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se délecter

Nous savourons différentes préparations contenant chacune l’équivalent d’une cuillérée de nourriture. Leur présentation respecte des figures géométriques de base et leur poids est négligeable par rapport à celui de l’assiette. La portion la plus légère – du lièvre fumé et de l’oseille d’Åland, sous une forme presque invisible – pèse à peu près autant que la moustache dudit lièvre... Les verres de vin se multiplient devant nous. On nous sert en effet avec chaque plat une goutte du nectar recommandé par la maison pour l’accompagner, mais il est difficile d’en prolonger la dégustation quand on ne fait qu’une bouchée du mets. Et nous avons donc tous les deux devant nous une rangée de verres. Les vins sont loin d’être aussi différents les uns des autres que les descriptions que le serveur en donne. Nous croulons sous une avalanche d’adjectifs imprécis – ulmacé, flamboyant, aimable, souple, charnu, nerveux, herbacé et des dizaines d’autres – et d’informations clairement douteuses sur de petits domaines bios du nord-est de l’Italie. Je suis néanmoins conscient que le but d’un dîner aussi fortement tarifé n’est pas de relever le manque de logique de qui que ce soit ni d’exposer des arnaques, mais de rester assis face à face, et longtemps.

Auteur: Tuomainen Antti

Info: Ce matin, un lapin...  Ici deux couples sont côte à côte sur 2 tables adjacentes, l'un déguste consciencieusement alors que l'autre est absorbé pas les smartphones

[ profiter ] [ gastronomie ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

portrait

Seul l’âge, qui chez la plupart des hommes dissout les traits personnels et les émiette en argile grise, seule la vie patriarcale, la vieillesse et la maladie, de leur ciseau créateur, donnent au visage de Freud un caractère spécial indéniable. Depuis que les cheveux grisonnent, que la barbe n’encadre plus aussi richement le menton obstiné, que la moustache ombrage moins la bouche sévère, depuis que s’avance le soubassement osseux et cependant plastique de sa figure, un quelque chose de dur, d’incontestablement offensif, se découvre : la volonté inexorable, pénétrante et presque irritée de sa nature. Plus profond, plus sombre, le regard, jadis simplement contemplateur, est maintenant aigu et perçant ; un pli amer et méfiant fend comme une blessure le front découvert et sillonné de rides. Les lèvres minces et serrées se ferment comme sur un "non" ou un "ce n’est pas vrai". Pour la première fois on sent dans le visage de Freud la rigueur et la véhémence de son être, et l’on devine que ce n’est point là un good grey old man, que l’âge a rendu doux et sociable, mais un analyste impitoyable, qui ne se laisse duper par personne et n’admet point de duperie.

Auteur: Zweig Stefan

Info: Dans "Freud", page 42

[ révélateur ] [ effet du temps ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

cénacle

Il existait à cette époque - en 1888 : j'avais dix-sept ans à peine - une école littéraire audacieuse et tout idéaliste, le Symbolisme, fourmillante de beaux esprits et de poètes que nous admirions sans les connaitre : de Stéphane Mallarmé à Paul Verlaine, ceux-là des dieux, de Verhaeren et Henri de Régnier à Stuart Merrill, de Saint-Pol-Roux-le-Magnifique au tout modeste Albert Samain voir du grand mage de la Rose-Croix, Joséphin Péladan, que nous imaginions chapeauté d'un haut bonnet étoilé, à Téodore de Wyzewa [...]
"Nous apprîmes que derrière l'Odéon une grande partie de ce beau monde se réunissait chaque jour à l'apéritif ou dans la soirée, en un certain illustre Café Voltaire. timidement, nous y fûmes, et c'était, je crois, autant que pour nous initier aux mystères de la poésie, pour admirer de près l'éclatante beauté de Madame Rachilde, le monocle hautain de Régnier, le flegme de Vielé-Griffin, la magnificence de Saint-Pol-Roux, l'impeccable veston noisette du chevalier du Plessys de Linan, le gilet à Chasse-à-courre de Dujardin, la barbe assyrienne de Fontainas, la cravache de Laurent Tailhade, l'allure de page de Merrill, le bidon rabelaisien du cher Demolder et - en outre ! - les moustaches impériales et bleu corbeau, de Jean Moréas.

Auteur: Fort Paul

Info:

[ Gaule ] [ Paris ] [ dix-huitième siècle ] [ mouvement littéraire ]

 

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genèse

Au commencement la Terre était une plaine sans fin, obscure, séparée du ciel et de la mer grise, étouffant dans une pénombre crépusculaire. Il n’y avait ni soleil ni lune ni étoiles. Cependant, bien loin, vivaient les habitants du ciel, êtres jeunes et indifférents, humains de forme, mais possédant des pattes d’émeu et une chevelure dorée étincelante comme une toile d’araignée dans le soleil couchant, sans âge et insensibles aux atteintes des ans, existant depuis toujours dans leur vert paradis bien arrosé, au-delà des nuages de l’ouest.
A la surface de la Terre, il n’y avait que des trous qui deviendraient un jour des points d’eau. Aucun animal, aucune plante, mais autour de ces sources étaient rassemblés des amas de matière pulpeuse, des restes de la soupe primordiale – silencieux, sans souffle, ni éveillés ni endormis – contenant chacun l’essence de la vie ou la possibilité de devenir humain.
Sous la croûte terrestre, cependant, les constellations luisaient, le soleil brillait, la lune croissait et décroissait et toutes les formes de vie gisaient endormies – la fleur écarlate du pois du désert, le chatoiement de l’aile du papillon, les moustaches blanches et frémissantes du Vieil Homme Kangourou – tous en sommeil comme les graines du désert qui doivent attendre l’averse vagabonde.

Auteur: Chatwin Bruce

Info: Le Chant des pistes

[ aborigène ] [ rêve ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

lithurgie administrative

Notons ce point capital : l'importance que revêt l'allure séduisante du rapport. C'est un thème récurrent dans les témoignages de cocheurs de cases, au sein des entreprises plus encore que dans les administrations. Si l'influence d'un manager se mesure au nombre de personnes qui travaillent pour lui, la manifestation concrète, immédiate, de son pouvoir et de son prestige, c'est la qualité visuelle de ses présentations et rapports. D'ailleurs, les réunions au cours desquelles ces emblèmes sont exposés aux regards sont un peu les rituels suprêmes du monde de l'entreprise. De même que la suite d'un seigneur féodal pouvait comporter des serviteurs dont le seul rôle — du moins, le seul rôle apparent — était de polir l'armure de ses chevaux ou d'épiler sa moustache avant les tournois ou les spectacles, les cadres d'aujourd'hui ont parfois des subordonnés dont la seule fonction est de préparer leurs présentations PowerPoint et de réaliser les cartes, croquis, montages photo ou illustrations qui les accompagnent. La plupart de ces rapports sont de simples accessoires dans une comédie digne du kabuki — personne ne les lit réellement du début à la fin. Mais cela n'empêche pas les cadres ambitieux de claquer joyeusement l'argent de la boîte, jusqu'à la moitié du salaire annuel d'un ouvrier, juste pour pouvoir dire : "Ah oui, bien sûr ! On a commandé un rapport là-dessus."

Auteur: Graeber David

Info: Bullshit Jobs. Chapitre 2 : Quels sont les différents types de jobs à la con ?

[ rites corporate ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

rêve

Cette nuit-là, Richie fit un cauchemar.
Complètement nu, il se faisait dérouiller par deux gigantesques Noirs portant des lunettes de soleil qui lui enfonçaient la tête dans le béton du terrain de jeu. Tambours vaudous. L'âcre odeur de pisse de l'ascenseur le faisait hoqueter. On l'avait mis à cuire dedans, dans une grande marmite noire au-dessus d'un feu roulant. Clinton Stitch, le chef des Extras, remuait le pipi avec une longue louche terminée par une tête de mort. On l'attacha ensuite sur un chevalet et les Wong lui assouplirent la couenne du tranchant de la main. Teddy les regardait faire en tunique brodée et calotte de soie noire ; il avait les yeux maquillés et une moustache mécheuse de soixante centimètres de long, les mains jointes, cachées dans les manches du vêtement. Soudain, elles apparurent, avec des ongles de cinq centimètres au vernis noir. Il les claqua deux fois l'une contre l'autre et deux gros chinetoques chauves amenèrent P., nue elle aussi, les mains liées derrière le dos. Ils la tirèrent par les cheveux, la forcèrent à s'agenouiller devant Teddy, qui ouvrit sa tunique. Son énorme dard se dressait, orné de chaque côté de tatouages de dragon crachant le feu. P. reçut l'ordre de le sucer, ce qu'elle fit avec avidité, ne s'arrêtant que brièvement pour respirer et gémir : "J'aime ça, j'aime ça."
Richie se réveilla avec la plus grosse trique de sa vie que quelques coups de poignet transformèrent en giclées couleur nacre.

Auteur: Price Richard

Info: Les seigneurs

[ érection ] [ masturbation ]

 

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classes sociales

Dostoïevski est particulièrement sensible à une caractéristique de sa nation. Depuis Pierre le Grand, qui a joué la carte de l’européanisation brutale, la structure de la société a été assez profondément modifiée. Certes il existe, probablement depuis toujours, une opposition entre deux grandes classes. Ce qui est relativement nouveau, depuis Pierre le Grand, tient en deux traits importants.

D’une part la noblesse recrute largement, s’enrichit de nouvelles ouailles, depuis que l’administration, dominée par la logique de la "table des rangs", confère la noblesse aux plus gradés, automatiquement, sans considérer les traditions familiales. Pouchkine n’est sans doute pas le seul à avoir signalé le phénomène, dont il estime avoir lui-même à souffrir. On assiste à des conflits à l’intérieur de la classe privilégiée. Certaines pages de L’Idiot peignent avec précision cet état de choses. Une fois de plus, la cohérence de l’objet dont on parle demanderait un examen sérieux.

D’autre part, la nouvelle aristocratie qui mêle ancienne noblesse et vilains savonnés, construit son unité de façade autour d’un style de vie qu’ignorait l’ancienne Russie. L’histoire de la barbe, qui peut faire rire, est hautement symbolique. Les gentilshommes, comme le disent Pouchkine et bien d’autres, sont rasés. Il est vrai qu’au début du XIXe siècle, une évolution s’est produite. Les perruques disparaissent. Les portraits exhibent des moustaches, des favoris voire des barbes entières. Cette évolution du système pileux dans l’aristocratie ne signifie pas un retour aux mœurs traditionnelles. C’est l’effet d’une mode venue de l’Occident.

Auteur: Backès Jean-Louis

Info: "Dostoïevski et la logique", YCMA-Press, Paris, 2021, pages 310-311

[ historique ] [ occidentalisation ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

description

Son visage donnait une impression de force, avec son nez fin mais aquilin, des narines particulièrement larges, un front haut et bombé, des cheveux qui se clairsemaient aux tempes, mais, ailleurs, épais et abondants. Les sourcils, massifs, se rejoignaient presque à l'arête du nez et paraissaient boucler tant ils étaient denses. La bouche, pour autant que je pusse l'entrevoir, sous l'épaisse moustache, présentait quelque chose de cruel, sans doute en raison des dents éclatantes et particulièrement pointues. Elles avançaient au-dessus des lèvres elles-mêmes dont le rouge vif soulignait une vitalité étonnante chez un homme de cet âge. Les oreilles étaient pâles et se terminaient en pointes. Le menton paraissait large et dur et les joues, malgré leur maigreur, donnaient toujours une impression d'énergie. L'impression générale était celle d'une extraordinaire pâleur. J'avais déjà remarqué le revers de ses mains qu'il avait posées sur ses genoux et, dans la lueur des flammes, elles m'avaient paru longues et fines. Pourtant, à présent que je les voyais de près, je les découvrais grossières, larges, doigts épais. Étrange constatation, aussi, je remarquais des poils au milieu des paumes. Les ongles étaient longs et fins, presque trop pointus. Un moment donné, le comte se pencha vers moi et ses mains me frôlèrent. Je ne pus retenir un frisson. Peut-être devais-je en imputer la cause à son haleine fétide, mais une terrible nausée s'empara de moi, que je ne pus cacher. Le comte s'aperçut de mon dégoût, car il recula. Avec un sourire effrayant, qui découvrit davantage ses dents proéminentes, il retourna s'asseoir à côté de la cheminée.

Auteur: Stoker Bram

Info: Dracula

[ littérature ] [ physionomie ]

 

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littérature

Sean, dans son épicerie, pouvait renifler de loin les clients merdiques.
Trois latinos en costume de lin, moustaches fines, bien taillées, entrèrent par ordre de taille décroissant et remplirent, dans le même ordre, trois gobelets à la fontaine de soda. RAS.
Le signal Danger clignota. Le mec de la pompe 4 qui venait d'entrer atteignait 5,9 sur l'échelle des débiles graves.
- Qu'est-ce que t'as foutu tout ce temps, connard ! On le fait pas attendre, le Steve !
- Ca fait 19 $.
Le mec sort un billet de 20 de sa poche.
- Eh, tu me rends ma monnaie, espèce de NEGRE !!
Le plus grand des latinos se trouvait juste derrière Steve dans la file.
- Hé, toi ! Excuse-toi !
- Va te faire foutre, Julio ! Retourne voir les guenons que vous appelez les mères de vos gosses !
Steve ne vit rien venir. Un second latino arriva par derrière avec à la main une bouteille de sauce barbecue grosse comme une balle de bowling. Qui écrabouilla le nez du Steve.
Sean fut alors le témoin d'une catégorie de violence assez inédite. Le plus grand des latinos prit dans chaque main deux broches à hotdogs de la rôtisserie et enfonça les pointes dans le torse de Steve comme on plante des banderilles. L'une transperça le poumon droit, l'autre lui éclata un ventricule.
Steve se tortilla et se mit à râler, deux hotdogs ratatinés et tremblotants dépassaient de sa poitrine comme des oreilles de lapin.
Le grand latino enjamba le corps et s'approcha de Sean.
- On vous doit trois Coca et deux hotdogs.

Auteur: Dorsey Tim

Info: Florida Roadkill

[ violence ] [ contraste ]

 

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femmes-hommes

La science de l'urinoir.
[...] Si vous avez lu le superbe tome 3 de cette série, vous savez tout du rapport des femmes avec les WC, tant est répandue la peur de poser ses fesses sur des toilettes inconnues. [...]
Qu'en est-il des hommes ?
L'homme n'a pas, pour ce qui est de la miction, le même problème que la femme : il n'y a pas de contact avec la lunette suspecte.
Vous me direz : 'Oui, mais l'homme touche son zboub !' C'est sale aussi. Eh bien là, il y a deux écoles :
1) Ceux qui disent que tout ce qui est au niveau du bassin est un nid à bactéries.
-> Il faut se laver les mains après être allé aux WC.
2) Et ceux qui disent : 'Le zizi, c'est de la peau, protégée par un slip. Le zboub n'est donc pas plus sale qu'une MAIN (et puis, on dit généralement que l'urine est stérile).'
En fait, niveau hygiène, c'est entre les deux écoles.
Mais ce n'est pas un souci de propreté qui bloque l'homme dans les WC publics.
C'est plus psychologique.
Stressés par la présence d'autres personnes, 90% des hommes se retrouvent atteints de 'parurésie', autrement appelée 'trouble de la vessie timide'.
[...]
Autant, chez les femmes, les WC sont un lieu de proximité, une véritable petite ruche...
autant, chez les hommes, ça ressemble plus à une réunion de gnous au bord d'un point d'eau rempli de crocodiles.
On a démontré que les hommes, dans les WC, instaurent une 'bonne conduite tacite' : on reste discret, on s'occupe de soi, on fait pas chier, on ne croise pas le regard de l'autre pour ne pas être pris pour un pervers... et provoquer l'agressivité des autres.
[et voilà pourquoi certains 'oublient' de se laver les mains en sortant, surtout s'ils sont beaux, célèbres, talentueux et hétéros...]

Auteur: Montaigne Marion

Info: Tu mourras moins bête, tome 4 : Professeur Moustache étale sa science, p. 113-118

[ water-closets ] [ cabinets ] [ chiottes ]

 

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