universel. Quand, de la rencontre entre la parole subjective de l’artiste et la subjectivité de celui qui la reçoit, naît la révélation d’une communion d’expérience.

Auteur: PMO Pièces et main-d'oeuvre

Info: Dans "Techno, le son de la technopole", pages 48-49

[ peur de l'autre ] [ identitarisme ] [ cocooning ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

astuce marketing

Sur l’emballage des serviettes hygiéniques que j’ai achetées dans une pharmacie étaient imprimées ces informations courtes et cocasses :

Le trouble léthologique est l’incapacité de se rappeler le mot dont on a besoin dans l’instant.

La rhopographie – l’attachement particulier d’un artiste à représenter des objets menus et insignifiants dans une œuvre picturale.

La rhyparographie – un attrait particulier de l’artiste-peintre pour des sujets morbides ou repoussants par leur laideur.

Léonard de Vinci est l’inventeur des ciseaux.

Dans la salle de bains, lorsque j’ai ouvert ce paquet de serviettes, j’ai eu comme une révélation : et si cela faisait partie de l’ambitieux projet de cette encyclopédie universelle censée contenir tout le savoir des hommes ? Je suis donc retournée dans la même pharmacie, pour chercher d’autres produits de cette étrange société qui avait pris l’initiative de joindre l’utile à l’indispensable.

Auteur: Tokarczuk Olga

Info: Les Pérégrins

[ mots savants ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

illustrations littéraires

Le peintre Léonard Sarluis, que je connais mal, a orné cette grande édition [du Voyage dans la quatrième dimension de Gaston de Pawlowski] de quelques vignettes à prétentions ésotériques et de grandes images symboliques, qui font penser à Robida, moins la bonhomie. Au vrai, je connais peu d’œuvres, fût-ce celles d’Einsein ou d’Henri Poincaré, réclamant moins impérieusement d’être illustrées que ce livre de Pawlowski, à moins que l’artiste n’ait lui-même une conception synthétique de l’univers parallèle à celle de l’auteur. Ce n’est pas le cas. […] Il apporte à ces dessins compliqués la morne fantaisie d’un penseur pour album d’enfants, sans réussir à les faire coïncider avec le texte. Ils jalonnent à la façon de ces poteaux-réputés-indicateurs, dont l’administration forestière orne ses carrefours, pour la meilleure gêne des automobilistes confiants qui en veulent retrouver les indications imaginaires sur leur carte au deux millième. Le mieux qu’on en puisse dire, c’est qu’ils sont inutiles.

Auteur: Bofa Gus

Info: Le Crapouillot, 1er octobre 1923

[ critique ] [ vacherie ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

art pictural

Plus que toute autre forme artistique, la photographie requiert d’être froid et dépassionné. (…)

Le traumatisme et la souffrance sont les fondements de l’art. J’y crois. Mais confronté à la tragédie, un peintre spécialisé dans les fresques ou dans les aquarelles peut vivre ce moment en être humain et redevenir artiste après. Face à la mort d’un être cher, un sculpteur ou un portraitiste peut d’abord souffrir, faire son deuil, guérir – puis créer. La plupart des artistes traversent l’existence de cette manière. Ils peuvent avoir des réactions normales face aux vicissitudes de l’expérience humaine. Ils peuvent traverser le monde avec compassion et camaraderie.

Ils peuvent créer plus tard. En dehors, ailleurs, au-delà.

Mais la photo est immédiate. Elle n’offre pas le luxe du temps. Confronté au sang, à la mort ou au changement, un photographe n’a pas d’autre choix que de saisir son appareil. L’artiste vient en premier, l’être humain en second. La photo est la captation neutre des événements, la chronique du sublime comme de l’effroyable. La nécessité veut que ce travail soit effectué sans émotion, sans attache, sans amour.

Auteur: Abby Geni

Info: Farallon Islands

[ distanciation ] [ froideur ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

hypothèse

Les anorexiques sont souvent des jeunes filles […] ayant une perception aiguë des êtres et des choses, "prises" littéralement dans une faim qu’aucune nourriture ne pourra jamais assouvir. La faim, c’est la faim de l’Autre. D’un autre qui n’a pas été là pour vous apprendre à dire "je" et "tu", un autre dont l’indifférence, la cruauté ou l’état dépressif les a plongées bébé dans la prostration ou la sidération (l’évitement de la dépendance). Or la maîtrise que leur donne le fait de ne pas manger ou de se faire vomir […] est préférée au fait de supporter le poids de cette attente d’amour rendue vaine, parce que cela leur donne un pouvoir imaginaire. Le pouvoir fait comme si c’étaient elles qui ne voulaient pas de l’amour maternel, et non l’inverse. Alors qu’en réalité, elles vivent dans l’enfer quotidien de leurs crises l’impossible coupure du lien ombilical. Il faut un certain deuil en direction de la douleur et du manque pour inventer une figure autour de ce vide, de cette absence. C’est une réinvention du monde, semblable à celle que rencontre l’artiste dans son travail quotidien avec la matière, que demande le travail de guérison de ces jeunes femmes dont la faim ne pourra être assumée comme telle qu’à se reconnaître pour ce qu’elle est : sexuelle, mais aussi spirituelle.

Auteur: Dufourmantelle Anne

Info: Dans "La sauvagerie maternelle", pages 129-130

[ explication ] [ symptôme ] [ trouble du comportement alimentaire ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

beaux-arts

Grace à l'art, au lieu de voir un seul monde, le nôtre, nous le voyons se multiplier, et autant qu'il y a d'artistes originaux, autant nous avons de monde à notre disposition plus différents les uns des autres que ceux qui roulent dans l'infini, et qui bien des siècles après qu'est éteint le foyer dont ils émanaient qu'il s'appelât Rembrant ou Veer Meer, nous envoient leur rayon spécial.

Ce travail de l’artiste, de chercher à apercevoir sous de la matière, sous de l’expérience, sous des mots quelque chose de différent, c’est exactement le travail inverse de celui que, à chaque minute, quand nous vivons détourné de nous-même, l’amour-propre, la passion, l’intelligence et l’habitude aussi accomplissent en nous, quand elles amassent au-dessus de nos impressions vraies, pour nous les cacher maintenant, les nomenclatures, les buts pratiques que nous appelons faussement la vie. En somme, cet art si compliqué est justement le seul art vivant. Seul il exprime pour les autres et nous fait voir à nous-même notre propre vie, cette vie qui ne peut pas s’"observer", dont les apparences qu’on observe ont besoin d’être traduites, et souvent lues à rebours, et péniblement déchiffrées. Ce travail qu’avaient fait notre amour-propre, notre passion, notre esprit d’imitation, notre intelligence abstraite, nos habitudes, c’est ce travail que l’art défera, c’est la marche en sens contraire, le retour aux profondeurs, où ce qui a existé réellement gît inconnu.

Auteur: Proust Marcel

Info: A la recherche du temps perdu, t. 8 : Le Temps retrouvé

[ ouverture ] [ quête ] [ création ] [ individuation ] [ singularité solipsiste ]

 

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occultisme

Comment ne pas songer non plus à l’artiste transsexuel Anna/Varney alias Sopor Aeternus, un(e) chanteu(se)r albinos et castra torturé(e) déclamant des lamentations maladives et plaintives sur une musique dark wave aux accents médiévaux et funèbres sortis tout droit d’un cimetière désolé ? Au début des années 1990, Sopor Aeternus s’était très vite fait remarquer au sein de la scène gothique à cause de son apparence de danseur de Buto qui aurait abusé du Nosferatu de Murnau, et dont certaines caractéristiques physiques ne sont pas sans résonner avec celle de Grosche/Gregor A. Gregorium/Gotos, le Grand Maître de la Fraternita Saturni. A ses débuts, la rumeur courait qu’il vivait en ermite dans la crypte d’une tour perdue au milieu des bois autrichiens. Les anciens se souviennent encore de l’époque où il déambulait tel un spectre, avec ses ongles démesurés, dans les caves des clubs dark wave de Nuremberg où, avec l’aide d’Holger, son valet bossu, il vendait sous le manteau ses premières démos. Nous n’irons pas jusqu’à affirmer que Sopor s’est directement inspiré d’Eugène Grosche/Gotos mais les ressemblances et les analogies sont frappantes et ne s’arrêtent pas là, Anna/Varney, qui prétend n’être qu’un "réceptacle pour la musique que les esprits des morts lui dévoilent et qu’il retranscrit", ayant développé tout un concept autour de l’influence de Saturne dont il utilise le sigle astrologique comme logo. Ses textes sont influencés par "les rêves, les planètes, les limbes, la numérologie et les dimensions parallèles".

Auteur: Anonyme

Info: Dans "Les magiciens du nouveau siècle" pages 820-821

[ influences ] [ source d'inspiration ] [ marketing sépulcral ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

barbarie

Pour finir, parlons d’autre chose, parlons de l’ "humain".

 C’est là un vocable, et sans doute un concept aussi, qu’on réserve pour les temps des grands massacres. Il faut la pestilence, Lisbonne et une boucherie religieuse majeure, pour que les êtres songent à s’aimer, à foutre la paix au jardinier d’à côté, à être simplissimes.

C’est un mot qu’on se renvoie aujourd’hui avec une fureur jamais égalée. On dirait des dum-dum.

Cela pleut sur les milieux artistiques avec une abondance toute particulière. C’est dommage. Car l’art ne semble pas avoir besoin du cataclysme, pour pouvoir s’exercer.

Les dégâts sont considérables déjà. Avec "Ce n’est pas humain", tout est dit. À la poubelle.

Demain on exigera de la charcuterie qu’elle soit humaine.

Cela, ce n’est rien. On a quand même l’habitude.

Ce qui est proprement épouvantable, c’est que l’artiste lui-même s’en est mis.

Le poète qui dit : Je ne suis pas un homme, je ne suis qu’un poète. Vite le moyen de faire rimer amour et congés payés.

Le musicien qui dit : Je donnerai la sirène à la trompette bouchée. Ça fera plus humain.

Le peintre qui dit : Tous les hommes sont frères. Allons, un petit cadavre.

Le philosophe qui dit : Protagoras avait raison.

Ils sont capables de nous démolir la poésie, la musique et la pensée pendant cinquante ans. 

 

Auteur: Beckett Samuel

Info: Dans "Le monde et le pantalon"

[ humanitarisme ] [ hypocrisie ] [ belle âme diabolique ]

 

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