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spleen thérapie

Eh bien, donc, lorsque je ne suis plus capable de rien, que je ne tiens plus sur mes jambes, avec mon mauvais point de côté, je vais me cacher dans un coin, toute seule et - vous allez rire - au lieu de me raconter des choses gaies, des choses qui remontent, je pense à tous ces gens que je ne connais pas, qui me ressemblent - et il y en a, la terre est grande ! - les mendiants qui battent la semelle sous la pluie, les gosses perdus, les malades, les fous des asiles qui gueulent à la lune, et tant ! et tant ! Je me glisse parmi eux, je tâche de me faire petite, et pas seulement les vivants, vous savez ? les morts aussi, qui ont souffert, et ceux à venir, qui souffriront comme nous… - "Pourquoi ça ? Pourquoi souffrir?" qu’ils disent tous… Il me semble que je le dis avec eux, je crois entendre, ça me fait comme un grand murmure qui me berce. Dans ces moments-là, je ne changerais pas ma place pour celle d’un millionnaire, je me sens heureuse.

Auteur: Bernanos Georges

Info: Journal d'un curé de campagne

[ empathie prolétaire ] [ altruisme ] [ remède ] [ déprime ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

subconscient

Affectif n'est pas la même chose qu'affectueux. Ce qu'il faut entendre sous le mot, c'est une liaison plus étroite des pensées avec les sources de la vie ; cette liaison s'observe chez tous les malades, quel que soit le sexe ; mais elle est normalement plus étroite chez la femme, par la prédominance naturelle des fonctions de grossesse et d'allaitement, et de tout ce qui s'y rattache. D'où des changements d'humeur dont les causes sont naturelles, mais dont les effets donnent souvent l'apparence de la fantaisie, de l'incohérence, de l'obstination. Sans aucune hypocrisie ; car il faut une profonde sagesse, et fort rare dans le fait, pour expliquer un mouvement d'humeur par ses véritables causes, attendu que la vraie cause change aussi nos motifs. Si une fatigue à peine sentie m'enlève le goût de la promenade, elle me fait trouver aussi des raisons de rester chez moi. On entend souvent sous le nom de pudeur une dissimulation des vraies causes ; je crois que c'est plutôt une ignorance des vraies causes et comme une transposition naturelle et presque inévitable des choses du corps en langage d'âme.

Auteur: Alain

Info: Propos II, la Pléiade, nrf Gallimard 1970 <14 décembre 1912, p.283>

 

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sincérité

Début septembre, le père avait loué un petit utilitaire pour l'installer dans sa studette. Ils avaient fait la route ensemble, pour une fois qu'ils se trouvaient seuls. Son père lui avait parlé de la vie, de sa jeunesse. Il lui avait même raconté de vieilles histoires de coeur. À un moment, Steph lui avait demandé s'il aimait toujours sa mère.

- Plus tellement.

II avait dit ça sans amertume et Steph l'avait adoré d'en finir pour quelques secondes avec les faux-semblants. Elle s'était sentie considérée. En revanche, elle s'était bien gardée de lui demander pourquoi ils restaient ensemble, ou ce genre de questions débiles. Être adulte, c'était précisément savoir qu'il existait d'autres forces que le grand amour et toutes ces foutaises qui remplissaient les magazines, aller bien, vivre ses passions, réussir comme des malades. Il y avait aussi le temps, la mort, la guerre inlassable que vous faisait la vie. Le couple, c'était ce canot de sauvetage sur le rebord de l'abîme. Le père et sa fille n'en avaient pas dit plus. Dans l'habitacle, lui se disait qu'il était fier, et Steph se sentait grande.

Auteur: Mathieu Nicolas

Info: Leurs enfants après eux, Pages 326-327, Actes Sud, 2018

[ parents-enfants ]

 

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persécutions

Je ne pouvais pas rater un spectacle aussi extraordinaire que la déportation des Juifs de Kiev. Dès l'aube, je me précipitai dans la rue. Ils étaient sortis avant le lever du jour, pour arriver le plus tôt possible au train et avoir des places. Pleurant et se querellant, la population juive du kolkhoze maraîcher se déversait dans la rue avec ses enfants qui hurlaient, ses vieillards, ses malades. Des paquets mal ficelés, de vieilles valises en contreplaqué, des sacs rapiécés, des caisses contenant des outils de charpentier... Des vieilles femmes portaient autour du cou des couronnes d'oignons, tels des colliers gigantesques : c'étaient les provisions de route... Vous comprenez, en temps normal, les infirmes, les malades, les vieillards, restent à la maison et on ne les voit pas. Mais là, tout le monde devait venir, et ils étaient tous là. [...] En proie à une agitation convulsive, je courais d'un groupe à l'autre, écoutant les conversations, et plus nous approchions du Podol, plus il y avait de monde dehors. Les habitants se tenaient sur le seuil de leur maison, regardaient, poussaient des soupirs, se moquaient des Juifs ou bien leur criaient des injures.

Auteur: Kuznetsov Anatoli

Info: Babi Yar, récit de Tolia, témoin alors qu'il était enfant

[ camps de concentration ] [ antisémitisme ]

 

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prophylaxie

Il faut bien comprendre que la Revue Scientifique ne se lasse pas de déclarer la fin de la médecine curative. Quand on est médecin, cela n'a rien d'agréable. Toute l'OPA pastorienne sur la médecine a pour but de redéfinir la pathologie par laquelle on va désormais prévenir au lieu de guérir.

"M. Pasteur, écrit Jousset de Bellesme (*), a fait faire à lui seul plus de progrès à la médecine que 10.000 praticiens plus compétents que lui en science médicale." (1882, 22.4)

La raison en est simple et enthousiasme tous les auteurs de la Revue fatigués par la médecine : l'hygiène de Pasteur "permet de prévenir les causes morbides, d'éloigner les maladies, pour ne pas avoir à les guérir.' (1882, 4.2, p.144). Cette croyance, qui disparaîtra peu à peu avant la fin du siècle, coupe l'herbe sous le pied des médecins. "Il est plus facile d'empêcher cent personnes de tomber malades que d'en guérir une quand elle l'est devenue" écrit Rochard (**) (1887, 24.9, p.388°°). Comment rendre coopératif un groupe social, les médecins, tout en les avertissant qu'ils n'auront bientôt plus de malades à soigner ?

Auteur: Latour Bruno

Info: in "Les microbes, guerre et paix", éd. Métailié, p. 136-137 - (*) Jousset de Bellesme (1839-1925) : physiologiste et pisciculteur ; (**) Jules Rochard (1819-1896) : médecin, membre de l'Académie de Médecine

[ vains espoirs ] [ citations ] [ histoire des sciences ] [ grand homme ] [ antagonisme ] [ historique ]

 

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Ajouté à la BD par Benslama

fondation de la psychanalyse

[…] le système de Freud lui-même transcendait les notions de "maladie" et de "soin" et se préoccupait plus d’une méthode de "salut" de l’homme que d’une simple thérapeutique à l’usage de malades mentaux. […] De quelle nature était le "mouvement psychanalytique" fondé par Freud ? Quelle était sa vision de l’homme futur ? Sur quel dogme avait-il fondé son mouvement ?
Freud a répondu très clairement à ces questions par la phrase suivante : "Là où était l’Id, sera l’Ego*." Son but était la domination par la raison des passions irrationnelles et inconscientes. Il fallait que dans la mesure de ses possibilités, l’homme se libérât du pouvoir de l’inconscient. Il fallait que l’homme devînt conscient des forces inconscientes qui l’habitaient, afin de les contrôler et de les dominer. Le but de Freud était d’atteindre à la connaissance optimale de la vérité, qui est connaissance de la réalité. […] Bien que Freud représentât le point culminant du rationalisme occidental, il dut son génie d’avoir dépassé l’aspect faussement rationnel et superficiellement optimiste du rationalisme, et d’avoir créé une synthèse avec le romantisme, le mouvement même qui, au XIXe siècle, par son intérêt et son souci du côté affectif et irrationnel de l’homme, s’opposa au rationalisme.

Auteur: Fromm Erich

Info: Dans "Bouddhisme Zen et psychanalyse", pages 90-91. *Selon le modèle Id = instinct, Ego = réalité, Superego = moralité

[ objectifs ] [ énantiodromie ] [ triade ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

psychanalyste-sur-psychanalyste

Mais, le pauvre, il n’avait eu que six mois d’analyse à cause de la guerre, et il a dû assumer le transfert de gens très malades sans avoir eu suffisamment d’analyse pour lui-même. Il a voulu y faire face en se mettant à distance. [...]

Il me paraissait avec ses suivants comme une nounou et ses petits, ou comme ces évêques des peintures de la Renaissance qu’on voit avec beaucoup de petits clercs sous leur manteau ! Pas un de ses élèves ne pouvait le lâcher ni penser par lui-même ! Il ne le supportait pas, et ne s’en rendait pas compte. C’était, sans doute en lui, le non-analysé.

Il était très maternel, et aussi vraiment compatissant à ceux qui souffraient. Il a énormément apporté à chacun. Il disait : "Ne faites pas comme moi !" Et tout le monde l’imitait en croyait qu’il était l’image de la vertu. Un papa-maman tout sachant, un "maître" ! Lacan provoquait ce genre de transfert. Il voulait transmettre le fruit de ses recherches, mais ne pouvait supporter qu’on ne le suive pas. Il a beaucoup souffert de la solitude, lui qui n’avait pas un instant à lui, harcelé par ses suiveurs. Il s’était tragiquement enfermé dans le silence, à la fin de ses jours.

Auteur: Dolto Françoise

Info: A propos de Jacques Lacan dans "Le féminin", éditions Gallimard, 1998, pages 276-277

[ portrait ] [ contradictions ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

libéralisme

Un gouvernement libre est un gouvernement qui ne fait point de mal aux citoyens, mais qui au contraire leur donne la sûreté et la tranquillité. Mais il y a encore loin de là au bonheur, il faut que l’homme le fasse lui-même, car ce serait une âme bien grossière que celle qui se tiendrait parfaitement heureuse parce qu’elle jouirait de la sûreté et de la tranquillité. Nous confondons ces choses en Europe ; accoutumés que nous sommes à des gouvernements qui nous font du mal, il nous semble qu’en être délivré serait le suprême bonheur ; semblables en cela à des malades travaillés par des maux douloureux. L’exemple de l’Amérique montre bien le contraire. Là, le gouvernement s’acquitte fort bien de son office, et ne fait de mal à personne. Mais comme si le destin voulait déconcerter et démentir toute notre philosophie, ou plutôt l’accuser de ne pas connaître tous les éléments de l’homme, éloignés comme nous le sommes depuis tant de siècles par le malheureux état de l’Europe de toute véritable expérience, nous voyons que lorsque le malheur venant des gouvernements manque aux Américains, ils semblent se manquer à eux-mêmes. On dirait que la source de la sensibilité se tarit chez ces gens-là. Ils sont justes, ils sont raisonnables, et ils ne sont point heureux.

Auteur: Stendhal

Info: De l'amour

[ illusions ] [ ennui ] [ affadissement ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

totem et tabou

Ce coupable du mal, qui met la communauté en danger, à son insu peut-être, il faut le débusquer. Les animaux politiques, malades de la crise, se réunissent donc pour confesser leurs fautes et trouver le coupable - fût-ce le baudet, le bouc, le taureau, le cheval ou le premier venu – afin de le sacrifier (de le "faire sacré"), et d’apaiser la colère du ciel. Car, dit ce vieux salaud de Caïphe, le sacrificateur, "il est de votre intérêt qu’un seul homme meure pour le peuple, plutôt que la nation entière périsse." (Jean. Ch. 11, v.48, 51) On sait la suite. Le sacrifice unanime de la victime émissaire, son effusion de sang, purge, purifie la communauté de ses maux et fautes. Vient le moment où saisie de remord et de culpabilité, elle s’écrie d’une voix, "nous avons tué un dieu !" Ou, "brûlé une sainte !" Ou, "pendu un innocent !" Cette révélation prend souvent du temps. Elle travaille la communauté au fur et à mesure de la répétition du lynchage primitif, transformé en rite religieux (qui relie). Un rite de gratitude et d’adoration envers le dieu caché dans la victime, qui par sa mort a fait que tous vivent. Ensemble et en paix. Alors naît le culte du Loup, cette fierté d’appartenir à la meute, d’en être reconnu membre et de chasser avec.

Auteur: PMO Pièces et main-d'oeuvre

Info: http://www.piecesetmaindoeuvre.com/IMG/pdf/je_hurle_avec_les_loups.pdf

[ chasse au loup ] [ ambivalence ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

savoirs

La science. Et voilà le labarum* des imbéciles. La science ! Avant le vingtième siècle, la médecine pour ne parler que de cette gueuse, n'avait aucun besoin de la science et daignait à peine s'en recommander. Depuis fort longtemps, elle croupissait dans les déjections de ses malades. Maintenant elle piaffe dans sa propre ordure. La putréfaction se plaignait de n'avoir pas son prophète. Alors Pasteur est venu, Pasteur au nom doux et mélibéen, et le Microbe, en retard de soixante siècles sur la création, est enfin sorti du néant. Quelle révolution ! À partir de lui, tout change. La recherche de la petite bête remplace l'ancien esprit des Croisades. On ne connaît plus que la science, et chaque matassin revendique son animalcule. Tous les sérums, toutes les pestes liquides, tous les écoulements des morts, tout ce qui se passait naguère au fond des sépulcres, est aujourd'hui restitué à la lumière, préconisé, mobilisé, injecté, avalé. La rage, la tuberculose et le choléra sont devenus des apéritifs ou des pousse-café. Le moujick** de la bande vient de découvrir même un jus contre la vieillesse. Il ne tient qu'aux parents d'avantager leurs enfants de quarante ferments d'infection, dès le berceau, et de faire de leurs corps des vases de purulence. Ils sont à l'Institut Pasteur tout un lot de citoyens utiles exclusivement voués à la recherche des moyens de pourrir.

Auteur: Bloy Léon

Info: Exégèse des lieux communs/Mercure de France 1968 <p.135> * labarum : Étendard romain, qui consistait en une longue lance, surmontée d'un bâton qui la traversait à angles droits, d'où pendait une riche pièce d'étoffe couleur de pourpre et quelquefois enrichie de pierres précieuses ; jusqu'au temps de Constantin le Grand, elle portait la figure d'une aigle ; mais ce prince fit mettre à la place une croix avec un chiffre qui exprimait le nom de Jésus, à la suite, dit-on, d'une apparition dans les nues qui lui montrait ce signe et lui annonçait la victoire s'il l'adoptait (Littré) ** Le moujick de la bande : allusion à Élie Metchnikov (1845-1916), biologiste russe, père de l'immunologie moderne. En 1888 Pasteur l'invite à poursuivre ses recherches à l'institut qu'il venait de créer ; il y passera le reste de sa carrière. Il participe à l'élaboration du sérum anticholérique et du vaccin antityphoïdique. En 1908 il reçoit le prix Nobel de médecine pour ses travaux sur l'immunologie

[ ironisés ]

 

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