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désenchantement général

La lente annulation de l'avenir s'est accompagnée d'une déflation des attentes. Rares sont ceux qui croient qu'au cours de l'année à venir sortira un disque aussi génial que, par exemple, Funhouse des Stooges ou There's A Riot Goin' On de Sly Stone. On s'attend encore moins à des ruptures comme celles provoquées par les Beatles ou le disco. Le sentiment d'être en retard, de vivre après la ruée vers l'or, est aussi omniprésent qu'il est désavoué. Comparez le terrain en friche de l'époque actuelle avec la fécondité des périodes précédentes et vous serez rapidement accusé de "nostalgie". Mais la dépendance des artistes actuels à l'égard de styles établis il y a longtemps suggère que le moment actuel est en proie à une nostalgie formelle, dont nous reparlerons bientôt.

Ce n'est pas que rien ne se soit passé pendant la période où la lente annulation de l'avenir s'est installée. Au contraire, ces trente années ont été une période de changements massifs et traumatisants. Au Royaume-Uni, l'élection de Margaret Thatcher avait mis fin aux compromis difficiles du soi-disant consensus social de l'après-guerre. Le programme politique néolibéral de Thatcher a été renforcé par une restructuration transnationale de l'économie capitaliste. Le passage à ce qu'on appelle le post-fordisme - avec la mondialisation, l'informatisation omniprésente et la précarisation du travail - a entraîné une transformation complète de l'organisation du travail et des loisirs. Dans le même temps, au cours des dix à quinze dernières années, l'internet et la technologie des télécommunications mobiles ont modifié la texture de l'expérience quotidienne au-delà de toute reconnaissance. Pourtant, peut-être à cause de tout cela, on a de plus en plus l'impression que la culture a perdu la capacité de saisir et d'articuler le présent. Ou peut-être que, dans un sens très important, il n'y a plus de présent à saisir et à articuler.


Auteur: Fisher Mark

Info: Ghosts of My Life: Writings on Depression, Hauntology and Lost Futures

[ pop-culture ]

 

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Ajouté à la BD par Le sous-projectionniste

divinité

Dieu est une essence sans dualité (adwaita), ou, comme certains le soutiennent, sans dualité mais non sans relations (vishishtâdwaita). Il ne peut être appréhendé qu'en tant que Essence (asti), mais cette Essence subsiste dans une nature duelle (dwaitîbhâva), comme être et comme devenir. Ainsi, ce que l'on appelle la Plénitude (kritsnam, pûrnam, bhûman) est à la fois explicite et non explicite (niruktânirukta), sonore et silencieux (shabdâshabda), caractérisé et non caractérisé (saguna, nirguna), temporel et éternel (kâlâkâla), divisé et indivisé (sakalâkala), dans une apparence et hors de toute apparence (mûrtâmûrta), manifesté et non manifesté (vyaktâvyakta), mortel et immortel (martyâmartya) et ainsi de suite.
Quiconque le connaît sous son aspect prochain (apara), immanent, le connaît aussi sous son aspect ultime (para), transcendant. Le Personnage qui se tient dans notre coeur, mangeant et buvant, est aussi le Personnage dans le Soleil. Ce soleil des hommes, cette Lumière des lumières, que " tous voient mais que peu connaissent en esprit ", est le Soi Universel (âtman) de toutes les choses mobiles et immobiles. Il est à la fois dedans et dehors (bahir antach cha bhûtânâm) mais sans discontinuité (anantaram) ; il est donc une présence totale, indivise dans les choses divisées. Il ne vient de nulle part, il ne devient qui que ce soit, mais il se prête seulement à toutes les modalités possibles d'existence.
Il est d'usage de traiter la question de ses noms Agni, Indra, Prajâpati, Shiva, Brahmâ, Mitra, Varuna, etc., de la façon suivante " ils le nomment multiple, lui qui, en réalité, est un " ; " tel il paraît, tel il devient " ; " il prend les formes que se représentent ceux qui l'adorent ". Les noms trinitaires, Agni, Vâyu et Âditya ou Brahmâ, Rudra et Vishnu, " sont les plus hautes personnifications du suprême, de l'immortel et de l'informel Brahma... leur devenir est une naissance l'un de l'autre, ils sont des participations à un Soi commun défini par ses différentes opérations... Ces personnifications sont appelées à être contemplées, célébrées, et, en dernier lieu, désavouées.

Auteur: Ananda Kentish Coomaraswamy Kentish Kumanasvami

Info: Hindouisme et bouddhisme, p. 11

[ hindouisme ]

 

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propagande

Plus subtile, la stratégie n°1 consiste à créer du brand content (ou du contenu de marque) qui leur permet de travailler sur leur image positive à long terme, que ce soit à travers des sites ludiques, des conseils pratiques, des événements uniques, des films originaux à partager sur les réseaux sociaux, des jeux vidéo ou encore des magazines au nom de la marque.
"Il s'agit de créer du lien avec le consommateur, de lui donner la parole, de faire de lui un ambassadeur et de l'inscrire dans une relation d'échange durable, ajoute Julien Intartaglia. Car l'idée, au final, est d'exposer le consommateur à la marque de manière constante et ludique, en jouant sur l'affect et en créant du relationnel, histoire que le filtre cognitif du scepticisme n'agisse plus. N'oublions pas que la raison d'être de la marque est de ne jamais être oubliée au moment de l'acte d'achat."
Se rendre "utile" Des exemples concrets de ces "nouvelles" dynamiques communicationnelles ? C'est Nutella qui joue sur la corde sensible des étiquettes personnalisables pour mieux caresser le consommateur dans le sens du poil et augmenter son capital sympathie. C'est Coca-Cola qui met au point un distributeur de canettes qui délivre gratuitement une boisson quand le consommateur lui fait un câlin, le tout filmé en caméra cachée et diffusé massivement sur les réseaux sociaux. C'est Nike qui développe une application mobile baptisée running pour accompagner les joggeurs, afin de leur permettre de suivre leurs performances et d'atteindre leurs objectifs. C'est Red Bull qui crée l'événement en permettant à Felix Baumgartner de battre le record de saut en chute libre pour augmenter la visibilité de la marque autour du monde et surtout l'associer durablement à la notion du dépassement de soi. Ce sont les glaces Magnum qui développent un advergame (un jeu publicitaire) de grande qualité baptisé Pleasure Hunt et qui entraîne l'internaute dans une aventure haletante où la marque reste discrète mais omniprésente, histoire d'offrir une expérience unique et sympathique au consommateur. Et la liste des exemples est évidemment longue, très longue...

Auteur: Brebant Frédéric

Info: Article : La pub parle à votre inconscient

[ marketing ] [ consumérisme ] [ médias ]

 

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mythologie grecque

Ulysse a été métamorphosé par Athéna pour reprendre ses traits propres: Ulysse avec vingt ans de plus. Il se retrouve donc face à Pénélope dans toute sa beauté de héros, et celle-là n'arrive toujours pas à se décider à le reconnaître. Télémaque est furieux contre elle. Eurycée aussi. On reproche à Pénélope son coeur de pierre. Mais elle a justement ce coeur d'airain qui lui a permis de résister à tout ce que les prétendants lui ont fait subir. "Si cet homme est bien le seul et l'unique Ulysse, nous nous retrouverons parce qu'il y a entre nous un signe secret et sûr, un signe irréfutable que nous sommes, lui et moi, seuls à connaître." Ulysse sourit, il se dit que tout va bien. Comme elle est maligne, au soir couchant, elle demande à ses servantes d'apporter le lit de sa chambre pour Ulysse parce qu'ils ne vont pas dormir ensemble. A peine a-t-elle donné ces ordres qu'Ulysse voit rouge, il rentre dans une véritable fureur: "Quoi, apporter ici le lit? Mais ce lit, on ne devrait pas pouvoir le déplacer! - Pourquoi? -Parce que, s'exclame Ulysse, ce lit, c'est moi qui l'ai construit; je ne l'ai pas dressé mobile sur quatre pieds, un de ses pieds, c'est un olivier enraciné dans la terre, c'est sur cet olivier, taillé et coupé, à partir de lui, intact dans le sol, que j'ai bâti cette couche. Elle ne peut pas bouger." A ces mots, Pénélope tombe dans ses bras: "Tu es Ulysse."

Ce signe secret, qu'ils sont seuls à partager et à conserver en mémoire en dépit des années, évoque surtout ce qui les lie et fait d'eux un couple, l'homophrosunè, la communauté de pensée. Quand Nausicaa s'est laissée aller à évoquer devant lui son mariage, Ulysse lui a déclaré que l'homophrosunè était la chose la plus importante pour un homme et pour une femme quand ils vont se marier: le fait qu'il y ait accord de pensée et de sentiment entre l'époux et l'épouse. Et c'est cela que représente le lit nuptial.

Auteur: Vernant Jean-Pierre

Info: L'univers, les dieux, les hommes

[ lien conjugal ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

romantisme psychiatrique

Les propagandistes de l’antipsychiatrie se complaisent fort souvent dans des situations ambigües. C’est ainsi que Laing voit dans la schizophrénie " une stratégie particulière qu’une personne inventerait pour supporter une situation insupportable " (Politique de l’expérience, p.80). Or il faut bien reconnaître que le schizophrène n’est nullement un stratège et qu’il n’invente rien du tout, car on ne devient pas schizophrène à volonté ; le mystère de la maladie mentale, comme celui de l’amour, c’est qu’il est toujours possible de lui trouver des causes, des motifs, des mobiles, mais que pourtant, pas plus qu’on ne décide de tomber amoureux de quelqu’un, pas davantage on ne décide de devenir un malade mental.

En outre, Laing et Cooper affirment que la société est folle, ce qui, hélas, est fort souvent incontestable ; mais Laing se souvenant des analyses de Hegel et de celles de Sartre sur l’être-pour-autrui affirme que le schizophrène est celui que la société force à devenir tel en le schizophrénant, en le chosifiant comme schizophrène et en se donnant ensuite le beau rôle de décréter : C’est un schizophrène. Mais on pourrait retourner cette argumentation contre Laing en lui faisant remarquer qu’il a commencé par chosifier la société comme société-repoussoir pour pouvoir affirmer ensuite qu’elle était effectivement folle et repoussante.

Enfin l’attitude de Laing à l’égard de la folie est des plus équivoques. D’un côté il reconnaît que la maladie mentale existe, qu’elle exige des soins, une mise en observation dans une clinique psychiatrique et qu’il faut tenter de réinsérer le malade dans la société (cf. R. D. Laing, Le moi divisé, p.25). Mais d’un autre côté, la maladie mentale le fascine et jouit à ses yeux d’un grand prestige ; il voit, en effet, en elle la possibilité d’un extraordinaire voyage et les premiers pas d’une initiation à l’inconnu. Il est ainsi tenté de s’embarquer sur la nef des fous car il trouve dans la folie une démarche de créativité proche de ce que le Zen appelle Satori. C’et pourquoi l’on peut lire, chez Laing, de nombreux récits et analyses de maladies-voyages (cf. La politique de l’expérience, p. 101).

Auteur: Brun Jean

Info: "Les vagabonds de l'occident", Desclée, Paris, 1976, page 105

[ critique ] [ ambivalence ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

auto-analyse

Oui ! Et telle fut ma destinée, dès ma plus tendre enfance. Tout le monde lisait sur mon visage les signes des plus mauvais penchants ; ces signes n’existaient point, mais on les pressentait, et ils ne parurent jamais, j’étais modeste, on m’accusa d’astuce et je devins sournois. Je ressentais profondément le bien et le mal ; personne ne me prodiguait la moindre caresse ; tous m’outrageaient ; je devins vindicatif. J’étais morose, les autres enfants étaient gais et babillards ; je me sentais au-dessus d’eux, on me mit plus bas, je devins envieux. J’étais disposé à aimer tout le monde ; personne ne me comprit ; j’appris la haine. Ma jeunesse flétrie s’écoula au milieu d’une lutte entre la société et moi. Craignant de voir tourner en ridicule mes meilleurs sentiments, je les enfouis au fond de moi-même et ils s’évanouirent. J’aimais la vérité, on ne me crut pas : je me mis à mentir. Connaissant à fond le monde et le mobile de la société, je devins habile dans la science de la vie et je m’aperçus que d’autres, sans la moindre habileté, étaient heureux et recevaient des honneurs et des avantages que je briguais infatigablement. Alors le désespoir naquit dans mon cœur, mais non pas ce désespoir que guérit la balle d’un pistolet ; non ! mais un désespoir froid et sans force, qui se cache sous un sourire aimable et bienveillant. Je devins un paralytique moral. Une moitié de mon âme languit, se dessécha, et mourut. Je la coupai et la rejetai. L’autre partie s’agita et se mit à vivre dans chacune de ses parties, et personne ne remarqua cela, parce que personne ne savait l’absence de la moitié perdue. Mais vous venez de réveiller en moi son souvenir et je vous lirai son épitaphe. Au plus grand nombre, les épitaphes paraissent ridicules, mais à moi, non ; je pense toujours à celui qui repose sous elle. Du reste je ne vous prie point de partager mon opinion ; si ma sortie vous paraît ridicule, riez-en ! Je vous préviens que cela ne m’affligera pas le moins du monde.

Auteur: Lermontov Mikhail Yuryevich

Info: Un héros de notre temps

[ confession ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

couple

Hedwige se blottit contre lui par honte d'être regardée de loin, afin qu'il ne remarque pas, de face, sa taille qui disparaît ou, de profil, son ventre convexe. Mais en la serrant contre lui, il devine ce que son regard n'aurait pas aperçu, il ferme les yeux et dit : 

- Cela commence à se voir, et sérieusement.

- Tant pis, répond Hedwige, prise par la fierté d'être belle et l'orgueil d'être mère.

- Tant mieux.

Hedwige clôt ses paupières, heureuse de sentir ses deux enfants l'un contre l'autre, car Pierre qui lui apparaissait si fort, si Zeus, si foudroyant dans les premiers temps, la vie commune en a fait son enfant.  "C'est un drôle de garçon" dit-elle avec attendrissement, presque avec compassion, le côté incompréhensible de leur compagnon, pour leur mystérieuse manie, car ils en ont tous une, que ce soit le jardinage, le devoir civique, la guérison des maladies, la guerre ou toute autre mission qu'ils croient avoir reçue ; comme ces vieux colonels en retraite qui, pour se donner l'illusion de l'activité, se portent à leur adresse des ordres de mobilisation imaginaires. Chaque mâle se construit ainsi une étrange architecture dont il fait hommage à un dieu, à un demi-dieu, à une folie. Tout autel, si bizarre soit-il, leur est bon pour se mettre l'âme en mouvement et se donner une raison de vivre. Hedwige ne cherchait pas à pénétrer les mobiles de Pierre ; c'était un homme : cette explication suffisait. Le rythme ardent de son mari, cette invariable manie de varier, ce besoin de prendre non une vue des choses mais une même chose sous tous les aspects en sautillant d'un point cardinal à un autre, comme nos paysagistes contemporains qui suivent le soleil en auto avec leurs toiles, cette avidité de tout regarder et de ne rien contempler, de tout faire et de ne rien parfaire, de courir d'occasion en circonstances et de conjoncture en occurrence, tout cela était fatigant, certes et inutile, mais c'était le revers de la médaille d'un époux à tout prendre gentil, tendre, exquis parfois, quoique dénué d'empire sur soi-même.

Auteur: Morand Paul

Info: l'homme pressé (1941, 350 p., Gallimard, p.218, 219)

[ famille ] [ délicatesse ] [ maternité ] [ spécificité masculine ] [ beauté ]

 

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rapports humains

On lutte contre sa propre superficialité, son manque de profondeur, pour essayer d'arriver devant autrui sans attente irréaliste, sans cargaison de préjugés, d'espoirs, d'arrogance ; on ne veut pas faire le tank, on laisse son canon, ses mitrailleuses et son blindage ; on arrive devant autrui sans le menacer, on marche pieds nus sur ses dix orteils au lieu d'écraser la pelouse sous ses chenilles ; on arrive l'esprit ouvert, pour l'aborder d'égal à égal, d'homme à homme, comme on disait jadis. Et, avec tout ça, on se trompe à tous les coups. Comme si on n'avait pas plus de cervelle qu'un tank. On se trompe avant même de rencontrer les gens, quand on imagine la rencontre avec eux ; on se trompe quand on est avec eux ; et puis quand on rentre chez soi, et qu'on raconte la rencontre à quelqu'un d'autre, on se trompe de nouveau. Or, comme la réciproque est généralement vraie, personne n'y voit que du feu, ce n'est qu'illusion, malentendu qui confine à la farce. Pourtant, comment s'y prendre dans cette affaire si importante - "les autres" - qui se vide de toute la signification que nous lui supposons et sombre dans le ridicule, tant nous sommes mal équipés pour nous représenter le fonctionnement intérieur d'autrui et ses mobiles cachés ? Est-ce qu'il faut pour autant que chacun s'en aille de son côté, s'enferme dans sa tour d'ivoire, isolée de tout bruit, comme les écrivains solitaires, et fasse naître les gens à partir des mots, pour postuler ensuite que ces êtres de mots sont plus vrais que les vrais, que nous massacrons tous les jours par notre ignorance ? Le fait est que comprendre les autres n'est pas la règle dans la vie. L'histoire de la vie, c'est se tromper sur leur compte, encore et encore, encore et toujours, avec acharnement et, après y avoir bien réfléchi, se tromper à nouveau. C'est même comme ça qu'on sait qu'on est vivant : on se trompe. Peut-être que le mieux serait de renoncer à avoir tort ou raison sur autrui, et continuer, rien que pour la balade. Mais si vous y arrivez, vous... alors vous avez de la chance.

Auteur: Roth Philip

Info: Pastorale américaine, Gallimard, p. 47

[ illusion ]

 

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relations amoureuses

Sandeau, Musset, Chopin… A travers les aventures rocambolesques de sa vie et les couples transitoires qu’elle [George Sand] forme avec ses compagnons successifs dans les décors variés de l’Europe, c’est toujours la même odeur qui persiste, de clinique et de désinfectant. Un hôpital de campagne qu’elle traîne après elle de Venise à Paris et de Paris à Nohant puis encore de Nohant à Majorque… Un bloc opératoire mobile, maternel, bienveillant. Pour ses amants ectoplasmes, ses amis translucides et fluidiques, ses appendices mâles si peu phalliques de plus en plus efflorescents. Sandeau est extrêmement paresseux et à peu près dépourvu de talent, elle l’oblige à se mettre à son bureau, le nourrit quand il oublie de le faire, se fatigue vite de le tenir à bout de bras sur ce bord de son propre néant où il titube. Musset abuse de l’alcool, se montre souvent grossier et violent, s’effondre de temps en temps en proie à des espèces de crises nerveuses qu’elle regarde assez lucidement comme des affaires de possession. Inondé de sueur il se tord et hurle et croit voir des fantômes tomber sur lui. Intensité de l’exhibition du lien démoniaque derrière les jets déclamatifs de passion. "Est-ce que l’amour élevé et croyant est possible ? Est-ce qu’il faut que je meure sans l’avoir rencontré ? Toujours saisir des fantômes et poursuivre des ombres !" s’écrit George Sand qui sait très bien qu’elle va de spectre en spectre quand elle dit chercher l’amour… Elle est frigide, raconte-t-on parfois ? Mais non, bien sûr, pas plus que n’importe qui. Et puis d’ailleurs, comment pourrait-elle "jouir" puisqu’elle n’a à sa disposition dans son lit que des ombres, fatalement ? Au fond ses amants de passage me semblent des incarnations assez modernes de l’espèce masculine, ils ne seraient pas déplacés aujourd’hui. Les bouclettes de Sandeau l’incapable, la vulgarité éthérée de Musset, le retrait digne et silencieux de Chopin derrière sa toux de Dame aux camélias… Le gâtisme final de son mari qui, à la veille de mourir, en 1869, écrit à Napoléon III pour lui demander la Légion d’honneur non pas en tant qu’ancien officier mais parce qu’il a été l’époux de Sand et qu’elle l’a fait cruellement souffrir…

Auteur: Muray Philippe

Info: Dans "Le 19e siècle à travers les âges", page 606, à propos de George Sand

[ déceptions ] [ littérature ] [ femme-hommes ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

monologue

Alors, entrons dans le dialogue avec une question que je me posais depuis très longtemps : comment Dieu parle-t-il, et à qui ? Lorsque je l’ai posée, voici la réponse que j’ai reçue :
Je parle à chacun. Tout le temps. La question n’est pas : à qui je parle, mais : qui écoute ?
Intrigué, j’ai demandé à Dieu d’élaborer à ce sujet. Voici ce que Dieu a dit :
Tout d’abord, remplaçons le mot parler par communiquer. C’est un bien meilleur terme, plus riche, plus précis. Lorsque nous essayons de nous parler (Moi à toi, toi à Moi) nous sommes immédiatement contraints par l’incroyable limite des mots. Voilà pourquoi je ne communique pas seulement en paroles. En réalité, je le fais rarement. Je communique le plus souvent par le sentiment. Le sentiment est le langage de l’âme.
Si tu veux savoir ce qui est vrai pour toi en ce qui concerne une chose précise, observe comment tu te sens par rapport à celle-ci. Les sentiments sont parfois difficiles à découvrir (et souvent même plus difficiles à reconnaître). Mais ta vérité suprême se trouve tapie dans tes sentiments les plus profonds.
Il s’agit d’arriver à ces sentiments. Je te montrerai comment. A nouveau. Si tu le souhaites.
J’ai alors dit à Dieu que je le souhaitais vraiment mais, qu’ à présent, je souhaitais encore davantage recevoir une réponse entière et complète à mes questions. Voici ce que Dieu m’a dit :
Je communique aussi par la pensée. La pensée et les sentiments ne sont pas la même chose, même s’ils se produisent parfois en même temps. En communiquant par la pensée, j’utilise souvent des images. C’est pourquoi les pensées sont plus efficaces que les seules paroles, en tant qu’outils de communication.
En plus des sentiments et des pensées, j’utilise également le véhicule de l’expérience pour communiquer intensément.
Finalement, lorsque les sentiments, les pensées et l’expérience échouent, j’utilise des paroles. En vérité, les paroles sont l’outil de communication le moins efficace. C’est l’outil le plus souvent ouvert à l’interprétation, le plus souvent mal compris.
Pourquoi donc ? A cause de la nature des paroles. Les paroles ne sont que des émissions de sons : des bruits qui représentent les sentiments, les pensées et l’expérience. Ce sont des symboles. Des signes. Des insignes. Elles ne sont pas la vérité. Elles ne sont pas ce qu’elles représentent.

Auteur: Neale Donald Walsch

Info: Conversations avec Dieu

[ mobile ] [ humain ] [ être infini ] [ prière ] [ spiritualité ]

 

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