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occultisme

Le genre humain a longtemps eu peur de retomber en inceste comme on retombe en enfance : pour éviter ce danger, il a mis en place toutes sortes d’obligations et de rituels (à commencer par le lien conjugal dont le principal bénéfice est de constituer un renoncement catégorique à l’attachement premier du sujet pour son géniteur de sexe opposé), il s’est abrité sous le parapluie de la transcendance et sous le nom de Dieu (lequel n’est pas un homme, comme on voudrait le faire croire dans le Da Vinci Code, mais un nom dont l’ "illisibilité" rend insaisissable la réalité divine, donc garantit l’illusion du monde et le monde en tant qu’illusion). L’humanité ne veut plus respecter la règle du jeu. Mais elle ne peut encore se le dire ainsi parce qu’elle ne veut pas prendre la mesure de l’entropie concrète à laquelle elle aspire. Il faut qu’elle se cache son dessein ultime. Même pour ceux qui l’entreprennent de gaieté de cœur, le grand voyage de retour vers l’animalité ne va pas de soi, il faut donc qu’on leur dissimule habilement la vérité de leur désir en leur faisant croire qu’ils sont en guerre contre des forces maléfiques (l’Eglise, le Dieu-Père, etc.) qui ont juré leur perte. Pour que la véritable révélation ne soit jamais proférée, il faut la remplacer par une infinité de pseudo-révélations bien combinées : d’où ce fatras de cryptogrammes, dans le Da Vinci Code, toute cette accumulation de symbologie, d’anagrammes, de cloîtres, de cryptes et de meurtres qui ne servent qu’à transfigurer en jeu de piste initiatique une volonté générale de sortir du jeu humain, ou de l’humanité en tant que jeu, c’est-à-dire en tant qu’artifice et convention opposés à la nature maternelle (les Grandes Déesses, le Féminin sacré) désormais considérée comme unique promesse de bonheur.

Auteur: Muray Philippe

Info: Dans "Exorcismes spirituels, tome 4", Les Belles Lettres, Paris, 2010, pages 1498-1499

[ retour en enfance ] [ fantasmes de fusion ] [ abolition de la castration ]

 

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écornifleur

Quatre siècles avant notre ère, Aristote parlait de la biologie du coucou commun, que l'on appelle aujourd'hui Cuculus canorus, à peu près en ces termes : "il pond ses oeufs dans le nid de petits oiseaux et n'élève pas ses jeunes ; quand ceux-ci naissent, ils jettent par-dessus le rebord du nid les autres oisillons présents dans ce nid". Et à la fin du XVIIIe siècle, le biologiste anglais Gilbert White qualifiait un tel comportement de " monstrueux outrage à l'affection maternelle ".
La biologie, non seulement du coucou commun mais aussi celle d'autres oiseaux parasites, a fait l'objet de nombreux travaux car il s'agit d'une question qui fascine les biologistes, principalement spécialistes de l'évolution.
Précisons tout d'abord qu'il existe deux sortes de parasitisme chez les oiseaux. L'un occasionnel, l'autre obligatoire. Le parasitisme occasionnel s'observe surtout chez les oiseaux qui vivent en colonies nombreuses comme l'étourneau (Sturnus vulgaris) mais aussi l'hirondelle de cheminée (Gallinula chloropus). Comme le dit N. B. Davies (1988), nombre de ces oiseaux " play at cuckoos " (jouent au coucou). Il s'agit d'un parasitisme intra spécifique : tout simplement une femelle profite de l'absence d'un couple voisin pour aller pondre un oeuf dans leur nid.
Bien sûr, on peut objecter que ce comportement ne traduit rien d'autre qu'une " erreur ". Toutefois, le fait que, chez certaines espèces, c'est un oeuf déjà en partie incubé qui est transporté par les parents de leur propre nid vers un nid voisin, prouve qu'il s'agit alors d'un acte de parasitisme authentique. On a même vu certains de ces oiseaux (les étourneaux par exemple) évincer l'un des oeufs du " nid-hôte " avant de déposer le leur, ce qui ne peut qu'améliorer la qualité moyenne des soins que recevront chacun de leurs jeunes de la part des parents involontairement adoptifs.

Auteur: Combes Claude

Info: L'art d'être parasite : Les associations du vivant, Chapitre 6 : Alice et la Reine rouge

[ pique-assiette ] [ animal ]

 

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réel-symbolique-imaginaire

[...] que se passe-t-il si l’agent symbolique, le terme essentiel de la relation de l’enfant à l’objet réel, la mère comme telle, ne répond plus ? Si à l’appel du sujet, elle ne répond plus ?

Donnons la réponse nous-mêmes. Elle déchoit. Alors qu’elle était inscrite dans la structuration symbolique qui la faisait objet présent-absent en fonction de l’appel – elle devient réelle. [...]

Lorsqu’elle ne répond plus, lorsque, en quelque sorte, elle ne répond plus qu’à son gré, elle sort de la structuration, et elle devient réelle, c’est-à-dire qu’elle devient une puissance. [...]

Corrélativement se produit un renversement de la position de l’objet. Tant qu’il s’agit d’une relation réelle, le sein – prenons-le comme exemple – on peut le faire aussi enveloppant que l’on veut. Par contre, à partir du moment où la mère devient puissance, et comme telle réelle, et que c’est d’elle que manifestement dépend pour l’enfant l’accès aux objets, que se passe-t-il ? Ces objets qui étaient jusque-là, purement et simplement, objets de satisfaction, deviennent de la part de cette puissance, objets de don. Et les voilà maintenant, de la même façon, ni plus ni moins, que la mère jusqu’à présent, susceptibles d’entrer dans la connotation présence-absence [ordre symbolique], comme dépendant de cet objet réel qu’est désormais la puissance maternelle. [...] les objets que l’enfant veut retenir auprès de lui, ne sont plus tellement des objets de satisfaction, mais ils sont la marque de la valeur de cette puissance qui peut ne pas répondre, et qui est la puissance de la mère.

En d’autres termes, la position s’est renversée – la mère est devenue réelle, et l’objet symbolique. [...] L’objet a dès lors deux ordres de propriété satisfaisante, il est deux fois objet possible de satisfaction – comme précédemment, il satisfait à un besoin, mais aussi il symbolise une puissance favorable.

Auteur: Lacan Jacques

Info: dans le "Séminaire, Livre IV", "La relation d'objet", éditions du Seuil, 1994, pages 91 à 93

[ toute-puissance maternelle ] [ mère-enfant ]

 

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dissonance cognitive

L’attention incessante, et pourtant curieusement désincarnée, que la mère narcissique porte à son enfant, interfère à chaque étape du processus de "frustration optimale". Ce type de mère ressent souvent son enfant comme une extension d’elle-même ; elle prodigue des soins qui sont "gauchement inappropriés" aux besoins réels du petit, et l’entoure d’un excès de sollicitude apparente, mais qui manque de vraie chaleur. En le traitant comme une "possession exclusive", elle incite l’enfant à concevoir un sens exagéré de sa propre importance ; en même temps, elle lui rend difficile de s’avouer la déception qu’il ressent en constatant les imperfections maternelles. Dans la schizophrénie, la disjonction entre, d’une part, les soins superficiels et de pure forme que prodigue la mère et, d’autre part, sa dévotion apparemment exclusive, est si douloureuse pour l’enfant qu’il refuse de la reconnaître. Les défenses régressives, "la perte des frontières du moi", l’illusion d’omniscience, et la pensée magique, apparaissent, elles aussi, sous une forme moins prononcée, dans les désordres narcissiques. Bien que la schizophrénie ne puisse, en aucune manière, être considérée simplement comme une forme exagérée du narcissisme, un de leurs points communs est la rupture des frontières entre le moi et le monde des objets. […] Il n’est donc pas surprenant que les études effectuées sur l’arrière-plan familial des malades schizophrènes révèlent un certain nombre de traits que l’on retrouve dans les familles narcissiques. Dans les deux cas, une mère narcissique prodigue à sa progéniture des soins suffocants, qui sont pourtant affectivement distanciés. Narcisse, comme le schizophrène, occupe souvent une position privilégiée au sein de la famille, soit à cause de ses dons réels, soit parce que l’un de ses parents le traite comme le substitut d’un père, d’une mère, ou d’un conjoint absent. Ce parent-là attire parfois la famille entière dans le labyrinthe de sa névrose, que les membres de la famille s’accordent tacitement à flatter, afin de maintenir l’équilibre émotionnel de l’ensemble.

Auteur: Lasch Christopher

Info: Dans "La culture du narcissisme", trad. Michel L. Landa, éd. Flammarion, Paris, 2018, pages 273-274

[ haine forclose ] [ schizophrénogène ]

 

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structurelle

Le maternel est un spectre. Au double sens du terme. Dans une première acception, il hante littéralement, de façon irréductible, chaque destin individuel. La relation à la mère, son amour ou sa haine, son indifférence ou sa sollicitude, sa pondération ou sa folie déterminent indubitablement la manière dont chacun s'insère et se (main)tient dans l'existence, et ce, jusqu'à son ultime crépuscule. La tonalité particulière de cette interaction inscrit en soi une palette extrêmement vaste de comportements, d'attentes, d'appréhensions et de valeurs, qui façonnent dans une large mesure ce que l'on peut appeler notre "être au monde".
(...)
Il procède également, dans une tout autre perspective que précédemment, de la notion de spectre, employée ici dans un registre apparenté à celui de la physique. Lorsqu’on étudie le phénomène "lumière", par exemple, on observe que les différentes longueurs d’onde créent, de l’infrarouge à l’ultra violet, une étendue allant des fréquences les plus longues (équivalentes aux couleurs sombres) aux plus courtes (les plus claires). Il en va de même pour le principe dont il est question : à l’une de ses extrémités on rencontre les dimensions les plus chatoyantes, les plus constructives, les plus chaleureuses. Dans cette perspective, le "maternel" nourrit et baigne l’enfant de sa bienveillante sollicitude, de son intuition la plus sensible et de ses anticipations les plus fécondes. La mère qui résonne à de telles suggestions peut, par son instinct le plus assumé, entendre la pulsation de vie active en son enfant et lui permettre d’évoluer dans une juste proximité. Celle qui, bien sûr, tolère la distance et la prise d’autonomie. À l’autre extrémité du spectre, dans les zones les plus sombres, les plus mortifères, se rencontrent les aspects ravageurs, désintégrants, propres à cette réalité. Là se révèlent les forces intrusives, les rages destructrices, l’incapacité à laisser être, qui font d’une mère, au sens littéral, un monstre. Ce sont bien sûr les enfants de ces mères-là qui entreprennent, le plus souvent, une démarche thérapeutique

Auteur: Willequet Pierre

Info: Dans "Mères et filles, histoire d'une emprise". pp 12, 13

[ figure maternelle ] [ grand autre ] [ source locale ] [ analogie ]

 
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troubles psychologiques

Nous avons vu que dans le cas de l’autisme l’invasion par le champ maternel se fait par défaut de consistance du champ paternel, mécaniquement en quelque sorte. Le garçon se noie dans cette emprise fusionnelle. Dans le cas de l’anorexie, l’emprise maternelle est sous le mode actif de l’abus, par confiscation symbolique phallique. L’envahissement maternel dans les deux ordres respectivement féminin et masculin de l’inscription corporelle et de l’institution symbolique occulte le vis-à-vis paternel qui seul permet, par le modèle référentiel de possibilité de placement relationnel correct qu’il représente, l’indispensable et vital établissement de la jeune fille dans sa féminité. N’ayant à proprement parler plus de "place", elle s’efface dans l’ordre spécifique – constituant - de sa présence au monde : l’ordre corporel, non sans avoir préalablement tenté de lutter sur le terrain symbolique du père usurpé par la mère, terrain dont le lieu spécifique structurel est le langage et l’intellection (i.e. l’ordre re-présentatif) : la quasi-totalité des jeunes filles concernées par l’anorexie présentent un profil intellectuel brillant. Cette contre-rotation effectuée dans un premier temps précédent les troubles alimentaires est extrêmement destructive et conduit de fait la jeune fille à s’établir dans une schize intime qui vient disjoindre son unité corps-esprit. C’est dans ce sens qu'on pourrait éventuellement ranger l'anorexie mentale du côté des psychoses, à ceci près qu'il ne s'agit pas d'une disjonction psychique mais que le point de fracturation du sujet s'établit à la jonction corps-esprit. L’anorexie serait donc un trouble réactionnel de l'identification face à une mère abusive, où là encore l'évanescence du père serait en cause. Ce qui en ferait ainsi le pendant structurel féminin de l'autisme. Alors que l’autisme est un trouble de l’établissement de l’être au monde spécifiquement masculin - sa destructivité s’exprime au niveau de l’institution du sujet masculin tout juste avant la cristallisation subjectale, donc typiquement au moment de l’apprentissage du langage, vers deux ans, par un défaut d’émergence, ou au pire une régression -, l’anorexie est un trouble de l’établissement de l’être au monde spécifiquement féminin : sa destructivité s’exprime au niveau de la constitution du sujet féminin dans sa complétude corporelle – il est donc logique que ce trouble trouve une expression post pubertaire. En résumant, l’autisme s’attaque à l’ordre de l’institution (du sujet), l’anorexie s’attaque à l’ordre de la constitution (corporelle).

Auteur: Farago Pierre

Info: Une proposition pour l'autisme, page 50

[ sexuation ] [ parallélisme ] [ origines ]

 
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audition

Les langues tonales favorisent l'oreille absolue : Une nouvelle étude conclut que les jeunes musiciens qui parlent le chinois (mandarin) peuvent apprendre à identifier des notes musicales isolément bien mieux que les anglophones. Moins d'un américain sur 10.000 a l'oreille absolue c'est dire qu'ils peut identifier ou produire une note sans référence à une autre note. Cette capacité permet de distinguer des sons qui ne diffèrent que de 6 pour cent dans la fréquence. Il y a cinq ans des chercheurs conduits par Diana Deutsch de l'université de Californie à San Diego ont constaté que les personnes de langues maternelles chinoise et vietnamienne utilisaient fréquemment ce degré de précision pendant une conversation ordinaire. Dans ces langues tonales, le changement de hauteur de note peut complètement modifier la signification des mots. Par exemple, le mot mandarin "ma" signifie la "mère" quand la voyelle reste haute et constante, mais signifie "chanvre" une fois prononcée avec une tonalité montante. Jusqu'ici, on n'avait pas démontré que cette précision linguistique était en rapport avec les dispositions musicales. Pour étudier la question, Deutsch et ses collègues ont comparé 115 étudiants avancés de musique de Rochester de New York, avec 88 étudiants de Pékin. Dans les résultats qui seront présentés lors de la réunion de la société acoustique d'Amérique à San Diego le 17 novembre, les scientifiques ont constaté que ceux qui parlent le mandarin sont plus avantagé pour obtenir l'oreille absolue que ne le sont les anglophones qui ont commencé la formation musicale au même âge. Par exemple, 60 pour cent des étudiants de Pékin qui ont commencé à étudier la musique entre quatre et cinq ans ont l'oreille absolue contre seulement 14 pour cent chez les étudiants américains. Pour les étudiants qui ont commencé leur instruction musicale plus tard cette faculté d'oreille absolue est beaucoup moins évidente, aucun des étudiants de Rochester ayant commencé la musique après son huitième anniversaire n'avait ces capacités. Deutsch suggère que pour les étudiants qui parlent une langue tonale, l'acquisition de l'oreille absolue est comme l'apprentissage d'une deuxième langue, ce qui devient beaucoup plus difficile après "une période critique" du développement psycho-moteur. Pour des étudiants qui parlent une langue non-tonale comme les anglais, l'oreille absolue est plus comme une première langue, pour laquelle la période critique se produit à un âge beaucoup plus jeune.

Auteur: Internet

Info: 8 novembre 2004

[ vibrations ]

 

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reines de beauté

[Un samedi soir, le comité syndical organise pour les jeunes travailleurs une soirée ayant pour thème l'élection de "Miss Usine". Mais pour les vigilants activistes, aucun divertissement ne peut avoir lieu sans une finalité éducative, voire idéologique.]

Devant les trognes de tartuffe d'un jury pesamment sérieux, rafraîchi par quelques jeunes qui, au milieu de petites vieilles et de vieux gâteux, avaient l'impression de se trouver comme des gamins au premier jour de maternelle, se succédèrent, à tour de rôle, lentement, avec une certaine grâce, d'authentiques beautés, des jambes sculpturales et les seins d'albâtre, des rousses minces, frêles, aux regards innocents comme ceux des veaux nouveau-nées, des hanches solides, prolétaires, et des jambes charnues, des regards simulant le désarroi ou l'innocence et des salopes à l'air monacal, accompagnées d'un délire d'applaudissements, sifflées et encouragées par leurs connaissances, venues nombreuses, des blondes évaporées et des brunes pécheresses, toutes invitées en chœur à venir dans divers bistrots à la réputation douteuse : "la rousse numéro dix à La Grenouille verte ! ; la rouquine numéro cinq à La Mégère magnifique ! ; la deux au Canonnier ! ; la trois au Porte-Jarretelle rouge ! ; nous fournissons la bière, toi, viens avec ce que tu as de mieux !", ce qui énervait de plus en plus le jury. À la fin, sur le grand nombre de candidates, quatre remportèrent à peu près autant de points. Le jury s'était retiré dans une pièce attenante pour formuler des questions de manière à les départager, les goûts étant tellement divers, la simple beauté n'était pas suffisante pour devenir Miss. Et tandis que Jomo incontournable et insouciant comme toujours installait sa chaise au milieu de la scène, pour pleurer de nouveaux avec son chant et sa guitare les chevaux innocents en si grand nombre sacrifiés en l'honneur de l'apparition des tracteurs, les candidates passaient au second plan, se tenaient grelottantes et malheureuses derrière lui, abandonnées provisoirement même de leurs admirateurs ; la voix de Jomo, claire, puissante dominait la salle, réveillant dans le public des souffrances sans nom, une étrange envie de pleurer, à telle enseigne que la réapparition du jury fut accueillie par des sifflets et des huées ; c'est Jomo qu'ils voulaient, mais celui-ci quitta la scène l'air soumis et absent, laissant aux belles, tirées brusquement de leur torpeur, les applaudissements qui n'en finissaient plus.

Auteur: Buzura Augustin

Info: Vocile nopții, traduit du roumain par Guy Hoedts

[ prolétaires ] [ défilé ] [ spectacles mélangés ] [ malentendu ] [ musique ]

 

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télévision

Toi qui a su ôter la vue aux aveugles, l’ouïe aux sourds, la signification à toute vie ; toi qui effaces les repères, démembres les langues, anéantis le sens de tout ; toi qui débarrasses en beauté les hommes de leurs illusions idéologiques, de leurs attentes utopiques, de leurs velléités critiques ; toi qui les soulages de leur entendement, de leur jugement et de leur raisonnement, ô pur Non-Esprit !
Méfie-toi.
O irréel miroir du monde imprésentable, on cherche de plus en plus à t’interpréter, à te comprendre, à t’analyser.
Sans doute même rêve-t-on de te moraliser ? […]
Terminées, la libre pensée et l’acidité ! Finis les "refus hautains". Honte aux méprisants de l’écran ! Aux intégristes aigris de l’écrit !
Et vive la langue miséreuse des stars inoubliables qui vous fondent sur la langue !
Et en avant, dans la foulée, le recyclage des formulations ridicules et des clichés conjuratoires.
En avant le "primat de visuel", la "spectacularisation de la réalité", le problème de la "déresponsabilisation du citoyen", l’ "idéologie dépolitisante", le "futile événementialisé".
En avant la "grammaire de l’image".
Noueuse masse d’ondes triomphantes ! Ayant fait le pari raisonnable que ton expansion était irréversible, ta croissance illimitée, ton paradis enviable et ton horizon indépassable, ils veulent croire maintenant ta connerie éducable.
[…]
Vérole sortant des ondes ! Ils voudraient te rendre "bonne". Et savante. Et informante.
Ils te désirent "de qualité" !
Pourquoi pas "intelligente", ô Gâteuse infaillible ?
[…]
Ils voudraient t’apprendre à parler, ô Borborygme !
Ils rêvent de te contrôler. Ils ont des opinions sur ton "statut". Ils croient savoir ce que tu devrais être. Généraliste ? Bas de gamme ? Intéressante ? Thématique ? Divertissante ? […]
Et pour commencer, ô Multinationale de l’oubli pestifère, ils prétendent que tu as une "histoire" ! Une histoire ! Toi ! Un passé ! Toi l’inconscient incarné qui ignore royalement le temps ! Et allez donc les anecdotes ! Les rappels d’âge d’or. Les souvenirs mouillés du temps où tu n’étais encore qu’une toute petite maladie bénigne, ô Compulsion digitale universelle, la "télé voix de France", tes vieux feuilletons noir et blanc, trois heures de programmes par jour et ces foules qui se poussaient aux vitrines des marchands de poste pour découvrir, ô maternelle Mutante, comme par une brèche minuscule, tes rares images qui tremblaient d’aise.
[…]
Œsophage du monde nouveau, ils te traitent de "lien social indispensable" !
Ô caniveau !
Poubelle irrévocable ! Ne les laisse pas faire !
Refuse de te laisser arranger le portrait !
Ne deviens pas, surtout leur Téléubu à visage humain ce serait ta fin.
Reste l’Inconnaissable, l’Obscure, l’Impénétrable.
Te voilà avertie, ô grande Cochonnerie obligatoire ! Sois de plus en plus bête, obscène, téléthonne, délatrice, morbide, chiotte, corrompue, infâme. Le troisième millénaire sera dégueulasse ou ne sera pas. Ô Parque à Thèmes ! L’avenir épouvantable des siècles est à toi.

Auteur: Muray Philippe

Info: Dans "Exorcismes spirituels I - Rejet de greffe", pages 403 à 406

[ ode ironique ] [ encouragement gouvernemental ] [ dénigrement ]

 

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langages en parallèle

Petite réflexion linguistique : quand nous autres francophones et anglophones faisons de la musique, nous jouons / play, les italiens sonnent (suonare), les hispanisants touchent (tocar)... ces différentes approches m'enchantent assez, je dois dire, et je me demandais comment ça se passe dans d'autres langues, s'il y a un mot strictement réservé à la musique ou alors à quelle partie du geste musical on se réfère. Y a t'il des traducteurs dans la salle ?

- Didier Castell-Jacomin en Neerlandais "Spelen", qui veut dire jouer de la musique mais aussi jouer tout court

- Hu Man "Azéf" العزف qui veut dire jouer et qui est un verbe particulier qui est si je ne me trompe pas, aussi utilisé pour dire lâcher, céder.

- Sébastien Iep Arruti. En basque, c’est "jo", qui signifie "jouer"...

- Michel Gaillard. En roumain "să cânt", qui signifie aussi "chanter"...

- Ekaterina Nesterenko. En russe c'est включить, qui veut aussi dire "allumer". Sinon pour jouer de la musique on utilisera aussi "играть" qui signifie aussi "briller" ou "faire du théâtre".

- Sébastien Adnot. En khmer Leng Pleng, jouer la musique,

- Alexis Avakian. En arménien le mot "nvagel" semble ne s'appliquer qu'à la musique, dédié au fait de jouer un instrument

- Eric Adankpeto, du Bénin. En langue fongbe nous disons "nan dji han"... Je ne lui connais pas d'autre utilisation.

- Myglaren. En suédois c'est "Spela", comme pour les jeux. (Remarque de Floater. Oui mais pas "jouer" comme des enfants dans la rue, en tout cas pas de nos jours. Dans les temps médiévaux on utilisait aussi "leka". On use aussi de "musicera", qui est un verbe en lui-même.

- Panurge. En danois "spille", jouer, pareil.

- Anonyme. En allemand nous avons musizieren, verbe meilleur que "Music machen".

- cckerberos. En japonais cela dépend de l'instrument. En général c'est hiku, qui a plein de synonymes comme dessiner, pincer, arracher, plumer... et qui est utilisé pour les instruments à cordes, sinon fuku (souffler) pour les instruments à vent, et tataku (frapper) pour la percussion. Le piano est vu comme un instrument à cordes.

- AFAIK (langue maternelle Mandarin, né et élevé aux Etats-Unis). Il n'y a pas verbe unique pour "jouer de la musique" à moins que vous ne vouliez passer de la musique enregistrée, auquel cas c'est le même mot pour "mettre". Comme pour le japonais, les verbes correspondent aux instruments spécifiques et se rapportent à l'acte physique : on souffle dans une flûte, frappe sur des tambours, etc. Il y a aussi un verbe spécifique pour chanter.

- Dina Rakotomanga : En Malgache c'est : mitendry, et c' est exclusivement faire de la musique

(Vous pouvez ajouter vos "inputs" dans les commentaires, nous les utiliserons afin de compléter et préciser cette rubrique. MERCI ! )

Auteur: Internet

Info: Sur une idée initiale de Myriam Bouk Moun

[ action ] [ verbe ] [ terme translangues ] [ comparaison ] [ métachronie ]

 

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