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avant-guerre

Ce qui pesait sur nous - je le sens aujourd'hui - c'était la fatalité de la guerre proche. Les être d'une sensibilité frémissante savent tout d'avance. Cette ombre immense montait dans le ciel. Encore invisible, elle jetait sur nous tous, et particulièrement sur ceux qu'elle avait marqués, son filet d'angoisse. Comment n'eussions-nous pas été tristes ? Tout conspirait contre nos élans naturels. En ces années 1908-1914, que certains dépeignent aujourd'hui comme un âge d'or, les circonstances ne nous inclinaient qu'au découragement et à l'inquiétude. Aucun de ceux qui m'entouraient, s'il m'en souvient bien, n'attendait rien de bon de la vie. Si forte était notre conviction que la réalité nous meurtrirait que nous ne cherchions que des évasions !

Auteur: Balde Jean Jeanne Marie Bernarde Alleman

Info: La maison au bord du fleuve

[ menace ]

 

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nature

Subitement il fit très froid. Antonio sentit que sa lèvre gelait. Il renifla. Le vent sonna plus profond; sa voix s'abaissait puis montait. Des arbres parlèrent; au-dessus des arbres le vent passa en ronflant sourdement. Il y avait des moments de grand silence, puis les chênes parlaient, puis les saules, puis les aulnes; les peupliers sifflaient de gauche et de droite comme des queues de chevaux, puis tout d'un coup ils se taisaient tous. Alors, la nuit gémissait tout doucement au fond du silence. Il faisait un froid serré. Sur tout le pourtour des montagnes, le ciel se déchira. Le dôme de nuit monta en haut du ciel avec trois étoiles grosses comme des yeux de chat et toutes clignotantes.

Auteur: Giono Jean

Info: Le chant du monde

[ obscurité ] [ littérature ] [ nocturne ]

 

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fanatisme politique

Sebastian et moi avons été les témoins étonnés de deux discours enthousiasmants : la vigueur du nazisme dans les années 1930, la générosité du communisme après 1945. Dans notre expérience d’enfants initiés par la guerre et le côtoiement de la mort, nous avions déjà compris que deux langages gouvernaient le monde mental des hommes. L’un qui montait vers le ciel en fabriquant des images esthétiques ou hideuses, entourées de mots qui donnaient la fièvre : "Héroïsme… victoire du peuple… pureté… mille ans de bonheur… lendemains qui chantent."

Ces mots brûlants nous éloignaient du réel 3. Sebastian (11 ans en 1918) et moi (8 ans en 1945) préférions les mots qui donnent un plaisir discret, celui des explorateurs qui, en découvrant le monde, dégustent le réel.


Auteur: Cyrulnik Boris

Info: Le laboureur et les mangeurs de vent

[ illusion ] [ idéologies ] [ gauche-droite ] [ extrêmes ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

décadence

- Tu t'excites, grand-père.
- C'est vrai, ce que je dis. Quand est-ce qu'on aurait vu, avant, que les gens du village s'aident pour de l'argent ? On construisait une maison, on montait un poêle, et ça s'appelait de l'aide. Si le propriétaire avait de la gnôle, il la servait, et s'il en avait pas, c'était pas la peine ; la fois d'après c'était lui qui venait aider. Mais maintenant, tout est pour de l'argent. On laboure un potager - dix roubles. On apporte du foin - dix roubles. Et si tu as la chance de bien tomber et qu'on se fiche pas de toi, alors, c'est moins cher - un rouble. On travaille pour l'argent et on vit pour l'argent. Partout, on cherche le profit. C'est pas une honte, ça ?

Auteur: Raspoutine Valentin

Info: De l'Argent pour Maria

[ solidarité ]

 

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aube

Toute la nuit, au septentrion, une aurore rouge sang, inouïe, empourpra l'univers entier. L'eau était rouge, lilas, noire, verte. Puis, en une journée et une nuit, elle évoqua tour à tour le verre des bouteilles, le feuillage de printemps, les feuilles tombées; elle passa par toutes les nuances de mauve, fut tour à tour brune et d'un bleu profond. Le ciel était tout à la fois rouge, cuivré comme le cuivre porté à l'incandescence, bleu d'acier oxydé, blanc de neige, rose comme les roses, et à la minuit, le ciel nocturne, au sud, était obscur. Une terre chagrine s'étendait, toute proche - montagnes, neige, glaciers -, sur les falaises les cris de la Foire-aux-oiseaux rompaient l'éternel silence, on eût dit que pleurait, gémissait, bramait la terre, qu'une douleur, une amertume inhumaines déchiraient ses entrailles, qu'un hurlement montait de son ventre - mauvais, ça !...

Auteur: Pilniak Boris

Info: Le Pays d'Outre-Passe

[ couleurs ]

 

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nuit

L'obscurité était une cape jetée négligemment sur les montagnes et les prairies, les aboiements des chiens d'Anselm réveillaient des échos lointains dans les collines sillonnées de crêtes. L'haleine du canyon était humide et froide.
La piste montait et la poussière molle absorbait le bruit des pas des chevaux.
Un ruisseau fougueux longeait la piste et affrontait musicalement les pierres de son lit.
Un quartier de lune montante peignait de ternes taches argentées sur les parois du canyon, scintillait à la surface de la rivière et se reflétait faiblement sur les troncs décolorés des sapins brûlés.
Alors qu'ils faisaient une halte, Stuart tendit l'oreille pour guetter ce que le vent pouvait apporter.
Il était aux aguets... Il lui semblait entendre une rumeur ininterrompue dans la nuit.
...Les chevaux étaient figés, tête dressées, à l'affût; ils respiraient plus fort, ils flairaient une chose intéressante.
Puis, le bruit s'arrêta.

Auteur: Haycox Ernest

Info: Le Passage du canyon

[ ténèbres ] [ silence ] [ alarme ]

 

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réaction en chaîne

Au premier jour de rien montait dans le néant
Le Son originel, comme une ondulation,
On l'appelait le Verbe dans certaines traditions,
Celui qui manifeste l’élan de création.

Les jours suivants se virent accorder la mission
D’édifier l’univers à ses balbutiements,
De l’habiter des astres, des chérubins, des anges ;
De peupler le cosmos et notre firmament.

Le monde en formation sortait de sa genèse,
La lumière jaillissait du mur de la pénombre,
La sphère solaire ardente régnait en souveraine
Sur un ballet-cortège de planètes capturées.

La vie se déployait sur celle qu’avait élue
L’Esprit omnipotent qui la fit peupler d’êtres
Prenant disposition sur l’échelle du vivant,
Sous l’aile et le regard des archanges bienveillants.

En cette heure avancée indiquée par l’aiguille
Courant sur le cadran du temps universel,
La contingence me fit sortir de ma routine,
J’ai croisé le chemin de l’élue de mon cœur.

Auteur: Fossat Simon

Info: Destin de poète dans "Poèmes de l'asphalte", pages 18-19

[ individu-cosmos ] [ hasard-nécessité ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

morgue

Les tiroirs coulissaient sans le moindre bruit, dans cette fluidité propre aux songes. Et dans cette implacable logique des rêves, David savait déjà que Kristel se trouverait dans le tiroir du milieu. C'était là qu'elle avait échoué, en fin de compte, installée au milieu des autres cadavres, tel un simple morceau de viande ouverte, empaquetée, numérotée. Il ne voulait pas voir ça. Il voulait que ce rêve cesse tout de suite. Mais le rêve continuait. Une odeur de gaz carbonique montait dans l'air. Un froid emplissait le corps de David, le paralysant. Il n'avait jamais fait de rêve d'un tel réalisme auparavant.
Le tiroir du milieu s'ouvrit à sont tour, et Kristel était bien là, paisiblement allongée à l'intérieur. Comme endormie, si ce n'étaient ses immenses yeux, deux ciels d'été fixement ouverts, qui reflétaient une totale incompréhension. Comme si elle se demandait "pourquoi" alors que la vie l'abandonnait.

Auteur: Sire Cédric

Info: L'enfant des cimetières

[ dépouille ]

 

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chef d'oeuvre

La Casa Mila était l'une des constructions les plus célèbres de Gaudi. Un immeuble au design unique; avec ses alvéoles et ses balcons sinueux, il ressemblait au flanc d'une montagne creusée par les intempéries. D'ailleurs on lui avait donné un surnom, "La Pedrera", la carrière.*
(...)
Le plan de la Casa Mila est une double boucle, comme le signe infini, qui forme deux trous aux bords effondrés. Chaque fosse mesure près de trente mètres et, vu du ciel, on a l'impression que deux puits percent le toit de l'immeuble. [...] Un escalier en spirale montait à l'ascension de ce puits, son garde-fou en fer forgé reproduisant les alvéoles d'un corail. Une jungle de lianes et de feuilles débordait des rambardes, comme pour envahir tout l'espace.
Une architecture vivante, s'émerveilla Langdon, en reconnaissant une fois de plus les talents de Gaudi à reproduire la profusion du vivant.

Auteur: Brown Dan

Info: Origine, p 273 et p 289

[ construction ] [ bâtiment ]

 

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nuit

[...] Ses lèvres souriantes étaient sur mon visage et, au-dessus de ses cheveux, je voyais le croissant de lune qui souriait aussi. La brise printanière était comme ivre et déchirait les nuages pour laisser voir la lune et un ou deux couples d'étoiles. Au bord de la rivière, les saules s'agitaient mollement, des grenouilles chantaient amoureusement, le parfum des jeunes roseaux flottait dans l'air tiède du soir. J'écoutais le murmure de l'eau, source de force et de vie pour les tendres roseaux dont j'imaginais l'allègre croissance. La sève des jeunes pousses montait du sol chaud et humide jusqu'aux feuilles et aux fleurs. Tout dans ce coin de terre fécondé et transfiguré par le printemps répandait un parfum de fleurs épanouies. J'avais perdu conscience d'être moi-même, livrée toute au printemps comme la végétation alentour ; je n'existais plus, fondue dans la brise et le pâle clair de lune. [...]

Auteur: Lao She Shu Qingchun

Info: Le nouvel inspecteur : Suivi de Le croissant de lune, page 70

[ nature ] [ littérature ] [ couple ]

 

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