Citation
Catégorie
Tag – étiquette
Auteur
Info



nb max de mots
nb min de mots
trier par
Dictionnaire analogique intriqué pour extraits. Recherche mots ou phrases tous azimuts. Aussi outil de précision sémantique et de réflexion communautaire. Voir la rubrique mode d'emploi. Jetez un oeil à la colonne "chaînes". ATTENTION, faire une REINITIALISATION après  une recherche complexe. Et utilisez le nuage de corrélats !!!!..... Lire la suite >>
Résultat(s): 59
Temps de recherche: 0.0406s

homme démiurge

Il est intéressant de noter avec quelle netteté nos attitudes courantes  font la distinction entre notre respect d'un "artisanat" de la reproduction sélective et notre profonde suspicion et désapprobation quant à la  "technologie" de l'épissage des gènes. Artisanat qui est mis à l'honneur, mais pas la technologie, qui oublions que ces mots ont un ancêtre commun, le techné, mot grec qui désigne l'art, l'habileté ou l'artisanat dans tout travail. Nous reculons, horrifiés, devant les tomates génétiquement modifiées et tournons le dos aux fibres "artificielles" de nos vêtements, tout en vantant les mérites de produits "biologiques" et "naturels" tels que la farine de céréales complètes ou le coton et la laine, oubliant que les céréales, les plants de coton et les moutons sont eux-mêmes des produits de la technologie humaine, de techniques d'hybridation et d'élevage habiles. Celui qui voudrait se vêtir de fibres non améliorées par la technologie et vivre d'aliments provenant de sources non domestiquées aura vraiment froid et faim.

Auteur: Dick Steven J.

Info: Cosmos & Culture: Cultural Evolution in a Cosmic Context

[ ingéniosité ] [ incohérence éthique ] [ étymologie ]

 
Commentaires: 3
Ajouté à la BD par miguel

habitants

Si l’on emprunte le Stalechnikov, on respire : ici on peut enfin sans danger s’arrêter devant des étalages et aller son chemin sans prendre part à cette marche zigzagante et flâneuse à laquelle l’étroitesse du trottoir a accoutumé la plupart. Mais quelle abondance dans cette ligne qui n’est pas seulement envahie par les hommes, et comme Berlin est mort et vide ! A Moscou la marchandise jaillit partout des maisons, elle est accrochée à des palissades, elle s’appuie sur des treillis, elle est étalée sur le pavé. Tous les quinze pas on tombe sur des femmes avec des cigarettes, des femmes avec des fruits, des femmes avec des sucreries. Elles ont leur corbeille à linge à côté d’elles avec la marchandise et quelquefois aussi un petit traîneau. Une étoffe de laine colorée protège du froid pommes et oranges, deux échantillons sont posés dessus. A côté, des figures en sucre, des noix, des bonbons. […] Maintenant, pour se reposer un peu, elle s’arrête en chemin, dans la rue.

Auteur: Benjamin Walter

Info: Dans "Moscou" in Images de la pensée, page 27

[ flânerie ] [ vie sociale ] [ espace public ]

 
Mis dans la chaine

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par Coli Masson

action

J'ai rempli un rack d'assiettes et de tasses à café, je l'ai envoyé dans le lave-vaisselle puis j'ai commencé à récurer les poêles du mieux que je pouvais. Au bout de dix minutes de frottage et de décrassage, j'étais presque aussi trempé que si on m'avait enfermé dans un lave-auto en marche. Mes mains se ratatinaient déjà dans la gibelotte du dish pit, le bout de mes doigts était éraflé par la laine d'acier, mes bras s'enlisaient jusqu'aux coudes dans l'eau brune et graisseuse. La vapeur d'eau faisait coller sur mon visage les miettes de nourriture et les éclats d'aliments calcinés qui revolaient sous le jet du gun à plonge. Je comprenais peu à peu pourquoi Dave voulait se débarrasser de ce travail. Mais ça faisait mon affaire, de ne pas avoir le temps de penser à mes histoires. Les assiettes, les marmites et les poêles crasseuses ne cessaient de s'accumuler peu importe la vitesse à laquelle je les récurais. Tout ça m'occupait la tête. Étrangement, j'avais l'impression de reprendre le contrôle de ma vie.

Auteur: Larue Stéphane

Info: Le plongeur

[ équilibre ] [ travail ] [ chair-esprit ]

 

Commentaires: 0

poème

Quand je n'ai rien à faire, et qu'à peine un nuage
Dans les champs bleus du ciel, flocon de laine, nage,
J'aime à m'écouter vivre, et, libre de soucis,
Loin des chemins poudreux, à demeurer assis
Sur un moelleux tapis de fougère et de mousse,
Au bord des bois touffus où la chaleur s'émousse.
Là, pour tuer le temps, j'observe la fourmi
Qui, pensant au retour de l'hiver ennemi,
Pour son grenier dérobe un grain d'orge à la gerbe,
Le puceron qui grimpe et se pende au brin d'herbe,
La chenille traînant ses anneaux veloutés,
La limace baveuse aux sillons argentés,
Et le frais papillon qui de fleurs en fleurs vole.
Ensuite je regarde, amusement frivole,
La lumière brisant dans chacun de mes cils,
Palissade opposée à ses rayons subtils,
Les sept couleurs du prisme, ou le duvet qui flotte
En l'air, comme sur l'onde un vaisseau sans pilote ;
Et lorsque je suis las je me laisse endormir,
Au murmure de l'eau qu'un caillou fait gémir,
Ou j'écoute chanter près de moi la fauvette,
Et là-haut dans l'azur gazouiller l'alouette.

Auteur: Gautier Théophile

Info: FARNIENTE

[ paresse ]

 

Commentaires: 0

transhumance

Le vieux berger était déjà loin, là-bas dans la pente. Ça suivait tout lentement derrière lui. C'était des bêtes de taille presque égale serrées flanc à flanc, comme des vagues de boue, et, dans leur laine il y avait de grosses abeilles de la montagne prisonnières, mortes ou vivantes. Il y avait des fleurs et des épines ; il y avait de l'herbe toute verte entrelacée aux jambes. Il y avait un gros rat qui marchait en trébuchant sur le dos des moutons. Une ânesse bleue sortit du courant et s'arrêta, jambes écartées. (...) [Elle] regardait les hommes avec ses beaux yeux moussus comme des pierres de forêt. (...)
C'était des bêtes de bonne santé et de bon sentiment, ça marchait encore sans boiter. La grosse tête épaisse, aux yeux morts, était pleine encore des images et des odeurs de la montagne. (...) Les têtes aux yeux morts dansaient de haut en bas, elles flottaient dans les images de la montagne et mâchaient doucement le goût des herbes anciennes : le vent de la nuit qui vient faire son nid dans la laine des oreilles et les agneaux couchés comme du lait dans l'herbe fraîche, et les pluies !...

Auteur: Giono Jean

Info: Le grand troupeau

[ alpage ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par miguel

érotisme

Lorsqu'il ne s'agit pas de la partie charnue de la paume de la main située entre la ligne de vie et la base du pouce, ce morceau de choix de la géographie du Tendre se nomme encore pubis en raison de la pilosité qui l'honore à partir de la puberté. Couvert d'une fourrure de martre fauve ou d'astrakan, d'un manteau de laine rousse ou d'un duvet blond aux fins poils électriques, le pubis possède idéalement la forme d'un triangle équilatéral bombé dont le galbe attire à la fois l'oeil et la main de l'homme bien né. Ainsi le Mont de Vénus cher aux chiromanciennes épouse-t-il le Mont de Vénus pelvien, moussu qui se courbe amoureusement tandis que le ventre se creuse. La lisière supérieure du triangle renversé sépare le ventre montrable du sexe tabou. C'est pourquoi le slip du bikini s'y ajuste très précisément. La main posée sur le renflement soyeux laisse naturellement le doigt inquisiteur se perdre dans la nuit intercrurale. Là, la pulpe du médius perçoit une chaleur d'autant plus exaltante qu'elle se révèle humide. Y plonger derechef et sans ambages serait une faute de goût. Il faudra espérer l'ouverture proche et imperceptible des cuisses qui sont comme le baromètre de la pudeur.

Auteur: Debray Michel

Info: Le mont de vénus

[ littérature ]

 

Commentaires: 0

oisiveté

Quand je n’ai rien à faire, et qu’à peine un nuage

Dans les champs bleus du ciel, flocon de laine, nage,

J’aime à m’écouter vivre, et, libre de soucis,

Loin des chemins poudreux, à demeurer assis

Sur un moelleux tapis de fougère et de mousse,

Au bord des bois touffus où la chaleur s’émousse.

Là, pour tuer le temps, j’observe la fourmi

Qui, pensant au retour de l’hiver ennemi,

Pour son grenier dérobe un grain d’orge à la gerbe,

Le puceron qui grimpe et se pend au brin d’herbe,

La chenille traînant ses anneaux veloutés,

La limace baveuse aux sillons argentés,

Et le frais papillon qui de fleurs en fleurs vole.

Ensuite je regarde, amusement frivole,

La lumière brisant dans chacun de mes cils,

Palissade opposée à ses rayons subtils,

Les sept couleurs du prisme, ou le duvet qui flotte

En l’air, comme sur l’onde un vaisseau sans pilote ;

Et lorsque je suis las je me laisse endormir,

Au murmure de l’eau qu’un caillou fait gémir,

Ou j’écoute chanter près de moi la fauvette,

Et là-haut dans l’azur gazouiller l’alouette.

Auteur: Gautier Théophile

Info: Farniente

[ poème ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par miguel

rendez-vous galant

Serge faillit en rester là. Il se souvint d’un article de la méthode qui, à en croire l’essayiste, était décisif : "Tout ce que vous me dites est très intéressant, l’interrompit-il, mais j’aimerais aussi connaître la vraie Nicole, celle qui se cache derrière la secrétaire sérieuse et compétente." C’était un peu osé, mais l’ennui donne le courage de tout tenter pour sortir de ses marécages. Malheureusement, la vraie Nicole était extrêmement chiante (point que le traité de séduction n’abordait pas : celui de l’intérêt intellectuel de l’objet désiré.) En réalité, la vraie Nicole croyait en la "bienveillance des gens", elle aurait aimé que l’univers soit un "monde de paix et d’amour". Sa grande passion, c’était la littérature pour la jeunesse, une "littérature du cœur, de l’intelligence, de la douceur et de la fantaisie". En se plongeant dans cette littérature, elle retrouvait "l’esprit de l’enfance", l’esprit du jeu, l’esprit des "chats qui s’amusent avec des pelotes de laine". Elle et son amie Delphine ne rataient jamais le festival de Montreuil. En revanche, elle n’avait pas de mots assez durs pour "les vieux schnoks et les tristes sires" qui snobaient l’univers des "pitchouns", tous ceux qui oubliaient "le rire des polissons" et "la joie mutine des garnements".
Serge regretta alors la première Nicole, la secrétaire sérieuse qui, au moins, participait à la prospérité de l’agence. Il mit fin à l’entretien en réclamant l’addition.

Auteur: Patrice Jean

Info: Dans "L'homme surnuméraire", pages 107-108

[ raté ] [ incompatibilité ] [ femme-par-homme ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par Coli Masson

lettres

Qu'il est facile de confondre culture et érudition! En vérité, la culture ne dépend pas de l'accumulation de connaissances, même dans des domaines variés, mais de l'agencement de ces connaissances dans notre mémoire et de leur présence dans notre comportement. Les connaissances d'un homme cultivé peuvent ne pas être très nombreuses, mais elles sont toujours cohérentes, en harmonie, et surtout, en relation les unes avec les autres. Chez l'homme érudit, les connaissances semblent emmagasinées dans des espaces cloisonnés. Chez l'homme cultivé, elles sont réparties conformément à un ordre intérieur qui rend possible leur échange et leur fructification. Ses lectures, ses expériences sont en fermentation et engendrent continuellement de nouvelles richesses, tel un compte à intérêt. L'érudit, comme l'avare, conserve son patrimoine dans un bas de laine où il n'y a de place que pour la rouille et la répétition. Dans le premier cas, la connaissance engendre la connaissance. Dans le second la connaissance s'ajoute à la connaissance. Un homme qui connaît sur le bout des doigts tout le théâtre de Beaumarchais est un érudit, mais cultivé est l'homme qui, n'ayant lu que le Mariage de Figaro, a conscience du rapport qui existe entre cette oeuvre et la Révolution Française ou entre son auteur et les intellectuels de notre époque. C'est précisément pourquoi tel membre d'une tribu primitive qui possède le monde en dix notions de base est plus cultivé que le spécialiste d'art sacré byzantin incapable de faire cuire un oeuf.

Auteur: Ribeyro Julio Ramon

Info: Proses apatrides, Chap 21

[ instruction ] [ bagage ] [ synthèse ] [ citation s'appliquant à ce logiciel ] [ intelligence inductive ]

 

Commentaires: 0

biologiste

- Et qu'est-ce qui a provoqué la rencontre, demandai-je, entre la mouche domestique et vous?
Extrayant quelques arêtes de poisson de sa barbe, Orlik me raconta qu'il avait consacré trente ans de sa vie à étudier certains aspects du mammouth laineux, ce travail l'ayant conduit jusqu'aux toundras de Sibérie où l'on trouve parfois des mammouths congelés dans le permafrost. Ses recherches - bien que généralement sa modestie l'empêchât de le mentionner - avaient vu leur aboutissement dans son article magistral : "Le mammouth et ses parasites." Mais à peine l'avait-il publié qu'il ressentit le besoin d'orienter ses travaux vers quelque créature inférieure.
"J'ai décidé, dit-il, à étudier Musca domestica dans la zone urbaine de Prague."
Tout comme son ami M. Utz pouvait dire au premier coup d'oeil si une pièce de porcelaine de Saxe avait été fabriquée à partir de l'argile blanche de Colditz ou de celle des Erzgebirge, les monts Métallifères, lui, Orlik, après avoir examiné sous un microscope la membrane irisée d'une aile de mouche, affirmait savoir si l'insecte venait de Mala Strana, de Zidovské Mesto ou de l'une des décharges qui entouraient la nouvelle cité-jardin.
Il avoua être ravi de la vitalité de la mouche. Il était de bon ton chez ses collègues entomologistes - tout particulièrement chez les membres du parti - de s'émerveiller devant le comportement des insectes sociaux, les fourmis, les abeilles, les guêpes et les autres espèces d'hyménoptères qui s'organisaient en communautés enrégimentées.
"Mais la mouche, dit Orlik, est une anarchiste.
- Chut! dit Utz. Ne prononcez pas ce mot!

Auteur: Chatwin Bruce

Info: Utz

[ insectes ]

 

Commentaires: 0