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mondialisation

La crise, pour un libéral, ce sont d’abord les événements exogènes qui remettent en cause l’idéal d’un monde de flux. Face à la panique, le seul objectif qui vient à accaparer les esprits est le redémarrage des flux.

En l’absence de capacité de décision proprement politique, la seule solution envisagée est une réforme des processus abstraits qui encadrent les flux. Pour faire face à une situation exceptionnelle, les contrôles doivent être multipliés et intensifiés. [...] Dans un monde illibéral, les crises marqueraient un retour du politique ; à l’inverse, l’histoire récente nous donne à voir une fuite en avant dans l’impolitique : gouvernements soumis à quelques experts médicaux, sociétés privées et cabinets de conseils, décisions publiques fondées uniquement sur des données chiffrées [...] sans aucune considération pour des valeurs ou des principes politiques. [...]

L’ampleur des restrictions imposées aujourd’hui [lors de la crise du covid-19] peut aisément être mal interprétée. Parce que nombreux sont ceux qui sont empêchés d’aller et de venir, de prendre le train ou d’aller au restaurant, on pourrait en conclure que les décideurs publics ont renoncé à leur idéal d’un monde de flux. C’est l’exact inverse qui est vrai. [...] c’est uniquement parce qu’il y a des normes sanitaires strictes que l’on accepte d’importer de la nourriture de producteurs anonymes des quatre coins du monde ; c’est uniquement parce qu’il y a un code de la route très strict que n’importe qui peut rouler n’importe où, etc. [...] C’est ainsi qu’il faut comprendre les efforts en vue de la vaccination obligatoire. Tant que les individus sont "non-standardisés", c’est à dire que certains sont vaccinés et d’autres non, certains testés et d’autres non, les flux lointains sont quasi-impossibles, car l’infrastructure nécessaire au suivi du virus ex post, une fois qu’il a voyagé, est immensément coûteuse.

Auteur: Travers Guillaume

Info: Dans "La société de surveillance, stade ultime du libéralisme", La nouvelle librairie, Paris, 2021, pages 80 à 82

[ gestion ] [ traçage ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

destruction

On ne détruira jamais le système par une révolution directe, dialectique, de l’infrastructure économique ou politique. Tout ce qui produit de la contradiction, du rapport de forces, de l’énergie en général, ne fait que retourner au système et l’impulser, selon une distorsion circulaire semblable à l’anneau de Möbius. On ne le vaincra jamais selon sa propre logique, celle de l’énergie, du calcul, de la raison et de la révolution, celle de l’histoire et du pouvoir, celle de quelque finalité ou contre-finalité que ce soit – la pire violence à ce niveau est sans prise, et se retourne contre elle-même. On ne vaincra jamais le système sur le plan réel : la pire erreur de tous nos stratèges révolutionnaires est de croire mettre fin au système sur le plan réel : ça, c’est leur imaginaire, celui que leur impose le système lui-même, qui ne vit et ne survit que d’amener sans cesse ceux qui l’attaquent à se battre sur le terrain de la réalité, qui est pour toujours le sien. [...] Lui n’a que faire de violence ou de contre-violence réelle, il vit de violence symbolique. [...] la violence symbolique se déduit d’une logique du symbolique (qui n’a rien à voir avec le signe ou l’énergie) : réversion, réversibilité incessante du contre-don et, inversement, prise de pouvoir par l’exercice unilatéral du don. Ce qu’il faut, c’est donc tout déplacer dans la sphère du symbolique, où la loi est celle du défi, de la réversion, de la surenchère. Telle qu’à la mort, il ne peut être répondu que par une mort égale ou supérieure. [...] Si la domination vient de ce que le système détient l’exclusivité du don sans contre-don [...] alors la seule solution est de retourner contre le système le principe même de son pouvoir : l’impossibilité de réponse et de rétorsion. Défier le système par un don auquel il ne puisse pas répondre, sinon par sa propre mort et son propre effondrement. [...] Il faut que le système lui-même se suicide en réponse au défi multiplié de la mort et du suicide.

Auteur: Baudrillard Jean

Info: Dans "L'échange symbolique et la mort", éditions Gallimard, 1976, pages 65-66

[ sacrifice ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

procréation médicalement assistée

La PMA est promise à devenir l’une de ces techniques qu’on utilise par défaut, à avoir la destinée de l’automobile : plus les gens l’utilisent, plus elle est rentable pour ceux qui la promeuvent et la produisent (eu égard aux infrastructures et institutions nécessaires à son fonctionnement), mais moins elle est utile, c’est-à-dire efficace pour satisfaire les besoins (la voiture allonge les distances, ralentit les déplacements par rapport au temps investi dans son coût et réduit les possibilités de déplacement aux trajets prévus par l’infrastructure, tout en rendant impossibles ou problématiques les autres modes de déplacements). Une telle technique devient aussi de plus en plus indispensable : on ne peut pas s’en passer parce qu’il n’y a plus d’alternatives instituées.

Dans le film Gattaca (1997), des parents décident de faire un enfant de manière "naturelle", c’est-à-dire sans PMA et sans modification des gènes de l’embryon par thérapie génique ; l’enfant né de cette union est parfaitement normal, cependant que dans la société où il naît, l’immense majorité des gens choisissent de modifier leur enfant pour qu’il soit conforme aux critères socialement en vigueur, autrement dit qu’il soit génétiquement compétitif (d’autant qu’il est un investissement).
L’enfant "naturel" se retrouve rejeté des institutions comme anormal, fut-ce parce qu’il ne peut plus être assuré et parce que sa santé présente un risque statistiquement indéfendable pour un employeur. Même les enfants modifiés se retrouvent hiérarchisés en fonction des modifications apportées, des investissements consentis (donc des revenus) des parents, et, finalement, ces mêmes enfants n’ont pas plus de chance qu’auparavant de s’en tirer mieux, puisque leur avantage génétique est comparatif, donc relatif aux normes et modes en vigueur – la technique est dès lors devenue aussi indispensable (c’est-à-dire, au fond, obligatoire) qu’inutile. Ce film met admirablement en scène le processus en jeu dans ces techniques génétiques et le résultat que les choix individuels peuvent avoir sur le fonctionnement global, structurel d’une société.

Le scénario est le suivant : plus les gens vont (pouvoir) utiliser la PMA, moins elle va être chère et plus elle sera techniquement confortable (son principal défaut actuel étant d’être une procédure très lourde et encore fort souvent inefficace), ce qui entraînera plus de gens à l’utiliser et donc plus d’offres de services dans une véritable gamme de produits dérivés, souvent bien plus intéressantes que le produit de base, et déjà très avancées techniquement, telles que le dépistage pré-préimplantatoire et les thérapies géniques germinales (impossibles in utero), ou encore la possibilité, encore à l’étude, du développement de l’embryon hors de l’utérus.

En amont – et sans parler de ce qui concerne la loi, les mentalités, les représentations sociales et la demande –, son infrastructure nécessite des laboratoire, des techniciens et des institutions hospitalières spécialisées, répondant pour partie à des besoins-prétextes bien réels (la pollution chimique amenant de plus en plus de cas de stérilité ou de déficiences spermatiques), ainsi que du sperme (bientôt peut-être des ovules, puisque l’on est en passe d’utiliser un seul ovule pour créer plusieurs gamètes) et tout le travail de classification et de rentabilité autour de sa récolte et de sa distribution.

En aval, ce dispositif conduira à l’utilisation de larges produits dérivés (thérapies géniques, DPI, voire utérus artificiel, etc.), à des techniques de conservation des spermatozoïdes ou des gamètes, ou encore à l’utilisation des embryons surnuméraires à des fins de recherches (qui concernent souvent les techniques dérivées) ou pour la production de cellules souches. Or, à des degrés divers, tout cela est en ordre de bataille : notamment, en aval, le DPI et, désormais, les thérapies géniques (grâce au développement récent de l’outil "crispr cas 9") sont parfaitement au point, même s’il reste des limites (énormes) dans la connaissance des interactions entre gènes, de leur activation ; et la recherche sur les utérus artificiels – qui a notamment pour prétexte le sauvetage des grands prématurés – avance à grands pas.

La consommation de la PMA est le nœud du processus : son augmentation rendra l’infrastructure en amont rentable et plus efficace, et nourrira les produits dérivés, les rendant, là encore, plus rentables et plus efficaces. De plus, concourant avec la panique hygiéniste à laquelle se réduit actuellement la question environnementale, on fait du désir d’enfant un droit à assouvir (comme, par exemple, on en a fait un de l’accès à l’Internet) et un enjeu d’égalité ou de non-discrimination : on légitime, on adoube la technologie, pendant que tout le reste de la structure technique (la pollution qui rend stérile) et économique (les exigences de production et de consommation qui tendent à faire de la naissance de l’enfant un obstacle imprévisible et difficile à gérer s’il n’est pas planifié) la rendent "utile".

Auteur: Dufoing Frédéric

Info: https://linactuelle.fr/index.php/2020/01/22/pma-veritables-enjeux-frederic-dufoing/

[ enjeux sociétaux ] [ marchandisation du vivant ] [ big pharma ] [ fuite en avant ]

 

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