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paysage

Autant se taire et regarder dehors, par la fenêtre, les velours gris du soir prendre déjà l’avenue d’en face, maison par maison, d’abord les plus petites et puis les autres, les grandes enfin sont prises et puis les gens qui s’agitent parmi, de plus en plus faibles, équivoques et troubles, hésitants d’un trottoir à l’autre avant d’aller verser dans le noir.
Plus loin, bien plus loin que les fortifications, des files et des rangées de lumignons dispersés sur tout le large de l’ombre comme des clous, pour tendre l’oubli sur la ville, et d’autres petites lumières encore qui scintillent parmi des vertes, qui clignent, des rouges, toujours des bateaux et des bateaux encore, toute une escadre venue là de partout pour attendre, tremblante, que s’ouvrent derrière la Tour les grandes portes de la Nuit.

Auteur: Céline Louis-Ferdinand

Info: Dans "Voyage au bout de la nuit"

[ description ] [ urbain ] [ dérisoire ] [ couchant ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

psychanalyse symptomatique

[...] quelle est la structure de cette parole qui est au-delà du discours [courant] ?

La nouveauté freudienne, par rapport à saint Augustin, c’est la révélation, dans le phénomène, de ces points vécus, subjectifs, où une parole émerge qui dépasse le sujet discourant. Nouveauté si saisissante que nous pouvons difficilement croire qu’on ne s’en soit jamais aperçu auparavant. Sans doute fallait-il que le commun des hommes fût engagé depuis quelque temps dans un discours bien perturbé, dévié peut-être, et de quelque façon inhumain, aliénant, pour que se soit manifestée avec une telle acuité, une telle présence, une telle urgence, cette parole.

Ne l’oublions pas, elle est apparue dans la partie souffrante des êtres, et c’est bien sous la forme d’une psychologie morbide, d’une psychopathologie, que la découverte freudienne a été faite.

Auteur: Lacan Jacques

Info: Dans le "Séminaire, Livre I", "Les écrits techniques de Freud (1953-1954)", éditions du Seuil, 1975, page 407

[ disjonction ] [ écart ] [ monde moderne ] [ métalangage ]

 
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Ajouté à la BD par miguel

déclaration d'amour

Quand je considère que tout ce qui croît ne reste dans sa perfection qu’un court moment, et que cet état suprême ne présente que des apparences soumises aux influences mystérieuses des astres,

Quand je m'imagine que les hommes croissent comme les plantes, réjouis et abattus par le même ciel ; qu’ils s’épanouissent dans leur jeune séve, décroissent dès la maturité, et usent leur force vive jusqu’à l’oubli,

Alors la pensée de cette condition inconstante reporte mes yeux sur vous, si riche en jeunesse, et je vois le temps ravageur se liguer avec la ruine pour changer en une nuit hideuse le jour de votre jeunesse.

Alors, pour l’amour de vous, je fais au temps la guerre à outrance, et, à mesure qu’il vous entame, vous greffe une vie nouvelle.

Auteur: Shakespeare William

Info: Sonnets, 15, Trad. François-Victor Hugo (et - un peu - Mg)

[ poème ] [ jouvence tentative ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

standardisation

La primauté de l’Être travaille à l’oubli de l’Être. Par cette primauté le rapport spécifique à l’Être se trouve enseveli, qu’il convient de rechercher dans la pensée justement conçue. Requis par l’étant, l’homme en vient à tenir le rôle de l’étant normatif. En tant que rapport à l’étant, la connaissance lui suffit, laquelle doit nécessairement se résoudre dans l’objectivation et ainsi relever du calcul, conformément au genre d’essence de l’étant dans le sens du réel, assuré parce que planifiable. La promotion de la logistique au rang de la logique est signe de l’abaissement de la pensée. La logistique revient à organiser l’ignorance absolue quant à l’essence de la pensée, admis que la pensée, conçue essentiellement, est ce savoir qui projette, lequel, dans la sauvegarde de l’essence de la vérité, s’épanouit à partir de l’Être. 

Auteur: Heidegger Martin

Info: Nietzsche II. Paris : Éditions, Gallimard, "Bibliothèque de Philosophie". 1971, p. 396

[ abrutissement ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

doctrines occultes

[…] le spiritisme exploite la faiblesse humaine, profite de ce qu’elle se trouve trop souvent, à notre époque, privée de toute direction supérieure, et fonde ses conquêtes sur la pire de toutes les déchéances. Dans ces conditions, nous ne voyons pas très bien ce qui autorise les spirites à déclamer, comme ils le font si volontiers, contre des choses telles que l’alcoolisme par exemple ; il y a aussi des gens qui trouvent dans l’ivresse le soulagement ou l’oubli de leurs souffrances ; si les "moralistes", avec leurs grandes phrases creuses sur la "dignité humaine", s’indignent d’une telle comparaison, nous les engagerons à faire le recensement des cas de folie dus à l’alcoolisme d’une part et au spiritisme de l’autre ; en tenant compte du nombre total respectif des alcooliques et des spirites et en établissant la proportion, nous ne savons pas trop de quel côté sera l’avantage.

Auteur: Guénon René

Info: Dans "L'erreur spirite", Editions traditionnelles, 1952, page 367

[ drogue mentale ] [ réconfort mensonger ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

métaphore filée

Parler d’oubli constitutif, c’est désigner autre chose qu’une pure perte, une perte sèche, mais une condition d’engendrement. Lacan racontait un jour l’histoire du type qu’on trouve dans une île déserte où il s’est retiré pour oublier. "Pour oublier quoi ? lui demande-t-on. – Eh bien j’ai oublié !" Oui, il a oublié ce qu’il avait à oublier. Histoire drôle en effet : voilà un homme qui ne sait pas pourquoi il est là sur son île, à l’image de celui qui reste hébété, abasourdi, stupide, devant la question qui le surprend au saut du lit entre le sommeil et la veille : "Eh ! que fais-tu là sur cette terre, avec ce métier, ce conjoint, ces enfants, ces voisins… ?" Bref, il n’en sait rien. Mais en revanche, ce qu’il a oublié ne l’oublie pas. C’est cela l’hypothèse de l’inconscient : la terre d’où il a émigré colle à jamais à ses semelles.

Auteur: Julien Philippe

Info: Dans "Pour lire Jacques Lacan", page 13

[ destin ] [ matriochka ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

recette

Si nous adorons la paella dite orthodoxe, la paella valenciana, nous acceptons qu’au lapin et au poulet traditionnels on ajoute ou on substitue du poisson et des fruits de mer. Mais il est bon de corriger le goût légèrement écœurant de la poiscaille par la saveur douce des morceaux de basse-cour.
Sans oublier l’huile d’olive, la tomate, les haricots plats, les haricots blancs, le piment, le safran et, pourquoi pas ? des artichauts, des poivrons, des petits pois, des pois chiches, du canard, du porc, des escargots. Sans être dévasté par la graisse, ce subterfuge de l’onctuosité, le riz doit croustiller et pouvoir adhérer à une poêle tenue à la verticale. La paella est un art. C’est aussi un motif de guerre entre provinces d’Espagne, semblable à la guerre du cassoulet ou du couscous. A chacun sa vérité, pourvu qu’elle ne cède pas à la mode de la "revisitation", cette vile auxiliaire de la dictature de l’oubli.

Auteur: Pajak Frédéric

Info: Le manifeste incertain, tome 6, page 71

[ variantes ] [ astuces ] [ nourriture ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

évolution

Sur le lien entre l’art et l’homme, il y a un très bon passage dans Le Livre du rire et de l’oubli de Milan Kundera. Il raconte comment son père lui a expliqué l’histoire de la musique : au début, il y avait une dominante et toutes les notes étaient au service de la dominante ; après, on a commencé à mettre plusieurs dominantes et cela devenait très compliqué, parce que chaque note était à la fois vassale de l’une et de l’autre. Et, un jour, un grand révolutionnaire est arrivé et a dit : " Toutes les notes sont égales " ; et il a inventé la musique dodécaphonique puis sérielle, avec un système pour que toutes les notes soient égales. Son père conclut par le malheur qu’après lui, on ne pouvait plus rien faire : puisque on peut se donner les règles qu’on veut, on se perd et on ne sait plus où commence la musique et où commence le bruit.

Auteur: Benasayag Miguel

Info: Fabriquer le vivant ?

[ ordre ] [ désordre ] [ tonalité ]

 

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filiation

Cependant, même sans contenu disponible, la mémoire est un instrument de deuil. Irrémédiablement liée à l’absence, à la mort et aux morts. La mémoire c’est même la seule chose qui nous reste de la mort d’autrui. Et de la mort on ne connaît que la mémoire des vivants. Mais cette mémoire-là, lieu où l’exercice quotidien s’accomplit à notre insu, n’a pas grand-chose à voir avec la reconstitution d’un passé historique. Elle est, cette mémoire, hantée par une absence fondatrice. Et de cette absence du mort à la mémoire il n’y a qu’un pas que vient combler sans effort l’oubli. Il porte alors nos existences.
Comment dire pourquoi il arrive qu’on puisse bien se passer d’un vivant et tellement moins bien du mort ? Où a-t-on mal d’une absence qui est cette part de l’autre qui nous blesse ? La mémoire a beau être blanche, et même silencieuse, elle n’en demeure pas moins. En elle persiste cette fraction intime qui nous anime tout en restant inassimilable.

Auteur: Olender Maurice

Info: Le fantôme dans la bibliothèque

[ shoah ] [ manque ] [ passé définitif ]

 

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Ajouté à la BD par Plouin

loi supérieure

Nous grandissons tous avec l’idée que la loi est sacrée. Ils ont demandé à la mère de Daniel Berrigan ce qu’elle pensait du fait que son fils violait la loi. Après avoir mis le feu à des registres du bureau de conscription, probablement un des actes les plus violents de ce siècle, pour protester contre la guerre, il avait été condamné à la prison, comme il se doit pour un criminel. Ils ont demandé à sa mère âgée de plus de 80 ans ce qu’elle pensait du fait que son fils avait violé la loi. Elle a regardé le journaliste droit dans les yeux et lui a répondu : "Ce n’est pas la loi de Dieu". Et ça, on l’oublie. La loi n’a rien de sacré. Pensez à qui fait les lois. La loi n’est pas faite par Dieu, elle est faite par Strom Thurmond. Si on a le moindre sentiment de ce qui est saint, beau et révérencieux dans la loi, il suffit de bien regarder les élus du pays, ceux et celles qui font les lois.

Auteur: Zinn Howard

Info: Introduction au débat à l’université Johns Hopkins prononcée en mai 1970

[ éternelle-temporelle ] [ désobéissance civile ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson