Citation
Catégorie
Tag – étiquette
Auteur
Info



nb max de mots
nb min de mots
trier par
Dictionnaire analogique intriqué pour extraits. Recherche mots ou phrases tous azimuts. Aussi outil de précision sémantique et de réflexion communautaire. Voir la rubrique mode d'emploi. Jetez un oeil à la colonne "chaînes". ATTENTION, faire une REINITIALISATION après  une recherche complexe. Et utilisez le nuage de corrélats !!!!..... Lire la suite >>
Résultat(s): 82
Temps de recherche: 0.0476s

femmes-par-femmes

[Elle a] feuilleté les journaux en pile que Claudine lisait. Consternation. Sur un ton de connivence amusée, foison de petits conseils pour être une putain à la page. Et se mêlant de tout, que tout rentre dans des cases, et comment il faut jouir, et comment il faut rompre, et comment se tailler, se teindre jusqu'aux poils de la chatte, et comment on doit être du dedans au dehors. Ton faussement débonnaire, propagande imbécile pour être comme il faut.
Après des siècles d'interdiction de montrer, femmes sommées d'exhiber qu'elles ont bien tout aux normes, qu'elles se sont calibrées : voilà mes jambes interminables, glabres et hâlées, mon derrière correctement musclé, mon ventre plat nombril percé, mes seins énormes fermes et moulés, ma belle peau saine et pas vieillie, mes cils sont longs, mes cheveux brillants.
Contrairement à ce qu'elle croyait auparavant, il ne s'agit pas d'une soumission aux désirs des hommes. C'est une obéissance aux annonceurs, il faudra que tout le monde y passe. Ils régissent le truc, au fil des pages : voilà ce qu'on vend, alors voilà ce qu'il faut être.

Auteur: Despentes Virginie

Info: Les jolies choses, p. 82-83

[ consumérisme ] [ standardisation ]

 

Commentaires: 0

hommage

A l'évidence, il ne s'agit pas d'un livre rock'n'roll. Le jour précédent la mort de Robert, je lui avais promis d'écrire un livre sur notre amitié, l'amour que nous nous portions. Donc mon but n'était pas d'écrire sur le rock. Ma route m'a menée au rock'n'roll, mais avant il y a eu Robert. Je voulais aussi écrire un livre sur la loyauté, la découverte de soi, que ce soit à travers la poésie, le rock ou la photographie. Et que cela inspire d'autres générations. Car même si Robert est mort jeune, du sida, il n'était pas autodestructeur. Nous voulions tous les deux vivre.
(...)
J'ai écrit ce livre pour Robert, et lui qui était hyper visuel ne lisait pas. J'ai donc voulu écrire un livre qu'un non-lecteur puisse lire, mais qu'un amoureux de la littérature puisse apprécier aussi. J'ai essayé de faire un film à travers les mots, avec, en tête, la Nouvelle Vague française, Au hasard Balthazar, les films de Godard, ou plus proche, Stranger than Paradise de Jarmusch.
(...)
Il était masculin et protecteur, tout en étant féminin et soumis.

Auteur: Smith Patti

Info: Just Kids, à propos de Robert Mapplethorpe

[ amitié ] [ amour ] [ idéal ] [ couple ]

 

Commentaires: 0

joie du nouveau

Merlin n'était intéressé que par la réalité, par le roman de la réalité comme il disait, il dévorait goulûment les livres de sciences naturelles, il lisait toute la presse spécialisée qui lui tombait sous la main, mais non au nom de quelque idéal moral ou esthétique élevé ; la vérité, but final de toute connaissance ou soif de connaissance, en tant que notion philosophique, ne signifiait rien pour lui ; un jour que la conversation portait sur ces questions, il développa qu'à ses yeux le mensonge n'était nullement immoral, seulement sot : la réalité non encore découverte est un terrain tellement plus riche que ce que notre petite imagination est capable de combiner à partir du matériau déjà connu, que tout simplement cela ne vaut pas la peine de mentir ou de fantasmer, ni même de spéculer. Nous ne sommes pas nés pour comprendre le monde mais pour le découvrir et pour en révéler les tenants et les aboutissants. Et cela demande de se lancer, d'aller près des choses, de les prendre en main, de les tester, de les expérimenter, autant que nous le permet notre vie corporelle limitée dans le temps et dans l'espace.

Auteur: Karinthy Frigyes

Info: Reportage céleste de notre envoyé spécial au paradis

[ dépaysement plaisir ] [ curiosité ] [ méta-moteur ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par Le sous-projectionniste

opinions politiques

Si je l’avais choisi comme analyste, c’était avec la conviction qu’il était d’extrême gauche, qu’il partageait les idéaux de la Révolution. Ses fréquentes allusions à Marx, la caution d’Althusser, ses relations avec les membres de la Gauche prolétarienne maoïste et avec celui devenu entre-temps son gendre, avaient renforcé cette illusion. Certes il lisait Le Figaro tous les matins. Mais je n’étais pas à une contradiction près. Les hommes d’envergure peuvent se compromettre avec le diable en gardant leur intégrité. En vérité, je n’avais pas saisi son projet d’après Mai 68, celui d’attirer à lui ces jeunes intellectuels fascinés par l’action violente et le terrorisme à la mode allemande des années de plomb, éviter que cette jeune élite intellectuelle ne s’égare dans les sables mouvants du terrorisme. C’est à lui, bien plus qu’à Sartre, dressé sur son tonneau, que l’on doit ce sauvetage de l’élite d’une génération. Mais avait-il prévu le revers de la médaille, à savoir que ces gauchistes analysés, voire devenus psychanalystes, sans faire le deuil de leur fascination totalitaire, allaient injecter dans le mouvement psychanalytique cette mortelle maladie de l’esprit qui frappera en premier lieu son propre enseignement et sa transmission. Du coup, l’institution analytique finira par ressembler à une association mafieuse ou sectaire.

Auteur: Haddad Gérard

Info: A propos de Jacques Lacan dans "Le jour où Lacan m'a adopté", éd. Grasset & Fasquelle, Paris, 2002, page 134

[ conséquences ] [ incompréhension ] [ cénacle ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par Coli Masson

distraction

On dit que Sir Isaac Newton lisait un jour Troïlus et Cressida à la jeune fille qui devait être sa femme. Il ferma un moment le volume pour bourrer et allumer sa pipe. Il tira quelques bouffées de tabac, s'arrêta quelques secondes, remit sa pipe à la bouche et se rapprocha de la jeune fille.
Il y eut une pause embarrassante de plusieurs minutes. Sir Isaac devenait de plus en plus troublé. Évidemment, il allait faire sa déclaration. La jeune fille baissa les yeux en rougissant. Le philosophe se mit à fumer avec un redoublement d'ardeur, et, saisissant la main de sa maîtresse, il l'approcha de son coeur. La jeune fille troublée n'offrit aucune résistance. On touchait au moment solennel.
Sir Isaac serra cette douce main, tout en continuant à regarder vaguement les nuages de fumée qui montaient en spirales, puis il saisit l'index de la jeune fille et l'introduisit à différentes reprises dans le fourneau de sa pipe, en pressant sur le tabac.
Dans sa distraction, le philosophé s'était servi du doigt de sa maîtresse comme d'un bourre-pipe !
La demoiselle poussa un cri de douleur, dégagea sa main et s'enfuit à la hâte. Elle ne paraît pas avoir gardé rancune à Newton, puisque plus tard elle devint sa femme.

Auteur: Dufresny Charles

Info: in le Dictionnaire encyclopédique d'anecdotes modernes, anciennes, françaises et étrangères d'Edmond Guerard

[ courtiser ] [ couple ]

 

Commentaires: 0

castes

Avant l’avènement de la société de classes au XIXe siècle, le monde social semblait ordonné telle une "grande chaîne des êtres", au sein de laquelle chaque personne pouvait trouver sa place sur un continuum allant de la plus insignifiante créature jusqu’à Dieu lui-même. Cette scala naturæ légitimait l’ordre social et politique. Le système hiérarchique s’affirmait ainsi comme naturel et de toute éternité. La supériorité de la noblesse sur la roture se lisait dans le fait que les premiers étaient, sur l’échelle céleste, plus près de Dieu que les seconds. Les rangs avaient été ordonnés par la divine Providence. Sortir de la place que nous avait octroyée la création, c’était donc s’opposer à la volonté divine. Chaque être se devait d’évoluer dans un monde d’objets et de manières propres à son rang. Ainsi, des lois somptuaires signifiaient le code de consommation imposé à chaque catégorie sociale. À chaque ordre, son costume, sa demeure et sa nourriture. Consommer au-dessus de son rang, c’était se rebeller contre l’ordre naturel et commettre un péché. Le luxe affiché par la noblesse et les monarques offrait "bien moins l’expression d’une jouissance personnelle que l’accomplissement d’un devoir d’être"*. Pour s’élever, le bourgeois, après avoir accumulé une fortune suffisante, devait s’anoblir et transmuter ainsi une "quantité d’avoir en qualité d’être". 

Auteur: Galluzzo Anthony

Info: Dans "La fabrique du consommateur", éd. La découverte, Paris, 2020, *citation de Philippe Perrot, Le Luxe, p. 46.

[ histoire ] [ strates sociétales ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par Coli Masson

rencontre

"Dormons.

— Il est encore trop tôt. Nous n’en sommes pas encore au clou de la soirée, le moment où tu me montres une photo de ta légitime en me disant que c’est une femme du tonnerre, que tu ne sais pas ce qui t’a pris, les aurores boréales, peut-être, ou encore l’alcool, mais qu’il ne faut jamais que je t’écrive ou que je téléphone chez toi, merci ma jolie.

— Je ne suis pas marié.

— C’est difficile à comprendre. Un boute-en-train comme toi, dit-elle, le faisant rire pour la première fois.

— Tu es gentille, dit-il.

— Retiens-toi, je te prie. Je risque de prendre la grosse tête.

— Belle ?

— J’ai trente ans, quand même.

— Je ne suis pas marié, moi, mais je suis sûr qu’une fille comme toi…

— Aussi intelligente et talentueuse que toi…

— … a un petit ami.

— Par ici, les hommes ont peur des femmes, surtout de celles qui parlent beaucoup. Ils aiment chasser, pêcher, regarder le hockey à la télévision et dire des cochonneries sur nous au Trapline, dit-elle en l’attirant vers elle.

— J’ai bien peur d’avoir trop bu pour t’être utile ce soir.

— Je ne te fais pas passer un examen, Moses. Détends-toi. Laisse-toi aller."

À son réveil, il la trouva qui lisait au lit "Cent Ans de solitude" en édition de poche. "Surprise, surprise, dit-elle. Je ne suis pas seulement le coup du siècle."

Auteur: Richler Mordecai

Info: Solomon Gursky

[ couple ] [ post coïtum ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par miguel

obséquiosité

— Veux-tu me rendre un service ?

— Oui… Oui…

Je craignis qu’il ne me sollicitât d’une chose insignifiante ou bien trop importante. J’aime à rendre des services, de petits services, bien entendu, pour montrer ma bonté.

— Prête-moi cinquante francs.

Nos regards se rencontrèrent. Mille pensées me vinrent à l’esprit. Certainement, il en fut de même chez Billard. Entre nous, il n’y avait plus de barrière. Il lisait dans mon âme aussi facilement que je lisais dans la sienne.

La seconde d’hésitation qui, dans une telle circonstance, frappe chaque homme, disparut et, d’une voix qu’il m’était permis de rendre solennelle, je dis :

— Je vous les prêterai.

J’étais heureux, plus d’inspirer de la reconnaissance que de prêter. La conversation allait reprendre. Maintenant, je ne gênais plus. Je pouvais rester jusqu’à minuit, revenir demain et après-demain et toujours. S’il m’avait emprunté cinquante francs, c’était qu’il avait confiance en moi.

L’argent de ma pension était dans ma poche. Pourtant, je ne donnais pas à Billard ce qu’il m’avait demandé. Je faisais semblant de ne plus y songer. Je sentais que plus j’attendrais, plus on ferait l’aimable.

À présent, je jouais un rôle. À chacun de mes mouvements, on m’épiait, espérant que je sortirais mon portefeuille. Depuis des années, je n’avais eu une pareille importance. Un sourire accueillait chacune de mes paroles. On m’observait ; on craignait que je n’oubliasse.

Il faudrait être un saint pour résister à la tentation de prolonger cette joie.

Ah, comme j’excuse les gens riches !

Auteur: Bove Emmanuel Bobovnikoff Dugast Vallois

Info: Mes amis

[ pouvoir ] [ rapports de force ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par Coli Masson

littérature

Quand il racontait des histoires, on aurait dit qu'il s'adressait aux enfants uniquement, car il voulait voir le sourire des enfants, l'effroi des enfants et l'émerveillement des enfants, alors qu'il ne prêtait guère attention aux adultes. C'était là un comportement dont il n'avait pas conscience. Il savait bien que ces adultes étaient trop léthargiques, trop mesquins, trop contusionnés, trop désespérés et navrés "au point que l'enveloppe de leur coeur est insensible, épaisse et dure comme la plante de pieds qui ont trop marché", et il semblait qu'il n'y avait que les enfants qui l'écoutaient avec attention. La Prè Antchane, la fille de M. Poute Antchane, une enfant de dix ans aux grands yeux et aux cheveux emmêlés d'un noir roux de dévitaminée et avec une cicatrice bistre au bord de l'oeil gauche, qui avait une écriture étonnamment belle, lisait couramment, était meilleure en calcul que n'importe lequel des enfants de sa classe, avait reçu en secret pour instruction de la part de madame l'institutrice Prayong Sîssane-ampaï de coucher par écrit toutes les histoires que le révérend père Tiane racontait. La Prè avait la plume facile et elle notait même des choses que l'institutrice ne lui avait pas demandées, telles que l'apparition d'arcs-en-ciel, notant le jour, l'heure et l'endroit où elle en voyait un, sa durée et même ce qu'elle faisait alors, avec qui elle était ou si elle était seule et quels arbres étaient en fleurs, quels oiseaux chantaient, rédigeait ce que racontait le révérend père Tiane et ses notes sur les arcs-en-ciel (que l'institutrice finit par découvrir) et lisait ses compositions chaque après-midi à l'école pendant le cours de thaï.

Auteur: Saneh Sangsuk

Info: Une histoire vieille comme la pluie, p. 32

[ conteur ] [ public ]

 

Commentaires: 0

influences intellectuelles

Dans son autobiographie, il [Jung] n’explique pas pourquoi Maître Eckhart l’avait ravi, ni pourquoi il "méprisait" Hegel et saint Thomas d’Aquin. En revanche, il parle de Kant, qu’il appréciait, et du travail minutieux qui l’avait conduit à "faire la distinction entre ce qui m’appartient, ce qui est à ma portée, ce qui est au-delà, et ce que je ne peux atteindre sans dommages". Nietzsche le "toucha" particulièrement dans Ainsi parlait Zarathoustra. […]

Pendant des années, Carl fréquenta la bibliothèque de son père pour y lire et relire les légendes du Graal, à tel point qu’il pouvait les réciter par cœur. Ce fut sa première grande expérience littéraire, jusqu’à ce que le Faust de Goethe devienne, comme pour sa mère, sa lecture préférée. L éprouvait également beaucoup de plaisir à lire de la poésie : Hölderlin comptait parmi ses poètes favoris – avec l’âge il aimerait réciter de longs passages de Patmos. Il adorait l’Orplid de Möricke, bien qu’il jugeât très "médiocres" tous ses autres poèmes […] ; il aimait aussi Friedrich T. Vischer, notamment pour Auch Einer.

Il avait lu les traductions de Shakespeare, préférant ses drames et ses sonnets, même s’il en dédaignait certains, trop "typiquement littéraires" à son goût. Il appréciait le côté "pathétique" de Schiller et prenait beaucoup de plaisir à lire les conversations de Goethe avec Johann Peter Eckermann. Chez les anciens, il aimait Héraclite, s’intéressait un peu moins à Pythagore et à Empédocle, pas du tout à Platon. Son goût pour le théâtre grec fut passager mais l’Odyssée le fascinait. […] A l’école, il ne cachait pas qu’il lisait les romans d’aventure de Gerstäcker et les traductions allemandes de Walter Scott. 

Auteur: Bair Deirdre

Info: Dans "Jung", trad. de l’anglais par Martine Devillers-Argouarc’h, éd. Flammarion, Paris, 2007, pages 62-63

[ sources d'inspiration ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par Coli Masson