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alcoolisme

Au début, tu voulais boire l’océan pour le mettre à sec, mais tandis que tu t’y employais, toutes sortes d’horreurs – à la fois vivantes et mortes – sont apparues. Ces créatures tâtonnaient vers toi à l’aveuglette. Plus elles étaient horribles, plus tu buvais – comme si tu tentais de les avaler, de les ôter de ta vue. Tu ne bois pas pour oublier – cela ne se passe plus ainsi – au lieu de cela, l’océan est devenu tout ce qui n’est jamais arrivé, et quand tu bois tu peux nager sans effort là où l’humeur te porte. Tu bois effectivement comme un poisson dans l’eau, puisque boire te permet de respirer sous l’eau.

Auteur: Butlin Ron

Info: Le son de ma voix

[ addiction ] [ dépendance ]

 

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souhait

Emportez-moi dans une caravelle,

Dans une vieille et douce caravelle.

Dans l'étrave, ou si l'on veut, dans l'écume,

Et perdez-moi, au loin, au loin.



Dans l'attelage d'un autre âge.

Dans le velours trompeur de la neige.

Dans l'haleine de quelques chiens réunis.

Dans la troupe exténuée des feuilles mortes.



Emportez-moi sans me briser, dans les baisers,

Dans les poitrines qui se soulèvent et respirent,

Sur les tapis des paumes et leur sourire,

Dans les corridors des os longs, et des articulations.



Emportez-moi, ou plutôt enfouissez-moi.

Auteur: Michaux Henri

Info: Emportez-moi

[ poème ]

 
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Ajouté à la BD par miguel

femmes-par-homme

Lorsqu'on sodomise systématiquement les jeunes filles, pour se procurer le plaisir de voir en elles le reflet de la pureté se revêtir en nous d'une fraîcheur qui est en elles des étoiles et se faire jour ainsi à travers notre chair jusqu'aux profondeurs où elles ont été prises : il est doux, alors, de parcourir avec les yeux l'astre éclatant où notre corps boit avec sa chair la lumière dont il a été précipité ; il est doux de sentir entrer dans l'unité la transparence des soleils dans une larme que la terre nous prend et dont elle fait une force de plus pour élever le feu des âmes mortes jusqu'à la lumière des visages pensés.

Auteur: Bousquet Joë

Info: In "Le cahier noir", éd. Albin Michel, p. 161

[ érotique ] [ extase ] [ fantasme ] [ cosmiques ]

 
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Ajouté à la BD par Benslama

belle mort

A mesure que le printemps ramenait la vie, la chasse devint de plus en plus fructueuse et agréable. Le matin, dès le point du jour, la forêt se remplissait de voix, étranges et incompréhensibles pour l’habitant des villes. Le coq de bruyère, perché sur les hautes branches d’un cèdre, gloussait et faisait entendre son chant d’amour en contemplant avec admiration la poule grise qui grattait les feuilles mortes au-dessous de lui. Il était facile d’approcher le ténor emplumé et, d’un coup de fusil, de le faire dégringoler des hauteurs où l’élevait son lyrisme, pour le ramener à des fonctions plus utilitaires. Sa mort était une euthanasie : il tombait fauché en pleine extase d’amour, sourd à tout le reste.

Auteur: Ossendowski Ferdynand

Info: Dans "Bêtes, hommes et dieux", traduit de l’anglais par Robert Renard, éditions Phébus, Paris, 1995, page 34

[ animal ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

agonie

Ultime et pure plaisanterie de la fièvre. – Dans le silence nuageux du cœur et la mélancolie d’un jour gris, dans cette déserte étendue d’oubli qui ne présente à ma fatigue qu’un lit de maladie, bientôt de mort, cette main qu’en signe de détresse, j’avais laissé tomber à mon côté, pendant avec les draps, un rayon de soleil qui se glisse vers moi me demande doucement de la reprendre, de l’élever devant mes yeux. Et comme si s’éveillaient en moi, étourdies, folles, sortant d’un coup du long brouillard où elles s’étaient crues mortes, des vies comme une foule et se bousculant à l’instant de miracle d’une fête, ma main tient une fleur et la porte à mes lèvres.

Auteur: Bataille Georges

Info: L’expérience intérieure. Paris : Gallimard, 1973,

 

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Ajouté à la BD par miguel

postérité

La nuit s’efface. Les étoiles s’éloignent. Voici que les dernières courtisanes sont rentrées avec les amants. Et moi, dans la pluie du matin, j’écris ces vers sur le sable.

Les feuilles sont chargées d’eau brillante. Des ruisseaux à travers les sentiers entraînent la terre et les feuilles mortes. La pluie, goutte à goutte, fait des trous dans ma chanson.

Oh ! que je suis triste et seule ici ! Les plus jeunes ne me regardent pas ; les plus âgés m’ont oubliée. C’est bien. Ils apprendront mes vers, et les enfants de leurs enfants.

Voilà ce que ni Myrtalê, ni Thaïs, ni Glykéra ne se diront, le jour où leurs belles joues seront creuses. Ceux qui aimeront après moi chanteront mes strophes ensemble.

Auteur: Louys Pierre Louis dit Pierre

Info: "La pluie au matin", in "Chansons de Bilitis"

[ transmission ] [ mélancolie ] [ éphémère ] [ gagnants ] [ poème ]

 

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Ajouté à la BD par Benslama

femme-par-homme

Il était torturé, car il l’aimait. Différent des amoureux vulgaires, pour qui la femme élue par leur coeur apparaît dans une auréole de perfections, il s’était attaché à elle en la regardant avec des yeux clairvoyants de mâle soupçonneux et défiant qui n’a jamais été tout à fait capturé. Son esprit inquiet, pénétrant et paresseux, toujours sur la défensive dans la vie, l’avait préservé des passions. Quelques intrigues, deux courtes liaisons mortes dans l’ennui, et des amours payées rompues par dégoût, rien de plus dans l’histoire de son âme. Il considérait les femmes comme un objet d’utilité pour ceux qui veulent une maison bien tenue et des enfants, comme un objet d’agrément relatif pour ceux qui cherchent des passe-temps d’amour.

Auteur: Maupassant Guy de

Info: Notre coeur

[ évaluée ] [ soupesée ] [ jaugée ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

particules élémentaires

Chaque atome de ton corps est issu d'une étoile qui a explosé. Et les atomes de ta main gauche proviennent sans doute d'une autres étoile que ceux de ta main droite. Voilà vraiment la chose la plus poétique que je connaisse en physique. Nous sommes tous de la poussière d'étoile. Nous ne pourrions pas être ici si les astres n'avaient pas explosé, parce que les éléments - le carbone, l'azote, l'oxygène, le fer, toutes les choses qui comptent pour l'évolution et la vie - ne furent pas créés au début des temps. Ils ont été créés dans le four nucléaire des étoiles, et la seule façon pour eux d'entrer dans ton corps est que ces étoiles ont eu la gentillesse d'exploser à un moment donné. Alors, oublie Jésus. Les étoiles sont mortes pour que tu puisses être ici aujourd'hui.

Auteur: Krauss Lawrence M.

Info:

[ rationalisme post-quantique ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

humour

- Citoyen!
Papillon, contrarié d'être sans cesse interrompu, me demanda sèchement:
- Et bien?
- Je voulais vous dire, citoyen officier, qu'il existe un moyen de réveiller vos hommes d'une léthargie désormais dangereuse.
- Le ciel le veuille, citoyen. Moi, comme vous voyez, je brûle du désir d'agir. Et quel serait votre système?
- Les puces, citoyen officier.
- Je regrette de vous décevoir, citoyen. L'armée républicaine n'a pas de puces. Elles sont toutes mortes de famine, par suite du blocus et du renchérissement de la vie.
- Je puis vous en fournir, citoyen officier.
- Je ne sais si vous parlez sérieusement ou par plaisanterie. Quoi qu'il en soit, je vais faire un rapport à l'État major; il avisera. Citoyen, je vous remercie de ce que vous faites pour la cause républicaine! Ô Gloire! Ô Rouen! Ô puces! Ô lune!

Auteur: Calvino Italo

Info: Le baron perché

[ sédition ] [ hiérarchie ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

enfance

En-dessous du bois, un peu à l'écart du chemin, il y avait un long bassin en granit rempli d'une eau à demi stagnante, devant lequel il pouvait rester des heures, agenouillé ou accroupi, à contempler l'incroyable guerre des étoiles offerte par les bestioles interagissant dans le sombre décor 3D tapissé de feuilles mortes, de mousses et de brindilles. Tout ensemble réservoir où les abeilles venaient boire et crèche des petits vers de moustiques gigotants, avec au fond de l'eau un complexe enchevêtrement végétal, base de repli des têtards, repaires d'autres insectes fascinants comme les dytiques qui nagent entre deux eaux de leurs deux rames frénétique, souvent accompagnés de trapus et vibrionnant notonectes tout sombres. Parfois le miroitement de la lumière sur la surface de l'eau voilait un instant le petit univers amniotique, coupant la continuité du mystère magique offert à son regard d'enfant humain. Devenu géant.

Auteur: Mg

Info: 4 aout 2015

[ contemplation ] [ nature ] [ émerveillement ]

 

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