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religions

J’accuse l’Eglise d’utiliser les hommes comme des instruments, au service de son pouvoir. Je n’en veux a aucun de ces hommes-là, pris un a un. Ils sont captifs d’un système, de l’idéologie la plus meurtrière que l’humanité ait secrétée. Quelles que soient les Eglises, elles se valent toutes : catholique, musulmane, bouddhiste… Machines à broyer.
J’accuse l’Eglise de puiser à la pelle dans ce qu’il y a de plus beau, de plus fragile en nous, et de plus dérisoire : l’idéalisme, notre besoin de noblesse, de droiture, de pureté. Ce qui fait l’homme diffèrent de l’animal.
J’accuse l’Eglise, surtout, de nous avoir privés de ce bien essentiel, indispensable à nos vies et à nos sociétés : Dieu. Pour établir par-dessus lui les murailles de sa domination.
Oui, finalement l’Eglise nous a volé Dieu, à son profit exclusif. Et qui donc, désormais nous le rendra accessible ? Où le trouverons-nous, dans sa fraîcheur et sa nouveauté ?

Auteur: Michel Benoît

Info: Prisonnier de Dieu

[ sectes ] [ pouvoir ]

 

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effroi

J'ai basculé en une fraction de seconde. Je suis dans l'eau. Il fait nuit noire. Je suis seule. Je tourne la tête en tous sens, instinctivement. Je vois mon bateau qui s'éloigne. Je cherche un repère. Une lueur. Un objet. Un signe de vie. Rien. Je suis absolument seule. Isolée dans l'immense masse sombre et mouvante de la mer. Dans quelques instants, la mer, ma raison de vivre, va devenir mon tombeau. Effacer toute trace de mon existence. M'engloutir. Je pense à ma fille Marie. (...) Dans les ténèbres liquides, l'effroi prend peu à peu possession de moi. (...)

Au silence du grand large, au silence de la nuit, vient se joindre, effrayant, insupportable, cauchemardesque, ce silence de l'effroi, il se dresse devant moi telle une muraille infranchissable, un mur glacé qui signifie que je vais mourir. Je vais donc rejoindre le ciel. Ce ciel peuplé de milliard d'étoiles, de galaxies inconnues, d'amour, de bonheur et d'éternité.

Auteur: Arthaud Florence

Info: Cette nuit, la mer est noire

[ océan ] [ nocturne ] [ accident ]

 

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pessimisme

Ce qui est pire c'est qu'on se demande comment le lendemain on trouvera assez de forces pour continuer à faire ce qu'on a fait la veille et depuis déjà tellement trop longtemps, où on trouvera la force pour ces démarches imbéciles, ces mille projets qui n'aboutissent à rien, ces tentatives pour sortir de l'accablante nécessité, tentatives qui toujours avortent, et toutes pour aller se convaincre que le destin est insurmontable, qu'il faut retomber au bas de la muraille, chaque soir, sous l'angoisse du lendemain, toujours plus précaire, plus sordide.

C'est l'âge aussi qui vient peut-être, le traître, et nous menace du pire. On n'a plus beaucoup de musique en soi pour faire danser la vie, voilà. Toute la jeunesse est allée mourir déjà au bout du monde dans le silence de vérité. Et où aller dehors, je vous le demande, dès qu'on n'a plus en soi la somme suffisante de délire ? La vérité, c'est une agonie qui n'en finit pas.

Auteur: Céline Louis-Ferdinand

Info: Voyage au bout de la nuit

[ existence ]

 
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Ajouté à la BD par Le sous-projectionniste

jugement dernier

A cette heure, il y avait aussi, partout, des hommes qui arrivaient en vue de la mort. Ceux qui s’étaient gouvernés par des principes, et ceux qui, mollement, s’étaient abandonnés aux hasards, ceux qui s’étaient torturés pour rien et ceux qui n’avaient eu d’autre souci que jouir, ceux qui avaient fait le mal et ceux qui ne l’avaient pas fait, tous, quand ils arrivaient en vue de la Grande Muraille, prenaient entre eux une ressemblance qui était un aveu. On ne voyait plus bien en quoi ils différaient et avaient différé les uns des autres. On voyait moins encore à quoi il leur avait servi de chercher à différer, de chercher à dépasser, de vouloir ceci plutôt que cela, de croire ceci plutôt que cela ; tout cela, en fin de compte, était la même chose ; cela n’avait été, pour les uns comme pour les autres, qu’une façon de passer le temps, et maintenant ces hommes, qui avaient marché disséminés et hostiles, se rapprochaient et se groupaient comme font des hommes qui sont obligés de passer par la même porte.

Auteur: Montherlant Henry de

Info: Dans "Les Célibataires", éditions Grasset, Paris, 1934, pages 295-296

[ absurdité ] [ indifférenciation ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

choisir

Donc, tu as lu dans un journal que venait de paraître "Si par une nuit d'hiver un voyageur", d'Italo Calvino, qui n'avait rien publié depuis quelques années. Tu es passé dans une librairie, et tu as acheté le volume. Tu as bien fait. Dans la vitrine de la librairie, tu as aussitôt repéré la couverture et le titre que tu cherchais. Sur la trace de ce repère visuel, tu t'es aussitôt frayé chemin dans la boutique, sous le tir de barrage nourri des livres-que-tu-n'as-pas-lu, qui, sur les tables et les rayons, te jetaient des regards noirs pour t'intimider. Mais tu sais que tu ne dois pas te laisser impressionner. Que sur des hectares et des hectares, s'étendent les livres-que-tu-peux-te-passer-de-lire, les livres-faits-pour-d'autres-usages-que-la-lecture, les livres-qu'on-a-déjà-lus-sans-avoir-besoin-de-les-ouvrir-parce-qu'ils-appartiennent-à-la-catégorie-du-déjà-lu-avant-même-d'avoir-été-écrits. Tu franchis donc la première rangée de muraille : mais voilà que te tombe dessus l'infanterie des livres-que-tu-lirais-volontiers-si-tu-avais-plusieurs-vies-à-vivre-malheureusement-les-jours-qui-te-restent-à-vivre-sont-ce-qu'ils-sont. Tu les escalades rapidement, et tu fends la phalange des livres-que-tu-as-l'intention-de-lire-mais-il-faudrait-d'abord-en-lire-d'autres, des livres-trop-chers-que-tu-achèteras-quand-ils-seront-revendus-à-moitié-prix, des livres-idem-voir-ci-dessus-quand-ils-seront-repris-en-poche, des livres-que-tu-pourrais-demander-à-quelqu'un-de-te-prêter, des livres-que-tout-le-monde-a-lus-et-c'est-donc-comme-si-tu-les-avais-lus-toi-même. Esquivant leurs assauts, tu te retrouves sous les tours du fortin, face aux efforts d'interception des livres-que-depuis-longtemps-tu-as-l'intention-de-lire, des livres-que-tu-as-cherché-des-années-sans-les-trouver, des livres-qui-concernent-justement-un-sujet-qui-t'intéresse-en-ce-moment, des livres-que-tu-veux-avoir-à-ta-portée-en-toute-circonstance, des livres-que-tu-pourrais-mettre-de-côté-pour-les-lire-peut-être-cet-été, des livres-dont-tu-as-besoin-pour-les-aligner-avec-d'autres-sur-un-rayonnage, des livres-qui-t'inspirent-une-curiosité-soudaine-frénétique-et-peu-justifiable.

Auteur: Calvino Italo

Info: Si par une nuit d'hiver un voyageur, p.392 Relevé par Umberto Ecco dans Vertige de la liste

[ bouquins ] [ littérature ] [ choix ]

 

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labeur

L'Ordre bouleversa tout.
On apprit à connaître une activité d'un type nouveau, qui fut nommé travail. Jusqu'alors, on engageait une action par désir ; on la poursuivait par agrément ; on la menait à son terme pour le plaisir. On savourait la joie comme le repos, l'ouvrage exaltant comme l'oeuvre accomplie. Le travail, en revanche, s'avéra d'emblée marqué du sceau de l'effort, du pénible, du rebutant ; entamé dans le non-consentement, il se déployait en souffrance et s'achevait par dégoût. Ainsi s'érigea le joug. Ainsi, la geôle dont l'humanité domestique n'a jamais su se libérer.
Sous la férule du Chef Illimité, il fallût bâtir murailles et hautes tours, creuser fossés, faire forteresse de la Cité, édifier en son sein un aberrant palais de marbre.
... Les enfants ne jouaient plus. Ils n'avaient plus permission de rire. Ils ne furent plus voyants. Ni les amants ne se promenaient entre bois et jardins. Il était à toute occasion interdit de... Interdit de s'amuser, de plaisanter, de sourire, de s'embrasser dans les bosquets. Interdit, tout ce qui déplaisait au Grand Conquérant. Et ce qui déplaisait par-dessus tout au Guerrier Invincible, au Conquérant du Monde, au Chef illimité, c'étaient les rires et les jeux, les cris joyeux et libre des enfants, les chants des oiseaux, les baisers des amants.

Auteur: Majrouh Sayd Bahodine

Info: Le Voyageur de minuit

[ normalisation ] [ régression ]

 

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libéralisme roi

Ce n’est pas un hasard si la pensée post-moderne s’est déployée, depuis les années 1980, très exactement en parallèle avec le capitalisme spéculatif et si elle fait figure aujourd’hui de "critique officielle" dans les départements universitaires de sciences sociales ou humaines. Les vrais dissidents, remarquez-le, ne passent jamais à la télé et n’ont pas de postes dans les universités. Quant aux idéologies qui s’affichent comme contestataires, tel le marxisme de jadis et ce qu’il en reste, ou tel encore le néo-conservatisme et l’écologisme, elles se heurtent à la puissante muraille que dresse devant elles l’esprit malin du capitalisme spéculatif : la dynamique radicalement progressiste qui l’anime. Car spéculer, c’est croire résolument en l’avenir, c’est être optimiste quant aux moyens que nous trouverons pour résoudre les problèmes du moment, c’est parier sur un futur meilleur et y investir dès aujourd’hui, c’est croire que l’homme lui-même peut être amélioré, augmenté.

- Quelle idéologie peut faire le poids et promettre un avenir radieux face à cette déferlante "progressiste" ?

Aucune, et c’est pourquoi soit elles sont absorbées par le capitalisme spéculatif dont elles deviennent un relais de croyance – comme l’écologie devenue l’"économie verte" par exemple –, soit elles sont soupçonnées de tourner le dos au "progrès" – comme le néo-conservatisme –, et elles deviennent son ennemi-repoussoir le plus efficace.

Auteur: Gomez Pierre-Yves

Info: Interviewé par Thibault Isabel sur l'inactuelle.fr

[ récupération capitalistique ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

voyage

Le train éveilla des gares suisses, de style gothique, dont les vitraux tremblèrent. Le Simplon, durant vingt-neuf minutes, donna l'audition d'une grande symphonie de fer, puis, sur des chaussées, on passa les rizières du Piémont jusqu'à une station qui finissait sur rien, sur une grande citerne d'ombre, de silence, et ce fut Venise. Au réveil, une bise de zinc faucha les maïs de la plaine croate. La Serbie s'annonçait par ses porcs, rayés noir et blanc comme des coureurs, et qui dévoraient, renversée dans le fossé, une carcasse de wagon dont ne restaient que les roues et le signal d'alarme. On échangea contre les fleuves d'autres fleuves passés sur des barrages flexibles comme un osier, tandis que, voisines, les piles de l'ancien pont décapité dans les retraites, émergeaient. A Vinkopje, les Roumains en velours furent détachés du train, dans la nuit glacée. Après Sofia, les maisons portèrent leurs piments qui séchaient, frères des vignes vierges. Éclairées par le soleil levant, labourées par les boeufs, les plaines bulgares affichaient une prospérité symbolique, comme sur les vignettes des timbres-poste ou au revers des monnaies. Enfin, après la traversée du désert de Thrace, sous un ciel d'étoiles mais où nos yeux, habitués aux constellations d'Occident, cherchaient en vain l'étoile polaire, ne reconnaissaient plus le Chariot qui au ras du sol prenait cette fois une route terrestre, dans une brèche de la muraille byzantine, la mer de Marmara s'élargit.

Auteur: Morand Paul

Info: Ouvert la nuit

[ Europe ] [ littérature ]

 

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contre-initiation

Au cœur de la "Perle Noire du désert" se trouve la mosquée de Sidi Yaya dont la particularité serait de posséder une fonction protectrice de dimension eschatologique, puisque l’édifice sacré était chargé de protéger les fidèles de la fin du monde, avant toutefois que ses portes ne soient brisées le 2 juillet 2012 par les djihadistes du groupe Ansar Edin, une sous-branche de Al-Qaïda, qui s’était alors emparé de Tombouctou armé de haches, de pioches et de burins. Les membres de ce groupe salafiste radical et guerrier, composé de nombreux Touaregs et Maures locaux que les "barbus" fondamentalistes à l’esprit étroit avaient réussi à endoctriner et recruter, ont voulu démontrer que la profanation de la porte sacrée de la mosquée de Sidi Yaya n’allait pas provoquer la fin du monde et qu’une telle croyance était impie. Les islamistes radicaux sont en effet connus pour blâmer et excommunier toutes les anciennes traditions locales qu’ils jugent superstitieuses, païennes et hérétiques. La tradition locale indiquait toutefois que la porte sacrée ne devrait être ouverte qu’à la fin des temps, sous peine d’engendrer malheurs et malédictions, et qui sait si ces djihadistes fanatiques n’ont pas ouvert en totale insouciance une brèche dans la Grande Muraille cosmique, contrôlés et influencés par leurs "maîtres occultes" qui tiraient les ficelles en toute connaissance de cause. Tombouctou est connue pour avoir conservé depuis des temps illustres des milliers de manuscrits sur l’islam mais aussi l’histoire, l’astronomie, la musique, la botanique, la généalogie, l’anatomie et bien évidement l’alchimie. Autant de domaines généralement méprisés, voire considérés comme "impies" par Al-Qaïda et la tendance réformiste du salafisme qui se développe avec un succès croissant dans l’ensemble du monde musulman.

Auteur: Anonyme

Info: Dans "Les magiciens du nouveau siècle" page 526

[ acte symbolique négatif ] [ déséquilibre énergétique ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

jeu

J’ai rencontré les âges clandestins il y a quelques années, de façon fortuite, à la plage, assis sur le sable.

Devant moi, un petit garçon de six ans environ construit avec application un château sous la surveillance flottante de son père (certains pères se reconnaîtront dans cette expérience).

Un second enfant s’approche timidement, ni trop près ni trop loin. Il aimerait manifestement participer, mais il n’ose pas. Un second papa s’approche et soumet au père du premier le projet que leurs deux enfants forment une équipe de constructeurs. Ce qui se met en place assez naturellement, avec un outillage conséquent et efficace : des pelles et des seaux.

Les deux pères regardent avec tendresse leurs deux bambins et, rapidement, comme un seul homme, ils se mettent à aider leurs enfants. Après quelques minutes d’un travail d’équipe assez coordonné, de façon progressive les deux enfants, dans une belle synchronicité, s’éloignent du chantier pour aller jouer au bord de l’eau.

Le plus remarquable (certains pères se reconnaîtront peut être dans cette expérience) est qu’aucun des deux adultes ne remarque leur départ, trop occupés à poursuivre les travaux : ils creusent des fossés, érigent des murailles, ils se congratulent et s’encouragent. Et cela dure suffisamment longtemps pour qu’une de leurs épouses vienne interrompre le chantier médiéval.

Je me rappelle le regard d’un des papas allant de son "associé" à sa femme, puis au château, puis à sa femme, puis… à son fils (réassociation ?). Depuis cette expérience, j’ai observé encore et encore, dans la rue, dans le métro (territoire au champ d’observation infini et sans cesse renouvelé), et bien sûr en séance avec mes patients. Progressivement, j’ai appris à communiquer avec ces âges clandestins.

Auteur: Dubos Bruno

Info: Extrait de l'article "Les âges clandestins"

[ retour à l'enfance ] [ plaisir retrouvé ] [ rapports humains ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson