classifications
Ils avaient récemment fait l'acquisition d'un opuscule, Initiation des enfants à la nomenclature, où il était clairment indiqué que les spécialistes n'employaient plus de termes tels que Dieu ou nom divin. Pour les courants de pensée modernes il y avait un univers lexical tout autant que physique, et associer un objet à un nom compatible permettait au potentiel latent de chacun d'eux de s'exprimer. Il n'y avait pas nom plus un "nom véritable" unique pour un objet donné : en fonction de sa forme, un corps pouvait être comparé avec plusieurs noms connus en tant que ses "euonymes", et réciproquement un nom conservait ses propriétés malgré d'importantes variations de formes, ainsi que la poupée marcheuse de sa prime enfance en avait souvent apporté le preuve.
Auteur:
Chiang Ted
Années: 1967 -
Epoque – Courant religieux: récent et libéralisme économique
Sexe: H
Profession et précisions: écrivain de SF, informaticien
Continent – Pays: Amérique du nord - Usa
Info:
La tour de Babylone. "Soixante-douze lettres", p 219
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intrications
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pensée-de-femme
Tu avais posté un essai en ligne, "Flâneur : mode d’emploi", sur la tradition des pérégrinations urbaines, des déambulations, et sa place dans la culture littéraire. Tu t’étais attiré des critiques pour avoir mis en doute l’idée qu’il puisse exister des flâneuses au féminin. Tu ne croyais pas qu’une femme puisse errer par les rues dans le même état d’esprit, de la même manière qu’un homme. Une marcheuse était sujette à d’incessantes ruptures de rythme : des regards insistants, des commentaires, des sifflets, des mains baladeuses. On apprenait aux femmes à être constamment sur leurs gardes : ce type, là, ne marche-t-il pas un peu trop près de moi ?
Et celui-là, est-ce qu’il me suit ? Comment, dans ces conditions, pourrait-elle jamais être assez alanguie pour se perdre dans cette absence à soi-même, cette joie pure d’être au monde, qui constitue l’idéal de la vraie flânerie ?
Tu en concluais que l’équivalent féminin était sans doute le shopping - en particulier le genre d’exploration vaine de celle qui ne cherche pas à acheter quelque chose.
Je ne pensais pas que tu aies tort. Je connais des tas de femmes qui enfilent une carapace chaque fois qu’elles sortent de chez elles, j’en connais même quelques-unes qui font tout pour éviter d’avoir à sortir de chez elles. Bien sûr, il suffit d’attendre d’avoir atteint un certain âge, l’âge de l’invisibilité, et… le problème est résolu.
Tu vois comme tu utilisais le mot femmes, alors que ce que tu voulais dire en fait, c’était jeunes femmes.
Auteur:
Nunez Sigrid
Années: 1951 -
Epoque – Courant religieux: Récent et Libéralisme économique
Sexe: F
Profession et précisions: romancière et essayiste
Continent – Pays: Amérique du nord - Usa
Info:
L'ami
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badaudage
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