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rangement

Boîtes en fer blanc
Au début nous ne rangions pas nos souvenirs dans des boîtes. Nous les laissions simplement traîner partout autour de nous, en les poussant, les déplaçant et les oubliant pour un temps. On les tenait dans les fissures des murs, sous les tapis, parmi les vieilles choses remisées, dans les poches des manteaux que l'on ne portait pas, entre les pages des livres, dans les armoires et les bouquets de fleurs sèches. Puis, quand tous les endroits "secrets" en regorgeaient, nous tombions quotidiennement sur eux, nous les retrouvions par hasard en faisant le ménage ou en cherchant une place pour de nouveaux souvenirs. Nous avons bientôt compris qu'un désordre pareil ne pouvait être plus longtemps toléré, et que nous risquions aussi de voir un souvenir important se perdre, se faire manger par les mites ou attaquer par l'humidité. C'est pourquoi, un samedi, nous avons organisé un grand ménage. Nous avons sorti tous les souvenirs à la lumière du jour, les avons brossés, exposés au soleil, puis enveloppés dans des morceaux de toile cirée, et pour finir rangés dans des boîtes à biscuits, à tabac ou à bonbons. Nous n'en avons jeté aucun (même pas le plus désagréable), car on ne jette pas les souvenirs, pour éviter qu'un jour puisse se trouver aux ordures une partie de nous-mêmes plus grande que celle qui nous reste.

Auteur: Petrovic Goran

Info: Atlas des reflets célestes, p 214

[ conservation ] [ littérature ]

 

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émerveillement

Pour la première fois je mangeais à la cantine.

J’ai bientôt onze ans et je pousse un plateau le long de deux rails en métal. Il fallait faire vite, choisir entre la peste et le choléra, pressée par les grands. Sous mes yeux s'étalaient les splendeurs de la nourriture industrielle. Enfin la France s'exprimait dans mon assiette : cordons bleus, carottes râpées, hachis Parmentier, concombre à la crème, céleri rémoulade. Tous ces mets exotiques étaient pour moi synonymes de modernité et de liberté. Salé, acide, tiède. Je jubilais de faire mon entrée dans le monde grâce à la cuisine du réfectoire. […] Je rencontrais des jeunes filles fraîches et françaises qui pourraient me faire sortir de mon territoire hispanique moyenâgeux entouré de barbelés. La première à me tendre la main portait le prénom prometteur de Flavie. En me liant à elle, je tournais le dos aux autres comme moi, les filles du rez-de-chaussée, espagnoles, portugaises et yougos. Je devenais un peu française.

Rêvant de m'appeler Sophie ou Julie, je tenais parfaitement mon rôle de jeune fille modèle devant les parents des copines qui m'invitaient à dîner, à dormir. Je jouais au singe savant. Oh, qu'elle est cultivée pour une fille de femme de ménage ! […] J’avais grandi comme une souris de laboratoire en captivité, j'avais enfin trouvé la sortie du labyrinthe que mes parents avaient construit autour de moi.

Auteur: Larrea Maria

Info: Les gens de Bilbao naissent où ils veulent, pp 75-76

[ enfantin ] [ adolescent ] [ libération ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

emmerdeurs

" [...] Vous êtes allés voir le nouveau film de Woody Allen ou pas ?"
JE TROUVE QUE C'EST UN SIGNE DE FAIBLESSE quand la conversation porte trop vite sur les films. Au fond, les films sont plutôt un sujet pour la fin de soirée, quand on n'a vraiment plus rien à dire. Je ne sais pas pourquoi, mais je ressens toujours un creux dans l'estomac quand les gens se mettent à parler de films : c'est comme s'il recommençait à faire nuit dehors alors qu'on vient de se lever.
Le pire, ce sont ceux qui racontent les films du début jusqu'à la fin ; ils prennent tout leur temps, ils s’étendent pendant un quart d'heure : un quart d'heure par film, j'entends. Peu leur importe au fond que vous ayez l'intention d'aller voir le film en question ou que vous l'ayez vu depuis longtemps, ils ne tiennent aucun compte de ce genre d'information, ils sont déjà en plein milieu de la scène d'ouverture. Par politesse, vous faites mine au début de vous intéresser, mais vous renoncez vite à toute forme de politesse, vous bâillez ouvertement, regardez le plafond et changez sans cesse de position sur votre chaise, Vous ne ménagez pas votre peine pour faire taire le conteur, mais rien n'y fait, il est déjà allé trop loin pour percevoir ces signaux à leur juste valeur, il est surtout esclave de lui-même et des âneries qu'il débite.

Auteur: Koch Herman

Info: Le dîner

[ emmerdeurs ] [ bavards ]

 

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isolement

J’étais alors seul la plupart du temps, la vie conjugale et la vie dans les bois n’ayant pas fait bon ménage. Outre ma propre personne, je disposais de quatre chiens, de deux traîneaux, d’un harnais et de raquettes, de quelques livres et j’avais ma passion pour cette région. J’étais bien décidé à apprendre tout ce que je pouvais afin de me préparer à une longue vie dans les bois.
Pendant un temps, je posai mes pièges le long de la Tanana et sur les anciens chemins jouxtant Richardson et Tenderfoot, pas trop loin de chez moi. Sur le moment, j’en fus pour mes peines, malgré toutes ces expéditions et toutes ces recherches, tous ces regards perplexes scrutant la neige. Malgré tout, j’en tirai une leçon. J’appris à lire une piste animale, l’empreinte laissée sur la neige par la patte, l’aile ou la queue. D’une certaine façon, étrange et intuitive, c’était comme si je m’initiais à une langue étrangère où le moindre détail, le moindre accent avait une signification particulière. Cette langue m’amenait pas à pas dans un monde que j’avais, me semblait-il, connu naguère avant de l’oublier – un monde rempli d’ombres, hanté par les visions encore à moitié présentes du passé. J’y trouvais mes marques, plus ou moins certain – même si j’étais seul, loin de tout ce qui avait entouré mon enfance – que j’étais là où je devais être, à faire ce que je devais faire.

Auteur: Haines John Meade

Info: Vingt-cinq ans de solitude : Mémoires du Grand Nord

[ chasse ] [ nature ]

 

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femmes-hommes

La polygamie paraît générale chez eux [...]. Comme leur seule passion est l'amour, le grand nombre des femmes est le seul luxe des riches. [...] Ce n'est pas l'usage à Tahiti que les hommes, uniquement occupés de la pêche et de la guerre, laissent au sexe le plus faible les travaux pénibles du ménage et de la culture. Ici une douce oisiveté est le partage des femmes, et le soin de plaire leur plus sérieuse occupation. Je ne saurais assurer si le mariage est un engagement civil ou consacré par la religion, s'il est indissoluble ou sujet au divorce. Quoi qu'il en soit, les femmes doivent à leurs maris une soumission entière : elles laveraient dans leur sang une infidélité commise sans l'aveu de l'époux. Son consentement, il est vrai, n'est pas difficile à obtenir, et la jalousie est ici un sentiment si étranger que le mari est ordinairement le premier à presser sa femme de se livrer. Une fille n'éprouve à cet égard aucune gêne ; tout l'invite à suivre le penchant de son coeur ou la loi de ses sens, et les applaudissements publics honorent sa défaite. Il ne semble pas que le grand nombre d'amants passagers qu'elle peut avoir eu l'empêche de trouver ensuite un mari. Pourquoi donc résisterait-elle à l'influence du climat, à la séduction de l'exemple ? L'air qu'on respire, les chants, la danse presque toujours accompagnée de postures lascives, tout rappelle à chaque instant les douceurs de l'amour, tout crie de s'y livrer.

Auteur: Bougainville Louis-Antoine de

Info: Voyage autour du monde

[ Polynésie ] [ historique ] [ sexualité libre ]

 

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parents

J’ai été élevée dans une ascèse qui aurait pu être qualifiée de luthérienne si mes parents n’avaient été de fervents catholiques. Par conviction pour mon père, qui allait s’engager pour le séminaire au moment où il rencontra ma mère, et par obligation pour cette dernière, que la religion avait à vrai dire toujours emmerdée mais dont elle ne questionnait pas le bien-fondé des prescrits. Elle était catholique parce que c’était ce qu’on était à son époque, dans un milieu qui ne tolérait aucune excentricité. Là-bas, mettre une veste en cuir témoignait déjà d’un douteux processus de marginalisation : ma mère portait des cols Claudine.
À la fin des années soixante-dix, ils se marièrent, achetèrent une maison, se mirent en ménage, eurent des enfants, et se prirent ensuite à espérer que ceux-ci deviennent aussi conventionnels qu’eux, car enfin les conventions n’existaient pas pour rien. Ma mère était une grande femme sèche comme une merluche, noueuse comme un saule, née fâchée, comme en attestait la ride profonde entre ses sourcils. Mon père, de son côté, rasait les murs tel un moine capucin et ne parlait pour ainsi dire jamais, sauf pour donner l’heure à ma mère qui persistait à ne pas porter de montre pour entretenir sa dépendance à son époux. À la maison, nous vivions à moitié dans le noir car c’était ainsi que l’intimait notre culture domestique, tenant d’une certaine esthétique de la prostration et parce que l’électricité coûtait cher. Ma sœur et moi ne manquions de rien, sauf du superflu.

Auteur: Myriam Leroy

Info: Ariane

[ couple ] [ famille ] [ artificiel ] [ convenu ] [ coincés ] [ tradition ]

 

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dépayser

Vous savez, l'inventeur des menottes, des fers et des chaînes ne se serait jamais douté de l'utilisation que ces conceptions d'un âge plus rude et plus simple que le nôtre auraient un jour dans le monde moderne! Si j'étais à la place des promoteurs immobiliers et des responsables de l'aménagement du territoire en banlieue, j'en prévoirais au minimum une paire au mur de chaque foyer. Quand les banlieusards seraient fatigués de la télévision, du ping-pong ou des autres activités, quelles qu'elles soient, qu'ils pratiquent dans leur foyer, ils pourraient s'enchaîner les uns les autres, se jeter aux fers pour un moment. Tout le monde adorerait ça. On entendrait les épouses: "Mon mari m'a jetée aux fers, hier soir. C'était formidable. Le vôtre ne vous l'a jamais fait?". Les enfants se hâteraient de rentrer de l'école à la maison car leur mère les y attendrait pour les enchaîner. Cela permettrait aux enfants d'enrichir leur imagination, ce que le télé leur interdit, et je ne doute pas que la délinquance juvénile en serait considérablement diminuée. Quand le père rentrerait à son tour, les autres membres de la famille pourraient se saisir de lui et le jeter aux fers pour lui apprendre à être assez stupide pour travailler toute une journée dans le but de subvenir aux besoins du ménage. Les vieux parents ennuyeux pourraient être enchaînés dans le garage. On leur libérerait les mains une fois par mois, pour leur permettre d'endosser leur chèque de sécurité sociale ou leur retraite. Les fers et les chaînes permettraient la construction d'une vie plus belle pour tous.

Auteur: Toole John Kennedy

Info: La conjuration des imbéciles, p.322 Robert Laffont

[ . ]

 

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ambiance rasta

La tournée terminée, Tom et Roger pensèrent qu'après le succès de I Shot The Sheriff, ce serait bien de descendre dans les Caraïbes pour continuer sur le thème du reggae. Ils organisèrent un voyage en Jamaïque, où ils jugeaient qu'on pourrait fouiner un peu et puiser dans l'influence roots avant d'enregistrer. Tom croyait fermement au bienfait d'exploiter cette source, et je n'avais rien contre puisque ça voulait dire que Pattie et moi aurions une sorte de lune de miel. Kingston était une ville où il était fantastique de travailler. On entendant de la musique partout où on allait. Tout le monde chantait tout le temps, même les femmes de ménage à l'hotel. Ce rythme me rentrait vraiment dans le sang, mais enregistrer avec les Jamaïcains était une autre paire de manches.

Je ne pouvais vraiment pas tenir le rythme de leur consommation de ganja, qui était énorme. Si j'avais essayé de fumer autant ou aussi souvent, je serais tombé dans les pommes ou j'aurais eu des hallucinations. On travaillait aux Dynamic Sound Studios à Kingston. Des gens y entraient et sortaient sans arrêt, tirant sur d'énormes joints en forme de trompette, au point qu'il y avait tant de fumée dans la salle que je ne voyais pas qui était là ou pas. On composait deux chansons avec Peter Tosh qui, affalé sur une chaise, avait l'air inconscient la plupart du temps. Puis, soudain, il se levait et interprétait brillamment son rythme reggae à la pédale wah-wah, le temps d'une piste, puis retombait dans sa transe à la seconde où on s'arrêtait.

Auteur: Clapton Eric

Info: E.C. : The Autobiography

[ haschisch ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

néolibéralisme

Une dépanneuse se fraya un chemin tonitruant jusqu'au lieu de l'accident. Bientôt, le bouchon se résorba. En passant devant l'épave calcinée d'un coupé Maserati, Frank se demanda quand l'enrichissement des entrepreneurs avait cessé de refléter leur contribution au bien général. Les fondateurs de Hewlett-Packard ne recherchaient pas la fortune ; elle était venue progressivement à eux, fruit de produits innovants et de clients satisfaits. Même richissimes, Bill Hewlett et Dave Packard avaient continué à vivre de manière frugale. Ils considéraient les employés de HP comme des membres de leur famille tout en discutant d'égal à égal avec les chefs d'Etat. Leurs fondations caritatives avaient injecté des centaines de millions de dollars dans l'économie locale; des hôpitaux, des écoles, d'innombrables bâtiments portaient leur nom.

L'économie n'avait jamais fabriqué autant de milliardaires. Des gamins de vingt-cinq balais touchaient le jour de l'introduction en Bourse de leur start-up l’équivalent de mille ans du salaire d'un postier. Ils célébraient leur triomphe en s'achetant des îles privées et des équipes de sport. Trop jeunes pour comprendre l'intérêt de la philanthropie, trop certains de leur génie pour admettre qu'ils avaient gagné à la loterie du capitalisme, ils menaient une existence vide de sens, à la mesure de la crétinerie souvent abyssale de leurs produits. Grâce à des montages juridiques obscènes mais légaux, ils payaient moins d'impôts qu'une femme de ménage et réinvestissaient les économies réalisées dans la construction de palaces flottants immatriculés dans des paradis fiscaux. Ils s'offraient des virées dans l'espace comme d'autres un week-end à Vegas, flambaient dans les casinos au bras de starlettes écervelées et présentaient leur application de livraison de sushis comme le remède à tous les maux de la planète.

Auteur: Bello Antoine

Info: Ada

[ superflu ] [ inconscience ] [ moraline ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

création de besoins

Revenons en 1925. Cinq mois de visites officielles, de banquets, de congrès scientifiques et de festivités éclairées par le phare de la tour Perret. Un million de visiteurs découvrant locomotives électriques, fontaines lumineuses, trayeuses de la "Ferme électrique" et appareils ménagers de la "Maison moderne". Si avec ça "les mentalités n’évoluent pas" - entendez si le populo n’a pas la tête farcie de "nouveaux besoins" - c’est à désespérer de l’industrie publicitaire. L’affiche de l’événement illustre la philosophie de ces progressistes : la Fée électricité arrose Grenoble de pièces d’or. Pour plus de pédagogie, l’exposition présente deux repoussoirs : un "village nègre" et un "village alpin", bloqués dans les temps pré-bergessiens. Ne riez pas, contemporains de l’âge informatique, internautes de la Toile, du cyberespace et des réseaux sociaux, c’est avec les mêmes méthodes et arguments qu’on vous a vendu un micro-ordinateur, avant de vous greffer un smartphone et en attendant la prise (le plug), derrière votre boîte crânienne ; voire l’implant cérébral qui vous mettra en connexion permanente avec vos dix milliards de clones et toutes les sources d’information de la planète.

"Ainsi, l’évolution des techniques, la modernisation des appareils et l’acceptation par la population de nouveaux modes de consommation incités par les pouvoirs publics, firent entrer l’innovation énergétique en général, et la Fée Électricité en particulier, dans tous les foyers grenoblois." [Isabelle Delestre]

Traduction : il fallut plus d’un quart de siècle et de lourds investissements en marketing pour imposer l’électricité à une population pour le moins circonspecte. Nulle foule en liesse pour fêter le triomphe de l’innovation. À y regarder de près, la Fée Electricité a forcé la porte des foyers. L’année de l’exposition de Grenoble, plusieurs articles déplorent la faiblesse de la consommation.

Auteur: PMO Pièces et main-d'oeuvre

Info: http://www.piecesetmaindoeuvre.com/IMG/pdf/retour_a_la_bougie.pdf

[ propagande ] [ vente forcée ] [ fabrication du consentement ]

 
Mis dans la chaine

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Ajouté à la BD par Coli Masson