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projection altruiste

"Vraiment il y a progrès sensible, se disait-il le lendemain ; à voir exactement les choses, je n’avais presque aucun plaisir hier à être dans son lit ; c’est curieux, je la trouvais même laide." Et certes, il était sincère, mais son amour s’étendait bien au-delà des régions du désir physique. La personne même d’Odette n’y tenait plus une grande place. Quand du regard il rencontrait sur sa table la photographie d’Odette, ou quand elle venait le voir, il avait peine à identifier la figure de chair ou de bristol avec le trouble douloureux et constant qui habitait en lui. Il se disait presque avec étonnement : "C’est elle", comme si tout d’un coup on nous montrait extériorisée devant nous une de nos maladies et que nous ne la trouvions pas ressemblante à ce que nous souffrons.

Auteur: Proust Marcel

Info: A la recherche du temps perdu, tome 1, 2ème partie : Du Côté de chez Swann II : Un amour de Swann

[ rapports humains ] [ incarnation fantasmée ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

pacifisme

Sur la paroi encore criblée de balles, une fresque a arrêté mon attention, la colombe de la paix, celle qui avait livré à Noé le rameau annonçant la fin du Déluge. Elle plane là, ailes écartées, munie d'un gilet pare-balles, mais visée à la gorge par un tireur.

Banksy, artiste britannique de la rue, l'a peinte au pochoir en 2005. Il dénonçait la gestion militaire du différent et montrait que ce traitement ne réussirait qu'à tuer la paix. Banksy, à l'instar de Fantomas, de Zorro ou de Batman, se cache derrière une armure d'anonymat ; comme eux, il réfute l'ordre établi, opère dans la clandestinité, refuse de confondre le légal et le juste. L'art doit s'insérer partout, pour tous, il est une manifestation de la liberté. Sa candide colombe, qui ne croit pas au pouvoir des armes et qui vit ses derniers instants, m'a touché au cœur.

Auteur: Schmitt Eric-Emmanuel

Info: Le défi de Jérusalem

[ sédition ] [ Palestine-Israël ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

opinions politiques

Dostoïevski était parmi les sceptiques. Lecteur assidu des auteurs socialistes, il ne s’en montrait pas moins critique à leur égard. Tout en reconnaissant la noblesse de leurs aspirations, il les considérait comme des chimères d’hommes honnêtes. Il insistait surtout sur le peu d’importance qu’avaient ces théories pour nous autres Russes. Ce n’était pas sur les doctrines socialistes occidentales, disait-il, que pourrait se fonder l’évolution de notre société ; les sources devaient en être recherchées dans la vie et les traditions historiques séculaires de notre peuple. Le mir, l’artel, la caution solidaire formaient à ses yeux une base autrement sûre du progrès social à venir que les rêveries de Saint-Simon et de ses adeptes. La vie dans une commune d’Icarie ou dans un phalanstère lui apparaissait comme plus pénible et plus avilissante que n’importe quel bagne. Il va de soi que nos fanatiques du socialisme ne partageaient pas sa manière de voir.

Auteur: Milioukov Alexandre

Info: "Dostoïevski vivant", trad. du russe par Raïssa Tarr, éditions Gallimard, 1972, page 59

[ déracinement ] [ critique ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

égoïsme

Le jour où La Rochefoucauld s'avisa de ramener et réduire aux incitations de l'amour-propre les mouvements de notre coeur, je doute s'il fit tant preuve d'une perspicacité singulière, ou plutôt s'il n'arrêta pas l'effort d'une plus indiscrète investigation. Une fois la formule trouvée, l'on s'y tint et, durant deux siècles et plus, on vécut avec cette explication. Le psychologue parut le plus averti, qui se montrait le plus sceptique et qui, devant les gestes les plus nobles, les plus exténuants, savait le mieux dénoncer le ressort secret de l'égoïsme. Grâce à quoi tout ce qu'il y a de contradictoire dans l'âme humaine lui échappe. Et je ne lui reproche pas de dénoncer "l'amour-propre" ; je lui reproche parfois de s'en tenir là ; je lui reproche de croire qu'il a tout fait quand il a dénoncé l'amour-propre. Je reproche surtout à ceux qui l'ont suivi, de s'en être tenu là.

Auteur: Gide André

Info: Journal 1889-1939, la Pléiade, nrf Gallimard 1951 <p.661>

[ littérature ]

 

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peur

Ceci seulement. Pyrrho le Philosophe, se trouvant un jour de grande tourmente dans un bateau, montrait ceux qu'il voyait les plus effrayés autour de lui, et les encourageait par l'exemple d'un pourceau, qui y était, nullement soucieux de cet orage. Oserons-nous donc dire que cet avantage de la raison, de quoi nous faisons tant de fête, et pour le respect duquel nous nous tenons maîtres et empereurs du reste des créatures, ait été mis en nous pour notre tourment ? A quoi faire la connaissance des choses, si nous en perdons le repos et la tranquillité, où nous serions sans cela, et si elle nous rend de pire condition que le pourceau de Pyrrho ? L'intelligence qui nous a été donnée pour notre plus grand bien, l'emploierons nous à notre ruine, combattant le dessein de nature, et l'universel ordre des choses, qui porte que chacun use de ses outils et moyens pour sa commodité ?

Auteur: Montaigne Michel Eyquem de

Info: Essais, Garnier 1962, t.1 p.51 livre I chap.XIV

[ maîtrise ]

 

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mère-fils

Fanny Felicitas montrait à Catherine un album en cuir de Cordoue où se trouvaient soigneusement collées des photographies de même format : on voyait Guido de trois mois en trois mois depuis ses premiers jours. Dans tous les costumes, tenu le plus souvent par sa mère, à l'occasion de toutes les fêtes, de tous les voyages, dans ses bras, debout, couché, assez souvent nu ; il y avait une centaine de clichés différents. Sous les clichés des réflexions comme ceci : "Guido contemplant le ciel pendant la nuit du 22 février, dit : "Mon Dieu, je t'en prie, fais tomber quelques étoiles pour Guido !" - "Guido dit à cinq ans : maman m'a dit que quand je suis né je n'avais pas de tête, pas de bras, pas de jambes, rien. " - "Guido dit : si les petits vers de terre étaient heureux comme moi, ils seraient tous des vers luisants."

Auteur: Jouve Pierre Jean

Info: In "Hécate", éd. Folio-Gallimard, p. 76

[ enfance ] [ légende ] [ texte-image ] [ souvenirs ]

 

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Ajouté à la BD par Benslama

portrait

Il semblait que le père de Léone eût été un respectable petit bourgeois qui la battait chaque fois qu’elle sortait avec un admirateur ; mais, si elle sortait, c’était uniquement parce que sa plus grande joie était d’être assise à la terrasse d’une petite pâtisserie et de plonger sa cuillère dans une glace tout en jetant sur les passants des regards "distingués". Bien que l’on ne pût vraiment affirmer qu’elle n’était pas sensuelle, il faudrait dire, dans la mesure où on en a le droit, qu’elle se montrait, dans ce domaine comme dans les autres, plutôt paresseuse et peu encline au travail. Chaque excitation, dans son interminable corps, mettait un temps infini à atteindre le cerveau, et il arrivait qu’au milieu de la journée, sans aucune raison, ses yeux commençaient à fondre, alors que, pendant la nuit, ils étaient restés fixés sans bouger sur un point du plafond comme pour y observer une mouche. 

Auteur: Musil Robert

Info: Dans "L'homme sans qualités", tome 1, trad. Philippe Jaccottet, éditions du Seuil, 1957, page 36

[ jeune femme ] [ flegmatique ] [ frigide ] [ femme-par-homme ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

désillusion

La première chose que j'ai vu en arrivant en bateau de Hambourg, c'est la statue de la liberté, racontait toujours son père dans ses élucubrations d'ivrogne. C'était le soir et on ne voyait rien de la ville. Mais la silhouette de cette statue, cette escroquerie, se détachait sur le ciel. C'est la première chose que j'ai vue, et j'ai pas compris que c'était une foutue torche qu'elle tenait à la main : j'ai cru qu'elle montrait une liasse de billets ! J'ai cru que c'était mon fric, le fric que je voulais gagner dans le Nouveau Monde, l'unique raison pour laquelle j'avais quitter ma mère et mon père.... et non seulement j'ai trouvé ni fric ni liberté dans cette ville merdique... et chaque fois que je lève les yeux, au marché, je vois cette connasse de statue qui est là-bas et se fout de ma gueule. Avec sa torche, elle a brûlé tous mes rêves.

Auteur: Di Fulvio Luca

Info: Le gang des rêves

[ colère ] [ Usa ]

 

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lecture

"Si ma vie avait dû s’arrêter à cet instant, je serais mort avec joie", s’exclama Dostoïevski.
Ainsi, ces mots ont fait leur lit dans mon cœur alors que j’avais à peine quinze ans. Ils ont épousé mon âme, ils l’ont entourée de milles attentions. Alors, dans des rendez-vous amoureux et passionnés, j’ai retrouvé Dostoïevski pendant des nuits entières, cachée sous mes draps avec pour seule lumière une lampe de poche. Dans ses romans que j’effeuillais selon l’ordre des pages et le désordre des passages, grâce à ses mots, guidée par son art si particulier de l’ellipse et de la parabole, je vérifiais que la douleur n’est pas le lieu de notre désir mais de notre certitude. Dostoïevski, à force d’exposer les cœurs désespérés d’éternité, me montrait jusqu’où peut aller l’amour de la vie dans les êtres profonds, nés pour la souffrance ; cet amour-là porte à tous les excès, que l’on appelle ailleurs des crimes selon le droit.

Auteur: Grimaud Hélène

Info: Variations sauvages

[ guide ] [ éloge ]

 

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coteries

[...] à la fin des années 20, le mensonge envahit tout. Les mots abstraits tirent à eux toute la vie. On ne circule plus que parmi les paroles gelées, propices aux tyrans.
D'abord, elles ne nous inquiétèrent pas. On les sentait creuses: elles l'étaient, effectivement. Et Paris se refusait à l'inquiétude. Il avait vu passer bien des gens, bien des modes. On montrait encore à Montparnasse, les tables voisines, les ardoises fraternelles de Lénine et de Mussolini. Bolcheviste, fascisme, freudisme, cubisme, expressionnisme, populisme, tout cela rentrait dans les tiroirs multiples d'une tradition rassurante. Les affiches, fussent-elles criardes, se détachaient toutes sur un même fond neutre de compromis anciens. On trouvait très commode de se dire, les uns aux autres : "moi je suis ceci, toi tu es cela." "Vieil anarchiste, vieux communiste, vieux socialiste, vieux radical, cher vieux sale réac…", c'était sans conséquence et satisfaisait le goût de l'uniforme. On "prenait donc des positions". On ne s'apercevait pas que c'était au contraire la position qui venait de vous prendre.

Auteur: Berl Emmanuel

Info: Sylvia

[ possession ] [ pensée calcifiée ] [ rattachement identitaire ] [ chapelles ] [ clans ] [ labels refuges ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson