Citation
Catégorie
Tag – étiquette
Auteur
Info



nb max de mots
nb min de mots
trier par
Dictionnaire analogique intriqué pour extraits. Recherche mots ou phrases tous azimuts. Aussi outil de précision sémantique et de réflexion communautaire. Voir la rubrique mode d'emploi. Jetez un oeil à la colonne "chaînes". ATTENTION, faire une REINITIALISATION après  une recherche complexe. Et utilisez le nuage de corrélats !!!!..... Lire la suite >>
Résultat(s): 16
Temps de recherche: 0.037s

portrait

Jesse Lemisch est bien sûr largement et justement connu pour son travail de pionnier avec son “History from the bottom up,” (l'histoire de la base au sommet), parue en fin des années 1960 et début des années 1970, et évidemment vue comme une nouvelle approche de l'histoire sociale. Lui et d'autres personnes qui ont contribué à créer cette nouvelle forme d'"histoire des peuples" (Herbert G. Gutman, Staughton Lynd, Alfred F. Young) faisaient partie d'une nouvelle gauche, répondant aux, et exprimant les demandes d'une nouvelle approche historique, alors exprimées par les Afro-Américains, les étudiants, les femmes et les travailleurs, réunis dans divers mouvements pour la paix, la justice et le pouvoir. Son "histoire par la base"  apparut donc comme un défi explicite aux traditions élitistes de l'écriture historique au sein des académies américaines, plus particulièrement l'approche "consensuelle" du passé américain qui s'était développée dans l'atmosphère répressive de la guerre froide. Lemisch a contribué à définir et à écrire cette nouvelle histoire, plus généreuse et plus inclusive, se battant (très durement) pour sa place au sein des disciplines de la profession de l'histoire et de la société en général, en opposition aux hypothèses et pratiques conservatrices alors dominantes. Il l'a fait à un coût personnel considérable, puisqu'il fut licencié par l'Université de Chicago en 1966.

Auteur: Rediker Marcus Buford

Info:

[ historien réaliste ] [ mémorialiste collectiviste ] [ hommage ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par miguel

catalogage

De nombreuses études cherchent à définir le profil des gens. A l'aide de QCM (questionnaires à choix médiocres), des experts nous "qualifient" et se permettent de nous ranger dans des cases, par groupes de caractères, de couleurs ou d'animaux totems. Nos faits et gestes sont expliqués par des majorités de carrés ou de triangles ou par des préférences de mots. Beaucoup de gens, à qui ont fait croire à ces "sciences humaines", agissent d'après la définition qu'on leur a donnée d'eux-mêmes. "Je suis un bleu à tendance rouge au niveau professionnel, ça explique que je sois ambitieux." J'ai envie de leur demander quelle est la couleur de la bêtise.

Grâce à des bilans de compétences fumeux, des employés lâchement licenciés pensent découvrir leur nouvelles aspirations. Il se voient tous "consultants en communication" puisque le test confirme qu'ils aiment le contact humain.

Ces études, de la plus archaïque à la plus sophistiquée, n'ont pour moi qu'un seul but : raccourcir l'humain comme on taille un buisson.

C'est le rêve caché du marketing qui veut parfaitement connaître nos comportements d'achats. Raccourcir l'humain, c'est ce qui est pratiqué lorsqu'on considère que tel ou tel programme de télévision s'adresse à la ménagère de plus de cinquante ans ou aux ados de 12 de QI. Raccourcir l'humain, c'est ce que les personnalités politiques désirent le plus au monde. Pour se faire élire en racontant ce que la "cible" veut entendre, mais aussi pour gouverner, car il est beaucoup plus simple de cocher des cases dans lesquelles on enferme des sujets plutôt que de s'adapter à une société complexe et plurielle.

L'humanité est trop élaborée pour beaucoup de décideurs. Ils tentent désespérément de la ramener à la portée de leur piètre intelligence.

Auteur: Haroun

Info: "Les pensées d'Héractète"

[ développement personnel ] [ réductif ] [ critique ] [ ressources humaines ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par Coli Masson

femmes-par-hommes

Elle serait à la retraite dans quinze ans, si le gouvernement ne pondait pas une connerie d'ici là. C'était loin encore. Elle comptait les jours. Le week-end, elle voyait sa sœur. Elle rendait visite des copines. c'était fou le nombre de femmes seules qui voulaient profiter de la vie. Elles faisaient des balades, s'inscrivaient à des voyages organisés. C'est ainsi qu'on voyait des bus parcourir l'Alsace et la Forêt Noire, gorgés de célibataires, de veuves, de bonnes femmes abandonnées. Elles se marraient désormais entre elles, gueuletonnaient au forfait dans des auberges avec poutres apparentes, menu tout compris, fromage et café gourmand. Elles visitaient des châteaux et des villages typiques, organisaient des soirées Karaoké et des cagnottes pour aller aux Baléares. Dans leur vie, les enfants, les bonshommes n'auraient été qu'un épisode. Premières de leur sorte, elles s'offraient une escapade hors des servitudes millénaires. Et ces amazones en pantacourt, modestes, rieuses, avec leurs coquetteries restreintes, leurs cheveux teints, leur cul qu'elles trouvaient trop gros et leur désir de profiter, parce que la vie, au fond, était trop courte, ces filles de prolo, ces gamines grandies en écoutant les yéyés et qui avaient massivement accédé à l'emploi salarié, s'en payaient une bonne tranche après une vie de mouron et de bouts de chandelle. Toutes ou presque avaient connu des grossesses multiples, des époux licenciés, dépressifs, des violents, des machos, des chômeurs, des humiliés compulsifs. À table, au bistrot, au lit, avec leurs têtes d'enterrement, leurs grosses mains, leurs cœurs broyés, ces hommes avaient emmerdé le monde des années durant. Inconsolables depuis que leurs fameuses usines avaient fermé, que les hauts-fourneaux s'étaient tus. Même les gentils, les pères attentionnés, les bons gars, les silencieux, les soumis. Tous ces mecs, ou à peu près, étaient partis par le fond. Les fils aussi, en règle générale, avaient mal tourné, à faire n'importe quoi, et causé bien du souci, avant de trouver une raison de se ranger, une fille bien souvent. Tout ce temps, les femmes avaient tenu, endurantes et malmenées. Et les choses, finalement, avaient repris un cours admissible, après le grand creux de la crise. Encore que la crise, ce n'était plus un moment. C'était une position dans l'ordre des choses. Un destin. Le leur.

Auteur: Nicolas Mathieu

Info: Leurs enfants après eux, pp 418-419, Actes Sud, 2018

[ ménopausées ] [ femmes-entre-elles ] [ sociologie ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par miguel

inacceptation

C'est avec un grand regret  que je me trouve obligé de refuser le prix qui m'a été attribué par le Torino Film Festival, un prix que j'aurais été honoré de recevoir, pour moi et pour tous ceux qui ont travaillé sur nos films. Les festivals ont pour mission importante de promouvoir la cinématographie européenne et mondiale et Turin a une excellente réputation, ayant contribué de manière évidente à stimuler l'amour et la passion du cinéma.

Cependant, il y a un problème majeur, à savoir la question de l'externalisation des services qui sont assurés par les travailleurs avec les plus bas salaires. Comme toujours, la raison en est l'économie d'argent et la société qui obtient le marché réduit donc les salaires et réduit le personnel. Une recette destinée à alimenter les conflits. Le fait que cela se produise partout en Europe ne rend pas cette pratique acceptable.

À Turin, les services de nettoyage et de sécurité du musée national du cinéma (MNC) ont été externalisés à la Coopérative Rear. Après une baisse des salaires, les travailleurs ont dénoncé l'intimidation et la maltraitance. Plusieurs personnes ont été virées. Les travailleurs les plus mal payés, les plus vulnérables, ont donc perdu leur emploi pour s'être opposés à une baisse des salaires. Il est évidemment difficile de nous débrouiller autour des détails d'un différend qui se déroule dans un autre pays, avec des pratiques professionnelles différentes des nôtres, mais cela ne signifie pas que les principes ne sont pas clairs. Dans cette situation, l'organisation ne peut pas fermer les yeux, elle doit assumer la responsabilité des gens qui travaillent pour elle, même si ceux-ci sont utilisés par une entreprise extérieure. Je m'attendrais à ce que le musée, dans ce cas, dialogue avec les travailleurs et leurs syndicats, assure la réintégration des gens licenciés et repense sa politique d'externalisation. Il est injuste que les plus pauvres aient à payer le prix d'une crise économique dont ils ne sont pas responsables.

Nous avons réalisé un film consacré à ce sujet, "Bread and Roses". Comment pourrais-je ne pas répondre à une demande de solidarité de la part de travailleurs licenciés pour s'être battus pour leurs droits ? Accepter la récompense et me limiter à quelques commentaires critiques serait un comportement faible et hypocrite. Nous ne pouvons pas dire une chose à l'écran puis la trahir avec nos actions. C'est pourquoi, même avec une grande tristesse, je me trouve obligé de refuser cette récompense.

Auteur: Loach Kenneth Charles

Info: Fin novembre 2021

[ non compromission ] [ cohérence avec soi-même ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par miguel

cas clinique

Emile Schwyzer avait été admis au Burghölzli le 27 octobre 1901. Agé de presque quarante ans, il avait passé près de vingt ans dans d’autres institutions psychiatriques. Ses délires avaient commencé en 1882, peu après son arrivée en Angleterre où il avait trouvé un emploi de coursier dans une banque. Licencié au bout de six mois pour une raison inconnue, il souffrit peu après de délires sporadiques et tenta de se suicider en se tirant une balle dans la tête. […]

Schwyzer "se prenait pour Dieu" et il était perturbé à l’idée qu’étant "le Seigneur", il avait l’ "obligation de distribuer sa semence, car autrement le monde courrait à sa perte". Généralement il ajoutait : "C’est ça le plus fou !" avant d’éclater de rire comme s’il s’agissait d’une blague entre les médecins et lui. Ce qui le rendait unique aux yeux de Jung, c’était le délire qui suivait toujours ses crises liées à la semence divine : systématiquement, il proclamait être "capable de décider du temps qu’il allait faire". Si on lui demandait comment il s’y prenait, il répondait que le soleil avait un gigantesque phallus : il lui suffisait de le regarder avec les yeux mi-clos et en tournant la tête de gauche à droite pour le mettre en branle, créant ainsi le vent et par conséquent le temps. Accompagnés de grands gestes et d’enjolivements, ces explications étaient formulées dans un langage archaïque sans aucun rapport avec sa vie en Suisse, ni rien qui concernait son séjour en Angleterre. Jung était très intrigué. […]

Cette idée lui était restée "absolument incompréhensible" jusqu’au moment où il était tombé sur un livre d’Albrecht Dieterich relatif à la liturgie de Mithra, évoquant notamment ses visions délirantes. […] Il trouvait que cette étonnante vision "d’un tuyau pendant du soleil [faisait] dans la liturgie de Mithra une étrange impression si l’on ne donnait à ce tuyau un sens phallique : le tuyau est le lieu d’origine du vent. Au premier abord, on ne saisit pas le sens phallique de cet attribut. Mais souvenons-nous que le vent, comme le soleil, est créateur. […] le tube est le lieu d’origine du vent qui se tourne tantôt vers l’est, tantôt vers l’ouest, et, peut-être, produit le vent convenable. La vision du malade concorde étrangement avec le mouvement du tube." En menant ses recherches, Jung découvrit la représentation suivante, d’un peintre allemand anonyme du XVe siècle : "[…] du ciel descend un tube, ou un tuyau, qui se glisse sous la robe de Marie ; dans ce tube vole, sous une forme de colombe, le Saint-Esprit venant féconder la mère de Jésus."  Cette observations et "quelques autres" convainquirent Jung qu'il ne s'agissait pas "d'une caractéristique de race, mais d'un trait généralement humain" ; il ne s'agissait pas non plus "le moins du monde de représentations héritées", mais d'une disposition fonctionnelle à produire des représentations semblables ou analogues". Plus tard il nommerait cette disposition "archétype" [...].

Auteur: Jung Carl Gustav

Info: Dans "Jung", trad. de l’anglais par Martine Devillers-Argouarc’h, éd. Flammarion, Paris, 2007, pages 267-272

[ genèse d'un concept ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par Coli Masson

désillusion

La neurobiologie de la déception: la douleur qui dure le plus longtemps  

La déception a un impact douloureux sur notre cerveau. Ce fait s'explique par l'activité des neurotransmetteurs, comme le GABA, qui subissent une altération très spécifique que la science peut désormais expliquer.

La neurobiologie de la déception nous montre une fois de plus qu’il y a des aspects de notre vie que le cerveau vit de façon particulièrement douloureuse. Ainsi, pour une raison que nous ne connaissons pas, dans ces expériences où nous perdons des opportunités ou lorsque la confiance avec quelqu’un de significatif est rompue, une sorte de souffrance est générée qui dure plus longtemps.

William Shakespeare a dit que l’attente est la racine de toute détresse, et c’est peut-être vrai. Mais il est également vrai que nous avons souvent besoin de nous accrocher à certaines choses pour trouver la stabilité. Afin de ne pas perdre courage face à toutes les incertitudes de la vie. Ainsi, nous tenons souvent pour acquis que nos plus proches parents, partenaires ou amis ne nous trahiront pas d’une manière ou d’une autre.

Nous entretenons également des attentes à notre égard, en tenant pour acquis que nous n’échouerons pas dans les domaines où nous sommes si bons. Ou encore que ce que nous avons aujourd’hui restera avec nous demain. Cependant, parfois le destin donne un changement de direction et notre château de cartes s’écroule. Ces expériences, définies essentiellement par une perte de sécurité, sont interprétées au niveau du cerveau comme des signaux d’alarme pour notre survie.

La disparition d’une opportunité qui était si excitante pour nous, être licenciés du jour au lendemain, subir une trahison émotionnelle... Voilà des événements plus que douloureux. Ils sont, d’une certaine façon, des coups portés au tissu de ce qui faisait partie de nous de façon significative. Voyons donc ce qui se passe au niveau du cerveau lorsque nous vivons ces expériences.

La neurobiologie de la déception répond à un intérêt récent dans le domaine des neurosciences. Depuis de nombreuses années, les psychologues, les psychiatres et les neurologues se demandent pas seulement pourquoi cette émotion est vécue si intensément. Une chose qui est claire, c’est que les déceptions font aussi partie de notre personnalité.

Ceux qui les ont vécues deviennent souvent plus méfiants. Les déceptions nuisent à la recherche d’espoir et nous rendent parfois plus prudents lorsqu’il s’agit de susciter des attentes impliquant les gens. Quoi qu’il en soit, il faut qu’il se passe quelque chose au niveau du cerveau pour que son impact soit aussi évident. Découvrons ensemble ce que la science nous dit à ce sujet.

Les neurotransmetteurs et la déception. Comme nous le savons, les neurotransmetteurs sont des produits chimiques qui transmettent des signaux aux neurones. Grâce à cette neurochimie, les émotions, les comportements, les pensées, etc. sont facilités. Ainsi, il est utile de rappeler qu’il existe des neurotransmetteurs très spécifiques, comme la dopamine et la sérotonine. Ils mesurent complètement notre état d’esprit.

Or, dans une étude intéressante réalisée par le Dr Roberto Malinow, du département de neurobiologie de l’Université de Californie, à San Diego, les chercheurs ont révélé qu’il existe deux neurotransmetteurs très spécifiques qui régulent complètement l’expérience de la déception. Il s’agit du glutamate et du GABA, qui agissent dans une zone très spécifique de notre cerveau : l’habénula latérale.

L’habénula et la libération de GABA et de glutamate. L’habénula latérale est l’une des plus anciennes structures de notre cerveau. Nous savons donc, par exemple, qu’elle fait partie des processus émotionnels qui facilitent notre prise de décision. Cependant, malgré le fait qu’elle agisse souvent de manière positive, en stimulant la motivation, cette région a aussi son côté sombre.

Son bon fonctionnement dépend essentiellement d’une libération correcte et équilibrée de glutamate et de GABA. Ainsi, plus l’apport de ces neurotransmetteurs dans l’habénula est important, plus le sentiment de déception est grand. En revanche, plus la libération de GABA et de glutamate est faible, moins cette émotion a d’impact sur notre cerveau.

Le Dr Roberto Malinowski, cité ci-dessus, fait une remarque importante sur la neurobiologie de la déception. On a vu que l’impact de la déception maintenue dans le temps conduit dans de nombreux cas à des troubles dépressifs. C’est-à-dire que lorsque la libération de GABA et de glutamate est intense, il y a un plus grand risque de souffrir de ce trouble psychologique.

On sait aussi que cette excitation de l’habénula due à la libération excessive de ces neurotransmetteurs, nous rend plus obsédés par certaines idées, souvenirs ou situations douloureuses vécues. Il nous est très difficile de tourner la page, d’où la stagnation émotionnelle et la souffrance.

Cependant, la découverte de la relation entre le glutamate et le GABA dans la déception et la dépression ouvre également la porte à de nouveaux traitements. Jusqu’à présent, on supposait que grâce aux antidépresseurs et à la régulation de la sérotonine, le rapport GABA-glutamate était également équilibré. Aujourd’hui, cependant, il est devenu évident que malgré l’amélioration, il est courant de ressentir divers effets secondaires.

Le défi actuel est donc de développer des traitements qui agissent spécifiquement sur certains neurotransmetteurs et non sur d’autres. De cette façon, des réponses plus appropriées seraient données aux patients qui, en raison de diverses altérations au niveau neurochimique, vivent plus intensément certaines réalités. La neurobiologie de la déception est donc un domaine de grand intérêt dont nous améliorons progressivement la compréhension. 

Auteur: Internet

Info: https://nospensees.fr, 01 juin, 2020

[ déconvenue ] [ insuccès ] [ désenchantement ] [ désabusement ] [ désappointement déclic ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par miguel