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horreur

Si la confusion des limites qui est montrée par le monstre, dans la mesure où sa monstruosité est monstration d’une immixtion de l’informe dans la forme humaine, si cette confusion est si menaçante pour le sujet, c’est qu’elle rappelle qu’il y a dans la limite humaine une porosité essentielle, une déficience, par laquelle, à la discontinuité instaurée en lui par la loi symbolique, peut se substituer une mise en continuité et que, par ce biais, l’inhumain peut s’emparer de ce qui, en lui, est humain.

Auteur: Didier-Weill Alain

Info: "Les trois temps de la loi", éditions du Seuil, 1995, page 58

[ psychanalyse ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

philosophie heideggérienne

Heidegger est un "Privatnazi" avant le nazisme. […] même s’il n’y avait pas eu le nazisme, il aurait trouvé moyen de le suggérer, de l’inventer dans un certain sens, par sa passion pour l’enracinement dans le sol agraire, par son sens de l’inhumain, c’est-à-dire que l’Homme est en transit sur cette terre, que l’Homme est un phénomène probablement passager, que l’Etre, ce qu’il appelle l’Etre […] est plus ancien, beaucoup plus important que l’Homme, que l’Homme est tout simplement le médium de certaines autres vérités et d’autres forces. Ce qui condamne Heidegger, c’est l’a-humanisme […] cela ne veut pas dire inhumanisme, cela veut dire absence d’humanisme, le vide, le degré zéro de la présence de l’Homme […].

Auteur: Steiner George

Info: Entretien du 27 novembre 1998 avec Guillaume Chenevière pour la Radio Télévision Suisse Romande

[ critique ] [ radicalité ] [ indisponibilité au monde ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

humanisme

Car l’ "Humain" est d’emblée l’institution de son double structural : l’Inhumain. Il n’est même que cela, et les progrès de l’Humanité, de la Culture, ne sont que la chaîne des discriminations successives qui frappent les "Autres" d’inhumanité, donc de nullité. [...]

[...] la définition de l’humain s’est, au fil de la culture, inexorablement rétrécie : chaque progrès "objectif" de la civilisation vers l’universel a correspondu à une discrimination plus stricte, au point qu’on peut entrevoir le temps de l’universalité définitive de l’Homme qui coïncidera avec l’excommunication de tous les hommes – seule rayonnant dans le vide la pureté du concept. 

[...]

Michel Foucault a analysé l’extradition des fous à l’aube de la modernité occidentale, mais nous savons aussi ce qu’il en est de l’extradition des enfants, de leur renfermement progressif, au fil même de la Raison, dans leur statut idéalisé d’enfance, dans le ghetto de l’univers infantile, dans l’abjection de l’innocence. Mais aussi les vieillards sont devenus inhumains, rejetés à la périphérie de la normalité. Et tant d’autres "catégories", qui ne sont justement devenues des "catégories" que sous le signe des ségrégations successives qui marquent le développement de la culture. Les pauvres, les sous-développés, les Q.I. inférieurs, les pervers, les transsexuels, les intellectuels, les femmes – folklore de la terreur, folklore de l’excommunication sur la base d’une définition de plus en plus raciste de l’ "humain normal". Quintessence de la normalité : à la limite, toutes les "catégories" seront exclues, ségrégées, proscrites, dans une société enfin universelle, où le normal et l’universel seront enfin confondus sous le signe de l’humain.

Auteur: Baudrillard Jean

Info: Dans "L'échange symbolique et la mort", éditions Gallimard, 1976, pages 205 à 207

[ cruauté ] [ réification ] [ objectivation ] [ annihilation ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

confusion

1 Je lis en page quatre de mon quotidien que les campagnes de mesures au-dessus de l'Antarctique ne sont pas bonnes cette année : le trou de la couche d’ozone s’y agrandit dangereusement. En lisant plus avant, je passe des chimistes de la haute atmosphère aux P-DG d’Atochem et de Monsanto, lesquels modifient leurs chaînes de production pour remplacer les innocents chlorofluorocarbones, accusés de crime contre l’écosphère. Quelques paragraphes plus loin, ce sont les chefs d’État des grands pays industrialisés qui se mêlent de chimie, de réfrigérateurs, d’aérosols et de gaz inertes. Mais en bas de la colonne, voici que les météorologues ne sont plus d’accord avec les chimistes et parlent de fluctuations cycliques. Du coup, les industriels ne savent plus que faire. Les têtes couronnées hésitent elles aussi. Faut-il attendre ? Est-il déjà trop tard ? Plus bas, les pays du tiers monde et les écologistes ajoutent leur grain de sel et parlent de traités internationaux, de droit des générations futures, de droit au développement et de moratoires.

2 Le même article mêle ainsi réactions chimiques et réactions politiques. Un même fil attache la plus ésotérique des sciences et la plus basse politique, le ciel le plus lointain et telle usine dans la banlieue de Lyon, le danger le plus global et les prochaines élections, ou le prochain conseil d’administration. Les tailles, les enjeux, les durées, les acteurs ne sont pas comparables et pourtant les voilà engagés dans la même histoire.

3 En page six de mon quotidien, j’apprends que le virus du sida de Paris a contaminé celui du laboratoire du professeur Gallo, que MM. Chirac et Reagan avaient pourtant juré solennellement de ne pas remettre en cause l’historique de cette découverte, que les industries chimiques tardent à mettre sur le marché des médicaments réclamés à hauts cris par des malades organisés en associations militantes, que l’épidémie se répand en Afrique noire. De nouveau, des têtes couronnées, des chimistes, des biologistes, des patients désespérés, des industriels se trouvent engagés dans une même histoire incertaine.

4 En page huit, il s’agit d’ordinateurs et de puces contrôlées par les Japonais, en page neuf d’embryons congelés, en page dix de forêt qui brûle entraînant dans ses colonnes de fumées des espèces rares que certains naturalistes veulent protéger ; en page onze, de baleines munies de colliers auxquels sont accrochées des radios balises ; toujours en page onze, c’est un terril du Nord, symbole de l’exploitation ouvrière, que l’on vient de classer comme réserve écologique à cause de la flore rare qui s’y est développée. En page douze, le pape, les évêques, Roussel-Uclaf, les trompes de Fallope, les fondamentalistes texans s’assemblent autour du même contraceptif en une étrange cohorte. En page quatorze, c’est le nombre de lignes de la télévision haute définition qui rattache M. Delors, Thomson, la CEE, les commissions de standardisation, les Japonais encore, et les producteurs de téléfilms. Changez de quelques lignes le standard de l’écran, et les milliards de francs, les millions de téléviseurs, les milliers d’heures de téléfilms, les centaines d’ingénieurs, les dizaines de P-DG valsent.

5 Heureusement qu’il y a dans le journal quelques pages reposantes où l’on parle de pure politique (une réunion du parti radical), et le supplément des livres où les romans relatent les aventures exaltantes du moi profond (je t’aime, moi non plus). Sans ces pages lisses, on attraperait le tournis. C’est qu’ils se multiplient, ces articles hybrides qui dessinent des imbroglios de science, de politique, d’économie, de droit, de religion, de technique, de fiction. Si la lecture du journal quotidien est la prière de l’homme moderne, alors c’est un homme bien étrange qui prie aujourd’hui en lisant ces affaires embrouillées. Toute la culture et toute la nature s’y trouvent rebrassées chaque jour.

6 Pourtant, nul ne paraît s’en soucier. Les pages Économie, Politique, Sciences, Livres, Culture, Religion, Faits divers se partagent les maquettes comme si de rien n’était. Le plus petit virus du sida vous fait passer du sexe à l’inconscient, à l’Afrique, aux cultures de cellules, à l’ADN, à San Francisco, mais les analystes, les penseurs, les journalistes et les décideurs vous découperont le fin réseau que le virus dessine en petits compartiments propres où l’on ne trouvera que de la science, que de l’économie, que des représentations sociales, que des faits divers, que de la pitié, que du sexe. Pressez le plus innocent aérosol et vous serez dirigés vers l'Antarctique, et de là vers l’université de Californie à Irvine, les chaînes de montage de Lyon, la chimie des gaz inertes, et de là peut-être vers l’ONU, mais ce fil fragile sera rompu en autant de segments qu’il y a de disciplines pures : ne mélangeons pas la connaissance, l’intérêt, la justice, le pouvoir. Ne mélangeons pas le ciel et la terre, le global et le local, l’humain et l’inhumain. "Mais ces imbroglios font le mélange, direz-vous, ils tissent notre monde ?" — "Qu’ils soient comme s’ils n’existaient pas", répondent les analystes. Ils ont tranché le nœud gordien avec un glaive bien affuté. Le timon est rompu : à gauche la connaissance des choses, à droite l’intérêt, le pouvoir et la politique des hommes.

Auteur: Latour Bruno

Info: Nous n'avons jamais été modernes. La prolifération des hybrides. Incipit

[ binarisme simplificateur ] [ infobésité ]

 

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Ajouté à la BD par miguel