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insurrection

Autant nous sommes redevables aux USA de nous avoir aidé lors de la seconde guerre mondiale autant l'urgence d'un soulèvement contre la domination financière et idéologique de ce pays devenu amoral et égoïste se fait sentir.
Pour faire très simple : nous sommes actuellement manipulés par une oligarchie financière mondiale, dont les officines apparentes sont aujourd'hui les agences de notations S&P, Moody, et Fitch. Ces agences sont le bras armé de la finance trans nationale, symbolisée par des organismes comme Goldman and Sachs, appuyées eux-mêmes sur le credo démocrate US (belle ironie du sort !!). Les politiques dominants d'Angleterre, l'AIPAC, les banques Suisses, George Soros... ainsi que des centaines d'autres institutions et personnes...
Ce message est un appel à tous les individus de bonne volonté qui désirent sortir de ce cauchemar capitaliste en se connectant les uns les autres (avec le moins d'usage possible du web et des portables) afin de créer rapidement un contre-pouvoir agissant et efficace.
Alternative libertaire mais aussi tous les mouvement de vraie gauche, anarchistes ou de droite libérale ouverte... seront des appuis à utiliser dans un premier temps... en attendant l'émergence de leaders crédibles et non pollués par les arguments pousse-à-jouir de la société de consommation.
Redevenons des hommes. N'ayons pas peur du désordre, il est nécessaire.
Ideal et self-contrôle personnel total de chacun.
La pauvreté se partage mieux que la richesse.

Auteur: Mg

Info: 13 mars 2010

[ révolte ]

 

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hommage

Camus paie pour sa rectitude, sa droiture, la justesse de ses combats, il paie pour son honnêteté, sa passion pour la vérité, il paie pour avoir été résistant à l'heure où beaucoup résistaient si peu, il paie pour ses succès, ses formidables ventes de livres, il paie pour son talent, il paie pour son Nobel, bien sûr, il paie pour n'être pas corruptible, il paie pour n'avoir pas eu besoin de mentir en traçant son chemin droit, il paie pour sa jeunesse, sa beauté, son succès auprès des femmes, il paie parce que sa vie philosophique était un reproche à l'existence de tant de faussaires, il paie la fidélité à son enfance, au milieu des petites gens dont il vient, il paie de n'avoir rien trahi ni vendu, il paie d'être un fils de pauvre entré par effraction dans le monde germanopratin des gens bien nés, il paie d'avoir choisi la justice, la liberté et le peuple dans un univers d'intellectuels fascinés par la violence, la brutalité et les idées, il paie d'être un autodidacte ayant réussi, il paie parce qu'enfant d'une mère illettrée, il n'aurait jamais dû écrire les livres que se réservaient les élus bien nés, il paie parce que le ressentiment, l'envie, la haine, la jalousie font la loi-à Paris plus qu'ailleurs puisque le pouvoir s'y trouve et que les Rastignac s'y donnent rendez-vous.

Auteur: Onfray Michel

Info: L'ordre libertaire

[ littérature ]

 

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auto-détermination

Récemment, j'ai constaté, lors de discussions avec divers scientifiques et autres non-philosophes (par exemple, les scientifiques qui participaient avec moi à l'atelier de Sean Carroll sur l'avenir du naturalisme), qu'ils penchent dans l'autre sens : le libre arbitre, à leurs yeux, est manifestement incompatible avec le naturalisme, avec le déterminisme, et reste très probablement incohérent quel que soit le contexte. Aussi insistent-ils allègrement sur le fait que, bien sûr, ils n'ont pas le libre arbitre, ne pourraient pas l'avoir, et alors ? Tout ça n'a rien à voir avec la moralité ou le sens de la vie. Le conseil qu'ils me donnèrent lors de ce symposium était simple : reformuler mon incessante question en me demandant si le naturalisme (matérialisme, déterminisme, science...) a une quelconque implication concernant ce que nous nommerons compétence morale. Par exemple, les neurosciences montrent-elles que nous ne pouvons pas être responsables de nos choix, que nous ne pouvons pas être loués ou blâmés, récompensés ou punis à juste titre ? Abandonnez le terme de "libre arbitre" aux philosophes libertariens (à ne pas confondre avec les libertariens politiques) et autres incompatibilistes*, qui pourront poursuivre leurs fantasmes sans être inquiétés. Notez qu'il ne s'agit pas d'un rejet des questions importantes, mais d'une proposition visant à déterminer quel camp peut utiliser et définir le terme. Je commence à apprécier les avantages qu'il y a à se débarrasser complètement du terme "libre arbitre", mais cette voie implique aussi beaucoup de travail si l'on veut éviter d'être mal compris.

Auteur: Dennett Daniel C.

Info: Consciousness Explained. *Incompatibilisme, thèse philosophique selon laquelle un univers déterministe est en total désaccord avec la notion de libre arbitre.

[ causalité ] [ liberté ]

 
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anarchie

L'évolution doit précéder la révolution, laquelle est sa conséquence logique, sa sanction. Des révolutions que nous avons vu se perpétrer aucune n'a eu de résultat réellement émancipateur ; elles consommées, les hommes qui les avaient faites et leurs descendants retournaient aux mêmes errements, l'esclavage changeait seulement de forme. Les révolutions étaient stériles parce que l'évolution n'était pas accomplie chez les individus. L'homme veut toujours conquérir ce qu'il pense être le mieux, le meilleur. Son égoïsme, qui n'est en somme que l'expression individuelle de l'instinct de conservation de l'espèce, le conduit à cela. Mais que peut-il faire, sinon stagner, s'il ne connaît ce mieux et ce meilleur ? C'est précisément parce que son égoïsme a été élevé dans un mauvais sens qu'actuellement il ne se dirige pas d'une façon plus rapide vers la Liberté, source féconde de bonheur. Il ne voit pas ce que, en tant qu'organisation sociale, il peut y avoir de préférable à l'actuelle pour son bien-être. Il souffre, mais il ne connaît pas le remède guérisseur de son, mal. Eduquez-le sérieusement, largement, ouvrez ses yeux à toutes les vérités, à toutes les lumières, son activité aiguillera vers la Liberté. Mais, ne cessons de le répéter, il est indispensable que cette éducation soit commencée dès l'enfance, afin de ne laisser aucune prise à l'esprit autoritaire. C'est par l'éducation libertaire que l'on parviendra à former des individus - hommes et femmes - intelligents, bons, forts et justes, des hommes libres, aptes à faire vivre la Société de libre Justice.

Auteur: Devaldès Manuel

Info: L'Éducation et La Liberté

[ pédagogie ]

 

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ouvriers étrangers

On a un peu vite oublié que Karl Marx condamnait déjà la concurrence déloyale que représentaient les travailleurs immigrés pour le prolétariat autochtone: l’immigration était, selon lui, l’"armée de réserve du capital". Dans les années 1950, le Parti communiste, en même temps qu’il dénonçait la contraception et l’avortement comme des "vices bourgeois", ne raisonnait pas autrement: internationalisme et cosmopolitisme n’étaient pas, à ses yeux, synonymes. Jean-Claude Michéa le répète aujourd’hui: la mondialisation n’est rien d’autre que l’extension planétaire d’un capitalisme spéculatif et déterritorialisé dont les peuples font les frais. N’oubliez pas, non plus, les prises de position d’André Gérin, ancien maire communiste de Vénissieux ("L’immigration n’est pas une chance pour la France") ni celles du syndicaliste communiste Jacques Nikonoff, ancien président d’ATTAC ("Il faut stopper l’immigration et organiser le retour sur une base volontaire") ni, bien sûr, la lettre adressée en 1981, à une époque où le FN n’était encore qu’un groupuscule, par Georges Marchais au recteur de la mosquée de Paris: "La cote d’alerte est atteinte. Je précise bien: il faut stopper l’immigration officielle et clandestine."

Un chiffré-clé à cet égard: selon un sondage IFOP de janvier dernier, 51% des électeurs de Mélenchon trouvent que l’immigration s’effectue en France à un rythme trop élevé, contre seulement 31% chez ceux d’Emmanuel Macron. Un sur deux! Ce n’est, en fait, un secret pour personne que La France insoumise a deux électorats tout à fait différents. C’est ce qui explique la guerre de moins en moins feutrée que se livrent dans ses rangs les progressistes libertaires du type Danièle Obono ou Clémentine Autain, et les tenants d’un véritable populisme de gauche. 

Auteur: Benoist Alain de

Info:

[ capitalisme nomade ] [ historique ]

 

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délaissement égotique

Refusant l’obéissance à la règle et aux lois de Dieu et de l’Église, ils [les Frères du Libre Esprit] trahissent la mission la plus élevée de l’existence humaine, celle-là même pour laquelle Dieu l’a créée : ils refusent à Dieu la possibilité d’expérimenter la finitude et la relativité, et ce refus est véritablement satanique : ils rejettent la finitude et la limite que Dieu a voulues comme l’ordre même de l’existence créée. Ils croient ainsi les dépasser : illusion et tromperie qui se trompe elle-même [...]. Concluons donc que le seul dépassement possible de la finitude, pour l’être créé, c’est son acceptation. 

[...]

La solution libertaire est une impasse, puisqu’elle soumet la créature à la dictature de ses désirs, et une contradiction puisqu’elle nie la réalité relative de cette créature. Au contraire, la désappropriation de la volonté [...] réalise la liberté de la volonté et accomplit la raison d’être de l’état de créature, la justifie d’être ce qu’elle est, puisqu’elle devient alors le lieu sans lequel Dieu ne peut opérer. [...]

Ainsi, tout véritable ami de Dieu est appelé, à l’imitation de Jésus-Christ, à offrir son humanité pour qu’elle devienne le lieu de l’opération divine. C’est là le secret de l’homme déifié et l’enseignement le plus profond de la Theologia teutsch

[...]

Voilà ce que l’Anonyme Francfortois entend nous rappeler. Il nous enseigne que le oui est plus profondément libérateur que le non, que le consentement à la limite est plus grand et vient de plus haut que la révolte contre la règle et le refus de la finitude. Car d’où peut surgir, en effet, la puissance de ce consentement, sinon de l’Infini ? Seul le Plus "peut" le moins. Briser les formes, c’est perdre l’essence ; s’y soumettre est œuvre d’amour.

Auteur: Borella Jean

Info: Dans "Lumières de la théologie mystique", éditions L'Harmattan, Paris, 2015, pages 175 à 179

[ réceptivité ] [ sophisme de la liberté ] [ réfutation ]

 

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promoteurs transhumanistes

Anders Sandberg, Suédois implanté à l’université d’Oxford, est un collègue de Nick Bostrom au Future Humanity Institute. Vêtu de noir, médaillon d’argent au cou, raie sur le côté, voix et sourire onctueux, blagues polies : on dirait un pasteur luthérien. Sandberg s’intéresse à l’augmentation cognitive pour tous. Il présente des diagrammes de corrélation entre hausse du QI et hausse du PIB, entre niveau de QI et bonheur. On doit avoir le droit de s’améliorer si on veut – ou non, chacun fait ce qui lui plaît. Un ami s’est implanté des aimants au bout des doigts. Sandberg, lui, prend des drogues (du modafinil, destiné aux narcoleptiques) pour être plus performant du cerveau. Heureusement pour nous, il n’en a pas pris aujourd’hui, sinon son exposé aurait duré huit heures (rire poli).

L’autre vedette libertarienne est la designer Natasha Vita-More, présidente de Humanity +. Robe moulante, blouson de cuir sur les épaules, brushing et maquillage de star, sourire télévisuel – "Hi James ! Hi Anders !", salut de la main à la salle, une fesse sur un coin de la table. Vive la Silicon Valley. Bien que technolâtre, Vita-More ne touche pas l’ordinateur et dicte ses ordres au petit personnel. Sa leçon : en cas d’accident d’avion, il faut mettre son masque à oxygène avant d’aider les autres. C’est du bon sens, pas de l’égoïsme. La vie, c’est pareil. "Le transhumanisme, lancé dans la vague post-moderne des années 1990, n’est pas égoïste. C’est juste qu’il faut être en bonne santé pour s’occuper des autres." Vita-More s’intéresse donc à la possibilité de sauvegarder son cerveau (comme un "back up" informatique), et travaille pour cela sur la vitrification. Quand on lui demande son âge, elle répond : ma jambe gauche a 20 ans, mon nouveau sein a trois ans. Mais de près, on dirait une vieille gargouille qui voudrait rester jeune. Vita-More a été membre des "Verts" américains et regrette que la société ne soit pas prête pour le libertarisme. Elle est cyber-bouddhiste et remercie Apple pour la beauté de ses objets connectés. Est-ce mes circuits qui chauffent ? Son babillage sature mes capteurs.

Auteur: PMO Pièces et main-d'oeuvre

Info: https://www.piecesetmaindoeuvre.com/IMG/pdf/Trois_jours_chez_les_transhumanistes-3.pdf

[ portraits ]

 
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consommation singularisante

Si l’idéologie contre-culturelle s’est parfaitement diluée dans la rhétorique publicitaire, c’est parce que cette dernière tenait déjà un rôle central dans les déclamations bravaches des groupes les plus individualistes et libertaires. Citons ici Jerry Rubin, dont les écrits regorgent de formules qu’on croirait sorties d’une réclame pour chaussures de sport : "La révolution, c’était la création de nouveaux hommes et femmes. La révolution voulait dire une nouvelle vie. Sur terre. Aujourd’hui. La vie, c’est l’acte de vivre. La révolution est l’acte de révolution." Le langage qu’ont développé certains groupes de la nouvelle gauche comme les yippies et les Diggers est fait de phrases courtes et percutantes, qui s’enchaînent sans construction argumentative ni volonté démonstrative. C’est un langage constitué d’assertions provocantes et définitives, qui, selon Julie Stephens, ressemble davantage "à un pastiche du jargon publicitaire et des films de cowboys qu’à un discours de gauche". La filiation sémantique est évidente entre ce phrasé de la nouvelle gauche américaine et les slogans devenus habituels chez les grandes marques depuis plusieurs décennies. Le "Do It !" de Jerry Rubin est devenu le "Just Do It" de Nike. Depuis le tournant des années 1960, les fondamentaux de cette rhétorique sont immuables : spontanéité expressiviste et individualisme intransigeant. Les exemples sont innombrables : "Apple, think different", "Sprite, n’écoute que toi", "Reebok : I am what I am", "McDonald’s : venez comme vous êtes"… Le discours publicitaire typique célèbre désormais l’envie d’être ou de "devenir soi-même" et honore la marchandise tel un outil de libération.

L’anticonformisme est devenu l’axe fondamental de la communication corporate. Aucune entreprise n’illustre mieux cet état de fait qu’Apple, qui caracole en tête du palmarès des multinationales au plus fort capital de marque depuis des décennies. Tout le storytellingd’Apple est depuis les débuts de l’entreprise consacré à la construction et à l’entretien de son image de rebelle. Pour un spot télévisé intitulé 1984, année de sortie du Macintosh, Apple a diligenté le réalisateur Ridley Scott afin de mettre en scène un univers industriel et dystopique où, sur écran géant, un big brother inspiré du célèbre roman de George Orwell délivre un discours dominateur à une foule aliénée et léthargique. Dans cet auditorium débarque une jeune femme athlétique pourchassée par des soldats. Vêtue d’un short rouge et d’un t-shirt blanc à l’effigie de Macintosh, l’héroïne rassemble ses forces et détruit l’écran géant d’un coup de masse. Une voix off commente alors : "Le 24 janvier 1984, Apple Computer présentera son Macintosh. Et vous verrez pourquoi 1984 ne sera pas comme 1984." Dans cet imaginaire, la force totalitaire, Big Brother, renvoie à IBM PC, la grande entreprise froide, industrielle et désincarnée. Apple est le libérateur, qui arrache l’ordinateur des griffes des grandes entreprises et du gouvernement pour le rendre accessible au peuple. Dans ce storytelling, qui s’est poursuivi tout au long de l’histoire d’Apple, l’entreprise n’est pas une institution privée à la recherche de profit, mais une force révolutionnaire visant à "aider les gens du commun à s’élever au-dessus des institutions les plus puissantes". Toute la rhétorique d’Apple à travers les décennies n’est que la reformulation du crédo contreculturel in a nutshell : l’utilisateur d’Apple, contrairement au conformiste PC, est un artiste, un rebelle, un irréductible et insaisissable individu – "Think different".

Chez les marques rebelles, championnes de l’anticonformisme de marché, l’entreprise ne parle plus par la bouche d’un maître de cérémonie encravaté ou d’un bon père de famille, comme il était d’usage dans la première moitié du XXe siècle. Elle s’offre pour représentants des rockers, des rappeurs ou toute autre incarnation de la rébellion du jour. Avec le retournement des années 1960, les marques qui souffraient jusqu’alors d’être associées aux marges les plus déviantes de la société jouissent désormais d’un inestimable capital symbolique.

Auteur: Galluzzo Anthony

Info: Dans "La fabrique du consommateur", éd. La découverte, Paris, 2020

[ historique ] [ narcissisme ]

 

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développement durable

Lutter contre le nucléaire, la création d’un centre commercial, d’une rocade ou de tout autre grand projet nuisible en multipliant les comités de défense locaux, cela nous paraît une stratégie essentielle de l’écologie politique. Mais marcher vaguement "pour le climat", à l’instar des manifestations médiatiques qui se développent actuellement dans les métropoles, cela a-t-il un sens ?

Curieuse époque en effet où certains marchent, nagent, rament, pédalent, tricotent… "pour le climat" comme d’autres font des processions pour faire tomber la pluie. On pourrait néanmoins trouver sympathiques ces happenings s’il s’y tenait des propos d’un quelconque intérêt. Mais qu’y entend-on ? "Bouffe ma chatte, pas la planète", "Si y’a plus de terre, y’a plus de bière", "Pas d’climat pas d’chocolat"… Dans le même esprit, les militants d’Extinction Rebellion avaient accroché en mai dernier, sur le palais de la Bourse de Bordeaux, une banderole géante qui clamait : "Chirac, reviens !" (Pour reprendre les essais nucléaires ? Buter quelques Canaques de plus ?) Leur prétendu second degré masque mal leur indigence politique. Comme le reconnaît ingénument Greta Thunberg, l’égérie de Youth for Climate : "Mais je ne parle jamais de politique, tout ce que je dis, c’est que nous devons écouter la science. […] Nous n’avons pas l’éducation qu’il faut pour nous permettre de formuler des demandes, il faut laisser cela aux scientifiques." Quand on sait que ces mouvements sont financés par des fonds abondés par des multinationales et des multimillionnaires (le Climate Emergency Fund entre autres) pour promouvoir l’imposture de la transition énergétique (à l’échelle industrielle, les énergies renouvelables ne se substituent pas aux énergies fossiles, mais les requièrent et s’y ajoutent) et relancer une croissance verte avec le Green New Deal, on comprend mieux ce qui est en jeu et le "sens" de ces manifestations.

Parmi toutes les catastrophes en cours ou quasi achevées après deux siècles de capitalisme industriel : catastrophes écologique, culturelle, esthétique, intellectuelle, sociale, morale, politique, démographique… – sans parler de l’effondrement financier et économique qui peut nous tomber dessus à tout instant –, la catastrophe climatique est la seule à bénéficier d’un tel battage médiatique et à faire sortir tant de gens dans la rue. C’est surtout l’une des seules pour lesquelles l’ingénierie et l’industrie prétendent encore apporter des remèdes. Des remèdes technologiques bien sûr, comme si l’on pouvait soigner le mal par le mal : pulvériser des particules de soufre dans la haute atmosphère, séquestrer le carbone dans les sols, alcaliniser et fertiliser les océans avec du sulfate de fer, capter directement le CO2 de l’air pour le stocker, lancer un parasol spatial, ensemencer des nuages marins… nos savants fous ne manquent pas d’idées folles, et légitiment en passant l’énergie nucléaire, qu’ils osent nous vendre comme une "énergie propre".

Ces mises en scène d’un catastrophisme d’État sous couvert d’"état d’urgence climatique" sont-elles autre chose qu’une vaste propagande pour "l’adaptation à de nouvelles formes de survie en milieu extrême" (1) ? Avec pour corollaire une gestion totalitaire des populations, puisque "la préservation du taux d’oxygène nécessaire à la vie ne pourra être assurée qu’en sacrifiant cet autre fluide vital : la liberté (2)", comme le redoutait déjà Bernard Charbonneau il y a quarante ans.

Leur nombre élevé procure aux manifestants qui tournent en rond "pour le climat" un sentiment de puissance bien illusoire. Pour Günther Anders, "seuls travaillent à l’aide de happenings ceux qui n’ont pas de pouvoir, ceux qui n’ont pas réellement la possibilité de changer ou de détruire effectivement l’institution qu’ils combattent. Les happenings sont tous sans exception des manifestations de détresse ou de substitution et parfois même des actes de désespoir à l’aide desquels ceux qui n’ont pas de pouvoir peuvent exposer leurs revendications (3)". Les Gilets jaunes, même s’ils manifestent eux aussi leur impuissance, ont su créer des lieux de rencontre et de débat où l’on parle de politique, de démocratie directe en particulier. Ce pourrait être un premier pas vers une contre-société libre, égale et fraternelle, à condition de construire dès à présent des contre-institutions libertaires.

Car l’extinction de la vie sur terre continuera tant que nous n’aurons pas repris notre souveraineté à la toute-puissante technocratie.

Auteur: Les Amis de Bartleby

Info: Tribune parue dans la Décroissance n°165, pages 30-31, consultable sur https://lesamisdebartleby.wordpress.com/2019/12/11/une-tribune-dans-la-decroissance/. Notes : 1. René Riesel, Jaime Semprun, Catastrophisme, administration du désastre et soumission durable, EDN. 2. Bernard Charbonneau, Le Feu vert, Parangon. 3. Günther Anders, L’Obsolescence de l’homme, t. 2, Fario.

[ greenwashing ] [ gesticulations collapsologiques ] [ brassage d'air ]

 

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économie politique

Vous posez la question du libéralisme. Il y a un malentendu total à propos d’Adam Smith et de sa main invisible. Les grands économistes prix Nobel se sont réunis – si j’ai bon souvenir c’était en 2006 – ils se sont réunis à Kirkcaldy, qui est le lieu de naissance de M. Adam Smith, et ils s’étaient cotisés pour mettre un grand buste d’Adam Smith sur la place. M. Alan Greenspan qui à l’époque était encore à la tête de la Federal Reserve – la banque centrale américaine – a fait un splendide discours qu’on retient certainement parce que c’est un discours qui nous expliquait que toute crise d’ordre financier était impossible. On était en 2006. Ce monsieur n’était pas un imbécile – il n’est toujours pas un imbécile, il vit toujours [c’est toujours vrai : il a 97 ans] – mais c’est un Libertarien, comme on dit, radical. C’est quelqu’un qui est convaincu que la main invisible d’Adam Smith règle absolument tout. Quand il a été accusé – c’était dans les derniers jours du mois de septembre ou peut-être dans les premiers du mois d’octobre, juste après l’effondrement – quand il a été interpellé devant le sénat américain, il a fait une référence assez obscure au fait que les banquiers n’avaient pas suivi leur intérêt et qu’il n’aurait pas pu prévoir ça. C’était une référence à la main invisible d’Adam Smith qui dit la chose suivante : " Il ne faut pas demander au boucher, au brasseur, au boulanger de veiller tous à l’intérêt général. Ils veilleront à l’intérêt général bien plus sûrement en s’occupant – de manière assez égoïste – de leurs propres affaires ".

À quoi répondait Adam Smith quand il a dit ça ? C’était une réflexion encore – il était Écossais mais, bien entendu, il s’exprimait dans le cadre de la Grande-Bretagne à l’époque – c’était encore une contribution au grand débat qui durait depuis la révolution, la Révolution anglaise [1642-1651], la révolte contre le roi Charles Ier, dirigée par Olivier Cromwell. Que se passe-t-il ? Un général remplace la royauté, on se débarrasse ensuite [de son fils qui lui a succédé] et on ré-instaure la royauté [en 1660]. Alors, dans toute la période qui suit, grand débat en Grande-Bretagne : où faut-il mettre le seuil ? Où faut-il arrêter le pouvoir de l’État sur les citoyens pour respecter au mieux la liberté des citoyens individuels ? Donc, débat qui dure depuis pratiquement un siècle au moment où Adam Smith pose la question. Dans son livre majeur La richesse des nations publié en 1776, il répond toujours à cette question : que le roi ne s’occupe pas trop de la vie individuelle des citoyens ! Le système va fonctionner de manière spontanée, bien mieux que si on réglait une société uniquement par injonctions venant d’en-haut.

M. Adam Smith, il faut bien le dire, c’est quelqu’un qu’on appellerait " de gauche " aujourd’hui : il fait des remarques extrêmement déplaisantes sur les patrons et est très très positif sur les ouvriers. Quand la Révolution française éclate en France, il est l’un des rares en Grande-Bretagne à prendre parti officiellement pour la Révolution française. Il meurt très rapidement – si j’ai bon souvenir, il meurt en 1790 – mais c’est quelqu’un qui se situerait maintenant à l’extrême-gauche s’il fallait le situer. Quand les grands banquiers de Wall Street vont dévoiler un buste en son honneur à Kirkcaldy, dans sa ville natale, il y a là un énorme malentendu.

La question à laquelle il répondait, c’était celle de la Révolution anglaise. Ce n’était pas une réflexion sur le libéralisme ou même sur l’ultra-libéralisme qui conduit maintenant à dire que, à la limite, il faudrait que l’État ne s’occupe plus que d’une seule chose, c’est la propriété privée, et pour le reste, il faut laisser les initiatives aux individus. Vous savez que il y a en particulier des Libertariens qui sont, je dirais, la forme ultime de l’ultra-libéralisme, des gens comme M. Rothbard aux États-Unis qui prônait que même la défense nationale soit assurée simplement par l’initiative individuelle : " S’il y a des gens qui ont de l’argent et qui veulent qu’on protège le pays, eh bien pourquoi ne le mettraient-ils pas à disposition ? " C’est la position qu’on appelait au début du XIXe siècle " l’État veilleur de nuit " : l’État doit s’occuper uniquement de veiller, peut-être même pas à la sécurité nationale, mais à la défense de la propriété.

Auteur: Jorion Paul

Info: Conférence de l’hôtel de ville du 29 novembre 2018 à Saint-Étienne : " Se débarrasser du capitalisme est une question de survie " En réponse à une question de la salle, au sujet du penseur ultra-libéral Murray Rothbard

[ historique ] [ absurde ] [ relativité ] [ inversion ] [ renversement ]

 

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Ajouté à la BD par Le sous-projectionniste