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déclic

En même temps, une autre image m’apparaît : Nietzsche sort d’un hôtel de Turin. Il aperçoit devant lui un cheval et un cocher qui le frappe à coups de fouet. Nietzsche s’approche du cheval, il lui prend l’encolure entre les bras sous les yeux du cocher et il éclate en sanglots.

Ca se passait en 1889 et Nietzsche s’était déjà éloigné, lui aussi, des hommes. Autrement dit : c’était précisément à ce moment-là que s’est déclarée sa maladie mentale. Mais, selon moi, c’est bien là ce qui donne à son geste sa profonde signification. Nietzsche était venu demander au cheval pardon pour Descartes. Sa folie (donc son divorce d’avec l’humanité) commence à l’instant où il pleure sur le cheval.

Et c’est ce Nietzsche-là que j’aime, de même que j’aime Tereza, qui caresse sur ses genoux la tête d’un chien mortellement malade. Je les vois tous deux côte à côte : ils s’écartent tous deux de la route où l’humanité, "maître et possesseur de la nature", poursuit sa marche en avant.

Auteur: Kundera Milan

Info: L'insoutenable légèreté de l'être

[ basculement ] [ homme-animal ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

rapports humains

Le portier répond en écartant les bras juste ce qu’il faut pour indiquer la résignation. Mais il sait bien que, pour ces nouvelles générations, la résignation n’existe pas. Ou vainqueurs immédiats du trophée, ou abjects perdants. Ou le ricanement arrogant du triomphe, ou les pleurnicheries rageuses de la déception.

C’est à lui, Oreste Nava, qu’il incomberait d’expliquer que la résignation n’est pas une vieillerie à l’usage des curés et des bonnes femmes, mais l’art infiniment délicat de se mouvoir entre les rudes extrêmes du tout et du rien, le seul yoga capable de développer l’intelligence, le seul karaté permettant de mûrir, et donc de poursuivre au milieu des coups de bâton qui de toute façon vous pleuvront sur le dos le long du chemin. Et en outre de regarder le moment venu la mort, sans vraiment, de terreur, faire dans son pantalon.

Mais ce sont là des concepts complexes, ramifiés, qui, traduits en mots par Oreste Nava, auraient à ses propres oreilles un son bien peu persuasif : celui d’un sermon confus de vieux gâteux.

Auteur: Fruttero Carlo

Info: L'amant sans domicile fixe

[ décalage ] [ renoncement ] [ abnégation ] [ limitation sémantique ] [ jeune-vieux ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

agonie

- Il ne faut pas pleurer, mon amour. Il faut se résigner à l'inévitable. - Chut, dis-je. Repose-toi, tu vas aller mieux. - Il suffit que j'étende la main, dit-il, pour sentir le froid de la mort. Veux-tu me prendre dans tes bras quand le moment sera venu ? Je suis en paix. Ne pleure pas. - Si je pleure, dis-je, ce n'est pas sur toi, c'est sur moi, mon bien-aimé, comment pourrai-je supporter l'existence sans toi qui est mon amour et ma vie? - Tu n'es pas seule, dit-il. Je vis dans mes enfants. Il se tut. Puis je l'entendis murmurer mon nom et je me penchai vers lui. - Nous avons été heureux ensemble, n'est-ce pas ? - Toujours, mon amour, toujours. - Tout se précipite, dit-il. Etends-toi un peu à côté de moi. Je mis mon visage contre le sien : son souffle caressait ma joue, doux et léger comme un pétale de rose ; puis il soupira, comme de fatigue, et tourna vers moi son visage ; et c'est ainsi que s'enfuit son âme si tendre et que la lumière s'éteignit dans ses yeux.

Auteur: Markandaya Kamala Purnaiya Taylor

Info: Le Riz et la mousson, p. 243

[ couple ] [ au revoir ] [ mort ] [ séparation ]

 

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angoisse

Elle but les dernières quelques gorgées d'eau bouillie, et se mit soudain à voir toutes ses peurs entrer, une par une, dans la maison. Solitude fut la première à se présenter - seule, bien sûre. Francisca la reconnu immédiatement, car elle parcourut avec une feinte timidité toute la maison en quête du bon endroit où se loger. Elle s'installa en fin de compte dans la poche intérieure de l'un des nouveaux manteaux de fourrure de Francisca et ne bougea plus. Culpabilité arriva peu après, pointant vers elle de logs doigts réprobateurs. Elle se glissa dans un chemisier en soie rouge et, enfonçant ses doigts à travers les longues manches, continua de harceler Francisca. Puis, main dans la main, Rejet et Abandon firent leur entrée. Ils se déplacèrent librement dans la pièce, sans faire attention à Francisca. Sous peu, ils choisirent une paire de chaussure fantaisie à talons aiguilles et disparurent chacun dans une chaussure différente. Francisca se rendit compte que ses peurs étaient venues en même temps que sa fortune. Elles avaient seulement attendu l'occasion propice, un moment de faiblesse et de désespoir complet, pour se révéler.

Auteur: Cañon James

Info: Dans la ville des veuves intrépides

[ solitude ] [ littérature ]

 

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affronter

Parfois, le destin ressemble à une tempête de sable qui se déplace sans cesse. Tu modifies ton allure pour lui échapper. Mais la tempête modifie aussi la sienne. Tu changes à nouveau le rythme de ta marche, et la tempête change son rythme elle aussi. C'est sans fin, cela se répète un nombre incalculable de fois, comme une danse macabre avec le dieu de la Mort, juste avant l'aube. Pourquoi ? parce que la tempête n'est pas un phénomène venu d'ailleurs sans aucun lien avec toi. Elle est toi même et rien d'autre. elle vient de l'intérieur de toi. Alors la seule chose que tu puisses faire, c'est pénétrer délibérément dedans, fermer les yeux et te boucher les oreilles afin d'empêcher le sable d'y entrer, et la traverser pas à pas. Au coeur de cette tempête, il n'y a pas de soleil, il n'y a pas de lune, pas de repère dans l'espace ; par moments, même, le temps n'existe plus. Il n'y a que du sable blanc et fin comme des os broyés qui tourbillonne haut dans le ciel. Voilà la tempête de sable que tu dois imaginer.

Auteur: Murakami Haruki

Info: Kafka sur le rivage

[ épreuve ]

 

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oulipien

3. Dans le film documentaire "La vie / RFA", de Harun Farocki, tous les événements d'une vie, de la naissance à la mort, sont représentés dans le cadre de séances préparatoires, de formations proposées par des institutions, des agences, des organismes...
4. "For us, there is only the trying" (T.S. Eliot)
5. Au fil du temps, de longs travellings, jusqu'à la frontière.
6. Partout et nulle part - insaisissable ? - elle se définit parfaitement, au contraire.
7. S'éprouve, parfois fugitivement, le temps d'un souffle, l'espace d'un éclair.
8. Un beau jour de printemps 2013, nous traversions la passerelle Simone de Beauvoir, entre Bercy et la Bnf, et je me demandais si le moment était venu de l'embrasser (avec sans doute, au fond de moi, le souvenir, encore, d'Eliot : "caresses / which are unreproved, if undesired.")
9. "Je n'y peux rien, c'est elle qui m'a choisi." (Adamo)
10. Des citations, comme apprentissage, indices, amorces - avertissements, aussi...
11. Des mots, des mots, des mots, comme à la radio, pour éviter de vivre.
12. Des mots, en attendant de vivre.
13. Des mots, pour arriver à vivre.

Auteur: Benslama Karim

Info: In "99 notes préparatoires à la vie", texte inédit, écrit selon la contrainte des "99 notes préparatoires" de Frédéric Forte (on peut en apprendre plus sur le site de l'Oulipo...) - voilà pourquoi j'ai pensé faire cette proposition, pour ma 99e - rien de bien extraordinaire...

[ agrégat ] [ existence ] [ lecture ] [ refuge ] [ autoportrait ]

 
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Ajouté à la BD par Benslama

connaissance dévoilée

Il n’est pas étranger à l’essence de la parole [...] de s’accrocher à l’autre. La parole est médiation sans doute, médiation entre le sujet et l’autre, et elle implique la réalisation de l’autre dans la médiation même. Un élément essentiel de la réalisation de l’autre est que la parole puisse nous unir à lui. [...]

Mais il y a une autre face de la parole qui est révélation.

Révélation, et non expression – l’inconscient n’est pas exprimé, si ce n’est pas déformation. [...] toute l’œuvre de Freud se déploie dans le sens de la révélation, et non pas de l’expression. La révélation est le ressort dernier de ce que nous cherchons dans l’expérience analytique.

La résistance se produit au moment où la parole de révélation ne se dit pas [...]. La venue arrêtée de la parole, pour autant que quelque chose peut-être la rend fondamentalement impossible, c’est là le point-pivot où, dans l’analyse, la parole bascule tout entière sur sa première face et se réduit à sa fonction de rapport à l’autre. Si la parole fonctionne alors comme médiation, c’est de ne pas s’être accomplie comme révélation.

Auteur: Lacan Jacques

Info: Dans le "Séminaire, Livre I", "Les écrits techniques de Freud (1953-1954)", éditions du Seuil, 1975, pages 80-81

[ psychanalyse ] [ vérité du sujet ] [ relation ] [ parole pleine-parole vide ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

mimétisme

À mes moments perdus, j'apprends à marcher à une statue. Étant donné son immobilité exagérément prolongée, ce n'est pas facile. Ni pour elle. Ni pour moi. Grande distance nous sépare, je m'en rends compte. Je ne suis pas assez sot pour ne pas m'en rendre compte.

Mais on ne peut avoir toutes les bonnes cartes dans son jeu. Or donc, en avant.

Ce qui importe, c'est que son premier pas soit bon. Tout pour elle est dans ce premier pas. Je le sais. Je ne le sais que trop. De là, mon angoisse. Je m'exerce en conséquence. Je m'exerce comme jamais je ne fis.

Me plaçant près d'elle de façon strictement parallèle, le pied comme elle levé et raide comme un piquet enfoncé en terre.

Hélas, ce n'est jamais exactement pareil. Ou le pied, ou la cambrure ou le port, ou le style, il y a toujours quelque chose de manqué et le départ tant attendu ne peut avoir lieu.

C'est pourquoi j'en suis venu presque à ne plus pouvoir marcher moi-même, envahi d'une rigidité, pourtant toute d'élan, et mon corps fasciné me fait peur et ne me conduit plus nulle part. 


Auteur: Michaux Henri

Info: La Vie dans les plis, La statue et moi, pp.60-61

 

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Ajouté à la BD par miguel

irresponsabilité

Leur idée – on peut dire la seule idée qui leur reste – c’est que le monde suit son chemin comme une locomotive lancée sur les rails, et dès qu’on leur demande de changer quoi que ce soit à ce qui est, ils parlent de retour en arrière. Supposez que demain – puisque nous sommes dans les suppositions, restons-y – les radiations émises sur tous les points du globe par les usines de désintégration modifient assez profondément leur équilibre vital et les sécrétions de leurs glandes pour en faire des monstres, ils se résigneront à naître bossus, tordus ou couverts d’un poil épais en se disant une fois de plus qu’on ne s’oppose pas au progrès. Le mot de progrès sera le dernier qui s’échappera de leurs lèvres à la minute où la planète volera en éclats dans l’espace. Leur soumission au progrès n’a d’égale que leur soumission à l’État, et elle a absolument le même caractère. Le progrès les dispense de jamais s’écarter d’un pas de la route suivie par tout le monde. L’État les décharge un peu plus chaque jour du soin de disposer de leur propre vie, en attendant le jour prochain – déjà venu pour des millions d’hommes en ce moment même – où il les exemptera de penser.

Auteur: Bernanos Georges

Info: Dans "La liberté, pour quoi faire ?", éditions Gallimard, 1995, page 92

[ fatalisme ] [ résignation ]

 
Mis dans la chaine

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Ajouté à la BD par Coli Masson

monde

Nous sommes à une nouvelle croisée des chemins avec de nouvelles promesses et de nouveaux périls... Nous ne pouvons pas nous permettre d'être divisés. Le partenariat et la coopération entre les nations ne sont pas un choix, ils sont la seule voie. Les alliés doivent s'écouter les uns les autres, apprendre les uns des autres, se faire confiance les uns aux autres... Le plus grand danger serait de permettre à de nouveaux murs de nous diviser. Les murs entre les alliés de longue date ne peuvent pas rester debout. Les murs entre les pays les plus riches et les plus pauvres ne peuvent pas rester debout. Les murs entre les races et les tribus, entre les indigènes et les immigrants, entre chrétiens, musulmans et juifs ne peuvent pas rester debout. Le plus grand danger serait de permettre à de nouveaux murs de nous diviser. Au contraire, le moment est venu de construire de nouveaux ponts à travers le globe. Il faut avoir pour objectif... un monde sans arme nucléaire, mettre un terme à la prolifération, diminuer ces arsenaux qui sont d'une autre ère. Il faut travailler avec la Russie quand nous le pouvons, défendre nos valeurs quand nous le devons. Nous unir pour sauver la planète et rendre à nos enfants leur avenir.

Auteur: Obama Barack

Info:

[ planète terre ] [ espérance ] [ USA ] [ humanisme ]

 

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