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machiavélisme

Un étranger, ayant dit et publié par tout qu'il pourrait instruire Dionysius, Tyran de Syracuse, d'un moyen de sentir et découvrir en toute certitude les parties que ses sujets machineraient contre lui, s'il lui voulait donner une bonne pièce d'argent. Dionysius, en étant averti, le fit appeler à soi pour l'éclaircir d'un art si nécessaire à sa conservation ; cet étranger lui dit qu'il n'y avait pas d'autre art, sinon qu'il lui fit délivrer un talent et se vantait d'avoir appris de lui un singulier secret. Dionysius trouva cette invention bonne et lui fit compter six cens écus. Il n'était pas vraisemblable qu'il eut donné si grande somme à un homme inconnu, qu'en récompense d'un très-utile apprentissage ; et servit cette réputation à tenir ses ennemis en crainte.

Auteur: Montaigne Michel Eyquem de

Info: Essais, Garnier 1962, t.1 p.140 livre I chap.XXIV

[ pouvoir ] [ conservation ]

 

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tourisme

J'aime le voyage, mais je ne perds pas la tête à la seule apparition de ce mot, un de ces mots qui, sur l'affiche ou l'écran, font frétiller avec excès nos contemporains.

Ils croient voyager encore, mais ils ne font que se déplacer. Autrefois, le voyage était une expérience, une épreuve, au temps de Montaigne ou même de Goethe. Pour voir quelque chose, il fallait mâcher le temps et l'espace, endurer la fatigue et même risquer le danger. Et quand on changeait d'horizon, on changeait d'univers. Après une randonnée à travers l'Europe, on était un homme mieux trempé.

Aujourd'hui, c'est plutôt le contraire, le voyage n'est que mollesse, facilité. Je me méfie d'un homme qui se targue de ses voyages ; c'est sans doute un niais.

Auteur: Drieu La Rochelle Pierre

Info:

[ mise à disposition du monde ] [ surestimé ] [ vacherie ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

recherche de référent

Est-ce à dire que les Essais [de Montaigne] puissent fournir un modèle littéraire à une apologie de la religion telle que l’entend Pascal ? Imparfaitement, car ayant dans l’abstrait compris les dangers d’une dispositio méthodique, Montaigne reste désemparé au moment de traduire pratiquement son rejet de la méthode.

"Qu’il évitait en sautant de sujet en sujet, qu’il cherchait le bon air." [Pascal, fragment 644]

La "confusion" de Montaigne ne saurait tenir lieu d’idéal rhétorique : la désorganisation des Essais, le vagabondage fantaisiste, l’émiettement ne sont pas une alternative satisfaisante à la méthode. C’est qu’en réalité [...] Montaigne, soucieux de ne pas "attrister" ni "ennuyer" son auditoire, obéit à une préoccupation prioritairement esthétique et mondaine ; son refus de la méthode tient de l’indifférence à la vérité, et l’installe dans une superficialité de bon ton, qui s’accommode sans peine d’une insoluble confusion.

Auteur: Thirouin Laurent

Info: "Pascal ou le défaut de la méthode", Honoré Champion Editeur, Paris, 2023, page 104

[ discours ] [ logique légitime ] [ voie tierce ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

peur

Ceci seulement. Pyrrho le Philosophe, se trouvant un jour de grande tourmente dans un bateau, montrait ceux qu'il voyait les plus effrayés autour de lui, et les encourageait par l'exemple d'un pourceau, qui y était, nullement soucieux de cet orage. Oserons-nous donc dire que cet avantage de la raison, de quoi nous faisons tant de fête, et pour le respect duquel nous nous tenons maîtres et empereurs du reste des créatures, ait été mis en nous pour notre tourment ? A quoi faire la connaissance des choses, si nous en perdons le repos et la tranquillité, où nous serions sans cela, et si elle nous rend de pire condition que le pourceau de Pyrrho ? L'intelligence qui nous a été donnée pour notre plus grand bien, l'emploierons nous à notre ruine, combattant le dessein de nature, et l'universel ordre des choses, qui porte que chacun use de ses outils et moyens pour sa commodité ?

Auteur: Montaigne Michel Eyquem de

Info: Essais, Garnier 1962, t.1 p.51 livre I chap.XIV

[ maîtrise ]

 

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journal de bord

En la police économique, mon père avait cet ordre, que je sais louer, mais nullement ensuivre : c'est qu'outre le registre des négoces du ménage où se logent les menus comptes, paiements, marchés, qui ne requièrent la main du notaire, lequel registre un receveur a en charge, il ordonnait à celui de ses gens qui lui servait à écrire, un papier journal à insérer toutes les survenances de quelque remarque, et jour par jour les mémoires de l'histoire de sa maison, très-plaisante à voir quand le temps commence à en effacer la souvenance, et très à propos pour nous ôter souvent de la peine : quand fut entamée telle besogne ? Quand achevée ? Quels trains y ont passé ? Combien arrêté ? Nos voyages, nos absences, mariages, morts, la réception des heureuses ou malencontreuses nouvelles ; changement des serviteurs principaux ; telles matières. Usage ancien, que je trouve bon à rafraîchir, chacun en sa chacunière. Et me trouve un sot d'y avoir failli.

Auteur: Montaigne Michel Eyquem de

Info: Essais, Garnier 1962, t.1 p.254 livre I chap.XXXV

[ main courante ]

 

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biais

Les thèmes du livre (*) ne le distinguent pas de la littérature antisémite habituelle et le situent dans la suite des falsifications classiques, les Documents des Sages de Sion et le discours de Simeon ben Jehuda (**) (p.277). Il passe en revue la participation des Juifs à la Révolution russe, leur union avec les francs-maçons, leur contingent dans l'armée française, dans la population de Paris, les unes aussi sûrement fantasmatiques que les autres. Si le livre sort du lot des écrits antisémites habituels, cela tient en premier lieu à la personne de l'auteur. Céline a montré dans ses romans et dans son pamphlet Mea culpa qu'il n'a pas d'autre moyen d'expression à sa disposition que l'invective, quel que soit le sujet. Le nouveau livre perd constamment de vue son objet pour se tourner vers diverses figures impopulaires sur lesquelles porte l'animosité de l'auteur. L'unité du sujet est retrouvée lorsque Racine (p.219), Montaigne (p.125), Marat (p.276), Chesterton (p.189) sont présentés comme des enjuivés.

Auteur: Benjamin Walter

Info: Lettre du 7 mars 1938, dans "Lettres sur la littérature", éd. ZOE, p. 84-85 - (*) le livre dont il est question est "Bagatelles pour un massacre" (**) référence au roman antisémite "Biarritz" de Sir John Retcliffe (pseudonyme de Herman Goedsche), dans lequel il est question d'un "complot juif", thème qui se propage en Europe dans les années 30

[ critique littéraire ] [ obsession ]

 
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Ajouté à la BD par Benslama

tricksters

Les philosophes n’étudient plus, ne cherchent plus à comprendre, ne se heurtent plus aux aspérités de l’Histoire, n’enseignent plus Montaigne ni Pascal. Sans parler de Cicéron ni d’Épictète ! Pourtant les œuvres de ces auteurs furent l’inspiration et le contrepoint de la culture classique de la raison réfléchissante. Leurs écrits étant au mieux considérés comme des recueils d’aphorismes à prétention philosophique, voilà qui les bannissait du philosophique légal et institutionnel. On rejetait hors des gonds de raison ce qui ne se rangeait pas à la coutume du système. On les écartait de l’assiette des sciences croissantes et leur rôle, cependant, dans la critique épistémologique, est loin d’être indifférent ou inutile ! Non indifférent car ils poussent la culture de l’irréfléchi en toutes les branches des savoirs, y compris celle qu’on peut atteindre dans la région de la foi. Utile car les savoirs se regroupent autour d’un concept puissamment élaboré de la raison, poussée au point d’écarteler les deux branches de l’alternative d’un pari ouvrant sur la foi sans aller cependant jusqu’à la légitimer.

Auteur: Robinet André

Info: L'il a été : Destin et liberté

[ historique ] [ visionnaires ] [ religion ] [ rationalisme ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

habitudes

La routine est le seul style de vie à ma portée. Par routine, j’entends un petit répertoire d’activités tranquilles, les unes agréables les autres obligatoires. Le secret, pour leur conférer l’apparence du bonheur, est de rendre les contraintes plaisantes et d’éviter que les plaisirs ne deviennent contraignants — car si on a tout à gagner à joindre le plaisir aux premières, on perd beaucoup à mettre de l’obligation dans les seconds. En somme, la routine à laquelle je me plie ressemble à cette sagesse petite-bourgeoise prônée par Montaigne visant une existence "sans miracle ni extravagance". Rien n’égale en charme, à mes yeux, le train paisible de l’amour, de l’écriture, de la lecture et autres agréments, auquel je me laisse aller sans réserve ni vergogne. — Mais alors, me dira-t-on, que faites-vous de l’aventure ? De la lutte ? Hélas ! L’une demande une curiosité et l’autre une vitalité que je n’ai pas. Les chasseurs de nouveaux horizons me rasent. Les rebelles me lassent. La vraie vie est ailleurs ? Qu’ils y aillent. Mon utopie est ici, entre la plage, ma chambre, ma bibliothèque. Et c’est un territoire que je défendrai manu militari.

Auteur: Schiffter Frédéric

Info: Journées perdues

[ éloge ] [ familiarité des jours ] [ simplicité ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

sagesse

Le défaut de l'homme inculte est qu'il croit trop. Un esprit cultivé allège ; comme si beaucoup d'idées y vivaient ensemble par une politique provisoire, sans s'accorder toutes ; et c'est le propre d'un esprit juste, dans tous les sens de ce mot, que le oui et le non y vivent en paix, comme on voit en Montaigne ; aussi les lourds et précipités jugeurs ne le peuvent suivre. Il est pourtant clair qu'il y a une manière d'être assuré en ses opinions qui n'est pas bonne, comme les fous et les maniaques le font voir. Il est vrai qu'aussi le sage ne doute point de tout, et Montaigne non plus. Ces débats ne se terminent point en deux ou trois arguments. J'ai observé chez des hommes de sens une masse difficile à déplacer, reposant sur elle-même et bien assise, nullement prête à s'écrouler par ici ou par là. Je dirais d'eux non pas qu'ils doutent de beaucoup de choses, mais plutôt qu'ils sont assurés de beaucoup de choses. Et voilà un équilibre que ni les métiers ni les sciences ne peuvent donner, parce que le fait et l'argument y ont une force brutale ; la guerre habite en ces dogmatiques.

Auteur: Alain

Info: Mars ou la guerre jugée, Les Passions et la Sagesse, la Pléiade, nrf Gallimard 1960, p.658

[ principes ] [ certitude ]

 

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cinéma

En tout cas c’est l’esprit moderne tel que Shakespeare, suivant Montaigne, l’a orienté et tout illumine d’aurore : l’homme dansant, ivre d’intelligence, sur les cimes du désespoir. Il y a bien une différence. Le langage, chez Charlot, n’est plus de convention, le mot est supprimé, et le symbole, et le son même. C’est avec ses pieds qu’il danse. [...] Chacun de ces pieds, si douloureux et si burlesques, représente pour nous l’un des deux pôles de l’esprit. L’un se nomme la connaissance, et l’autre le désir. Et c’est en bondissant de l’un sur l’autre qu’il cherche ce centre de gravité de l’âme que nous ne trouvons jamais que pour le perdre aussitôt. Cette recherche est tout son art, comme elle est l’art de tous les hauts penseurs, de tous les hauts artistes et, en dernière analyse, de tous ceux qui, même sans s’exprimer, veulent vivre en profondeur. Si la danse est si près de Dieu, j’imagine, c’est qu’elle symbolise pour nous dans le geste le plus direct et l’instinct le plus invincible le vertige de la pensée qui ne peut réaliser son équilibre qu’à la condition redoutable de tournoyer sans relâche autour du point instable qu’il habite, et de poursuivre le repos dans le drame du mouvement.

Auteur: Faure Elie

Info: Charlot, op. cit., ici p. 48-49 - Charlie Chaplin

[ ballet ] [ continuité ] [ évolution ]

 

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Ajouté à la BD par miguel