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protestantisme

Luther, un des pères du monde moderne... Les Français, volontiers, se servent de la formule, ou d’autres analogues et de même résonance. A condition de noter scrupuleusement combien involontaire fut cette paternité, combien peu l’indésirable enfant réalisa les vœux de son géniteur, on peut la retranscrire, si l’on veut, et la reprendre à son compte. Luther, en vivant, en parlant, en se montrant lui, a créé, comme tant d’autres, maintes situations de fait, à leur tour génératrices de conséquences spirituelles ou morales qu’il n’avait point envisagées. Et pour avoir accompli le schisme sans rétablir l’unité ; affaibli et diminué matériellement l’Église catholique ; créé des conditions propices à la naissance de sectes innombrables ; provoqué la discussion par des laïcs de questions religieuses ; exposé la Bible aux regards des curieux — pour cela, pour bien d’autres choses encore, il est certain que le réformateur mérite la reconnaissance d’hommes qu’il n’a cessé de combattre et de détester.

Auteur: Febvre Lucien

Info: Un destin : Martin Luther, PUF, 1968, page 195

[ malentendu ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

protestantisme

- Voilà Érasme, homme de raison s'il en fut jamais. On commença par l'écouter - virtuose nouveau jouant de cet instrument élégant et plein de ressources qu'est l'intellect ; on l'admira même, on le vénéra. Mais les a-t-il incités à se conduire comme il voulait qu'ils le fissent - raisonnablement, décemment, au pis-aller un peu moins dégoûtamment qu'à l'ordinaire? Non pas. Et puis apparaît Luther, violent, passionné, dément follement convaincu au sujet de choses qui ne peuvent comporter de convictions. Il cria, et les hommes se précipitèrent à sa suite. On n'écouta plus Érasme ; il fut honni parce qu'il était raisonnable. Luther était sérieux, Luther était la réalité - comme la Grande Guerre. Érasme n'était que la raison et la décence ; il lui manquait le pouvoir, étant un sage, de pousser les hommes à l'action. L'Europe suivit Luther et s'embarqua dans un siècle et demi de guerres et de persécutions sanglantes. C'est une histoire mélancolique.

Auteur: Huxley Aldous

Info: Jaune de chrome

[ historique ]

 

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grâce divine

Les doctrines selon lesquelles l’homme, fondamentalement mauvais, est un instrument impuissant entre les mains de Dieu et qui lui assignent comme seule tâche de se soumettre à la volonté de Dieu qui peut le sauver selon un incompréhensible acte de justice, ces doctrines ne peuvent pas être une réponse acceptable pour un homme comme Luther, poussé à la fois par le désespoir, l’angoisse et le doute et en même temps par un si grand désir de certitude. En 1518, il eut une révélation soudaine. L’homme ne peut être sauvé du fait de ses vertus ; il ne devrait même pas méditer pour savoir si son travail est ou n’est pas acceptable aux yeux de Dieu ; mais il peut avoir la certitude de son salut s’il a la foi. La foi est donnée à l’homme par Dieu ; à peine l’homme a-t-il vécu cette incontestable expérience subjective de la foi, il peut alors être certain de son salut.

Auteur: Fromm Erich

Info: Dans "La peur de la liberté", pages 78-79

[ énantiodromie ] [ réassurance ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

littérature

- Rabelais, dit-il, est le premier écrivain à l'ère de l'imprimerie. Comme Luther est le dernier écrivain de l'ère manuscrite. Bien sûr, dit-il, sans l'imprimerie Luther serait resté un simple moine hérétique. L'imprimerie, dit-il, en ôtant la mousse à la surface de sa tasse, a fait de Luther le puissant qu'il est devenu mais c'était essentiellement un prédicateur, et non un écrivain. Il connaissait son public et écrivait pour lui. Rabelais, lui, dit-il en suçant sa cuiller, a compris ce que signifiait pour l'écrivain ce nouveau miracle qui était l'imprimerie. Ça signifiait avoir gagné le monde et perdu le public. Ne plus savoir qui vous lisait ni pourquoi. Ne plus savoir pour qui vous écriviez. Rabelais, dit-il, trouvait ça insupportable, comique et délectable, tout ça en même temps. - Tu comptes écrire sur Rabelais ? demande-t-elle. - Oui, dit-il. Je crois que oui. Je voudrais expliquer aux gens sa modernité. Ce qu'il signifie et devrait signifier pour nous tous, maintenant. Il la regarde. Elle sourit.

Auteur: Josipovici Gabriel David

Info: Tout passe

[ évolution ] [ historique ] [ lecture ]

 
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motivation

Cela fait sans doute longtemps que j'ai envie de réaliser un tel film. Une colère terrible en est à l'origine. Je peux toucher du doigt le moment exact. Il était 9 heures du soir, le 4 avril 1968. Vous connaissez sans doute cette chanson du groupe U2, In The Name of Love [Michael Moore se met à en fredonner quelques paroles - ndlr]. C'était un jeudi saint. Nous étions à la messe en famille. A la fin de l'office, comme à chaque fois, les pères étaient déjà sortis pour allumer les moteurs des voitures garées en face et écouter la radio. Et, brusquement, celles-ci interrompent leurs programmes pour diffuser un bulletin spécial: "Martin Luther King a été tué à Memphis." Et un de ces hommes de reprendre l'information et la crier vers l'assemblée qui quittait l'église: "Martin Luther King a été tué!" Et alors, tous, sur le perron, autour de moi, ils se mettent à siffler, à applaudir, de joie. J'avais treize ans. Voilà précisément où commence mon film.

Auteur: Moore Michael

Info: à propos de son film Bowling for Columbine, L'Humanité 9 octobre 2002

 

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question

- La personne qui proclame bien haut "Je ne représente que moi-même" captera-t-elle un jour autant d'attention médiatique qu'un type qui prétend s'exprimer au nom de la moitié de la population ?

- Quand des gens comme toi la leur accorderont.

-  Tu sais, ce n'est pas aussi simple que ça. Et puis... imagine ce qui s'est passé avec le féminisme ou – tant qu'on y est – le mouvement pour les droits civiques si personne n'avait jamais le droit de parler "au nom" d'un groupe quelconque sans le consentement certifié unanime dudit groupe ? D'accord, certains des illuminés actuels sont comme des parodies des anciens leaders, mais ça ne veut pas dire que nous en serions là où nous en sommes si les producteurs des journaux télévisés avaient dit : "Désolé, révérend Luther King, désolé, miss Germaine Greer, désolé, monsieur Charles Perkins, mais si vous ne pouvez pas éviter ces généralisations excessives et circonscrire vos déclarations à votre cas personnel, nous allons être obligés de vous couper l'antenne."

Auteur: Egan Greg

Info: L'Enigme de l'univers

[ démocratie ] [ altruisme électoraliste ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

temporel-éternel

Mais ce monde, la foi de Luther le domine. Elle en use à la façon d’Abraham qui avait femmes, enfants, domestiques, le tout comme s’il n’avait rien ; car il savait, le patriarche, que des richesses spirituelles seules se tire une vraie jouissance. Vivre dans le monde, oui. User des biens qu’il nous offre, librement, honnêtement, en toute tranquillité d’âme : oui encore. Joie des sens et du cœur ; plaisirs et affections de la nature : un verre de vieux vin ensoleillé, les grâces bondissantes et flexibles d’un jeune animal, l’éclat profond d’un regard vivant, le col d’une femme ployée sous un baiser, la tendresse bavarde et spontanée d’un enfant : dans ces trésors qu’un Dieu prodigue met à sa portée, que le chrétien puise à discrétion, sans remords. Qu’il use des dons du Père en toute sérénité. Mais qu’il soit prêt, toujours, à s’en détacher. Qu’au moment de se les approprier, il sache y renoncer intérieurement. Qu’il voie en eux ce qu’ils sont réellement : les accessoires d’un théâtre aménagé par Dieu, spécialement, pour que l’homme puisse y éprouver sa foi.

Auteur: Febvre Lucien

Info: Un destin : Martin Luther, PUF, 1968, pages 110-111

[ non-attachement ] [ spectateur ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

individu-collectif

- La personne qui proclame bien haut " Je ne représente que moi-même " captera-t-elle un jour autant d'attention médiatique qu'un type qui prétend s'exprimer au nom de la moitié de la population ?

- Quand des gens comme toi la leur accorderont.

-  Tu sais, ce n'est pas aussi simple que ça. Et puis... imagine ce qui s'est passé avec le féminisme ou – tant qu'on y est – le mouvement pour les droits civiques si personne n'avait jamais le droit de parler " au nom " d'un groupe quelconque sans le consentement certifié unanime dudit groupe ? D'accord, certains des illuminés actuels sont comme des parodies des anciens leaders, mais ça ne veut pas dire que nous en serions là où nous en sommes si les producteurs des journaux télévisés avaient dit : " Désolé, révérend Luther King, désolé, miss Germaine Greer, désolé, monsieur Charles Perkins, mais si vous ne pouvez pas éviter ces généralisations excessives et circonscrire vos déclarations à votre cas personnel, nous allons être obligés de vous couper l'antenne. "



 




Auteur: Egan Greg

Info: L'Enigme de l'univers

[ question ] [ dangereuses simplifications ]

 
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Ajouté à la BD par Le sous-projectionniste

théologie

La représentation de l’homme qu’il [Martin Luther] dresse en termes religieux décrit la situation de l’individu au cours de l’évolution sociale et économique. Les membres de la classe moyenne étaient aussi impuissants face aux nouvelles forces économiques qu’ils l’étaient dans la description qu’a faite Luther de la relation de l’homme à Dieu.
Mais Luther a fait plus que de mettre en évidence le sentiment d’insignifiance déjà présent au sein des classes sociales auprès desquelles il prêchait, il a offert une solution. L’individu pouvait espérer être acceptable aux yeux de Dieu non seulement en n’acceptant pas sa propre insignifiance, mais aussi en s’humiliant à l’extrême, en abandonnant chaque vestige de la volonté personnelle, en renonçant à sa force personnelle et en la dénonçant. La relation de Luther à Dieu était une relation de totale soumission. […] Ainsi, en même temps que Luther libérait les gens de l’autorité de l’Eglise, il les amenait à se soumettre à une autorité bien plus tyrannique, celle d’un Dieu qui exigeait une soumission complète de l’homme et l’annihilation de l’individu comme la condition essentielle de son salut.

Auteur: Fromm Erich

Info: Dans "La peur de la liberté", pages 82-83

[ soubassements psychologiques ] [ protestantisme ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

famille

Ma mère disait que je ressemblais à ma grand-mère, mais cela me paraissait louche, un mensonge qui prenait ses désirs pour la réalité, destiné à donner un faux espoir. Je connaissais l’histoire de ma grand-mère, je la répétais machinalement comme une prière. Harriet, la fille du cultivateur de dattes, arrachée à l’anonymat confit d’Indio et conduite à Los Angeles. Sa mâchoire fuyante et ses yeux humides. Des petites dents, droites et légèrement pointues, comme un chat étrange et beau. Gâtée par le système des studios, se nourrissant de lait battu avec des œufs, ou de foie grillé et de cinq carottes, repas que j’avais vu ma grand-mère manger chaque soir de mon enfance. Le petit clan terré dans le vaste ranch de Petaluma après qu’elle avait pris sa retraite, cultivant des roses de concours à partir de boutures Luther Burbank et élevant des chevaux.
À la mort de ma grand-mère, nous étions comme un pays indépendant dans ces collines, vivant de son argent, même si je me rendais en ville à vélo. La distance était surtout psychologique. Adulte, je n’en reviendrais pas de notre isolement.

Auteur: Cline Emma

Info: The Girls

[ femmes ] [ éloignement ]

 

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