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arrière-été

Qu'il est donc rapide, le glissement d'une saison moribonde vers la saison future ! Hier encore (il semble que c'était hier), ce grand pays sous le soleil sec de septembre s'abandonnait aux charrues. Elles ouvraient dans l'herbe rase des prairies de longues blessures roses d'heure en heure élargies. A la pointe du dernier sillon, Fernand, l'épaule nue et dorée comme au plein de l'été, une main sur le soc éblouissant, portait de l'autre à ses lèvres une pomme si rouge que le ciel autour d'elle avivait son bleu trop doux. Les chevaux las s'endormaient au repos et leurs crinières, en se penchant vers le sommeil, démasquaient par à-coups le ruban d'horizon, ses pans de collines, ses villages minuscules délicatement dessinés, avec le compte exact de toitures et des arbres, leurs couleurs posées côte à côte sans une bavure, à peine amorties au fond de l'air mûri comme un vin d'or.

Auteur: Roud Gustave

Info: Air de la solitude

[ impressionnisme littéraire ] [ tableau écrit ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

art pictural

Joanna Ashbury, ça sonne comme John Ashbery, et son long poème "autoportrait dans un miroir convexe" que je m'étaits promis de lire, rappelle-toi. Ashbery parle d'un tableau du cinquecento, une oeuvre de Parmigianino, j'ai aimé ce poème et j'ai voulu connaitre l'histoire du tableau. 

Un jour, le peintre - il est tout jeune, il a 21 ans, se voit dans un de ces miroirs de coiffeur convexe, et il veut faire son autoportrait. Il fait fabriquer au tour une coupe de sphère de bois, de la taille du miroir, afin de le reproduire exactement dans sa forme. En bas, au premier plan, il peint sa main, très grande, si belle qu'elle parait vraie, et au centre, à peine déformé, sa figure d'ange, gracieux, c'est presque un enfant. Le monde tournoie autour de ce visage, tout s'y déforme, plafond, lumière, perspective : c'est un chaos de courbes.

Auteur: Le Tellier Hervé

Info: L'Anomalie, p 309

[ portrait ] [ référence littéraire ]

 
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Ajouté à la BD par miguel

morale

Il existe des gens qui ont peur de gaspiller leur argent pour s'offrir quelque plaisir. Ils se disent vertueux - n'en croyez rien. Ils savent seulement qu'ils n'auraient pas la force de dire "assez", qu'ils crieraient sans cesse "encore" - et c'est pourquoi ils proclament avec suffisance "jamais". Pour être capable de légèreté, il faut avoir de l'esprit. Evoquer une légèreté qui naîtrait du désespoir, c'est se complaire en phrases creuses. Prendre la légèreté au sérieux est une faute de goût. Mais goûter la légèreté tout en la maîtrisant est une forme supérieure de vie ; Stendhal en a fait l'éloge, mais il n'a pas su la vivre car il était vaniteux ; Laforgue, lui, l'a su et il est mort de cette forme de vie chantée par Jules Romains. Que vivent les joyeux compagnons capables d'aller avec légèreté au fond des choses, aussi lourds que des cailloux dans le ruisseau !

Auteur: Jesenská Milena

Info: in "Vivre", éd. 10/18, p. 91

[ sobriété ] [ références littéraires ]

 

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Ajouté à la BD par Benslama

création

Le poète, à mes yeux, se connaît à ses idoles et à ses libertés, qui ne sont pas celles de la plupart. La poésie se distingue de la prose pour n’avoir ni toutes les mêmes gênes, ni toutes les mêmes licences que celle-ci. L’essence de la prose est de périr, — c’est-à-dire d’être "comprise ", — c’est-à-dire, d’être dissoute, détruite sans retour, entièrement remplacée par l’image ou par l’impulsion qu’elle signifie selon la convention du langage. Car la prose sous-entend toujours l’univers de l’expérience et des actes, — univers dans lequel, — ou grâce auquel, — nos perceptions et nos actions ou émotions doivent finalement se correspondre ou se répondre d’une seule manière, — uniformément. L’univers pratique se réduit à un ensemble de buts. Tel but atteint, la parole expire. Cet univers exclut l’ambiguïté, l’élimine ; il commande que l’on procède par le plus court chemin, et il étouffe au plus tôt les harmoniques de chaque événement qui s’y produit à l’esprit.

Auteur: Valéry Paul

Info: Variété

[ idée ] [ échange ] [ écriture ouverte ] [ formes littéraires ] [ collectivisme limitatif ]

 

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Ajouté à la BD par Plouin

biais

Les thèmes du livre (*) ne le distinguent pas de la littérature antisémite habituelle et le situent dans la suite des falsifications classiques, les Documents des Sages de Sion et le discours de Simeon ben Jehuda (**) (p.277). Il passe en revue la participation des Juifs à la Révolution russe, leur union avec les francs-maçons, leur contingent dans l'armée française, dans la population de Paris, les unes aussi sûrement fantasmatiques que les autres. Si le livre sort du lot des écrits antisémites habituels, cela tient en premier lieu à la personne de l'auteur. Céline a montré dans ses romans et dans son pamphlet Mea culpa qu'il n'a pas d'autre moyen d'expression à sa disposition que l'invective, quel que soit le sujet. Le nouveau livre perd constamment de vue son objet pour se tourner vers diverses figures impopulaires sur lesquelles porte l'animosité de l'auteur. L'unité du sujet est retrouvée lorsque Racine (p.219), Montaigne (p.125), Marat (p.276), Chesterton (p.189) sont présentés comme des enjuivés.

Auteur: Benjamin Walter

Info: Lettre du 7 mars 1938, dans "Lettres sur la littérature", éd. ZOE, p. 84-85 - (*) le livre dont il est question est "Bagatelles pour un massacre" (**) référence au roman antisémite "Biarritz" de Sir John Retcliffe (pseudonyme de Herman Goedsche), dans lequel il est question d'un "complot juif", thème qui se propage en Europe dans les années 30

[ critique littéraire ] [ obsession ]

 
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Ajouté à la BD par Benslama

bagarre

M. H. Gauthier-Villars néglige de vous spécifier que :
- 1° Je ne me suis résigné aux voies de fait que parce qu'il a refusé de me donner par les armes une réparation des injures qu'il m'avait gratuitement prodiguées. Il prouve une fois de plus son aversion pour le duel. Est-ce par philanthropie ? C'est peu probable.
- 2° Je n'ai à mon tour reçu de coups, après avoir dûment marqué M. Gauthier-Villars à l'oeil, que parce que mon agression avait ameuté contre moi tout le commerce de la librairie du quai, qui voulut venger l'attentat sur l'un des siens et lui prêter main-forte.
En outre, j'ai frappé mon adversaire le premier pour lui laisser le choix des armes; dans le cas où il se serait décidé à une rencontre. Mais, ni d'une façon ni de l'autre, il n'entend se battre, comme offenseur ou comme offensé. Ceci a de l'importance.

Agréez, Monsieur le Directeur, l'assurance de ma considération très distinguée, et veuillez, je vous en prie, accorder l'hospitalité à ces lignes, - les dernières.

Auteur: Leclercq Julien

Info:

[ anecdote littéraire ]

 

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performativité du langage

Mais il n’est pas possible, concernant Le Banquet, de ne pas nous référer au rapport du discours et de l’histoire. A savoir, non pas comment le discours se situe dans l’histoire, mais comment l’histoire elle-même surgit d’un certain mode d’entrée du discours dans le réel.

Aussi bien faut-il que je vous rappelle qu’au moment du Banquet, nous sommes au second siècle de la naissance du discours concret sur l’univers. […] Ce que je veux vous faire sentir, c’est que c’est la première fois que, dans la tradition occidentale, […] un discours se forme qui vise expressément l’univers, et vise à le rendre discursif.

Au départ de ce premier pas de la science comme étant la sagesse, l’univers apparaît comme univers de discours. En un sens, il n’y aura jamais d’univers que de discours. Et tout ce que nous trouvons à cette époque, jusqu’à la définition des éléments, qu’ils soient quatre ou plus, porte la marque, la frappe, l’estampille, de cette requête, de ce postulat, que l’univers doit se livrer à l’ordre du signifiant.

Auteur: Lacan Jacques

Info: Dans le "Séminaire, livre VIII - Le transfert" page 98

[ vision du monde ] [ étude littéraire ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

voix discordante

La Révolution [de 1830], en effet, a produit tout un discours officiel sur son propre soleil : les allocutions officielles de juillet 1831 au Panthéon, l’Hymne de Hugo qu’on exécute ce jour-là ("Ceux qui pieusement sont morts pour la Patrie..."), les inscriptions sur la colonne de Juillet place de la Bastille, l’Introduction à l’histoire universelle de Michelet (mars 1831), les divers exercices interprétatifs de tous ceux que l’événement avait sommés de faire le point sur le déroulement de l’Histoire. Les anciens libéraux triomphaient. Les convertis, les néophytes embouchaient la trompette. Les articles de Sainte-Beuve dans Le Globe saint-simonien parlent d’avenir industriel et démocratique de l’humanité... Balzac dit exactement et par ses énoncés explicites, et par la forme de son roman, le contraire. L’originalité de La peau de chagrin c’est de refuser à la fois le nouveau triomphalisme de gauche et le style fidèle et malheureux de droite. [...] Balzac définit un autre espace où s’exprime et se manifeste le nouveau héros-jeune homme, venu des dernières années de la Restauration mais qui prend une nouvelle et sinistre jeunesse.

Auteur: Barbéris Pierre

Info: Commentaires dans "La peau de chagrin", Librairie générale française, 1984, page 371

[ auto-célébration historique ] [ écrivain critique ] [ opposition ] [ réalisme littéraire ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

science des sentiments

Cette fascination projetée, si l'on peut dire, par les Don Juan sur les Elvire, - pour rappeler le symbole immortel qu'en a donné Molière - a été bien souvent signalée et aussi souvent déplorée. Elle demeure un problème encore insoluble. Quelques-uns veulent y voir un pendant féminin de cette folie masculine qu'un misanthrope humoriste a nommée le rédemptorisme, le désir de racheter les courtisanes par l'amour. D'autres y diagnostiquent une simple vanité. En se faisant adorer par un libertin, une honnête femme n'a-t-elle pas l'orgueil de l'emporter sur d'innombrables rivales et de celles que sa vertu lui rend le plus haïssables ? Peut-être tiendrions-nous le mot de cette énigme, en admettant qu'il existe comme une loi de saturation. Nous n'avons qu'une capacité limitée de recevoir des impressions d'un certain ordre. Cette capacité une fois comblée, c'est en nous une impuissance d'admettre des impressions identiques et un irrésistible besoin d'impressions contraires. Un petit fait corrobore cette hypothèse : cet attrait du libertin ne commence, chez les honnêtes femmes, que vers la trentième année et lorsque la vie vertueuse leur a donné tout ce qu'elle comporte de joies un peu sévères.

Auteur: Bourget Paul Charles Joseph

Info: in "Un coeur de femme", éd. Alphonse Lemerre, p. 33

[ séduction ] [ femmes-par-homme ] [ référence littéraire ]

 

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Ajouté à la BD par Benslama

hommes-femmes

Le fait que tous les poètes du monde entier soient des alcoolos est une foutue bonne indication sur l’état de ce monde. Cresspoolcrews dit quelque part que l’essence de la poésie s’incarne dans le corps d’une femme. Ce que ça doit être merveilleux d’être aussi naïf et simplet ! Le sexe c’est le piège ultime, c’est un baiser sur une porte d’acier qui se ferme. Lawrence était bien plus subtil dans l’art de rechercher la muliébrité dans la chair jusqu’à l’âme et dans l’art d’accorder les vices et les vertus. Crews avale simplement de grandes gorgées de sexe et les noie dans des brouillons d’homme ivre, parce qu’il ne sait pas quoi faire d’autre, ce qui, évidemment, est le lot commun de tous les Américains : ils n’arrêtent pas d’y penser, ils minaudent, ils se baladent avec des photos pornos dans la poche, et pourtant ce pays est le plus puritain que tu puisses trouver au monde ! Ici, les femmes ont placé la barre trop haut et les garçons ont fini par se planquer derrière la grange avec une vache. Ce qui rend particulièrement pénibles les relations entre les garçons, les vaches et les femmes… 

Auteur: Bukowski Charles

Info: Lettre à Jory Sherman, 1961, trad. Marc Hortemel

[ clichés littéraires ] [ hypocrisie ] [ féminisme castrateur ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson