Citation
Catégorie
Tag – étiquette
Auteur
Info



nb max de mots
nb min de mots
trier par
Dictionnaire analogique intriqué pour extraits. Recherche mots ou phrases tous azimuts. Aussi outil de précision sémantique et de réflexion communautaire. Voir la rubrique mode d'emploi. Jetez un oeil à la colonne "chaînes". ATTENTION, faire une REINITIALISATION après  une recherche complexe. Et utilisez le nuage de corrélats !!!!..... Lire la suite >>
Résultat(s): 2020
Temps de recherche: 0.0557s

ordre

La plupart des hommes servent l'Etat non en tant qu'hommes mais en tant que machines, avec leur corps. Ils sont l'armée, la milice, les geôliers, les policiers, etc. Dans la plus part des cas, il n'ont aucune liberté de jugement ni de sens moral ; ces hommes se placent d'eux-mêmes au niveau du bois, de la terre et de la pierre ; et si l'on fabriquait des hommes en bois, ils feraient peut-être tout aussi bien l'affaire. Ils ne méritent pas plus de respect que des hommes en paille ou des tas de boue. Ils ont le même genre de valeur que des chevaux et des chiens. Pourtant, ils sont généralement considérés comme de bons citoyens. D'autres - comme la plupart des législateurs, des politiciens, des hommes de loi, des ministres et des fonctionnaire - servent l'Etat surtout avec leur tête ; et comme ils portent rarement des jugements d'ordre moral ; ils peuvent, sans s'en apercevoir, servir le Diable tout aussi bien que Dieu. Un infime minorité - les héros, les patriotes, les martyrs, les réformateurs au sens noble et les hommes dignes de ce nom - servent également l'Etat avec leur conscience et s'opposent donc à lui sur presque tous les points ; ils sont en général traités par l'Etat en ennemis.

Auteur: Thoreau Henry David

Info: La désobéissance civile

[ oppression ] [ marginalité ] [ sociologie ]

 

Commentaires: 0

fric

Plus lucide que tous les pour et les contre, un homme du tiers, le libraire Ruault, est l'un des premiers "non-notables" à connaître la nouvelle, qui mettra du temps à émouvoir "la France profonde". C'est lui qui, dans une lettre à son frère, trouve les mots pour ce lever de rideau : " Il faut de l'argent, c'est tout dire ; il en faut pour les dépenses connues et inconnues ; il en faut pour l'ordinaire et pour l'extraordinaire ; il en faut pour cinq ou six rois qui règnent en France et qui puisent largement dans le trésor public (...) La finance est devenue si puissante, si orgueilleuse, si despote qu'il faut croire qu'elle ne peut aller plus haut et qu'elle périra infailliblement avant peu d'années. Quand la finance est honorée, dit Montesquieu, l'Etat est perdu. Une révolution effrayante est très prochaine, nous en sommes tout près, nous touchons à une crise violente. Les choses ne peuvent aller longtemps encore comme elles vont. Cela saute aux yeux. Tout est agio, finance, banque, escompte, emprunt, pari, virement, etc. Toutes les têtes sont tournées vers l'argent, sont folles de ces sortes de spéculations. Patience, nous verrons beau jeu en 1800 ! Vivons cependant et faisons en sorte de n'être pas emportés par la débâcle future.

Auteur: Manceron Claude

Info: Les hommes de la liberté, la révolution qui lève, 1785-1787, tome 4, p. 376

[ Gaule ] [ pouvoir ] [ historique ]

 

Commentaires: 0

religieux-civil

La révolution de 1830 avait été en grande partie faite contre le clergé, celle de 1848 fut faite sinon pour lui, du moins à son profit. Quel changement en moins d’une génération ! Le peuple qui, dix-sept ans plus tôt, saccageait l’Archevêché et poursuivait dans les rues le costume ecclésiastique, appelait le clergé à bénir ses frêles arbres de la liberté. La première Assemblée élue par le suffrage universel inscrivait le nom de Dieu au fronton de sa constitution républicaine. Les catholiques qui avaient donné à leurs coreligionnaires le mot d’ordre de liberté eussent pu s’attribuer le mérite de ce prompt revirement populaire. Ils recueillaient alors, avec le bénéfice de la froideur ou des ombrages que leur avait témoignés la monarchie de Juillet, le bénéfice de leur indépendance vis-à-vis de la royauté déchue. Une autre raison avait rendu au clergé une popularité dont il était dès lors désaccoutumé, l’élection, en 1846, du pape Pie IX, qui, en quelques mois, était devenu "l’idole de l’Europe". Dans la presse et dans les Parlements, dans les Chambres françaises spécialement, les hommes politiques les plus divers, Thiers, Odilon Barrot, Lamartine, Guizot, avaient salué à l’envi, comme un des grands faits du siècle, l’avènement d’un pontife que tous croyaient jaloux d’accomplir la réconciliation de l’Eglise et de la société moderne.

Auteur: Leroy-Beaulieu Anatole

Info: Les catholiques libéraux, l'Église et le libéralisme de 1830 à nos jours, Librairie Plon, 1885, pages 140-141

[ France ] [ histoire ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par Coli Masson

hiérarchisation

Car l'apparition de la sexualité a entraîné trois conséquences majeures sur le monde.

Tout d'abord, le sexe a définitivement brouillé une "sélection" prétendument impersonnelle en favorisant le CHOIX des partenaires en tant que force évolutive. […] D'un seul coup, la RELATION devenait plus importante que l'individu. Née d'une sensibilité primordiale qui rend les uns attirants pour les autres, voilà que l'histoire évolutive dépend maintenant de la liberté du désir.

Le deuxième résultat de l'émergence de la sexualité consiste dans l'opposition inévitable des deux genres. À partir de la spécialisation des gamètes, l'un petit, mobile, le spermatozoïde, l'autre gros et plein d'énergie, l'ovule, une divergence incroyable confronte les deux partenaires, et ce conflit invraisemblable se déroule dans le corps des protagonistes. […] Alors commence à s'entreprendre la grande stratégie des réconciliations amoureuses, menant progressivement à l'organisation de relations mutuelles précaires et magnifiques.

Enfin, le sexe biologique produit la variation, la différence essentielle. Au lieu de s'égarer dans une amélioration continue de performances d'une espèce qu'une crise viendrait réduire à néant, la reproduction sexuelle s'engage dans une diversification infinie, recombinant les gènes des uns avec les gènes des autres pour former une individualité nouvelle absolument originale. De toutes ces imprévisibles conséquences, il découle une subtile interdépendance des uns et des autres.

Auteur: Lodé Thierry

Info: Pourquoi les animaux trichent et se trompent, pp. 40-41

[ triade ] [ sexuation ] [ rôles distribués ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par miguel

limitation

Dans une vieille blague de la défunte République démocratique d'Allemagne, un ouvrier allemand trouve du travail en Sibérie. Sachant que tout son courrier sera lu par la censure, il dit à ses amis : "Mettons-nous d'accord sur un code. Si vous recevez de moi une lettre écrite à l'encre bleue ordinaire, elle est vraie ; si elle est écrite à l'encre rouge, elle est fausse." Au bout d'un mois, ses amis reçoivent la première lettre, à l'encre bleue : "Tout est formidable ici, les magasins sont pleins, la nourriture est abondante, les appartements sont grands et bien chauffés, les cinémas projettent des films occidentaux, il y a plein de belles filles prêtes à tout, la seule chose qui est introuvable, c'est l'encre rouge."
N'est-ce pas encore notre situation ? Nous avons toutes les libertés possibles, la seule chose qui nous manque, c'est l'"encre rouge" : nous nous "sentons libres" parce qu'il nous manque le langage même qui nous permettrait d'exprimer notre absence de liberté. Ce que signifie ce manque d'encre rouge, c'est qu'aujourd'hui tous les principaux termes employés pour désigner le conflit actuel - "guerre contre la terreur", "démocratie et liberté", "droits de l'homme", etc.- sont des termes faux, qui embrument notre perception de la situation au lieu de nous permettre de la penser.

Auteur: Zizek Slavoj

Info: Mes blagues, ma philosophie

[ langage ]

 

Commentaires: 0

émancipation bourgeoise

L’auteur de La Philosophie dans le boudoir comprit également que la condamnation de la vénération de la femme devait s’accompagner d’une défense des droits sexuels de celle-ci – le droit de disposer de son propre corps, comme le diraient aujourd’hui les féministes. Si l’exercice de ce droit, dans l’utopie de Sade, se réduit au devoir de devenir l’instrument du plaisir d’autrui, ce n’est pas parce que le Divin Marquis détestait les femmes mais parce qu’il haïssait l’humanité. Il avait perçu, plus clairement que les féministes, qu’en régime capitaliste toute liberté aboutissait finalement au même point : l’obligation universelle de jouir et de se donner en jouissance. Sans violer sa propre logique, Sade pouvait ainsi tout à la fois réclamer le droit, pour les femmes, de satisfaire complètement leurs désirs, et jouir de toutes les parties de leur corps, et de déclarer catégoriquement que "toutes les femmes doivent se soumettre à notre plaisir". L’individualisme pur débouchait ainsi sur la répudiation la plus radicale de l’individualité. […] Ce n’est pas seulement dans la pensée de Sade mais dans l’histoire à venir si exactement préfigurée dans l’excès même, la folie et l’infantilisme de ses idées – que la défense de la sphère privée aboutit à sa négation la plus poussée, que la glorification de l’individu conduit à son annihilation. 

Auteur: Lasch Christopher

Info: Dans "La culture du narcissisme", trad. Michel L. Landa, éd. Flammarion, Paris, 2018, page 123

[ anti-sentimentalisme ] [ extrémisme philosophique ]

 
Mis dans la chaine

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par Coli Masson

sotériologie

Délivrer l’homme du monde implique d’abord que la possibilité d’une délivrance soit inscrite dans l’ordre de l’être. L’ontologie de la gnose antique la garantit à travers la foi dans un dieu "étranger", "caché", qui vient en aide aux hommes, leur dépêche ses envoyés et leur indique la voie qui leur permet de quitter la prison instaurée par le dieu mauvais de ce monde (qu’il s’agisse de Zeus, de Yahvé ou d’un autre des anciens dieux-pères). Dans la gnose moderne, cette possibilité est gagée sur la conjecture qu’il existe un esprit absolu parvenant à lui-même en se dégageant de l’aliénation au terme d’un développement dialectique de la conscience, ou sur celle qu’un processus dialectique et matérialiste de la nature conduira, par-delà une aliénation incarnée par Dieu ou la propriété privée, à la liberté d’une existence pleinement humaine, voire sur l’hypothèse d’une volonté de la nature qui entraînera l’homme à se transformer lui-même vers le surhomme.

Au sein de cette possibilité ontique, c’est à l’homme gnostique lui-même qu’incombe la tâche d’œuvrer à sa délivrance. De par sa psyché il est partie prenante de l’ordre du monde, de son nomos ("loi") ; ce qui, en lui, le pousse vers la délivrance, c’est le pneuma ("souffle"). […] L’instrument de la délivrance est la gnose elle-même.

Auteur: Voegelin Eric

Info: Dans "Science, politique et gnose", trad. de l'allemand par Marc de Launay, Bayard, Paris, 2004, pages 18-19

[ principes ] [ dualisme ] [ responsabilité ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par Coli Masson

contrastes

Kazan, 6 mai, midi. – Longue marche sur les bords de la Kazanka – qui se jette plus loin dans la Volga. L’esplanade est flambant neuve, qui s’étire sur plusieurs kilomètres, avec jardins d’enfants, terrasses de snacks et de restaurants. Alentour, des propriétés mitoyennes pour parvenus et apparatchiks, bâties dans un style approximatif : mélange de parpaings rouges, de verre et de béton. De l’autre côté de la berge se dressent des buildings, évidemment à perte de vue.
En ville, place de la Liberté, trône une gigantesque statue du guide du coup d’Etat d’Octobre, tête haute, majestueux dans son long manteau de prophète du malheur. Face à lui, de l’autre côté de la place, s’élève l’Opéra, surmonté d’une sculpture de Terpsichore, la main droite appuyée sur une harpe, la gauche brandissant une couronne de lauriers ; on dirait qu’elle nargue Lénine. Assurément, sa statue survivra à la sienne.
Sur l’allée évasée bordant la large rivière, des haut-parleurs hissés sur des mâts crachent la chanson interchangeable d’un crooner américain probablement méconnu chez lui. Tout comme la musique, l’architecture ne ressemble à rien : des pâtés de béton et de verre que défient des pâtes staliniens, raillés à leur tour par de vieilles viennoiseries. Ce qui se bâtit aujourd’hui est une mixtion de clinquant monumental et de Legoland.

Auteur: Pajak Frédéric

Info: Dans "Manifeste incertain", volume 7, pages 66-67

[ urbanisme ] [ strates ] [ décor ]

 
Mis dans la chaine

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par Coli Masson

gouvernement

Parmi les causes des désappointements du libéralisme, il en est une toutefois que nous ne saurions nous dispenser de signaler, c’est l’avènement de la démocratie, avènement qui sera le trait le plus saillant de l’histoire du dix-neuvième siècle et auquel le libéralisme a lui-même largement contribué. La démocratie était la seule souveraine dont il pût préparer le règne. Il aurait beau la renier, c’est l’enfant de sa chair et de son sang, mais un enfant qui, tout en gardant l’empreinte de ses traits, ne lui ressemble guère. Fille indisciplinée, passionnée, remuante, impatiente de toute règle, présomptueuse et arrogante, elle est loin d’écouter docilement les froides leçons de son père ; elle ne se fait pas scrupule d’être rebelle à ses maximes ; elle est portée, en grandissant, à ne voir en lui qu’un mentor gênant. Une fois émancipée et investie de la souveraineté, la démocratie s’est presque partout montrée prompte à faire bon marché des solutions libérales, chaque fois qu’elle en croyait apercevoir de plus conformes à ses appétits ou à ses ambitions. Rien de plus simple. Les intérêts ou les penchants, qui avaient d’abord espéré tout gagner à la ruine du principe d’autorité, se sont plus ou moins insurgés contre le principe de liberté, dès qu’ils ne se sont plus flattés d’y trouver leur profit.

Auteur: Leroy-Beaulieu Anatole

Info: Les catholiques libéraux, l'Église et le libéralisme de 1830 à nos jours, Librairie Plon, 1885, page VI

[ idéologies ] [ incompatibilité ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par Coli Masson

écriture

Demain comme hier, si de nouvelles tables de valeurs doivent être instituées, elles ne le seront pas par des mots, mais avec des actes...
La seule vérité est de se tenir debout quoi qu'il arrive, de faire face à l'absurdité du monde pour lui donner une forme et un sens, de travailler et de se battre si l'on est un homme, d'aimer si l'on est une femme.
Pendant des années j'avais été constamment placé devant l'obligation de savoir si la fin justifiait les moyens. Il vint un jour où je compris que ma finalité serait aussi ce que mes actes en auraient fait. Raisonnant ainsi, je renonçais nécessairement à la politique. Elle soumet les moyens à des fins qui n'ont pas nécessairement l'excuse d'être désintéressées. J'éprouvais la crainte aussi de verser dans l'habitude et la médiocrité. Il était temps de marcher à mon pas, ce qui comportait d'autres risques.
J'ai rompu avec l'agitation du monde par nécessité intérieure, par besoin de préserver ma liberté, par crainte d'altérer ce que je possédais en propre. Mais, il existe plus de traverses qu'on ne l'imagine entre l'action et la contemplation. Tout homme qui entreprend de se donner une forme intérieure suivant sa propre norme est un créateur de monde, un veilleur solitaire posté aux frontières de l'espérance et du temps.

Auteur: Venner Dominique

Info: Le Coeur Rebelle 1994

[ égoïsme ] [ femmes-hommes ] [ refuge ]

 

Commentaires: 0