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littérature

Ainsi dès 1807, il était notoire que les sources dont allaient bientôt s'inspirer l'imprimeur de Boulaq étaient des plus suspectes. Nombre de lecteurs arabes cultivés, qui ont lu comme tout le monde Les Mille Et Une Nuits dans l'édition de Boulaq, sont aujourd'hui au fait de ces insuffisances. Mais le respect de la prétendue bienséance et le poids du dogmatisme religieux empêchent d'y rien changer. La presse internationale, au mois de mai 1985, a fait état de la diffusion au Caire d'une nouvelle édition des Nuits, mieux en conformité, semblerait-il, avec la leçon de manuscrits originaux (nous n'en savons pas davantage, n'ayant pas réussi à mettre la main dessus). Mais une fois de plus les religieux veillaient, qui ont obtenu pas décision de justice que ladite édition fût saisie et détruite, de peur de mettre en péril l'image sourcilleuse que l'Islam actuel entend donner de lui au vaste monde. Nous doutons fort que de tels autodafés servent en quoi que ce soit la religion du Prophète. Ils témoignent en tout cas, a contrario, de la belle santé d'une oeuvre qui, après sept siècles, fait encore trembler les cagots et le pouvoir qui les protège.

Auteur: Khawam René R.

Info: Introduction à sa traduction des Mille Et Une Nuits, 19 juin 1986

[ musulman ]

 

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cité imaginaire

Si je n'avais pas vu le nom de la ville en grosses lettres lorsque j'ai atterri à Trude, j'aurais pensé être arrivé au même aéroport que celui d'où j'étais parti. Les banlieues que l'on m'a fait traverser n'étaient pas différentes des autres, avec les mêmes maisons jaunes et vertes. En suivant les mêmes flèches on faisait le tour de parterres de fleurs similaires dans des quartiers identique. Les rues du centre présentaient des enseignes d'emballage de marchandises qui ne changeaient en rien. C'était la première fois que je venais à Trude, mais je connaissais déjà l'hôtel où je descendais au hasard ; j'avais déjà entendu et exprimé mes conversations avec les acheteurs et les vendeurs de ferraille ; d'autres journées comme celle-ci s'étaient terminées en regardant à travers les mêmes lunettes des nombrils similaires qui se balançaient. Pourquoi venir à Trude ? Me suis-je demandé. Et je voulais déjà partir. - Vous pouvez prendre un vol quand vous voulez, - m'ont-ils dit, - mais vous arriverez à une autre Trude, la même point par point, le monde est couvert par un unique Trude qui ne commence ni ne finit, seul le nom à l'aéroport change.

Auteur: Calvino Italo

Info: Villes invisibles

[ normalisée ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

persécutions

Je ne pouvais pas rater un spectacle aussi extraordinaire que la déportation des Juifs de Kiev. Dès l'aube, je me précipitai dans la rue. Ils étaient sortis avant le lever du jour, pour arriver le plus tôt possible au train et avoir des places. Pleurant et se querellant, la population juive du kolkhoze maraîcher se déversait dans la rue avec ses enfants qui hurlaient, ses vieillards, ses malades. Des paquets mal ficelés, de vieilles valises en contreplaqué, des sacs rapiécés, des caisses contenant des outils de charpentier... Des vieilles femmes portaient autour du cou des couronnes d'oignons, tels des colliers gigantesques : c'étaient les provisions de route... Vous comprenez, en temps normal, les infirmes, les malades, les vieillards, restent à la maison et on ne les voit pas. Mais là, tout le monde devait venir, et ils étaient tous là. [...] En proie à une agitation convulsive, je courais d'un groupe à l'autre, écoutant les conversations, et plus nous approchions du Podol, plus il y avait de monde dehors. Les habitants se tenaient sur le seuil de leur maison, regardaient, poussaient des soupirs, se moquaient des Juifs ou bien leur criaient des injures.

Auteur: Kuznetsov Anatoli

Info: Babi Yar, récit de Tolia, témoin alors qu'il était enfant

[ camps de concentration ] [ antisémitisme ]

 

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mâyâ

Nous pouvons affirmer ainsi que chacun de nous, dans la vie où il trouvera la libération, recouvrera tous ces souvenirs. C’est alors seulement que vous découvrirez que ce monde-ci n’est qu’un rêve ; que vous vous rendrez compte, au plus profond de votre âme, que le monde est un théâtre et que vous n’êtes que des acteurs ; alors seulement l’idée du non-attachement s’abattra sur vous avec la puissance de la foudre ; alors toute cette soif de jouissance, tout cet attachement passionné à la vie et au monde s’évanouiront à jamais, alors l’esprit verra, clair comme le jour, combien de fois toutes ces choses ont existé pour vous, combien de millions de fois vous avez eu des pères et des mères, des fils et des filles, des maris et des femmes, des parents et des amis, des richesses et du pouvoir. Tout cela est venu et puis est reparti. Combien de fois avez-vous été au sommet de la vague et combien de fois avez-vous été dans l’abîme du désespoir ! Lorsque la mémoire vous apportera toutes ces choses, alors seulement vous vous dresserez en héros et vous sourirez lorsque le monde vous boudera.

Auteur: Vivekânanda Swâmi

Info: Dans "Jnâna-Yoga", pages 197-198

[ oubli ] [ identification ] [ maya ] [ détachement ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

travail

Dans mes vagues souvenirs, du temps où j’avais cinq ou six ans, je vois le plus souvent, avec dégoût naturellement, autour d’une table ronde un conclave de femmes intelligentes, sévères et moroses, des ciseaux, des étoffes, des patrons et des figures de mode. Tout ce monde discute et raisonne, en hochant gravement et lentement la tête, tout en mesurant, calculant et se préparant à couper. Tous ces visages caressants, qui m’aiment tant, sont tout à coup devenus inabordables ; que je commette la moindre espièglerie, et on me chassera aussitôt. Même ma pauvre bonne, qui me soutient de la main et a cessé de répondre à mes cris et à mes tiraillements, est tout yeux et tout oreilles comme en face d’un oiseau du paradis. Eh bien ! cette sévérité sur des visages intelligents, cet air grave avant de commencer la coupe, j’éprouve comme une souffrance, aujourd’hui encore, en y pensant. Tatiana Pavlovna, vous aimez passionnément couper ! Si aristocratique que ce soit, j’aime pourtant mieux une femme qui ne fait rien du tout. ne prends pas cela pour toi, Sofia... Mais à quoi bon ? La femme n’a pas besoin de cela pour être une grande puissance.

Auteur: Dostoïevski Fédor Mikhaïlovitch

Info: "L'Adolescent", éditions Gallimard, 1998, traduit par par Pierre Pascal, page 112

[ femmes-par-homme ] [ concentration ] [ indifférence ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

infobésité

Nous sommes surtout harcelés de lectures d’intérêt immédiat et violent. Il y a dans les feuilles publiques une telle diversité, une telle incohérence, une telle intensité de nouvelles (surtout par certains jours), que le temps que nous pouvons donner par vingt-quatre heures à la lecture en est entièrement occupé, et les esprits troublés, agités ou surexcités.

L'homme qui a un emploi, l'homme qui gagne sa vie et qui peut consacrer une heure par jour à la lecture, qu'il la fasse chez lui, ou dans le tramway, ou dans le métro, cette heure est dévorée par les affaires criminelles, les niaiseries incohérentes, les ragots et les faits moins divers, dont le pêle-mêle et l'abondance semblent faits pour ahurir et simplifier grossièrement les esprits.

Notre homme est perdu pour le livre... Ceci est fatal et nous n'y pouvons rien.

Tout ceci a pour conséquences une diminution réelle de la culture; et, en second lieu, une diminution réelle de la véritable liberté de l'esprit, car cette liberté exige au contraire un détachement, un refus de toutes ces sensations incohérentes ou violentes que nous recevons de la vie moderne, à chaque instant.

Auteur: Valéry Paul

Info: Dans "Regards sur le monde actuel et autres essais" 1931

[ divertissement ] [ éparpillement ] [ décadence du lire ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

mourir

Trois stratégies s'ouvrent à qui se sent vieillir : certains se sentent tellement abattus par la vieillesse qu'ils sombrent dans la dépression et l'abandon. d'autres tentent d'éviter les méfaits de l'âge, nient l'approche de la mort, renoncent à la recherche du sens et se réfugient dans la routine quotidienne. D'autres enfin affrontent consciemment leur situation acceptent les transformations liées à l'approche de la fin de l'âge mûr et parviennent au point où ils sont prêts à " s'éteindre avec la vie ", pour reprendre la formule de Jung. Opter pour cette stratégie, c'est embrasser la vie et la mort comme un couple d'opposés intimement liés et affirmer son désir de participer de plain-pied à un processus qui transcende ces deux entités. La conscience des fins dernières progresse et l'individu discerne le rhizome qui sous-tend la splendeur et la mort du monde tangible. Dans le cadre de l'évolution personnelle qui mène du moi au Soi, la fin de la maturité constitue une période de métamorphose qui prépare l'ultime transition vers la mort et offre à chacun la chance de définir son existence individuelle comme une partie infime mais nullement négligeable de l'inflexible volonté du cosmos.

Auteur: Stevens Anthony

Info: Jung, Editions du Félin, 1994

[ affronter ] [ psychanalyse ] [ triades ]

 

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avril

Il y a quelque chose dans le mot printemps qui suggère non seulement la fragilité des pousses nouvelles, mais aussi ce monde humide, glacé, terreux, odorant de mousse, que les brins d'herbe couleur d'émeraude, les fourreaux et les dagues transparentes ont percé pour émerger enfin à l'air libre.

Le mot printemps, empreint comme il l'est du vert même des tiges de jacinthes, du bleu des œufs de fauvette, du reflet des pétales de chélidoines, est chargé d'une signification à la fois nostalgique et humaine : il oblige l'esprit à se replier, par-delà la supplication de chaque son et de chaque paysage printaniers, jusque dans l'obscure terre primordiale saturée de pluie d'où toute chose sont issues, jusque dans des lieux humides et froids où les baguettes cinglantes du coudrier frappent la peau, où le sol dissimule traitreusement ses marécages, où de jeunes oiseaux et de jeunes lapins sont dévorés par les faucons, où les effluves provoquent de dangereuses accalmies et le retour de douloureux souvenirs, où de noirs liquides empoisonnés suintent du tronc des hêtres, où les bourgeons des prunelliers sont autant de présages du destin, du malheur et de la mort subite.

Auteur: Powys John Cowper

Info: Givre et sang

[ clair-obscur ]

 

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Ajouté à la BD par Le sous-projectionniste

judaïsme

Pendant deux siècles, les communautés juives ont à la fois cherché à s'enraciner dans la société environnante, tout en craignant que cette volonté de citoyenneté à part entière aboutisse à la disparition par assimilation de la culture juive. Pendant deux siècles, et quels que soient les continents, la société non juive a, selon les époques et les régions, accueilli les mondes juifs ou les a rejetés. Cette expérience historique collective a façonné une vision de l'avenir basée sur l'incertain, sur la nécessité d'être sur "ses gardes", de s' attendre au pire et donc de maintenir une certaine distance par rapport au monde, tout en participant intensément et avec passion à sa transformation. Le sionisme a tenté, en formant un Etat-nation hébreu, de transformer les judaïsmes en une unité cohérente, en une société assurée de son avenir; il a voulu normaliser les Juifs en les dotant d'un territoire et d'un Etat. Mais ce faisant, il s'est condamné à vivre avec ce "péché originel" de disposer d'une terre que d'autres tenaient pour leur, et a échoué dans sa volonté de rassembler l'ensemble des mondes juifs. Depuis quelques décennies, il assiste à la renaissance des judaïsmes diasporiques.

Auteur: Ajchenbaum Yves Marc

Info: Les judaïsmes, Gallimard, Le Monde actuel, Paris 2000

 

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ego-psychologie

Accompagnant l’élan d’un de mes patients vers un peu de réel, avec lui je dérape sur ce que j’appellerai le credo de bêtises dont on ne sait si la psychologie contemporaine est le modèle ou la caricature. A savoir, le moi, considéré comme fonction de synthèse à la fois et d’intégration – la conscience, considérée comme l’achèvement de la vie – l’évolution, considérée comme la voie par où advient l’univers de la conscience – l’application catégorique de ce postulat au développement psychologique de l’individu – la notion de conduite, appliquée de façon unitaire pour décomposer jusqu’à la niaiserie tout dramatisme de la vie humaine. Tout va à camoufler ceci, que rien dans la vie concrète d’un seul individu ne permet de fonder l’idée qu’une telle finalité la conduise, qui la mènerait, par les voies d’une conscience progressive de soi que soutiendrait un développement naturel, à l’accord avec soi ainsi qu’au suffrage du monde d’où son bonheur dépend. [...]

Il y a là des formes allégées de suggestion, si l'on peut dire, qui ne sont pas sans effet, et qui peuvent trouver d'intéressantes applications dans le champ du conformisme, voire de l'exploitation sociale.

Auteur: Lacan Jacques

Info: Dans "Le triomphe de la religion", éd. du Seuil, Paris, 2005, pages 19-20

[ dirigiste ] [ psychologue éducateur ] [ critique ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson