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histoire

Lorsque René Guénon mentionne Lyon comme l’un des centres contre-initiatiques répartis dans le monde, souvenons-nous que cette ville, Lugdunum dans l’Antiquité, fut la capitale gallo-romaine, le cœur sacré des Gaules. Sa légende de fondation raconte qu’après avoir été chassés du pouvoir par un certain Seseroneos, deux frères, Momoros et Atepomaro, se rendirent sur une colline située près de la Saône qu’on appelait alors l’Arat pour y fonder une nouvelle cité. Alors que les ouvriers commençaient tout juste à creuser les fondations, des corbeaux firent leur apparition dans les cieux, couvrant les arbres environnants. Momoros décida alors de donner à la ville le nom de Lugdounon car dans sa langue, lougos désignait le corbeau et dounon un "lieu élevé". Selon les historiens, cette étymologie serait fantaisiste et relèverait avant tout du folklore puisque dunum est un mot gaulois désignant à l’origine une hauteur fortifiée puis, plus pacifiquement, une bourgade et que Lug, loin d’évoquer le corbeau, renverrait plutôt au dieu Lug du panthéon celtique, dieu du soleil et de la lumière. Mais dans le fond, il n’y a pas contradiction. Lug était l’équivalent celtique d’Hermès et d’Apollon et, dans la tradition celtique, le corbeau désigne le messager des dieux, comme Hermès chez les Grecs. Quant au "lieu élevé", le "haut lieu", le cairn, nous avons constaté à de nombreuses reprises qu’il désigne symboliquement un substitut de la "montagne sacrée".

Auteur: Anonyme

Info: Dans "Les magiciens du nouveau siècle" page 659

[ naissance ] [ signification ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

écrivain-sur-écrivain

Je ne voudrais pas établir de rapprochement entre l'auteur d'Ironie sanglante et ce comte de Lautréamont (Ducasse) dont l'éditeur de Rachilde vient justement de remettre au jour les extraordinaires Chants de Maldoror. D'analogie, il n'en est point, à part peut-être la communauté d'Injustice qui les voue à d'immérités silences. Je signale simplement le fait de ce tumultueux et imprécatoire rhéteur, de ce musicien des grandes orgues littéraires, de cet infant de lettres qui mourut sans avoir régné et probablement ne sera reconnu Prince spirituel que par un très petit nombre de ses pairs. Ce lyrique blasphémateur, qui attisa le plus virulent satanisme sur les grils de ses prosopopées, ce nébuleux et outré négateur des morales et des cultes professés, aux métaphores tendues comme des balistes ou giroyantes comme des catapultes, ce vociférateur des litanies du Péché et de la Damnation, créateur d'un antiphonaire sabbatique s'égalant aux pires rituels du Diabolisme, perturba tellement l'inepte critiquaille contemporaine qu'à part deux ou trois hauts esprits, nul ne se sentit assez sûr de ses propres lumières pour plonger dans ces gouffres d'incohérences et de ténèbres où, par moment, clame une voix merveilleusement musicale. La plénipotentiaire sottise s'effara d'un livre dont il eût fallu chercher la clef dans les effrois du moyen âge et qui, sur le crépusculaire marécage des actuels détritus littéraires, projette les noires coruscations d'un inquiétant bolide. 


Auteur: Lemonnier Camille

Info: In : Préface de La Sanglante Ironie de Rachilde *recueil liturgique canonique

[ éloge ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

poème

Jamais ne se puisse lasser
Ma muse de chanter la gloire
D'un ver petit, dont la mémoire
Jamais ne se puisse effacer :
D'un ver petit, d'un ver luisant,
D'un ver sous la noire carrière
Du ciel, qui rend une lumière
De son feu le ciel méprisant.
Une lumière qui reluit
Au soir, sur l'herbe roussoyante,
Comme la tresse rayonnante
De la courrière de la nuit.
D'un ver tapi sous les buissons,
Qui au laboureur prophétise
Qu'il faut que pour faucher aiguise
Sa faux, et fasse les moissons.
Gentil prophète et bien appris,
Appris de Dieu qui te fait naître
Non pour néant, mais pour accroître
Sa grandeur dedans nos esprits !
Et pour montrer au laboureur
Qu'il a son ciel dessus la terre,
Sans que son œil vaguement erre
En haut pour apprendre le heur
Ou de la teste du Taureau,
Ou du Cancre, ou du Capricorne,
Ou du Bélier qui de sa corne
Donne ouverture au temps nouveau.
Vraiment tu te dois bien vanter
Etre seul ayant la poitrine
Pleine d'une humeur cristalline
Qui te fait voir, et souhaiter
Des petits enfants seulement,
Ou pour te montrer à leur père,
Ou te pendre au sein de leur mère
Pour lustre, comme un diamant.
Vis donc, et que le pas divers
Du pied passager ne t'offense,
Et pour ta plus sûre défense
Choisis le fort des buissons verts.

Auteur: Belleau Rémi

Info:

[ insecte ]

 

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couple

Le simple fait d’être ensemble, dans une voiture, dans un café, dans une chambre de motel, augmentait la puissance électrique de leur vie, les faisait brûler tous les deux d’une lumière différente. Le visage de la femme changeait du tout au tout, elle devenait plus belle quand elle était avec lui. De la même façon, il changeait quand il était avec elle. […] Chaque fois qu’ils se retrouvaient, c’était un peu comme une sorte d’immolation, leur énergie brûlait à une vitesse folle ; ils étaient tous les deux des personnes ordinaires, un homme ordinaire et une femme ordinaire, pris dans une histoire d’amour extraordinaire qui exigerait des quantités terrifiantes de ressources intérieures pour nourrir le feu de cet amour qu’ils ressentaient l’un pour l’autre. Ce n’était pas tant l’infidélité qui les inquiétait, ni même ce que les gens en ville pouvaient dire d’eux. C’était simplement cette quantité d’énergie qu’ils devaient mobiliser s’ils voulaient continuer à s’aimer. Ils découvraient, au cours du film, que les exigences de ce genre d’amour étaient trop grandes pour eux. Ils tentaient de se contenter du minimum. Ils tentaient de se rationner. Ils se rendaient compte tous les deux que ce rationnement faisait que cet amour divin s’amenuisait et finirait par mourir. […] Au bout du compte, il ne restait plus qu’eux deux […]. Rien qu’eux d’eux. Le fantôme, le fantôme sacré de l’amour, avait disparu.

Auteur: Tesich Steve

Info: Karoo

[ amour ] [ passion destructrice ] [ déclin ] [ égoïsme à deux ]

 

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philosophe-sur-philosophe

Lorsque j'ai rencontré Wittgenstein, j'ai vu que les avertissements de Schlick étaient pleinement justifiés. Mais son comportement n'était pas dû à une quelconque arrogance. En général, il était d'un tempérament sympathique et très gentil ; mais il était hypersensible et facilement irritable. Ce qu'il disait était toujours intéressant et stimulant et la façon dont il l'exprimait était souvent fascinante. Son point de vue et son attitude envers les gens et les problèmes, même théoriques, ressemblaient beaucoup plus à ceux d'un artiste créatif qu'à ceux d'un scientifique ; on pourrait presque dire à ceux d'un prophète religieux ou d'un voyant. Lorsqu'il commençait à formuler son point de vue sur un problème spécifique, nous sentions souvent la lutte interne qui se déroulait en lui à ce moment précis, une lutte par laquelle il essayait de pénétrer de l'obscurité à la lumière vie une intense et douloureuse tension, qui était même visible sur son visage expressif. Lorsque finalement, parfois après un effort ardu et prolongé, ses réponses surgissaient, sa déclaration se dressait devant nous comme une œuvre d'art nouvellement créée ou une révélation divine. Non pas qu'il affirmait ses vues de façon dogmatique... Mais l'impression qu'il faisait sur nous était comme si cette perspicacité lui venait comme par une inspiration céleste, de sorte que nous ne pouvions nous empêcher de penser que tout commentaire rationnel sobre ou analyse de celle-ci serait une profanation.

Auteur: Carnap Rudolf

Info: The Philosophy of Rudolf Carnap, Volume 11

[ charisme ] [ admiration ] [ présence envoûtante ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

saturation

Elle commença à me parler des petites annonces et des journaux dans lesquels on pourrait insérer des avis pour vendre notre miel. Mais j’avais quant à moi à peine la force de l’écouter. Je n’étais pas vraiment fatigué, mais j’étais fatigué de toutes ces choses, de cet affairement incessant et infatigable – tout ça pour rien du tout. Car qu’est-ce que c’est après tout que vendre du miel par correspondance ? Ce n’est rien du tout, les gens le mangent, et puis c’est déjà fini, comme des bulles de savon, du néant chatoyant, rempli avec un peu d’air et inondé de lumière. La bulle éclate et il ne reste rien, tout ça n’est qu’illusion et magie noire ! Ah mais va-t’en donc ! Vas-tu t’arrêter de parler, ne cause donc pas tant que ça ! Laisse-moi en paix ! Pourquoi tu te fatigues ? […] Oui, si maintenant j’avais un schnaps, alors je pourrais à nouveau t’écouter avec attention. […] C’est parce que tu t’es installée dans ma vie que je ne peux pas faire ce qui me plaît dans la mienne. Non, non, bien sûr, c’est pas ce que je voulais dire, je l’aime bien quand même, la Magda, mais ce serait drôlement chic de sa part si elle pouvait pour un temps mettre les voiles et sortir complètement de ma vie – Oh la vache, quel ennui, quelle perpétuelle jacasseuse !

Auteur: Fallada Hans

Info: Dans "Le buveur"

[ emprisonnement ] [ inanité ] [ couple ] [ emmerdeuse volubile ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

insomnie

Je retournai dans ma chambre, refermai les portes et me couchai en sermonnant : "Il faut que je dorme. Il faut tout oublier jusqu’à demain. Il faut que je dorme." J’éteignis la lumière. Je fermai les yeux et, m’appliquant à ne penser à rien, m’efforçai de m’endormir. La lutte pour le sommeil est déjà quelque chose d’effrayant. On n’a pas de prises. La seule volonté de dormir vous tient éveillé. Je ne pensais à rien, mais il y avait pourtant en moi la volonté de dormir qui à mon insu me tenait éveillé. Je me retournais sans cesse. De temps en temps, à travers l’obscurité, venait à moi de très loin le tintement d’une horloge. Tout était noir. Je n’avais déjà plus de volonté. Pourtant, je ne dormais pas. Combien de temps s’écoula ainsi ? Je ne le sais pas. J’avais complètement perdu la notion du temps. J’étais absolument comme si je dormais, pourtant une conscience suffisante faisait que je savais que j’étais éveillé. A la longue, après m’être retourné je ne sais combien de fois, mon engourdissement se fit plus grand. Une joie minuscule m’envahit. J’allais perdre toute notion des choses lorsque, insensiblement, j’eus la sensation que mon cerveau grossissait, grossissait, que mon corps était de plomb, que tout mon être se gonflait et que, à mesure qu’il gonflait, je pouvais de moins en moins remuer afin de reprendre mon aspect habituel.

Auteur: Bove Emmanuel Bobovnikoff Dugast Vallois

Info: Journal écrit en hiver, Flammarion, 1983, pages 106-107

[ sensations ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

christianisme

Notre athéisme à nous [...] est lié à ce côté toujours se dérobant du je de l’autre.

Un autre qui s’annonce comme Je suis celui qui suis est de ce seul fait un Dieu au-delà, un Dieu caché, et un Dieu qui ne dévoile en aucun cas son visage. Dans la perspective précisément aristotélicienne, on pourrait dire que notre départ à nous est d’ores et déjà athée. C’est une erreur, mais dans cette perspective c’est strictement vrai, et dans notre expérience ça ne l’est pas moins. [...]

Réfléchissez au Je suis de Je suis celui qui suis. C’est bien là ce qui fait le caractère problématique de la relation à l’autre dans la tradition qui est la nôtre. [...] C’est dans la façon de poser les autres, les petits autres, dans la lumière de l’Autre dernier, absolu, que nous nous distinguons dans notre façon de morceler le monde, de le mettre en miettes. Les anciens l’abordaient comme quelque chose qui se hiérarchise sur une échelle de consistance de l’étant. Notre position met radicalement en cause l’être même de ce qui s’annonce comme étant être, et non pas étant.

A celui qui dit Je suis celui qui suis, nous sommes hors d’état de répondre. Que sommes-nous pour pouvoir répondre à celui qui suis ? Nous ne le savons que trop. Un étourneau [...].

Auteur: Lacan Jacques

Info: Dans le "Séminaire, Livre III", "Les psychoses", éditions du Seuil, 1981, pages 452-453

[ rupture de continuité ] [ yhwh ] [ effet signifiant ]

 

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non-voyant

Je vois la lumière, les couleurs et les formes, mais aucun détail. Ça me permet de choisir les couleurs de mes vêtements et de les accorder. C'est simple car j'adore le noir et le blanc. Je me coiffe toute seule aussi, mais si je veux me maquiller, je dois demander à quelqu'un. Je pense que ce sont les détails qui rendent beau ce qu'on voit avec les yeux. C'est pour ça que, pour moi, ce qui est beau ne se voit pas. C'est plus une impression d'ensemble, ce qui se dégage de quelqu'un... En général, quand je trouve quelqu'un laid, les voyants aussi le trouvent laid. Le contraire n'est pas toujours vrai. Il m'arrive de trouver une personne belle parce qu'elle est gentille, agréable, intéressante, et d'apprendre par les voyants qu'elle est moche ! Tout ça est très relatif, finalement...
(...)
La plus belle chose que je connaisse, c'est la musique. Là, je n'ai pas besoin d'avis pour savoir ! Je joue du piano, j'espère devenir professeur ou concertiste. Quand les notes sont parfaitement accordées, que les deux mains sont en harmonie, c'est le summum de la beauté. Voilà, en fait, c'est ça la beauté : l'harmonie, sous toutes ses formes. Et on n'a pas forcément besoin de voir pour y accéder. La seule chose qui me manque vraiment, c'est de pouvoir croiser un regard. Ça, ça doit être magnifique...

Auteur: Nadia

Info: 18 ans, in Aveugle de Sophie Calle, Actes Sud 2011, à la question : qu'est-ce que la beauté pour vous

[ témoignage ]

 

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mystique

L'adjectif "numineux" est apparu en premier chez Rudolf Otto dans le livre intitulé : "Le Sacré". L’expérience numineuse est l’expérience affective du sacré, considéré comme un concept-clé de la religion. R.Otto se trouve dans la filiation de Schleiermacher qui fait partie de l’école allemande philologique, théologique et philosophique. Elle élargit le concept de religion pour y introduire des formes religieuses où l’idée de Dieu n'est pas centrale et où l'accent est mis sur l’idée de puissance. Schleiermacher inaugure une psychologie philosophique qui s'oppose au rationalisme et au moralisme de la philosophie des Lumières. Il met l'accent sur l’expérience du sacré, qui est une prise de conscience de la dépendance et une saisie de l'infini dans tout être fini. La religion est dans l'intuition conçue comme sentiment, comme sens et goût de l'infini. Rudolf Otto reprend cette visée dans "Le Sacré"; il pense que cette expérience est spécifique et crée le terme de "numineux" qui découle de "numen" : le divin, la souveraineté divine. Pour R. Otto, l'homme est naturellement doué du sens religieux, le schème affectif du numineux constitue un a priori formel de l’affectivité. Jung rattache le numineux aux archétypes, formes symboliques innées et constitutives de l'inconscient collectif sur lesquels nous reviendrons en temps voulu. Le mot religion renvoie donc a des modalités culturellement différentes d'exprimer des archétypes et de prendre conscience de la puissance numineuse qui les investit.

Auteur: Vergote Antoine

Info: Religion, Foi, Incroyance, VE, p. 124 et suivantes. Remodelé par Colimasson

[ quête ]

 

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