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système philosophique

Et c’est ainsi que, dans la construction de sa physique, Descartes accepte toujours de jouer toute sa philosophie sur n’importe laquelle de ses conclusions : car si l’on prétend attribuer au maillon le plus faible la même force qu’au maillon le plus solide, réciproquement la chaîne entière n’a jamais que la force de son maillon le plus faible. Pari gagné sur le mouvement de la Terre : "Je confesse que, s’il est faux, tous les fondements de ma philosophie le sont aussi." (A Mersenne, fin novembre 1633). Pari perdu sur l’instantanéité de la lumière : "Si on m’en pouvait prouver la fausseté, je serais prêt à confesser que je ne sais rien en philosophie." (A Beeckman, 22 août 1634.) L’important est sans doute que le dogmatisme cartésien devait nécessairement jouer ce jeu fou, puisqu’il voulait l’unité de la chaîne sans rien sacrifier de la spécificité des maillons.

Le jeu a été joué, il a été perdu, et – selon toute vraisemblance – il ne pouvait pas être gagné : il nous a laissés devant l’opposition entre une raison individuelle, puissance de critique, et une pluralité de disciplines sans unité. De ce coup de dés, il reste la tentation d’un jeu qui ne peut pas, selon toute vraisemblance, être gagné : la philosophie, qui consiste à jouer justement contre la vraisemblance. Il en reste aussi un ouvrage, le Discours de la méthode : curieusement, on ne le lit plus guère et il a la réputation d’énoncer des banalités depuis que nul ne se risque sur les chemins qu’il proposait.

Auteur: Beyssade Jean-Marie

Info: Commentaire au Discours de la méthode de René Descartes, Librairie générale française, 1973, page 101

[ épreuve ] [ erreur ] [ critique ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

principe psychanalytique

Reprenons par exemple le Wo Es war, soll Ich warden, traduit Là où C’était, là Je dois devenir.

Ceci est très précis. il s’agit du Ich, qui n’est pas das Ich, le moi. Ich est ici utilisé comme sujet de la phrase. Là où C’était, c’est là où ça parle, c’est-à-dire où, à l’instant d’avant, quelque chose était qui est le désir inconscient.

C’est là que Je dois me désigner, où Je dois être. Ce Je est le but, la fin, le terme, de l’analyse avant qu’il se nomme, se forme, s’articule – si tant est qu’il le fasse jamais, car aussi bien le soll Ich werden de la formule freudienne doit-il être entendu comme un dois-Je devenir. Le Je est le sujet d’un devenir, d’un devoir qui vous est proposé.

[...] Mais la question se pose – avant que ceci ne soit fait, qu’est-ce qui nous désigne, là où ça était, la place du Je qui doit venir au jour ? C’est, très exactement, l’index du désir. J’entends, du désir en tant que fonction et terme de ce dont il s’agit dans l’inconscient, le désir soutenu par la coexistence et l’opposition des deux termes, le S barré et le petit a.

A cette limite où l’inconscient commence, le sujet se perd. Il n’y a pas là, purement et simplement, privation de quelque chose qui s’appellerait la conscience. C’est une autre dimension qui commence, où il n’est plus possible au sujet de savoir ni qui, ni où il est. Ici s’arrête pour lui toute possibilité de se nommer.

Auteur: Lacan Jacques

Info: Dans le "Séminaire, Livre VI : Le désir et son interprétation", éditions de La Martinière et Le Champ Freudien éditeur, 2013, page 447

[ indice ] [ intermédiaire ] [ accès indirect ] [ signification ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

physique quantique

Tant que, fascinés par le nom que lui a donné Paul Dirac, nous admettons que le vecteur d’état exprime l’"état" intrinsèque d’un système physique, nous sommes surpris par son comportement ; car celui-ci ne convient pas, mais alors pas du tout, à un tel état. Comment comprendre par exemple que l’état intrinsèque d’un système physique saute brusquement, à l’instant de la mesure, d’une superposition d’états propres de l’observable mesurée à un seul état propre de cette observable, alors que tous les autres processus physiques, pourtant semblables à la mesure, ne lui font subir que des corrélations avec les états d’autres systèmes ? Comment comprendre le "mécanisme" de cette étrange "réduction de l’état" ? Mais si, à la manière de Rovelli, nous concevons le vecteur d’état comme l’expression d’une relation du système étudié avec un système observant, alors le "saut" en question n’a même pas lieu d’être supposé. Relativement à un observateur qui souhaite l’utiliser pour prévoir (sur un mode probabiliste) le résultat d’une mesure future, le vecteur d’état demeure une superposition. Mais relativement à un observateur qui connaît le résultat de la mesure, le vecteur d’état est identifié à l’état propre correspondant de l’observable mesurée, car c’est seulement à partir de ce dernier qu’il pourra prévoir (toujours sur un mode probabiliste) le résultat d’une seconde mesure effectuée après la première. Ici, vous le voyez, on ne dit plus que l’état d’un système physique a "sauté", ou qu’il a été "réduit" dans l’absolu, mais que chaque configuration de cet état est relative à une relation épistémique avec ce système, ou si l’on veut qu’il y en a autant que de relations de ce type.

Auteur: Bitbol Michel

Info: http://www.actu-philosophia.com/Entretien-avec-Michel-Bitbol-autour-de-La-520

[ épistémologie ] [ bouillonnement ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

question

Il est intéressant de constater que tant dans la recherche sociologique que dans la discussion politique et la littérature de développement personnel, l’idée du juste équilibre vie-travail s’est imposée comme critère de référence. C’est reconnaître implicitement que vivre n’est pas la même chose que travailler – le terme de "travail" devant s’entendre ici au sens large de chasse aux ressources. Cet équilibre, de fait, s’avère problématique pour la plupart d’entre nous : car nous ne l’atteignons pas pendant la phase la plus active de notre existence qui est soumise aux règles du jeu de l’accroissement et aux to-do lists dont on ne vient jamais à bout. La part de "vie" lésée, ou laissée de côté, est reportée à l’âge de la retraite : pour l’instant je croule sous les obligations, mais un jour j’en aurais fini avec tout ça et je commencerai à vivre –à avoir une bonne vie. Tel est le discours dominant que les classes moyennes, et souvent aussi supérieures, tiennent sur elles-mêmes. C’est, me semble-t-il, la raison pour laquelle le recul de l’âge de la retraite se heurte, contre toute logique économique et démographique, à une résistance aussi acharnée : sur le plan culturel, cette mesure est perçue comme un vol de temps de vie. L’équilibre vie-travail n’est plus recherché sur un plan synchronique mais diachronique ; on attend de l’âge qu’il nous permette de rattraper tout ce que l’on a manqué. Reste cependant à savoir s’il est encore possible de mener une "vie bonne"  quand l’obsession des ressources est devenue un habitus si puissant qu’elle a, des décennies durant, orienté notre vie et façonné notre attitude au monde.

Auteur: Rosa Hartmut

Info: Résonance. Une sociologie de la relation au monde

[ labeur ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

conflit intérieur

En physique, plus des particules de même charge s’approchent l’une de l’autre, plus s’accroît la force de répulsion, jusqu’à ce que, ayant dépassé une certaine limite, elles fusionnent. Psychologiquement, l’approche de la part inconsciente de la personnalité et de ce noyau intérieur qu’est le Soi produit souvent des effets semblables, c’est-à-dire une réaction simultanée d’attraction et de terreur : on veut et on ne veut pas l’atteindre, on est repoussé à l’extrême sans être capable de s’en éloigner ni d’abandonner le contact. On voit certaines personnes rester en suspens pendant des années entre ce "oui" et ce "non" avant que ne se produise l’instant de détente qui permettra de franchir le seuil de répulsion du Soi. Parfois, et ce n’est pas seulement dans ces moments très importants, on sent que l’inconscient va proposer quelque chose, et l’on se dit : "Très bien, j’accepte tout, mais j’espère pourtant que ce ne sera pas ceci ou cela." Et l’on peut être certain que ce sera justement "ça" ! On avait une intuition que cette chose dont on disait : "J’accepte de faire face à n’importe quoi, sauf à cela" faisait déjà partie de la personnalité et de son destin.
Très souvent, les étapes ou les épisodes les plus importants de la vie sont entourés d’une nuée de résistances et de peurs de ce genre. Si l’on est tout à fait honnête avec soi-même, on ne sait même pas ce qui domine, du désir ou de la crainte, car les deux s’équilibrent. Cet étrange sentiment qui nous conduit à penser : "Je sais que cela me concerne, mais je n’en veux pas." semble caractériser les domaines de réalisation que le Soi nous propose.

Auteur: Franz Marie-Louise von

Info: Dans "L'individuation dans les contes de fées"

[ stase psychologique ] [ tournant de la vie ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

pseudo-démocratie

— Peuple ! dit Mâchefer, tu as la radio que tu mérites. Un jeu ! Voilà ce qu’ils ont trouvé ! Panem et Circenses, mais qui se souvient du mépris de Juvénal ? L’antiracisme, bien qu’à la mode, ce n’est pas tellement marrant, ni payant, à entendre, ils le savent, alors ils en font un jeu ! Depuis le temps que l’on joue, le peuple est rodé. Le cancer ? Un jeu. Le Sahel ? Un jeu. La Pologne ? Un jeu. J’en passe, et des meilleurs. Vous êtes tous formidables ! On envoie les histrions quêter ; on jette dans les rues, pour acheter des tickets de solidarité, le populo qui s’emmerde ; on lui fait éteindre ses lumières en cadence pour manifester sa volonté ; on transforme les quartiers et les villes en équipes de championnat qui se démènent à qui chargera le plus de camions de vivres ; la grande kermesse, avec résultats télévisés en permanence et animés par chansons et vanité... À minuit, terminé. On s’est bien amusé. Et qu’est-ce qu’on a fait, en réalité ? On a noyé le poisson sous les flonflons. On l’a escamoté. Fini. Au suivant. Et rien n’a changé. Mais personne ne s’en est aperçu. Cette fois, c’est de nous qu’il s’agit, de nous seuls. Vous verrez que personne n’en prendra conscience. On va encore jouer, mais plus longtemps, parce que le poisson est beaucoup plus gros et qu’il faudra bien quelques semaines pour le noyer et quand il ne sera plus temps de jouer, on découvrira stupidement que l’instant du salut est passé. Trop tard ! Il fallait penser au lieu de jouer. Mes enfants ! ne manquez pas "Spécial Armada", nous allons nous régaler ! L’armée des cons va envahir les ondes et le pays se noiera dans le torrent des inepties. Ah ! ils savent ce qu’ils font !

Auteur: Raspail Jean

Info: Le Camp des Saints, p.115

[ manipulation ] [ divertissements ] [ contrôle oligarchique ] [ bêtise prolétaire ]

 

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Ajouté à la BD par Bandini

survie

Soumis au manque de sommeil, à la faim et la soif intense qui le pousse à boire son urine, il perd régulièrement les repères temporels et spatiaux communs. Apparaissent alors des états psychiques inhabituels. Il s’agit très souvent de souvenirs de moments heureux passés avec des amis ou sa famille, mais qui ont la particularité de se rassembler dans une lente revue panoramique du passé procurant un sentiment d’apaisement et lui permettant de délivrer une sorte de message de remerciement et d’adieu à tous ceux qu’il a côtoyés. Il peut s’agir aussi de véritables moments hallucinatoires qui n’ont pour lui ni la qualité d’un rêve ni celle d’un souvenir. Ainsi, le matin du troisième jour, il est réveillé de sa somnolence par la vision intérieure, proche d’une image télévisuelle, de sa mère hurlant le prénom de son père pour lui annoncer une mauvaise nouvelle et Ralston sait, à l’instant de cette vision, que c’est de lui dont il est question. À d’autres moments, il vit une transformation imaginaire radicale de son environnement immédiat, proche cette fois du rêve lucide, dans laquelle des visages souriants surgissent des rochers alentours ; il les associe encore à ses amis, mais le rapport à ces figures est teinté d’ambiguïté car si elles cherchent à communiquer avec lui par des gestes ou la pensée pour le rassurer, ce qui l’envahit d’un immense sentiment de réconfort, il perçoit qu’il est comme invité à venir au milieu d’elles afin d’être mené jusqu’à une limite, qu’il ne franchit pourtant jamais. En général, une voix intérieure interrompt ces moments bienheureux pour le sommer de s’occuper de son corps secoué par les spasmes dus à l’hypothermie. Ce corps, il s’en déconnecte parfois et le voit de haut, cette "conscience" pouvant s’en aller loin du canyon pour "survoler" le Pacifique comme un photon interstellaire ou un oiseau !

Auteur: Le Maléfan Pascal

Info: A propos d'Aron Ralston qui a survécu à un accident de montagne au cours duquel il a dû se couper le bras afin de pourvoir en réchapper, https://www.cairn.info/revue-etudes-sur-la-mort-2010-1-page-167.htm

[ lutte ] [ état de conscience non ordinaire ]

 
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société de surveillance

Depuis la chute de l’URSS, au fur et à mesure que les frontières des nations disparaissaient, les libertés coutumières se sont rétrécies. Or ce sont les libertés de détail qui font le charme de l’existence, pas uniquement les intentions abstraites. "Aimer, boire et chanter", comme on disait dans la Vienne de Strauss, devient difficile. Les administrations politiques, ne protégeant plus leurs nations, se sont attachées à nous protéger de nous-mêmes. Traduction physique : abolition des frontières territoriales, mais digicodes partout. Fin des patrouilles aux marches du pays, mais vigiles à l’entrée des épiceries et soldats déployés devant les églises. Levée des barrières aux limites du territoire, mais barricade de granit autour de la Préfecture de police de Paris.

On trouve affreux que Victor Orban grillage sa frontière, mais on trouve normal de passer sous des portiques de contrôle pour entrer au musée. C’est la transposition dans la sphère privée de la limitation politique qui a été abolie dans l’espace public. L’idéologie a levé les barrières, la réalité les a replacées là où elle le pouvait : dans le domestique, l’intérieur, le familier. Ouverture du global, quadrillage de l’intime ! Les thuriféraires de la planète sympa avaient des intentions nobles. C’est joli, les Smarties. Mais ils ont négligé une double permanence : "Qui se ressemble s’assemble" et "Le plus énergique s’accapare le terrain." Nous nous sommes laissés enfermer dans l’esprit d’ouverture. [...]

Les directives gouvernementales s’abattent sur nous. Elles rétrécissent la piste de danse. Prions pour qu’on n’entende jamais : "N’ouvrez pas ce livre" (le pictogramme doit déjà exister). En France, la censure gagne du terrain. Pour l’instant, elle n’a pas triomphé. Heureusement que les pères la morale des réseaux sociaux n’ont pas le temps de lire. Dans Saint-Exupéry, dans Flaubert, dans Baudelaire, ils trouveraient des choses abominables ! Mais pour cela, il leur faudrait quitter leur miroir, leur écran. La paresse des pères fouettards en djellaba et des excités du touite est une chance pour la littérature.

Auteur: Tesson Sylvain

Info: Entretien, Figarovox, 2 novembre 2020

[ compensation ] [ progrès-régrès ] [ paradoxe ] [ repli ] [ capitalisme ]

 
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géopolitique

Francisco Franco, indépendamment d’autres aspects parfois discutables de son action politique, pouvait être considéré comme le véritable inventeur, au niveau mondial, du tourisme de charme, mais son œuvre ne s’arrêtait pas là, cet esprit universel devait plus tard jeter les bases d’un authentique tourisme de masse (qu’on songe à Benidorm ! qu’on songe à Torremolinos ! existait-il dans le monde, durant les années 1960, quoi que ce soit qui puisse y être comparé ?), Francisco Franco était en réalité un authentique géant du tourisme, et c’est à cette aune qu’il finirait par être réévalué, il commençait d’ailleurs à l’être dans quelques écoles hôtelières suisses, et plus généralement sur le plan économique le franquisme avait récemment fait l’objet de travaux intéressants à Harvard et à Yale, montrant comment le caudillo, pressentant que l’Espagne ne parviendrait jamais à raccrocher au train de la révolution industrielle qu’elle avait il faut bien le dire totalement manqué, avait hardiment décidé de brûler les étapes en investissant dans la troisième phase, la phase finale de l’économie européenne, celle du tertiaire, du tourisme et des services, donnant ainsi à son pays un avantage concurrentiel décisif à l’heure où les salariés des nouveaux pays industriels, accédant à un pouvoir d’achat plus élevé, souhaiteraient l’utiliser en Europe soit dans le tourisme de charme, soit dans le tourisme de masse, conformément à leur statut, il n’y avait ceci dit pour l’instant aucun Chinois au parador de Chinchon, un couple d’universitaires anglais des plus ordinaires attendait son tour derrière nous, mais les Chinois viendraient, ils viendraient certainement, je n’avais aucun doute sur leur venue, la seule chose était peut-être quand même de simplifier les formalités d’accueil, quel que soit le respect que l’on puisse et que l’on doive éprouver pour l’œuvre touristique du caudillo les choses avaient changé, il était peu probable maintenant que des espions venus du froid songent à se glisser dans l’innocente cohorte des touristes ordinaires, les espions venus du froid étaient eux-mêmes devenus des touristes ordinaires à l’instar de leur chef, Vladimir Poutine, le premier d’entre eux.

Auteur: Houellebecq Michel

Info: Dans "Sérotonine", pages 39-41

[ développement ] [ historique ]

 

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faire face

V-A : Vous venez de l’évoquer à l’instant : il me semble que la peur est le seul véritable ennemi de l’homme. Ancré dans notre cerveau reptilien pour retentir comme une alarme dès que l’on est confronté à l’inconnu, la peur est donc forcément présente en voyage qui n’est, par principe, fait que d’inconnu. Vous vous êtes colleté à elle bien des fois. Si on ne peut la vaincre définitivement, comment êtes-vous parvenu à la tenir à distance ?

J-P B : Voici une question clé, passionnante. Oui, la peur est le grand ennemi et il m’a fallu faire, avec elle, un vrai et grand travail. De méditation. Mais attention, pas une méditation assis, immobile… En ce qui me concerne, la méditation transcendantale classique était encore une supercherie, une fuite. Quand je parle de méditer, je veux dire être totalement présent à l’instant, à ce qui se passe, être un avec le réel, at-ten-tif. Lorsque l’on n’est plus là à s’échapper en esprit, à se diviser entre ce qu’on aime et ce qu’on n’aime pas, ce qu’on redoute, le passé, le futur possible, etc., les lourdes valises de la peur se font moins pesantes et notre nature profonde commence alors à se révéler. J’ai vécu des situations très difficiles dans ma vie. Et lorsque j’étais présent à ce que je vivais, il y a eu des rires, des attitudes, des gestes inspirés qui ont désamorcé le danger, comme par enchantement. Avec la peur, rien n’est jamais acquis, elle demeure tapie dans l’ombre. Néanmoins, avec le temps, un espace s’est ouvert en moi ; je ne suis plus le même : j’aime réellement l’inattendu, la part qu’il prend dans nos vies. Quand on réalise cela, l’intègre, l’incarne, la peur émotionnelle, mentale, bat en retraite. Reste la peur physique que l’on peut chercher à apprivoiser ; un travail que j’effectue avec le vide, personnellement. En toutes choses, l’important est de mettre de l’Attention, de la Conscience et de faire face à ce qui se propose. En tous cas, je n’ai plus peur de la peur ! C’est déjà ça.

Auteur: Brouillaud Jean-Pierre

Info: http://www.voyageons-autrement.com/jean-pierre-brouillaud-l-illusion-du-handicap. Interview de Jerome Bourgine

[ affronter ]

 

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Ajouté à la BD par miguel