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écriture

Je voulais les lunes rapides de Barsoom. Je voulais Storisende et Poictesme, et aussi Holmes en train de me secouer pour me dire: "Le jeu va commencer !" Je voulais flotter en radeau sur le Mississippi et échapper aux poursuivants en compagnie du duc de Bilgewater et du Dauphin perdu.
Je voulais Prester John, et Excalibur tenue par un bras blanc lune hors d'un lac silencieux. Je voulais naviguer avec Ulysse et avec Tros de Samothrace et manger le lotus dans un pays qui semblait toujours être l'après-midi. Je voulais le sentiment de romance et celui d'émerveillement que j'avais connu comme gosse. Je voulais que le monde soit ce qu'on m'avait promis qu'il allait être - au lieu du cliquant et pouilleux merdier désordonné qu'il est.

Auteur: Heinlein Robert A.

Info: Glory Road 1963

[ motivation ]

 

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écrivain public

Le cybercafé était bondé, de jeunes gens surtout, casques à écouteurs sur la tête, les yeux cachés derrière des lunettes noires, qui naviguaient parmi des fonds d’écran montrant des nouvelles starlettes de Bollywood (…).
Les hommes qui faisaient ces recherches en douce sur Internet, au cybercafé de Shah Sawar, ne se parlaient pas, n’échangeaient pas d’informations ni d’adresses de sites. Certains allaient directement au fond de la salle où Rustam était installé, monopolisant l’espace situé derrière le bureau du propriétaire. (…) En échange d’une rémunération, il proposait toutes sortes de petits services à qui avait besoin de remplir des formulaires officiels. Il disposait de modèles de demande de visa américain (…), britannique, canadien, indonésien, ou des Emirats et de l’espace Schengen. Pour tout autre pays, c’était un peu plus cher. Rustam ne travaillait pas vraiment pour le cybercafé. Il se contentait d’être là et de remplir des formulaires de sa calligraphie soignée tandis que le propriétaire inscrivait les noms sur sa liste d’attente.

Auteur: Bhutto Fatima

Info: Les lunes de Mir Ali

 

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Ajouté à la BD par miguel

science-fiction

Par une après-midi brûlante et figée, il l'emmena voir le planétoport, juste derrière l'horizon. Leur plus long trajet maritime à ce jour. Le vent gonflait les voiles et l'océan virait presque au noir sous la coque, sans rien perdre pourtant de sa transparence. Les yeux baissés, Jalila s'imaginait capable de distinguer les formes blanches fuyantes des grands léviathans des mers qui, s'il fallait en croire les légendes régionales, avaient autrefois occupé les qasrs, ces palais rocheux en ruines qu'elle avait longés en descendant de Tabuthal. Lassés du soleil, ils avaient regagné l'océan qui leur avait donné naissance, y précipitant toutes leurs richesses. Les joyaux brillaient au fond de l'eau puis remontaient en surface sous les lunes jumelles d'Habara, transformés en parterres de fleurs des marées. C'était Kalal qui avait raconté à Jalila cette partie de l'histoire. Contrairement à la plupart des habitantes de la côte, il s'intéressait à la vie qu'elle avait menée dans l'obscurité étoilée de Tabuthal et lui parlait en échange de l'océan.

Auteur: MacLeod Ian R.

Info: Poumon vert

[ décor ] [ dialogue ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

cycle

Ça fait quatre mille ans qu'on nous terrorise avec ces religions organisées ! La Terre existe depuis plus de quatre milliards d'années, elle peut quand même se défendre contre ces minuscules quatre mille ans... Cette idée selon laquelle on ne peut vivre qu'aux ordres de l'hémisphère gauche du cerveau, en négligeant totalement sa partie animale, païenne, physique, naturelle est absurde. Comment a-t-on pu à ce point négliger la nature pour se laisser embobiner par la Bible ou le Coran ? Comment a-t-on pu accepter docilement ce calendrier ridicule de douze mois, avec des mois dont on ne sait même pas s'ils ont 28, 29, 30 ou 31 jours ? Le corps, lui, sait qu'il y a treize mois : les femmes saignent treize fois par an, il y a treize pleines lunes. Mais le christianisme ne tolère pas le 13... En supprimant ce nombre, il s'est imaginé plus fort que la nature. Les gratte-ciel, à New York, n'ont pas de treizième étage : ça en dit long sur l'influence de la religion sur ce pays.

Auteur: Björk Gudmundsdottir

Info: interrogée sur le site des Inrockuptibles en avril 2007

[ symbole ] [ civilisation ] [ nombre ]

 

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texte fondateur

Homère, pour les grecs, était dieu ; il avait des prêtres, les Homérides. Un rhéteur s’étant vanté de ne jamais lire Homère, Alcibiade donna à cet homme un soufflet. La divinité d’Homère a survécu au paganisme. Michel-Ange disait : Quand je lis Homère, je me regarde pour voir si je n ’ai pas vingt pieds de haut. Une tradition veut que le premier vers de l’Iliade soit un vers d’Orphée, ce qui, doublant Homère d’Orphée, augmentait en Grèce la religion d’Homère. Le bouclier d’Achille, chant XVIII de l’Iliade, était commenté dans les temples par Danco, fille de Pythagore. Homère, comme le soleil, a des planètes. Virgile qui fait l’Enéide, Lucain qui fait la Pharsale, Tasse qui fait la Jérusalem, Arioste qui fait le Roland, Milton qui fait le Paradis Perdu, Camoëns qui fait les Lusiades, Klopstock qui fait la Messiade, Voltaire qui fait la Henriade, gravitent sur Homère, et, renvoyant à leurs propres lunes sa lumière diversement réfléchie, se meuvent à des distances inégales dans son orbite démesurée. Voilà Homère. Tel est le commencement de l’épopée.

Auteur: Hugo Victor

Info: William Shakespeare

[ Grèce antique ] [ filiations ] [ littérature ]

 
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écriture

Le papier blanc, miroir implacable

restitue seulement ce que tu étais.



Le papier blanc parle avec ta voix

ta propre voix

non pas celle qui te plaît ;

ta musique est la vie

celle que tu as gaspillée.

Tu peux la regagner si tu le veux

si tu te fixes cette chose indifférente

qui te jette en arrière

à ton point de départ.



Tu as voyagé, tu as vu

beaucoup de lunes, beaucoup de soleils.

Tu as touché morts et vivants

tu as ressenti la douleur de l'adolescent

et le gémissement de la femme,

l'amertume de la verte enfance -

tout ce que tu as ressenti s'écroule

si tu ne fais pas confiance à l'espace blanc.

Peut-être y trouveras-tu ce que tu croyais perdu,

l'éclosion de la jeunesse

le juste naufrage des ans.



Ta vie est ce que tu as donné

ce vide est ce que tu as donné

le papier blanc.

Auteur: Séféris Georges Giorgos Seferiadis

Info: Poèmes 1933-1955 - Trois poèmes secrets, Solstice d'été

[ poème ]

 

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science-fiction

Au milieu de toute cette plasticité organique et de ces compromis, les champs d'infrastructure pouvaient néanmoins délimiter le territoire pour quelques sous-systèmes standardisés, identiques de citoyen à citoyen. Deux d'entre eux étaient des canaux pour les données entrantes - un pour la gestalt, et un pour le linéaire, les deux modalités principales de tous les citoyens de Konishi, descendants éloignés de la vision et de l'audition. À la deux centième itération orpheline, les canaux eux-mêmes étaient pleinement formés, mais les structures internes vers les lesquelles ils envoyaient leurs données, les réseaux permettant de les classer et de leur donner sens, étaient encore peu développés, par manque de pratique.

Konishi polis lui-même était enfoui à deux cents mètres sous la toundra sibérienne, mais par le biais de liaisons par fibre optique via satellite, les canaux d'entrée pouvaient accueillir des données provenant de n'importe quel forum de la Coalition des Polises, sondes en orbite autour de toutes les planètes et de toutes les lunes du système solaire, drones arpentant les forêts et les océans de la Terre, dix millions de sortes de paysages ou autres sensoriums abstraits. Le premier problème de perception étant d'apprendre à choisir dans cette surabondance.

Auteur: Egan Greg

Info: Diaspora

[ infobésité ] [ tri sélectif ] [ distinguer ]

 

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rapports humains

Il existe des personnes qui nous rendent heureux dans la vie, par le simple hasard de les avoir rencontrées sur notre chemin. Quelques-unes parcourent le chemin en entier à nos côtés, et voient passer beaucoup de lunes, mais il en est d'autres que nous voyons à peine, d'un pas à l'autre. Toutes, nous les appelons amies, et il en est plusieurs sortes. Chaque feuille d'un arbre pourrait caractériser un de nos amis. Les premiers à éclore du bourgeon sont notre papa et notre maman qui nous enseignent ce qu'est la vie. Ensuite, viennent les amis frères, avec lesquels nous partageons notre espace pour qu'ils puissent fleurir comme nous. Nous en arrivons à connaître toute la famille des feuilles, nous la respectons et lui souhaitons du bien. Mais le destin nous présente d'autres amis, ceux dont nous ne savions pas qu'ils allaient croiser notre chemin. Parmi ceux-là, il y en a beaucoup que nous appelons amis de l'âme, du coeur. Ils sont sincères et vrais. Ils savent lorsque nous n'allons pas bien, ils savent ce qui nous rend heureux. Parfois un de ces amis de l'âme étincelle en notre coeur, nous l'appelons alors ami amoureux. Il met du brillant dans nos yeux, de la musique sur nos lèvres, fait danser nos pieds et chatouiller notre estomac. Il existe aussi des amis d'un temps, peut-être de vacances, de quelques jours ou de quelques heures. Pendant ce temps où nous sommes à leurs côtés, ils s’habituent à mettre de nombreux sourires sur nos visages. Parlant de près, nous ne pouvons oublier les amis lointains, ceux qui se trouvent au bout des branches et qui, lorsque souffle le vent, apparaissent d'une feuille à l'autre. Passe le temps, s'en va l'été, l'automne s'approche et nous perdons quelques unes de nos feuilles, certaines naîtront lors d'un autre été et d'autres restent pendant plusieurs saisons. Mais ce qui nous réjouit le plus, c'est de nous rendre compte que celles qui tombèrent continuent d'être proches, en alimentant notre racine de joie. Ce sont les souvenirs de ces moments merveilleux lorsque nous les avons rencontrés. Je te souhaite, feuille de mon arbre, paix, amour, santé, chance et prospérité. Aujourd'hui et toujours... tout simplement parce que chaque personne qui passe dans notre vie est unique. Elle laisse toujours un peu d'elle-même et emporte un peu de nous. Il y a celles qui auront emporté beaucoup, mais il n'y en a pas qui n'auront rien laissé. C'est la plus grande responsabilité de notre vie et la preuve évidente que deux esprits ne se rencontrent pas par hasard.

Auteur: Borges Jorge Luis

Info: L'Arbre des amis. Traduction : Nicole Pottier

[ rencontres ] [ fraternités éphémères ]

 

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intelligence artificielle

(FLP à concocté l'entame d'une nouvelle de science-fiction, et a demandé à Chatgpt de finir l'histoire. Il est prévu de lui soumettre chaque année la même tâche afin de voir si changements et améliorations sont notables)

"Il était une fois une planète lointaine dotée de deux soleils et trois lunes. On l'avait nommée Aarxx.

Un courageux groupe d'explorateurs, envoyés vers sur cette terre  inconnue, découvrit un monde grouillant de vie. Cependant, ils se rendirent vite compte que la différence de culture entre les observateurs humains  et la chose observée produisait une diffraction très désagréable. Particulièrement en ce qui concernait les tentatives avec les autochtones dominants, une race qui ressemblaient peu ou prou à des poulpes avec chaussures de ski.

Les explorateurs humains durent s'éloigner quelque peu afin de dissiper le malaise et mieux observer. Et  tenter de comprendre cet environnement étrange. Et, pourquoi pas, trouver moyen d'y survivre et de prospérer sans déranger cette vie si bizarre. Ils réalisèrent alors que le système du vivant de cette planète semblait reposer sur une une base biotique et bactérienne articulée autour de 5 paramètres fondamentaux... Ce qui n'avait en rien empêché l'émergence d'un environnement stable, avec des système de cellules se reproduisant et prospérant.

Il découvrirent petit à petit que les habitants de la planète avaient  développé  une culture et des coutumes propres sur pareil mode à cinq.

Cependant la déconnection fontamentale entre dualité humaine et pentatonisme local avait quelque chose d'infranchissable, elle instillait - au mieux du mieux - un malaise profond entre les deux espèces-mondes lors des tentatives de contacts.

Les explorateurs décidèrent d'explorer Aarxx plus en profondeur pour tenter de mieux comprendre cette intrication pentatonique si étrangère.

Pour découvrir que toute perturbation d'un d'entre les cinq pôles, surtout à l'échelle bactérienne,  était susceptible d'entraîner des répercussions allant jusqu'à contaminer l'ensemble de la planète. Il fut également révélé que les 5 paramètres n'avaient cessé de s'équilibrer depuis les premiers soubressauts, très loin dans le passé, de la vie locale."

(suite concoctée par Chatgpt)

Les courageux explorateurs se rendirent vite compte que le seul moyen de protéger Aarxx et ses habitants était d'apprendre à vivre en harmonie avec les cinq paramètres. Ils commencèrent à collaborer avec les habitants autochtones, leur apprenant l'importance des cinq paramètres et comment les utiliser à leur avantage.

Les explorateurs se rendirent également compte que la dualité entre l'observateur et la chose observée avait un effet profond sur la planète et ses habitants. Ils ont dû apprendre à s'adapter à ce nouvel environnement et à trouver un moyen de travailler ensemble afin de protéger la planète.

Les explorateurs ont collaboré avec les indigènes pour créer de nouvelles technologies permettant de protéger la planète et ses habitants. Ils ont également travaillé à la création d'une nouvelle forme de communication qui comblerait le fossé entre les deux cultures et leur permettrait de mieux se comprendre.

Grâce à leur travail acharné et à leur dévouement, les explorateurs et les indigènes ont finalement réussi à créer un environnement stable et pacifique pour Aarxx et ses habitants. Ensemble, ils ont trouvé un moyen de vivre en harmonie avec les cinq paramètres et de protéger la planète.

Auteur: Mg

Info: 5 février 2023, les échanges se sont fait en anglais, sachant que Chatgpt est le plus efficient dans cette langue

[ écriture ] [ créativité ] [ homme-machine ] [ expérience ]

 
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conte

Il était une fois [...] un grand festin au ciel et tous les oiseaux étaient invités. Ils étaient très contents et beaucoup commencèrent à se préparer pour ce grand jour. Ils se peignirent le corps avec du bois de cam rouge et le décorèrent de magnifiques dessins avec l'uli.
Monsieur Tortue assista à ces préparatifs et ne tarda pas à comprendre ce qu'ils signifiaient. Rien de ce qui se passait dans le monde des oiseaux ne lui échappait : il était plein de ruse. Et dès qu'il entendit parler du grand festin au ciel, sa gorge se mit à le démanger rien que d'y penser. La famine sévissait à cette époque et Tortue n'avait pas mangé depuis deux lunes un repas digne de ce nom. Son corps faisait un bruit de bois sec dans sa coquille vide. Alors il se mit à réfléchir à un moyen d'aller au ciel.
[...]
Tortue n'avait pas d'ailes, mais il alla trouver les oiseaux pour leur demander la permission de les accompagner. "On te connaît trop bien, répondirent-ils après l'avoir écouté. Tu es plein de ruse et tu es ingrat. Si nous te laissons venir avec nous, tu ne tarderas pas à faire des histoires. - Vous me connaissez mal, dit Tortue. J'ai changé et je ne suis plus le même. J'ai compris que celui qui embêtait les autres s'embêtait lui-même."
Tortue savait se faire tout sucre et tout miel. Les oiseaux furent convaincus en un rien de temps qu'il n'était plus le même et chacun lui donna une plume pour qu'il se fasse deux ailes.
Le grand jour étant enfin arrivé, Tortue fut le premier au lieu de rendez-vous fixé pour le départ. Quand les oiseaux furent au complet, ils s'envolèrent tous ensemble. Tortue était très content et bavardait à tort et à travers tout en volant parmi eux, et ils ne tardèrent pas à le choisir pour parler en leur nom car il avait un grand talent d'orateur.
"Il y a une chose importante que nous ne devons pas oublier, leur dit-il tout en battant des ailes. Quand on est invité à un grand festin comme celui-ci, on prend des noms pour l'occasion. Nos hôtes du ciel vont s'attendre à ce que nous fassions honneur à cette ancienne coutume."
Aucun oiseau n'avait jamais entendu parler de la coutume en question, mais ils savaient que Tortue, malgré ses lacunes dans d'autres domaines, était quelqu'un qui avait beaucoup voyagé et qui connaissait les usages des différents peuples. Chacun prit donc un nouveau nom. Et Tortue fit de même. Il s'appellerait " Vous-Tous ".
Ils arrivèrent enfin au ciel et leurs hôtes les accueillirent avec joie. Tortue se présenta dans son plumage multicolore et les remercia pour leur invitation. Son discours était si éloquent que tous les oiseaux se félicitaient de l'avoir amené avec eux et hochaient la tête en l'écoutant. Leurs hôtes le prirent pour le roi des oiseaux, en particulier parce qu'il était si différent des autres.
Après qu'on eut offert et dégusté des noix de cola, les gens du ciel posèrent devant leurs invités les mets les plus fins et les plus délicieux dont Tortue ait jamais rêvé. La soupe était servie fumante et dans la marmite où elle avait cuit. Elle était pleine de viande et de poisson. Tortue se mit à la humer à grand bruit. Il y avait de l'igname pilée et aussi du potage d'igname cuit avec de l'huile de palme et du poisson frais. Et des pots de vin de palme. Quand tout fut disposé devant les invités, l'un de leurs hôtes du ciel s'avança pour goûter un peu de chaque mets. Puis il invita les oiseaux à manger. Mais Tortue bondit sur ses pattes et demanda :
"Pour qui avez-vous préparé ce festin ? - Pour vous tous", répondit l'hôte.
Se tournant vers les oiseaux, Tortue dit : "Vous vous souvenez, n'est-ce pas, que mon nom est Vous-Tous. La coutume ici veut qu'on serve d'abord le porte-parole et les autres après. On vous servira quand j'aurai mangé."
Et Tortue de se mettre à manger et les oiseaux à grommeler. Les gens du ciel se disaient que c'était certainement la coutume, chez le peuple des oiseaux, de laisser toute la nourriture à son roi. Et Tortue mangea ainsi la meilleure part de chaque chose puis but deux pots de vin de palme, si bien qu'à la fin il était bourré de nourriture et de boisson et sa carapace pleine à craquer.
Les oiseaux firent cercle pour manger ce qui restait et picorer les os qu'il avait jetés par terre autour de lui. Certains étaient trop furieux pour manger. Ils choisirent de rentrer chez eux le ventre vide. Mais avant de se séparer, chacun reprit à Tortue la plume qu'il lui avait prêtée. C'est ainsi qu'il se retrouva dans sa carapace bourrée de nourriture et de vin, sans ailes pour redescendre chez lui. Il demanda alors aux oiseaux de porter un message à son épouse, mais tous refusèrent. Jusqu'à ce que Perroquet, qui s'était montré le plus furieux contre lui, change soudain d'avis et accepte de lui rendre ce service.
"Dis à ma femme, lui demanda Tortue, de sortir de la maison tout ce qu'il y a de mou et d'en couvrir la cour, afin que je puisse sauter du haut du ciel sans trop de risques."
Perroquet promit de transmettre le message et partit à tire d'ailes. Mais une fois chez Tortue, il dit à sa femme de sortir tout ce qu'il y avait de dur dans la maison. Elle sortit donc les pioches de son mari, ses machettes, ses lances, ses fusils et même son canon. En regardant du haut du ciel, Tortue aperçut sa femme qui sortait un tas de choses de leur maison, mais de si loin il ne distingua pas lesquelles. Quand tout lui parut prêt, il s'élança. Il tomba et tomba et tomba, au point de se demander si ça n'allait pas durer toujours. Puis il s'écrasa au sol et son canon n'aurait pas tonné plus fort que le bruit de sa chute.
[...]
Sa carapace s'est cassée en mille morceaux. Mais il y avait un homme-médecine dans le voisinage. La femme de Tortue l'a fait venir, il a ramassé tous les morceaux de carapace et il les a recollés. C'est pour cette raison que la carapace de Tortue n'est pas lisse.

Auteur: Achebe Chinua

Info: Tout s'effondre, Première partie, Chapitre XI

[ légende ]

 

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