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décor

Assise près du mur sur le banc des amoureux, je regarde les moineaux qui bâtissent leurs nids. Maçons nés, ils sont sûrs de leur tâche et ne laissent choir aucune brindille. Une musique s'échappe faiblement de la maison de l'autre côté du mur. Les notes d'abord lentement recherchées, suggèrent une mélodie. Une note est pincée, pure, cercle liquide qui miroite dans sa plénitude ; elle est si longtemps tenue qu'elle infiltre tous les pores de ma peau sans défense. Une tiédeur lumineuse s'empare de mon corps et le caresse, les gammes suivent un chemin en zigzag, une courbe ici, un détour là, et un motif se forme, en flots sensuels comme les eaux fécondantes de quelque fleuve antique.

Auteur: Githa Hariharan

Info: Les mille visages de la nuit

[ sonore ] [ image ]

 

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beauté

Par la fenêtre je regarde la nuit tomber. Le ciel devient soudain plus clair que la terre. La nuit ici a ses façons "qui ne sont pas les nôtres". De son neuvième étage jusqu'au mont des moineaux, on voit Moscou, ville concentrique où l'étranger tourne en rond comme dans un coeur russe : gratte ciel, coupoles d'or, croix grecques, chargées de chaînes, et la Moskowa, dont les enfants, de leurs patins, biseautent la glace. Les doubles fenêtres mastiquées, bourrées de ouate, ne laissent passer aucun courant d'air, mais la neige est poussée horizontalement par un vent de Sibérie. Elle se colle aux arbres, aux façades et les double d'un trait blanc. Je suis bien. Il fait chaud comme au fond d'un lit.

Auteur: Morand Paul

Info: L'Europe galante (1925, 250 p., Grasset, les cahiers rouges) p 180

[ atmosphère ] [ dimension nocturne ] [ paysage ] [ poésie naturelle ]

 

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gamines

Les seules à l’émouvoir un peu, ce sont les petites qui passent, en sortant du primaire, en bande de moineaux. Quand elle les voit sautiller comme ça, pattes maigres et torses plats, Maud se souvient de son enfance comme un paradis perdu. Le goût des BN à quatre heures, qu’elle commençait à manger par les coins, en regardant les dessins animés. L’odeur particulière de la gomme au fond de la trousse, celle des fraises Tagada. Les jeux dans la cour de récré, les amitiés exclusives, jalouses. Les vacances, si longues. Les cadeaux de Noël, mal cachés dans l’armoire, cent fois palpés d’un doigt léger, inquisiteur. Les tours de vélo sur le parking, entre copines, aux soirs d’été. Elle se souvient sans conviction, sans certitude.

Auteur: Roger Marie-Sabine

Info: Un simple viol

[ enfance ] [ nostalgie ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

ferme

Durant ces jours d'été solitaires, alors que mes grands-parents travaillaient aux champs, j'avais l'impression de prendre part à un rêve.
J'entrais dans l'étable et refermais soigneusement la porte de bois brut. L'intérieur était plongé dans la pénombre. L'étable avait un toit de chaume et il y faisait frais même les jours de canicule. Des rais de lumière obliques passaient entre les planches du bâti. Une poussière dorée y virevoltait. En m'avançant dans l'espace obscur, je brisais l'une après l'autre les surfaces tremblantes de lumière qui se reformaient immédiatement après mon passage. Cela sentait le blé et le foin. Les poules grattaient le sol jonché de tiges à la recherche de graines. Un chat guettait une souris. Des moineaux s'étaient posés sur les poutres, sous le toit, et attendaient que le chat disparaisse pour se joindre aux poules.

Auteur: Stasiuk Andrzej

Info: Fado, p 167

[ campagne ] [ enfance ] [ saison ] [ basse-cour ]

 

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effort

Au petit jour, lorsqu’il t’en coûte de t’éveiller, aie cette pensée à ta disposition : c’est pour faire œuvre d’homme que je m’éveille. Serai-je donc encore de méchante humeur si je vais faire ce pour quoi je suis né, et ce en vue de quoi j’ai été mis dans le monde ? Ou bien, ai-je été formé pour rester couché et me tenir au chaud sous mes couvertures ? Mais c’est plus agréable ! Es-tu donc né pour te donner de l’agrément ? Et, somme toute, es-tu fait pour la passivité ou pour l’activité ? Ne vois-tu pas que les arbustes, les moineaux, les araignées, les abeilles remplissent leurs tâches respectives et contribuent pour leur part à l’ordre du monde ? Et toi, après cela, tu ne veux pas faire ce qui convient à l’homme ? Tu ne cours point à la tâche qui est conforme à la nature.

Auteur: Marc-Aurèle

Info: Pensées pour moi-même, p. 81-82

[ accomplissement de l'essence de l'être ] [ condition humaine ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

mystère

Qui a dit de l'eau qu'elle est incolore, inodore et sans saveur ?... L'eau a une couleur que révèle la soif. L'eau a la couleur des chants d'oiseaux, le moineau en particulier, de ces oiseaux que n'affole pas cette guerre venue de la mer tant que demeure préservé leur morceau de ciel. L'eau a le goût de l'eau, cette odeur de l'air chaud, en fin d'après-midi, quand il s'élève des champs où se bercent les vagues lourdes des épis, le long d'étendues parsemées de zébrures sombres, pareilles aux ombres fugaces que laissent derrière elles les ailes des moineaux quand ils rasent les moissons. Car il ne suffit pas de voler pour être oiseau. L'une des pires choses de la langue arabe, c'est peut-être que l'avion - tâïra - soit le féminin de l'oiseau - tâïr. Les oiseaux poursuivent leur chant, affirment leur présence au milieu du fracas des bombardements maritimes. Qui a dit que l'eau est inodore, incolore et sans saveur? Qui a dit que l'avion est le féminin de l'oiseau?

Auteur: Darwich Mahmoud

Info: Une mémoire pour l'oubli

[ vocabulaire ] [ aqua simplex ]

 

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frangine

Ma soeur,

une nuée toujours ombrait

tes paupières.

Accoudée au balcon

- une enfant encore -

tu regardais la mer

dérouler le rêve

de la solitude sans fin.

Tu alimentais ton coeur

des feuilles de l'automne

La mère reflétait

l'énigme de son ombre

dans le fond de tes yeux.

La pâle lueur de ton visage

errait sur le plancher

de notre demeure.

Nous ne te vîmes jamais pleurer.

Là seulement sur tes tempes

les veines ténues

pareilles à des filons de lumière bleue

battaient la fièvre

de tes lèvres recluses.

(Combien de fois,

aux heures où tu dormais,

je me penchais sur elles pour y lire

ton secret.)

Remplie d'amour et de pitié

tu pansais nos blessures

et te taisais.

Ton silence avisait de tout.

Par les soirs d'hiver

tu avançais seule dans la forêt

pour soigner

les moineaux nus,

pour réchauffer

les insectes transis.

Grain à grain tu amassais en toi

les larmes des pauvres, des humbles.

Et quand s'effondra notre maison

ce fut toi encore qui resta droite

- ombre de la Sainte Vierge -

afin de me montrer les étoiles

au travers des trouées du toit.

Désormais ton silence s'est brisé

et dans le petit coquillage que tu cachais

j'ai écouté les clameurs de l'océan.

Ma soeur, il ne m'est resté

pas même une pierre où m'étendre.


Auteur: Yannis Ritsos

Info: Le chant de ma soeur : Edition bilingue français-grec.

[ eulogie ] [ poème ]

 
Ajouté à la BD par miguel

légende

Il [Saint François d’Assise] parvint à un endroit, près de Bevagna, où se trouvait assemblée une très grande multitude d’oiseaux d’espèces diverses : colombes, corneilles et d’autres qu’on appelle ordinairement des moineaux. En les voyant, le très bienheureux serviteur de Dieu François, en homme d’une très grande ferveur qui portait un grand sentiment de piété et de douceur même aux créatures inférieures et privée de raison, courut vers eux avec allégresse, laissant ses compagnons sur le chemin. Une fois qu’il fut assez près, voyant que les oiseaux l’attendaient, il les salua à sa manière habituelle. Mais voyant non sans étonnement que les oiseaux ne prenaient pas la fuite comme ils le font d’ordinaire, il fut rempli d’une joie immense et les pria humblement, disant qu’ils devaient écouter la parole de Dieu. Parmi les nombreuses choses qu’il leur dit, il ajouta encore celles-ci : "Mes frères les oiseaux, vous devez beaucoup louer votre Créateur et l’aimer toujours, lui qui vous a donné des plumes pour vous revêtir, des ailes pour voler et tout ce dont vous avez besoin. Dieu vous a rendus nobles parmi ses créatures et il vous a accordé d’habiter dans la pureté de l’air ; car comme vous ne semez ni ne moissonnez, lui-même ne vous en protège et ne gouverne pas moins, sans que vous vous en souciiez le moins du monde." A ces paroles, les petits oiseaux – à ce qu’il disait, lui et les frères qui se trouvaient avec lui – exultèrent de façon étonnante, selon leur nature : ils commencèrent à allonger le cou, à étendre leurs ailes, à ouvrir le bec et à regarder vers lui. Mais lui, passant au milieu d’eux, allait et venait, touchant leurs têtes et leurs corps de sa tunique. Enfin, il les bénit et, après avoir fait un signe de croix, il leur donna congé de s’envoler dans un autre lieu. Quant au bienheureux père, il allait avec ses compagnons, se réjouissant sur le chemin, et rendant grâce à Dieu que toutes les créatures vénèrent par une confession suppliante.

Auteur: Celano Thomas de

Info: Vita prima, 58

[ christianisme ] [ animaux ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

totalitarismes

Apparemment enhardi par ses propres formulations, Jung s’aventure avec confiance sur la glace fragile des généralisations et des pronostics politiques. Tout d’abord, il exprime sa foi en la démocratie : "En qualité de Suisse, je suis un démocrate invétéré, et cependant je reconnais que la nature est aristocratique, et de plus, ésotérique." S’étant ainsi absous lui-même, il poursuit : "Les grands actes libérateurs de l’histoire universelle ont été accomplis par des personnalités dominantes, jamais par la masse inerte qui est en tout temps secondaire et dépend du démagogue si elle doit éventuellement bouger." Le péan de la nation italienne, ajoute-t-il, est dédié à la personnalité du Duce, et les chants funèbres des autres nations lamentent l’absence de grands chefs. Au cas où nous pourrions encore douter de la nature de ces grands chefs, Jung ajoute une note marginale qui mérite d’être citée en entier : Ce chapitre a été originellement donné sous forme de conférence sous le titre de Die Stimme des Innern au Kulturbund, à Vienne, en novembre 1932. Depuis lors, l’Allemagne aussi a trouvé son chef.

Que cette note ait été plus qu’un commentaire impersonnel est corroboré par un certain nombre de faits. Lorsqu’il fut critiqué par le Dr G. Bailly pour avoir accepté de devenir l’éditeur de la Zentrablatt für Psychotherapie, Jung soutint qu’en accomplissant cette démarche, il s’était exposé aux malentendus "auxquels personne ne peut échapper, lorsque mû par une nécessité supérieure, il est parvenu à s’entendre avec les pouvoirs qui existent en Allemagne" [Neue Zürcher Zeitung, 13 mars 1934]. […]

En 1936, alors qu’il développait son "analyse psycho-politique" conformément à la tendance aristocratique de la nature, Jung déclare explicitement : "La démocratie communiste ou socialiste est le soulèvement des inadaptés contre les efforts de l’ordre." Et encore : "Les hommes SS sont en pleine transformation et vont devenir une caste de chevaliers à la tête de 60 millions d’indigènes." "Il existe deux types de dictateurs, le type du chef et le type du medecine-man. Hitler appartient à ce dernier type. Il est le porte-parole des anciens dieux… la Sybille… l’oracle delphique." Dès le début de 1939 il avertit les chefs d’Etats occidentaux "de ne pas toucher à l’Allemagne dans son humeur présente. Elle est beaucoup trop dangereuse… Laissez-la pénétrer en Russie. Il y a là assez de territoires – un sixième de la surface de la terre" [Cosmopolitan Interview, janvier 1939]. […]

Après l’événement, Jung fit preuve d’une sagesse rétrospective comme l’eut fait à sa place tout autre mage politique qui se serait rendu coupable d’une semblable énormité. […] Après la défaite de 1945, son portrait de Hitler subit une transformation remarquable. La figure hermaphrodique du medecine-man "religieux" cum Sybille, le "demi-dieu" qu’il nous avait présenté en 1936 fait place à "cet épouvantail à moineaux psychique (avec pour bras un manche à balai)", un hystérique, souffrant de pseudologia phantastica, un psychopathe entraînant des millions d’êtres à une psychose collective, qui, incidemment cessait d’être – comme en un temps aux yeux de Jung – particulière à l’URSS. 

Auteur: Glover Edward

Info: Dans "Freud ou Jung ?", trad. Lucy Jones, P.U.F., Paris, 1954, pages 118-120

[ nazisme ] [ caution extérieure ] [ volte-face ] [ vingtième-siècle ] [ ambivalence ] [ adaptation ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson