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zen

Comme dans un éclair
je cesse de m’entendre :
silence

Auteur: Carmen Boullosa

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[ vacuité ] [ poème ]

 

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prière

Parfois tout était trop difficile et alors c'est chaque fois la même phrase qui me venait. Elle déboulait sans crier gare, pulsant à l'intérieur de ma tête : Seigneur, Seigneur, pourquoi m'as-tu abandonnée ? Pourquoi elle ? Je pensais avoir perdu depuis des années tout rapport au religieux. A qui m'adressais-je donc ainsi lorsque je me sentais sur le point de sombrer, intimement convaincue que quelqu'un, quelque part, m’entendait ?

Auteur: Tardieu Laurence

Info: D'une aube à l'autre, p 11

[ soliloque ]

 
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Ajouté à la BD par miguel

dictature

J’ai vite appris à ne pas répéter tout ce que j’entendais. On m’a enseigné à ne jamais exprimer mes opinions, à ne jamais rien remettre en question. J’ai appris à suivre aveuglément ce que le gouvernement me disait de faire, de dire, ou de penser. Je croyais vraiment que notre Cher Dirigeant, Kim Jong-il, pouvait lire dans mes pensées, et que je serais punie si j’en avais de mauvaises. Et si lui ne m’entendait pas, les espions étaient partout, à écouter aux fenêtres et à surveiller la cour d’école.

Auteur: Yeonmi Park

Info: Je voulais juste vivre

[ éducation ] [ oppression ]

 

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spécialisation

Appellerai-je homme d’esprit celui qui, borné ou renfermé dans quelque art, ou même dans une certaine science qu’il exerce dans une grande perfection, ne montre hors de là ni jugement, ni mémoire, ni vivacité, ni mœurs, ni conduite, qui ne m’entend pas, qui ne pense point, qui s’énonce mal : un musicien, par exemple, qui, après m’avoir enchanté par ses accords, semble s’être remis avec son luth dans un même étui, ou n’être plus, sans cet instrument, qu’une machine démontée à qui il manque quelque chose, et dont il n’est plus permis de rien attendre.

Auteur: La Bruyère Jean de

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[ question ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

déforestation

- Sais-tu pourquoi nous n’avons, nous les Islandais, que quelques dizaines de bateaux pontés pour pêcher face à vos centaines de goélettes ? Parce que nos ancêtres ont pensé, comme toi, que la nature était inépuisable et ont sacrifié la forêt qui couvrait la quasi-totalité de la surface de cette île, tu m’entends, la quasi-totalité. Ça fait neuf siècles déjà, et rien n’a jamais repoussé depuis. Nous n’avons pas de bateau pour pêcher et nous nourrir, ou pour repousser vos goélettes qui pillent notre mer, parce que nous avons épuisé le bois pour les construire, tout simplement. Plus du tout.

Auteur: Manook Ian Patrick Manoukian

Info: A Islande ! p 147

[ historique ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

occultisme moderne

La seule vérité scientifique est celle du résultat observable et communicable à n’importe quel homme placé dans les mêmes conditions d’observation et d’expérimentation. [...]

Or, par une étrange contradiction, voici que cette même science, dont on s’est tant servi pour combattre la religion, exige à son tour des actes de foi, c’est-à-dire ce qu’il y a de plus contraire à la mentalité scientifique. Et nous voyons se développer une espèce de religion de la science sur les ruines de la religion divine... [...]

Qu’on m’entende bien : je n’attaque pas ici la science en tant que telle et je n’impose aucune limite à ses possibilités futures ; c’est au contraire par respect de la vraie science, dont la première loi est l’objectivité et l’impartialité absolues, que je proteste contre ces falsifications passionnelles et publicitaires de la vérité scientifique.

Auteur: Thibon Gustave

Info: Dans "L'équilibre et l'harmonie", Librairie Arthème, Fayard, 1976, pages 171-172

[ dégradation ] [ résurgence religieuse ] [ croyance ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

adieu

En supposant qu’il y ait quelqu’un pour t’écouter et que tu meures cette nuit ?

On m’entendrait mourir.

Pas de dernières paroles ?

Les dernières paroles ne sont que des mots.

Dis-les-moi, modèle de ta propre genèse sinistre qu’interprète une flamme sous une cloche de verre.

Je dirais que je n’ai pas été malheureux.

Tu ne possèdes rien.

Les derniers seront peut-être les premiers.

En es-tu sûr ?

Non.

De quoi es-tu sûr ?

Je suis sûr que le dernier comme le premier souffrent de la même manière. Pari passu.

De la même manière ?

Ce n’est pas seulement dans les ténèbres de la mort que toutes les âmes ne sont qu’une seule et même âme.

De quoi te repentirais-tu ?

De rien.

De rien ?

D’une chose ? J’ai parlé avec amertume de ma vie et j’ai dit que je prendrais ma propre défense contre l’infamie de l’oubli et contre sa monstrueuse absence de visage et que je dresserais une stèle dans le vide même sur laquelle tous liraient mon nom. Cette vanité je l’abjure tout entière.


Auteur: McCarthy Cormac

Info: Suttree p 542

[ confession ] [ épitaphe ] [ disparition ]

 

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Ajouté à la BD par Plouin

rêverie

De hautes fougères flambent doucement, comme suspendues, portant leurs graines sous l’aile avant de les prodiguer autour d’elles. Les plantes s’élèvent-elles pour autre chose que ce don léger ? Ainsi voit-on des jeunes filles répandre le pollen de leurs regards. Mais le bois est désert. Je m’entends à peine avancer. Des pierres se sont éboulées parmi les aiguilles pourpres. Un ramier glisse du haut d’un arbre, descend obliquement, se pose : éventail de plumes grises qui s’ouvre sur le sol ; ou plutôt, morceau de silence détaché de l’espace. À moins que ce ne soit, sur mon cœur, un battement de paupières ? Que rien ne s’éloigne plus ! Les fougères, les roseaux tremblent.

Un grand serpent disparaît dans les hautes herbes jaunâtres.

Le silence pèse. Vais-je imaginer qu’une femme le dérange, qui approche entourée de ses cheveux, vais-je apprendre que ce sont des yeux qui ignorent le temps, et comment on marche quand on n’a ni regrets, ni désirs ? A-t-elle, pas plus liée par ses pieds au sol que la flamme à la bougie, le regard opaque (ou trop transparent) des bêtes ? Est-ce pourquoi elle aurait prêté l’oreille à l’une d’elles ? Le serpent nous répugne peut-être parce que nous savons son histoire. Elle, le voyait-elle seulement ? Ce n’était qu’un éclair paresseux ou une eau lente. Elle était encore prise dans le globe clos du jour : lequel de nos mots aurait-il eu un sens pour elle ? Sûrement pas danger, faute, mensonge…

Auteur: Jaccottet Philippe

Info: Paysages avec figures absentes

[ épiphanie ] [ Eurydice ] [ mirage ] [ nature ] [ femmes-par-homme ] [ question ]

 

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Ajouté à la BD par Plouin

réversibilité des mérites

Une minute vient de s’écouler. Cela fait environ cent morts et cent nouveau-nés de plus. Une centaine de vagissements et une centaine de derniers soupirs. Le calcul est fait depuis longtemps. Le compte est exact. C’est la balance du grouillement de l’humanité. Dans une heure, il y aura six mille cadavres sous votre lit et six mille petits enfants, tout autour de vous, pleureront par lierre ou dans des berceaux.

Or, cela n’est rien. Il y a la multitude infinie de ceux qui ne sont plus à naître et qui n’ont pas encore assez souffert pour mourir. Il y a ceux qu’on écorche vivants, qu’on coupe en morceaux, qu’on brûle à petit feu, qu’on crucifie, qu’on flagelle, qu’on écartèle, qu’on tenaille, qu’on empale, qu’on assomme ou qu’on étrangle ; en Asie, en Afrique, en Amérique, en Océanie, sans parler de notre Europe délectable ; dans les forêts et dans les cavernes, dans les bagnes ou les hôpitaux du monde entier.

Au moment même où vous bêlerez de volupté, des grabataires ou des suppliciés, dont il serait puéril d’entreprendre le dénombrement, hurleront, comme en enfer, sous la dent de vos péchés. Vous m’entendez bien ? De vos péchés ! Car voici ce que vous ne savez certainement pas, aimable fantôme.

Chaque être formé à la ressemblance du Dieu vivant a une clientèle inconnue dont il est, à la fois, le créancier, et le débiteur. Quand cet être souffre, il paie la joie d’un grand nombre, mais quand il jouit dans sa chair coupable, il faut indispensablement que les autres assument sa peine.

Auteur: Bloy Léon

Info: Dans "La femme Pauvre", Mercure de France, 1972, pages 278-279

[ plaisir-souffrance ] [ vie-mort ] [ cycles ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

dernières paroles

Longue et brune, la taille bien prise dans un tailleur noir de bonne coupe : Madame Pichon, à soixante-quatre ans, avait de l'allure et du charme. Il y a quelques mois, elle avait acheté un minuscule logement dans une cité du dix-huitième arrondissement de Paris. Elle y vivait seule. Deux fois divorcée, elle ne recevait pas de visite et ses deux enfants l'avaient semble-t-il oubliée. Ses voisins la connaissaient peu. Au début, on la voyait parfois faire ses courses. Puis plus rien. Elle était partie, peut-être. Personne ne s'est ému lorsque, répondant à une petite annonce, elle avait participé à une émission d'Anne Gaillard consacrée à la solitude et diffusée le 27 septembre 1984. 

Ancien mannequin du couturier Jacques Fath, Marcelle Pichon avait été heureuse sans doute, il y bien longtemps. Mais elle crevait de solitude. Avec pudeur, elle l'avait dit devant les caméras de FR 3 : Le pire c'est de devoir rentrer chez moi et de ne pas m’entendre "Bonsoir chérie."

Personne ne dira plus jamais bonsoir a Marcelle Pichon. En septembre 1984, l'électricité de son studio est coupée. Les factures s’accumulent. Dans un cahier d'écolière, elle note : "J’ai de graves difficultés financières. Je suis lasse de la vie."  Elle ne s'alimente plus. Et du 23 septembre au 6 novembre, elle note les phases de son agonie : "Le jeûne, c’est la mort la plus horrible qui soit (...) Pour un bol de bouillon, une tranche de melon, une orange, on vendrait son âme. Une voisine, une fois, sonne à sa porte. Elle répond : "Fichez-moi la paix." Le mardi 6 novembre, une dernière annotation :

"Je ne peux plus me lever. Mes urines sont rouge sang. J’ai très mai aux reins." 

Auteur: Pichon Marcelle

Info: In Le Monde 27 août 1985. 10 mois plus tard on trouvera son corps momifié

[ suicide par inanition ] [ mourir de faim ] [ famine ]

 

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Ajouté à la BD par miguel