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contemplation

Quand il était petit, la mère de Léonard s'était souvent assise dehors sur les marches de leur ferme, restant parfois une demie heure les yeux fixés sur les montagnes qui s'élevaient au-delà de leur pré. C'est si joli que ça m'emporte loin de moi, lui avait-elle expliqué un jour d'une voix douce, avec l'air de lui confier un secret. Une bible ou la messe ne lui suffisait pas toujours, lui avait-elle avoué. Voilà pourquoi avant tout, il faut un monde, avait-elle ajouté. Dans les jours qui avaient suivi le départ d'Emilie et de Kéra, Léonard avait tenté de voir le monde comme l'avait vu sa mère. Il avait pris sa voiture pour aller au bord de la Calumet River, l'unique endroit où il y avait assez d'arbres pour dissimuler un paysage semblant avoir été aplani par un rouleau à pâtisserie géant. Il s'était assis sur la berge et avait scruté les peupliers et les bouleaux, les aulnes noirs et les hamamélis blottis sous les arbres plus grands, l'eau lente et brune, en s'efforçant de trouver la même paix intérieure que sa mère, des années auparavant, sur les marches de la galerie.

Auteur: Rash Ron

Info: Le monde à l'endroit

[ mimétisme ] [ maman ]

 

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fondu-enchaîné

Ici, la forêt s'étendait plus loin ; mais plus on avançait, plus les arbres étaient rudimentaires, pour finir par ne plus ressembler du tout à des arbres. Bientôt ils devinrent approximatifs, à peine une vague idée de ce que doit être un arbre : un tronc gris-brun en bas, et, en haut, un barbouillage verdâtre tenant lieu de feuilles. Peut-être que l'autre mère ne s'intéressait-elle pas beaucoup aux arbres ; ou alors, elle ne s'était pas donné la peine de façonner correctement cette partie de la propriété parce que personne ne s'était jamais aventuré aussi loin. Coraline continua à marcher. Alors la brume apparut. Ce n'était pas une brume humide, comme la brume ou le brouillard normaux. Et elle n'était ni tiède ni froide. En fait, Coraline avait la sensation d'avancer dans le néant. "Je suis une exploratrice, songea-t-elle. Et il faut que je m'en aille d'ici par tous les moyens. Alors je continue à avancer." Autour d'elle il n'y avait plus qu'un vaste rien du tout, comme une feuille de papier vierge ou une très, très grande pièce vide toute blanche. Ni température, ni odeur, ni texture, ni goût - rien.

Auteur: Gaiman Neil

Info: Coraline

[ rêve ] [ onirisme ] [ littérature ]

 

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grégarisme

Nous avons tous nos petites illusions solipsistes, effroyables intuitions d'une totale singularité : que nous sommes les seuls de la maison à remplir le bac à glaçons, à vider la machine à laver de sa vaisselle propre, à faire pipi sous la douche de temps en temps, à avoir tel battement de paupière lors d'un premier rendez-vous ; les seuls à prendre la désinvolture très au sérieux ; les seuls à transformer la supplication en courtoisie ;  les seuls à percevoir le pathos pleurnichard dans le bâillement d'un chien, ou un soupir intemporel à l'ouverture d'un bocal hermétique, le rire barbouillé de l'oeuf en train de frire, la complainte en ré mineur du bruit de l'aspirateur ;  seuls à ressentir la panique au coucher du soleil - comme on vit le départ de sa mère le premier jour de l'école maternelle. Qu'on est seuls à aimer ce moi si seul. Que nous avons besoin de ce nous unique. Le solipsisme qui nous lie, J.D. le sait. Qu'on se sentira seul dans une foule ; à l'arrêt pour ne pas s'attarder sur ce qui a amené la foule à exister. Que nous sommes, toujours, des visages dans une foule.

Auteur: Wallace David Foster

Info: Girl with Curious Hair

[ singulières généralités ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

naissance

La maison qu'habitaient alors mes parents est située dans une rue sombre et étroite de Saint-Malo, appelée la rue des Juifs : cette maison est aujourd'hui transformée en auberge. La chambre où ma mère accoucha domine une partie déserte des murs de la ville, et à travers les fenêtres de cette chambre on aperçoit une mer qui s'étend à perte de vue, en se brisant sur des écueils. J'eus pour parrain, comme on le voit dans mon extrait de baptême, mon frère, et pour marraine la comtesse de Plouït, fille du maréchal de Contades. J'étais presque mort quand je vins au jour. Le mugissement des vagues, soulevées par une bourrasque annonçant l'équinoxe d'automne, empêchait d'entendre mes cris : on m'a souvent conté ces détails ; leur tristesse ne s'est jamais effacée de ma mémoire. Il n'y a pas de jour où, rêvant à ce que j'ai été, je ne revoie en pensée le rocher sur lequel je suis né, la chambre où ma mère m'infligea la vie, la tempête dont le bruit berça mon premier sommeil, le frère infortuné qui me donna un nom que j'ai presque toujours traîné dans le malheur. Le Ciel sembla réunir ces diverses circonstances pour placer dans mon berceau une image de mes destinées.

Auteur: Chateaubriand François-René de

Info: Mémoires d'outre-tombe. "Je viens au monde". La Vallée-aux-Loups, le 31 décembre 1811

[ arrivée au monde ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

vertes années

C’est vrai, je n’ai jamais repensé à mon enfance. À présent cependant, elle se trouve soudain à nouveau devant moi, et je suis à nouveau un enfant. Mon père est là à nouveau, son pas lourd résonne, comme jadis, revenant à la maison, il apporte la sécurité, la tranquillité et la protection avec lui. Ma mère est là à nouveau ; elle s’empresse laborieusement à travers les chambres, sans cesse en activité, sans cesse à se soucier de ses enfants et de sa maison. Et dans la cuisine les domestiques travaillent, ils nettoient et rangent et cuisinent les merveilleux gâteaux de fête. L’odeur du gâteau remplit à nouveau la maison, cette odeur, dans laquelle toute l’enfance est celée. Je roule à nouveau, comme jadis, dans les rues hivernales, je me plonge profondément dans les sièges mous de la voiture, autour de moi règnent le tourbillon des flocons de neige, le tintement des grelots et le bruit de l’agitation de la rue. À ma droite et à ma gauche cependant se trouvent mes parents qui m’entourent de leur amour et de leur protection. Tout cela est là à nouveau, mais ce ne sont pas que des souvenirs isolés ou des images, au contraire ils forment un tout, une seule sensation, une seule odeur…

Auteur: Flinker Robert

Info: Le Voyageur

[ souvenir ] [ ambiance ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

ironie

Mes lettres de demande d'emploi, pour sincères qu'elles étaient, masquaient l'entière vérité. Les visages auraient blêmi devant l'intégralité des faits dans leur brutalité. "Monsieur" songeai-je, "Auriez-vous un emploi disponible pour un cambrioleur saisonnier, arnaqueur, faussaire, et voleur de voitures? justifiant également d'une certaine expérience en tant que voleur à main armée, maquereau, tricheur professionnel, et autres petites choses. J'ai fumé la marie-jeanne à douze ans (dans les années quarante) et je me piquais à l'héroïne à seize. Je n'ai aucune expérience du LSD et de la méthédrine. Ils sont venus au goût du jour depuis mon emprisonnement. J'ai enculé de jeunes et jolis garçons ainsi que des homosexuels féminins (mais uniquement lorsque j'étais enfermé, privé de femmes). Dans le jargon des geôles, des prisons et des bas-fonds (certains bas-fonds très sélects), je suis un enfoiré capable de baiser sa mère. Pas vraiment en fait, puisque je ne me souviens pas de ma mère. Dans le monde qui est le mien, ce terme, dans l'emploi que j'en faisais, était la revendication orgueilleuse et vantarde d'être un démon en marche, aux réactions imprévisibles, scandaleuses et outrancières, un véritable virtuose du crime. Naturellement, le fait d'être un enfoiré dans ce monde-là fait de moi une raclure de poubelle dans le vôtre. Disposez-vous d'un emploi pour moi?"

Auteur: Bunker Edward

Info: Aucune bête aussi féroce

[ tromperie ] [ apparence ] [ recherche d'emploi ]

 

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refuge

Il existait beaucoup de légendes sur l'origine de la taïga. Falaleï en avait fait le récit à Marco, alors que celui-ci allait le voir dans son isba. C'étaient des mythes fort anciens, que les hommes s'étaient peut-être racontés entre-eux peu après avoir inventé le langage, et quand ils expliquaient toutes choses au moyen d'histoires imaginaires.

L'une racontait que la terre avait inventé la taïga parce qu'elle voulait se soustraire aux furies du ciel et se créer un abri contre la violence des orages continuels. Une autre disait que la forêt avait été crée, au contraire, afin que les hommes qui poursuivaient l'élan femelle avec des arcs et des bâtons perdent ses traces. Cette femelle immense et maternelle, avec son museau de chameau et son corps mi-cheval mi-cerf, était la mère antique, la génitrice de tous les animaux de la forêt. La toundra résonnait du bruit rythmé de ses sabots, qui dans sa fuite éperdue s'entrechoquaient à une cadence régulière. Les animaux prièrent les dieux de la terre de sauver pour toujours leur grand-mère, et alors la toundra et la steppe se transformèrent d'un seul coup en une forêt sans fin, où tout poursuivant se perdrait et où les animaux, au contraire, se sentiraient parfaitement chez eux. Ainsi l'élan fut sauvé et la taïga devint un labyrinthe inextricable, où tout chasseur s'égarerait.

Auteur: Sgorlon Carlos

Info: Le coquillage d'Anataï

[ dédale ] [ jungle ]

 

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Ajouté à la BD par Le sous-projectionniste

hommage

Camus paie pour sa rectitude, sa droiture, la justesse de ses combats, il paie pour son honnêteté, sa passion pour la vérité, il paie pour avoir été résistant à l'heure où beaucoup résistaient si peu, il paie pour ses succès, ses formidables ventes de livres, il paie pour son talent, il paie pour son Nobel, bien sûr, il paie pour n'être pas corruptible, il paie pour n'avoir pas eu besoin de mentir en traçant son chemin droit, il paie pour sa jeunesse, sa beauté, son succès auprès des femmes, il paie parce que sa vie philosophique était un reproche à l'existence de tant de faussaires, il paie la fidélité à son enfance, au milieu des petites gens dont il vient, il paie de n'avoir rien trahi ni vendu, il paie d'être un fils de pauvre entré par effraction dans le monde germanopratin des gens bien nés, il paie d'avoir choisi la justice, la liberté et le peuple dans un univers d'intellectuels fascinés par la violence, la brutalité et les idées, il paie d'être un autodidacte ayant réussi, il paie parce qu'enfant d'une mère illettrée, il n'aurait jamais dû écrire les livres que se réservaient les élus bien nés, il paie parce que le ressentiment, l'envie, la haine, la jalousie font la loi-à Paris plus qu'ailleurs puisque le pouvoir s'y trouve et que les Rastignac s'y donnent rendez-vous.

Auteur: Onfray Michel

Info: L'ordre libertaire

[ littérature ]

 

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guerre

A mesure qu'augmentaient les détonations des obus et les déflagrations des fusées, ils rentraient la tête dans les épaules, psalmodiant et implorant la grâce du ciel. Puis ils distribuaient quelques claques aux enfants qui reprenaient leurs jeux dès qu'une plage de silence si brève fût-elle, parvenait à s'installer entre deux embrasements. Le sentiment d'écrasement, face à la menace extérieur, se retournait contre les enfants. Les parents ne supportaient plus leur neutralité, leurs cabrioles primesautières en marge de la peur omniprésente, leur indifférence à la toute-puissance de la mort. Les enfants ignorent tout ce qui n'est pas la vie et sa célébration. Entre deux diarrhées provoquées par la peur, il leur suffisait de croiser le regard d'autres enfants pour que s'établisse une sorte de fête que rien ne pouvait empêcher. Ils s'agrippaient un instant à leur mère, et, aussitôt la liste de leurs réclamations se dévidait, il leur fallait constamment manger ou boire quelque chose. A croire qu'ils le faisaient exprès pour éviter à leurs parents de se dissoudre dans la peur. Ils les interpellaient pour leur redonner une apparence sécurisante et les protéger de la démence vers la quelle dérapait, brusquement, le regard des adultes. Pour ramener leur mère à celle qui, à la maison, leur servait à manger et les enveloppait de son regard souriant en les mettant au lit. Pour détourner leur père de ses sorties nocturnes et lui défendre de rejoindre les autres hommes.

Auteur: Barakat Hudá

Info: La pierre du rire

[ familles ] [ équilibre ]

 

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anecdote

Une autre fois, dans les Dolomites, ces cathédrales de la terre, nous gravissions un couloir au spigolo del Velo. J'arrivais sur un léger replat, quand une pierre tomba à mes côtés. Je levais la tête : vingt mètres au-dessus de moi, il y avait deux chamois, la mère et son petit. Nos chemins se croisaient. Un instant, nous restâmes figés de part et d'autre, puis, décision vite prise, dans une harmonie de sauts, les deux bêtes plongèrent dans le couloir et me frôlèrent. Bien sûr, la mère allait devant, et le petit suivait. En dessous du replat se creusait brutalement le ressaut, mais la mère devait savoir que pour l'éviter, cinq mètres sur la droite, il y avait une vire ; elle se détendit et dans une envolée se retrouva sur l'autre bord. Le petit, qui la suivait de trop près orienta mal son élan et se lança d'abord droit vers le vide, mais immédiatement après le début de son bond, par une merveilleuse cambrure en plein vol, il rectifia sa direction. La mère l'attendait, il atterrit à ses côtés et, avant qu'ils ne poursuivissent, il y eut entre eux deux un regard échangé.
Les ballets imaginés par les hommes sont beaux ; ils ne sont pas plus beaux. Le spigolo del Velo - l'arête du Voile - est une très belle escalade, mais ce jour-là, vous vous en doutez, après ce que nous avions vu, l'escalade était secondaire.

Auteur: Rébuffat Gaston

Info: La montagne est mon domaine

[ animal ] [ alpinisme ] [ nature ] [ émotion ] [ émerveillement ]

 

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