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poème

Dans les caveaux d'insondable tristesse
Où le Destin m'a déjà relégué ;
Où jamais n'entre un rayon rose et gai ;
Où, seul avec la Nuit, maussade hôtesse,

Je suis comme un peintre qu'un Dieu moqueur
Condamne à peindre, hélas ! sur les ténèbres ;
Où, cuisinier aux appétits funèbres,
Je fais bouillir et je mange mon coeur,

Par instants brille, et s'allonge, et s'étale
Un spectre fait de grâce et de splendeur.
A sa rêveuse allure orientale,

Quand il atteint sa totale grandeur,
Je reconnais ma belle visiteuse :
C'est Elle ! noire et pourtant lumineuse.

Auteur: Baudelaire Charles

Info: Les Ténèbres

[ mélancolie ] [ mort ]

 

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éternité

Ressentir comment le présent et les signes des âmes qu'il recèle nous appellent et voudraient parfois nous retenir, telles des choses à demi vivantes mais n'ayant pas droit à notre futur -comme nous n'avons pas droit à leur passé- non pas des moments de bonheur intense où le passé et le futur sont comme abolis, mais des moments de communion avec la présence éphémère des choses et des êtres, et qui sont le sentiment du temps lui-même, ses signes, ses mots, ses gestes pour les sourds et muets que nous sommes devant lui, le sentiment de l'inexorable, de la grande route.

Auteur: Rivella Frédéric pseudo

Info:

[ instant ] [ mélancolie ] [ nostalgie ] [ fantômes ] [ réalité onirique ]

 

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Ajouté à la BD par Kadubol

blues

Si le bonheur est une aptitude, la tristesse l’est aussi. Peut-être à cause de la scolarité, ou peut-être au travers d'autres terreurs, on nous apprend à ignorer la tristesse, à la mettre dans nos cartables et à faire comme si elle n'existait pas. Adultes, nous devons apprendre à entendre la clarté de son appel. C'est l'hivernage. C'est l'acceptation active de la tristesse. Savoir la ressentir comme un besoin. C’est le courage de mépriser les pires aspects de notre expérience et de s’engager à les guérir du mieux que nous pouvons. L’hivernage est un moment d’intuition, nos besoins véritables sont perceptibles comme la lame d'un couteau.


Auteur: May Katherine Katie

Info: L'hivernage : le pouvoir du repos et de la retraite dans les moments difficiles

[ mélancolie ] [ innés ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

volonté de puissance

Je vis assis, tel qu’un ange aux mains d’un barbier,
Empoignant une chope à fortes cannelures,
L’hypogastre et le col cambrés, une Gambier
Aux dents, sous l’air gonflé d’impalpables voilures.

Tels que les excréments chauds d’un vieux colombier,
Mille Rêves en moi font de douces brûlures :
Puis par instants mon cœur triste est comme un aubier
Qu’ensanglante l’or jeune et sombre des coulures.

Puis, quand j’ai ravalé mes rêves avec soin,
Je me tourne, ayant bu trente ou quarante chopes,
Et me recueille, pour lâcher l’âcre besoin :

Doux comme le Seigneur du cèdre et des hysopes,
Je pisse vers les cieux bruns, très haut et très loin,
Avec l’assentiment des grands héliotropes.

Auteur: Rimbaud Arthur

Info: "Oraison du soir"

[ mélancolie ] [ envoyer chier ] [ chic ] [ vulgaire ] [ picole ] [ poème ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

souffrance psychique

Je cessai d’avoir mal, mais si lentement
Que je ne vis pas s’en aller le tourment –
Et ne compris qu’en regardant en arrière –
Que quelque chose – avait voilé la Route –

Et quand ce mal changea, je ne saurais dire,
Car je l’avais porté, jour après jour,
Et usé comme la robe d’Enfant –
Que j’accrochais, le soir, à la Patère.

Mais non le Chagrin – blotti comme Aiguilles –
Que plantent doucement les dames
Dans les Joues de Coussinets –
Pour les garder en place –

Ni ce qui le consola, je n’ai pu le déceler –
Sinon que là où la Jungle régnait –
C’est mieux – presque la Paix –

Auteur: Dickinson Emily

Info: Cahier 14, 584, traduction Claire Malroux

[ adoucissement de la peine ] [ marquage psychique ] [ mélancolie ] [ poème ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

postérité

La nuit s’efface. Les étoiles s’éloignent. Voici que les dernières courtisanes sont rentrées avec les amants. Et moi, dans la pluie du matin, j’écris ces vers sur le sable.

Les feuilles sont chargées d’eau brillante. Des ruisseaux à travers les sentiers entraînent la terre et les feuilles mortes. La pluie, goutte à goutte, fait des trous dans ma chanson.

Oh ! que je suis triste et seule ici ! Les plus jeunes ne me regardent pas ; les plus âgés m’ont oubliée. C’est bien. Ils apprendront mes vers, et les enfants de leurs enfants.

Voilà ce que ni Myrtalê, ni Thaïs, ni Glykéra ne se diront, le jour où leurs belles joues seront creuses. Ceux qui aimeront après moi chanteront mes strophes ensemble.

Auteur: Louys Pierre Louis dit Pierre

Info: "La pluie au matin", in "Chansons de Bilitis"

[ transmission ] [ mélancolie ] [ éphémère ] [ gagnants ] [ poème ]

 

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Ajouté à la BD par Benslama

innommable

Ces quatre femmes et cet homme que je viens d’évoquer […] sont silencieux, je veux dire enveloppés, cerclés, dans un linceul qui préfigure une sorte de mort. Ce linceul est un silence antérieur à toute parole, ni refoulé ni restituable. Il est celui de leur mère, une mère comme ensevelie vivante dans la tombe, qu’ils nourrissent et protègent intérieurement de peur d’être rendus à jamais coupables de l’avoir abandonnée et ainsi, d’avoir tranché le dernier lien qui la retenait à la vie. C’est une part d’eux-mêmes qu’ils sacrifient, chacun à partir des scénarios de son désir, depuis une enfance qui les a engagés dans une histoire singulière, mais lestée du poids d’un silence tombal qui vient de beaucoup plus loin qu’ils ne peuvent l’imaginer, le concevoir.

Auteur: Dufourmantelle Anne

Info: Dans "La sauvagerie maternelle", page 99

[ mélancolie ] [ loyauté inconsciente ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

affliction

Le temps s'arrête quand quelqu'un meurt. Bien sûr, qu'il s'arrête pour eux, peut-être, mais pour ceux en deuil le temps devient n'importe quoi. La mort vient trop vite. Elle oublie les marées, les jours qui s'allongent et diminuent, la lune. Elle déchire le calendrier. Vous n'êtes pas à votre bureau ou dans le métro ou à faire le repas pour les enfants. Vous observez des gens dans une salle d'attente de chirurgie, ou frissonnez à l'extérieur sur un balcon à fumer toute la nuit. Vous regardez l'espace, assis dans votre chambre d'enfant, une mappemonde sur le bureau... Le mauvais côté c'est que lorsque vous revenez à votre vie ordinaire et toutes ses routines, les marques du jour deviennent des mensonges insensés. Tout est suspect, combine pour nous endormir, pour nous ramener dans l'implacable placidité du temps.

Auteur: Berlin Lucia Brown

Info: A Manual for Cleaning Women: Selected Stories

[ mélancolie ]

 

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couple

Pierre marchait du haut en bas du salon. Le visage d'Hedwige devint d'un or vert magnifique.

- Ecoute, Hedwige, sois raisonnable ; tu as besoin d'air ; dix jours à la mer nous feront du bien à tous les deux ; nous partons demain ; les billets sont pris, les chambres retenues...

Hedwige ferma les yeux ; quand Pierre était passé elle les rouvrait, mais il y avait un moment où il se profilait rapidement sur la lumière, où il se glissait entre elle et la fenêtre, qui lui était si douloureux qu'elle contractait violemment les paupières pour ne pas les voir. C'était pénible, cette marche alternée, comme l'escarpolette après déjeuner. Hedwige guettait son mari du coin de l'œil, prête à éviter sa trajectoire. Par contraste, cette agitation la rejetait vers sa mère comme vers un paradis perdu, lui donnant la nostalgie de l'immobile lit Boirosé.

Auteur: Morand Paul

Info: l'homme pressé (1941, 350 p., Gallimard, p. 223, 224)

[ rapport hommes-femmes ] [ poésie du détail ] [ regard ] [ retour en arrière ] [ mélancolie ] [ hier déchu ]

 

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autosuffisance

Vivre une vie cultivée et sans passion, au souffle capricieux des idées, en lisant, en rêvant, en songeant à écrire, une vie suffisamment lente pour être toujours au bord de l’ennui, suffisamment réfléchie pour n’y tomber jamais.

Vivre cette vie loin des émotions et des pensées, avec seulement l’idée des émotions, et l’émotion des idées. Stagner au soleil en se teignant d’or, comme un lac obscur bordé de fleurs.

Avoir, dans l’ombre, cette noblesse de l’individualisme qui consiste à ne rien réclamer, jamais, de la vie.

Être, dans le tournoiement des mondes, comme une poussière de fleurs, qu’un vent inconnu soulève dans le jour finissant, et que la torpeur du crépuscule laisse retomber au hasard, indistincte au milieu de formes plus vastes. Être cela de connaissance sûre, sans gaieté ni tristesse, mais reconnaissant au soleil de son éclat, et aux étoiles de leur éloignement.

En dehors de cela, ne rien être, ne rien avoir, ne rien vouloir…

Auteur: Pessoa Fernando

Info: Dans "Le livre de l'intranquillité"

[ existence ] [ contemplation ] [ équilibre ] [ insignifiance assumée ] [ réconfort ] [ amour de la vie ] [ mélancolie ]

 
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