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historique

L'ordre des Pauvres Chevaliers du Christ et du Temple de Salomon avait été fondé en 1118 de l'ère chrétienne, après la première croisade. Les chevaliers templiers formaient un ordre militaro-religieux de moines-mercenaires mandaté par le pape pour protéger le royaume de Jérusalem contre les tribus musulmanes voisines et sécuriser le passage de pèlerins européens en Terre sainte. Ils étaient célèbres, craints pour les tactiques de combat meurtrières et pour leur serment fanatique de ne jamais battre en retraite sur le champ de bataille même au prix de leur vie. Les templiers avaient conservé le contrôle du Mont du Temple jusqu'à leur massacre par une armée musulmane conduite par Saladin à la bataille de Hattin au XIIème siècle. Ils avaient même utilisé le Dôme du Rocher comme quartier général et l'avaient rebaptisé du nom latin de Templum Domini. (le Temple du Seigneur).

Auteur: Byrnes Michael

Info: Le secret du dixième tombeau

[ religion ]

 

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métissage

Ô Races, ô des espoirs !

Je suis racée.

Voilà tout.

Non pas, comme le définit "Le Petit Robert", parce que j'aurais des qualités propres à mon pedigree ou que mon élégance naturelle m'offrirait, de fait, un port de tête altier. Non. Je suis racée parce que je porte en moi plusieurs racines que certains prennent pour des races. Telle un Arlequin coloré ou une barbe à papa sucrée, c'est par un excès de race que je suis racée.

Femme européenne et africaine à la fois, binationale, française et gambienne, juive aux origines chrétiennes et musulmanes, animiste avant l'islamisation de l'Afrique de l'ouest, blanche et noire, je veux aujourd'hui annoncer la couleur : je suis bien dans ma peau. Heureusement d'ailleurs, car si j'étais raciste avec toutes ces "races" à l'intérieur, ce serait inévitablement la haine de soi.

Auteur: Khan Rachel

Info: Racée

[ multiculturalisme ] [ femme carrefour ]

 
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Ajouté à la BD par miguel

nord-sud

Il y a un sens de l'histoire je crois. Qui met en confrontation la "verdeur" d'un Islam, dernière réforme spirituelle mondiale, avec les valeurs, surtout de consommation, d'une civilisation occidentale qui touche à ses limites.
Ce qui est frappant c'est combien il semble utopique d'imaginer des occidentaux capables de limiter leur folie consommatrice pour partager plus, peut-être bien la seule issue pour casser la frustration énorme des masses musulmanes, surtout jeunes... Tout en étant assez sages, humains et diplomates pour prendre leçon d'un Islam bourré de qualités, s'inspirer de ses aspects les plus attirants en terme de valeurs éthiques (poésie, frugalité, espace intérieur) pour tout en même temps amender par une influence bienveillante ses modes de fonctionnements les plus rétrogrades (inégalités hommes-femmes, fanatisme idiot -lapalissade-, et autres).
La pression nataliste de musulmans qu'on regarde de haut comme si la vertu était de notre côté, parce que nous ne savons pas mettre à leur juste place les phénomènes de rage impuissante comme l'affaire Charlie, ne conduira qu'au clash si les occidentaux ne savent pas lâcher du lest...
Malheureusement je n'ai pas connaissance d'exemples similaires (à cette échelle) dans l'histoire des hommes.

Auteur: Mg

Info: 20 janv 2015

[ oecuménisme ]

 

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femmes-par-hommes

Trois jours plus tard, de ma chambre d’hôtel me parvenait le brouhaha assourdissant de ce qui semblait être une manifestation. De la fenêtre ouverte, on pouvait voir la rue recouverte de noir. C’était une manifestation de femmes. Des milliers de corps enveloppés de noir, en rangs serrés, tenant par la main chacune un jeune enfant, fille ou garçon, car “une femme pieuse ne va pas seule dans la rue”, selon la vulgate salafiste. Le flot de femmes était précédé de banderoles marquées de slogans qui semaient en moi la confusion : “La charia autorise quatre épouses”. Celui-ci illustré avec l’image d’une main à quatre doigts, le pouce étant retourné vers l’intérieur de la paume. Un autre slogan annonçait : “Le projet qui interdit la violence contre les femmes est discriminatoire et va à l’encontre des principes de la charia islamique.” Sur une troisième banderole, on pouvait lire : “Le projet interdisant de battre sa femme porte atteinte aux droits de l’homme, tels que définis par le verset 34 de la sourate des femmes.” La rue était parcourue d’un déluge noir impressionnant, plus effrayant dans sa réalité qu’un film d’horreur. Il suscitait en moi, moderniste particulièrement allergique aux ténèbres et à la terreur, une envie de vomir et de me boucher les oreilles !

J’étais à la fenêtre et je scrutais ce paysage surréaliste qui suscitait mon horreur......

Auteur: Habib Abdulrab Sarori

Info: La fille de Souslov, Ce n'est malheureusement pas de la fiction

[ oppression ] [ musulmanes ]

 

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esthétique

Les cultures musulmanes et bouddhiques doutent moins de l'équivalence  Beau - Vrai - Bien  parce qu’elles n’ont pas posé cette trinité conceptuelle. Ou pour mieux dire, parce qu’elles n’ont pas fait du Beau un concept. Elles ne l’ont pas abstrait. J’ai été frappé, à cet égard, par un exemple que je ne cite pas dans mon livre, mais que je peux donner ici, même s’il ne concerne pas directement le mot " Beau ". Il s’agit de la traduction arabe d’un mot important s’il en est dans la philosophie grecque puis occidentale, le mot οὐσία (ousia, devenu essentia en latin, puis essence en français). Or ce même mot d’οὐσία fut traduit en arabe par jawhar : littéralement " joyau ", " pierre précieuse ". C’est magnifique, et révélateur : d’une certaine manière la langue arabe répudie l’abstraction philosophique, au profit d’une approche poétique du monde. S’agissant du Beau lui-même, la pensée des mystiques musulmans affirme que Dieu est beau, ce qui signifie immédiatement que le Bien et le Vrai sont Beaux. On n’a pas à distinguer ce qui est un en Dieu.

Du côté de l’Extrême-Orient, je me suis appuyé sur les réflexions de François Jullien, qui affirme que l’association beauté-bonté n’est qu’un " piège platonicien " dans lequel les penseurs chinois ou japonais d’aujourd’hui se croient tenus de tomber, alors que leur propre tradition ne joue pas avec ces Idées. Mais c’est surtout ma lecture des grands romanciers japonais qui m’a suggéré la toute-puissance muette de la Beauté, en deçà ou au-delà de tout concept qui permettrait de l’articuler au Bien ou au Vrai. Bien sûr, tout cela devrait être nuancé de mille manières, mais on ne peut nier, il me semble, que la trinité conceptuelle Beau-Bien-Vrai demeure propre à l’Occident. 

Auteur: Barilier ​​​​​​​Étienne

Info: A propos de son livre : Réenchanter le monde. L’Europe et la beauté (PUF)

[ religions ] [ nord-sud ] [ étymologie ] [ évidente harmonie ]

 

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Ajouté à la BD par Le sous-projectionniste

mahométisme

Les Frères musulmans installés en Europe n'ont pas tardé à s’engouffrer dans la brèche ouverte par l'ayatollah, et à lui donner une traduction sunnite. Dès le mois suivants l'UOIF - leur branche française officieuse - a commencé par effectuer un changement de la signification de son sigle. Dans "Union des organisations islamiques en France", la préposition rappelait que cette terre d'impiété (dar al kufr) ne saurait porter d'organisation islamique que comme un corps étranger. En devenant "de France", il exprimait désormais que ce pays, qui comportait de plus en plus de musulmans de nationalité et la langue françaises, par croissance démographique et migratoire particulièrement dynamique, avait franchi le seuil pour devenir dans leur esprit Dar al-islam - terre d’islam. La traduction immédiate en fut la première offensive, à la rentrée scolaire 1989, exigeant que le port du hijab soit autorisé à l'école publique, lorsque trois collégiennes de Creil se rendirent en cours coiffées du couvre-chef islamique. Selon les Frères, elles devaient pouvoir, en tant que Françaises et musulmanes, respecter les injonctions de leur religion, qui, dans l'interprétation la plus rigoriste de la charia qu'ils défendent, prescrit celui-ci. ce serait également un marqueur identitaire pour leurs ouailles, afin de les rendre visibles comme telles, de les dénombrer, et de les constituer en groupe de soutien. Un tiers de siècle plus tard, cette stratégie frériste a été couronnée de succès. Les disciples de Hassan el-Banna ont même réussi à effectuer un retournement sémantique en inscrivant dans le débat médiatique l'idée que le port du hijab représentait une liberté fondamentale - tout en en le représentant à leurs coreligionnaires, qui ne le portaient nullement, comme un impératif dogmatique.

La visibilité du marqueur islamique du hijab - désormais omniprésent dans l'espace public français - a conforté le sentiment de puissance des Frères, crédités dans leur communauté d'appartenance du succès politique qui a permis d'imposer celui-ci comme un sujet de société dont ils s'étaient emparés et faits les champions, à travers d'innombrables procédures dans les tribunaux administratifs et au Conseil D’État.

Auteur: Bergeaud-Blackler Florence

Info: Le frérisme et ses réseaux, l'enquête, 2023, p 16

 

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Ajouté à la BD par miguel

islam

On peut aisément arguer et comprendre que le voile musulman, surtout intégral, fut instauré afin de protéger les femmes, et accessoirement leur assurer une forme de tranquillité. On pourrait faire la mauvaise langue et annoncer que l'homme musulman a plus de difficultés à se contrôler avec l'autre sexe... alors que ce n'est que la conséquence de quelque chose de beaucoup plus profond. La volonté d'emprise sur l'esprit, de formatage (c'est comme ça et pas autrement, si tu n'est pas d'accord tu es un renégat, un mécréant). Plus avant encore et plus grave je pense : on déresponsabilise le mâle en lui inculquant que la femme est une mère - la sienne bien sûr pour commencer, et une femme-épouse, reproductrice au premier chef. Le tout bien évidemment sans possibilité de remise en question : contrôle total du dogme.
Beau travail ma foi, surtout lorsqu'on constate que les femmes musulmanes bien endoctrinées (verrouillées ai-je envie de dire) sont les plus efficaces en terme de prosélytisme. Tout simplement parce que ce sexe a été, est, et sera, au centre du jeu de la vie humaine. Ce qui fait penser, par parenthèse, au système judaïque, où la confession passe par la mère. Certains systèmes dogmatiques religieux ont développé de redoutables artifices pour la conservation de leur pouvoir. C'est à se demander si toute les réflexions de ces coteries ne portent pas principalement sur ce point.
Résultat : les musulmans se reproduisent beaucoup et vite, ce qui peut être vu comme inquiétant, que ce soit pour la surpopulation, ou pour l'avenir de la civilisation occidentale.
Le langage est la drogue des hommes, ils s'y raccrochent, plus encore lorsqu'il correspond à des habitudes communautaires ancrées. Réconfort. La crédulité de l'humain est si invraisemblable, sa curiosité et son imagination si grandes, que ce pouvoir des mots est devenu l'arme principale des dirigeants dans le grand jeu du monde des idées. C'est par lui que tout se passe et se passera désormais. La profusion des images qui l'accompagne - le politiquement correct - n'étant là que pour programmer un peu plus le quidam par le biais de l'émotion. L'image vous absorbe, l'émotion vous submerge... SIdération, itération du message - donc programmation inconsciente-, aveuglement et manque de recul de votre discernement, vous voilà acquis.

Auteur: Mg

Info: 21 sept. 2019

[ nickab ] [ doctrine ] [ religions ] [ pouvoir écrit ] [ propagande ]

 

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antisémitisme

Le  Coran  contient  certains  passages particulièrement  choquants  dans  lesquels  Mahomet  stigmatise  les  Juifs comme des ennemis de l’islam et les décrit animés d’un esprit malveillant et rebelle. On trouve également des versets qui évoquent leur humiliation et leur misère justifiées, ‘‘encourant la colère divine’’ à cause de leur désobéissance.  Ils devaient être humiliés ‘‘parce qu’ils n’avaient pas cru aux signes de Dieu et avaient tué les prophètes injustement’’ (sourate 2, versets 61/68). Selon un autre verset (sourate 5, versets 78/82), ‘‘les incroyants parmi les Enfants d’Israël’’ furent maudits par David et par Jésus. À titre de châtiment pour avoir ignoré les signes de Dieu et les miracles accomplis par les prophètes, ils furent transformés en singes et en pourceaux ou en idolâtres (sourate 5, versets 60/65). Le  Coran  insiste  particulièrement  sur  le  fait  que  les  Juifs  rejetèrent Mahomet  (bien  que,  selon  des  sources  musulmanes,  ils  le  reconnurent comme un prophète) – par pure jalousie envers les Arabes et par ressentiment parce qu’il n’était pas juif.



De tels actes sont aujourd’hui présentés comme caractéristiques de la nature sournoise, perfide et intrigante des Juifs telle que la décrit le texte coranique. Pour des traits aussi négatifs, ils étaient voués à  ‘‘l’avilissement dans ce monde-ci’’ et à un ‘‘châtiment magistral’’ dans l’autre monde.



Une  série  de  versets  accuse  les  Juifs  de  ‘‘mensonges’’ (sourate  3, verset 71), d’altérations (sourate 4, verset 46), de lâcheté, d’avidité et de ‘‘corruption des textes sacrés’’.



Cette dernière accusation renvoie à une croyance bien ancrée selon laquelle les révélations des Ancien et Nouveau Testaments étaient authentiques, mais auraient été par la suite déformées par leurs indignes gardiens (Juifs et chrétiens). Le texte biblique devait donc être remplacé par le Coran, la parole littérale de Dieu transmise à son prophète Mahomet par l’intermédiaire de l’ange Gabriel. Cette version musulmane  substitutionniste  considère  Mahomet  comme  le  dernier prophète, celui qui a reçu l’ultime et complète révélation de Dieu sous la forme de l’islam.  



Le principal stéréotype antijuif entretenu par le Coran demeure l’accusation selon laquelle les Juifs ont obstinément et délibérément rejeté la vérité d’Allah. En outre, d’après le texte sacré, ils ont toujours persécuté ses  prophètes,  notamment  Mahomet  qui  dut  par  la  suite  expulser  deux grandes tribus juives de Médine et exterminer la troisième, les Qurayza. 

Auteur: Wistrich Robert

Info:

[ monothéismes ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

évolution moderne

Il n’est que trop évident qu’il y a actuellement deux religions dans l’Église : d’une part la religion catholique, dont les enjeux sont célestes – le salut éternel –, et d’autre part une religion séculière très proche d’elle sur le plan moral – la religion des droits de l’homme ou religion humanitaire –, dont les préoccupations sont exclusivement terrestres.

Pendant plus de mille ans religion identitaire des Européens, puis étendu par eux à travers le monde, le christianisme s’est aujourd’hui jeté tête baissée dans un délire universaliste qui se marque notamment par l’injonction adressée par le pape aux pays d’Europe d’accueillir sans limite sur leur territoire toute l’immigration illégale en provenance de l’Afrique et de l’Asie, ainsi que par une bienveillance chrétienne envers l’islam qui tranche avec une traditionnelle volonté de résistance aux entreprises conquérantes musulmanes, voire de reconquête sur l’islam des régions où était né le christianisme et dont s’étaient emparés les conquérants arabes. En faisant de l’universalisme sa seule raison d’être, le christianisme tend à apparaître comme un doublon de la religion des droits de l’homme.

Cette actuelle obsession universaliste du christianisme n’est effectivement pas sans évoquer Marcion, prédicateur gnostique du IIe siècle qui avait complètement trahi le christianisme en prétendant l’arracher à ses racines juives. Pour Marcion, le Dieu de la Bible – qu’il appelle le Dieu juste – est une divinité subalterne et grossière qui a créé un monde raté et instauré une justice impitoyable. Au dessus de lui est un Dieu suprême caché – le Dieu bon – qui s’est rendu visible en la personne de Jésus pour libérer les hommes du Dieu de la Bible. Rejetant radicalement le Dieu juste et ne voulant connaître que le Dieu bon, Marcion invitait ses disciples à faire table rase de la Bible et du passé juif pour ne garder que le message d’amour de l’Évangile dans une version au demeurant largement falsifiée. En rejetant le Dieu juste et l’Ancien Testament, Marcion rejetait non seulement la justice, l’ordre social, le mariage, la famille, mais encore l’idée de nation.

Aujourd’hui, en prétendant présenter exclusivement le christianisme comme un universalisme abstrait, l’Église adopte une démarche marcionite qui arrache au christianisme son substrat biblique, lequel légitime les identités particulières. Car le christianisme, du fait qu’il est né d’une religion nationale – le judaïsme – et que ses perspectives sont célestes et non terrestres, a pu aisément, en dépit de son ambition de s’adresser à la généralité humaine, jouer le rôle d’une religion particulière pour les peuples qui se réclamaient de lui. Au lieu de quoi, en ne voulant connaître du christianisme que son appel à la fraternité universelle, on nie la réalité du christianisme comme symbiose entre l’Évangile et la Bible. Prendre dans le Nouveau Testament une idée ou une valeur en la coupant de l’Ancien Testament revient à faire du Marcion. Cette idée ou cette valeur n’est alors plus chrétienne : elle est marcionite, elle est gnostique. Il y a manifestement quelque chose de marcionite dans les prises de position immigrationnistes de l’Église catholique.

Auteur: Harouel Jean-Louis

Info: Interview 2017

[ coupure historique ] [ gnosticisme ] [ théologie ]

 

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moyen âge

Or, au cours du XIIe siècle, et plus encore au XIIIe siècle, il s’est produit un événement d’une portée incalculable et dont les conséquences n’ont pas fini de se faire sentir ; il s’agit de l’arrivée en Occident des écrits d’Aristote.

Ce qui était connu d’Aristote avant le XIIe siècle, c’est ce qu’on a appelé la Logique ancienne, c’est-à-dire les deux traités des Catégories et de L’Interprétation, communiqués aux Latins par Boèce, philosophe et homme politique mort martyr en 525. Tout le reste est inconnu. La philosophie avec laquelle s’est élaborée la pensée chrétienne, dès les origines, c’est le platonisme dont le représentant le plus éminent en Occident est S. Augustin, auquel il faut joindre Denys l’Aréopagite. C’est Platon qui a régné à peu près sans partage sur la pensée chrétienne durant douze cent ans. Mais c’est un Platon dont les œuvres sont ignorées. On ne connaît à cette époque que le Phédon et le Ménon, et une petite partie du Timée dont la cosmogonie inspirera l’Ecole de Chartres. Platon n’est pas une œuvre ou des textes, c’est une doctrine, une vision du monde et de Dieu qui enseigne une certaine idée de la création du monde, d’un Dieu-Providence et de l’immortalité de l’âme.

L’arrivée d’Aristote en Europe chrétienne est toute différente : c’est l’arrivée de textes. La thèse la plus répandue soutient que les œuvres d’Aristote, la Métaphysique, l’Ethique, la Physique, le Traité de l’âme, les Traités de sciences naturelles, etc., sont arrivés par l’intermédiaire des Arabes qui avaient traduit ces œuvres du grec en arabe, mais aussi du syriaque, traductions d’ailleurs exécutées à la demande des autorités musulmanes, par des savants chrétiens orientaux. Les chrétiens d’Occident entrent en contact avec cette littérature en Espagne, lors des débuts de la Reconquista, principalement à Tolède où, à l’instigation de l’archevêque Raymond et de Dominique de Gonsalvi, est créé un collège de traducteurs où collaborent les juifs, les arabes musulmans et les chrétiens. [...] L’arrivée des textes d’Aristote en Europe chrétienne provoqua une crise culturelle majeure qui concerne toute la civilisation européenne, et pas seulement le monde restreint des philosophes. Voici pourquoi.

Aristote révélait aux chrétiens l’existence d’un mode de pensée dont ils n’avaient eu jusqu’alors aucune expérience et qu’on peut désigner d’un mot : un mode de pensée scientifique. Autant qu’un métaphysicien, Aristote est apparu – et est en réalité – un physicien, un philosophe de la physis, de la nature. Comme l’ont reconnu les historiens de la science, la physique d’Aristote est un des chefs-d’œuvre de l’esprit humain : c’est une admirable construction rationnelle. Or, la puissance de conviction de la raison est peu résistible. Ce qu’on a appelé la "crue aristotélicienne" faillit tout emporter et même la foi chrétienne. C’est qu’en effet [...] cette philosophie d’Aristote mettait en question trois dogmes fondamentaux de la révélation : le monde n’est pas créé, mais il existe depuis toujours ; Dieu n’est pas provident, il ignore le monde et ne connaît que lui-même ; enfin l’âme n’est pas immortelle, semble-t-il – car les textes d’Aristote à ce sujet sont ambigus. [...] C’est pourquoi l’Eglise ne pouvait accepter l’aristotélisme. A l’exception de la logique, tous les textes d’Aristote furent interdits de lecture à Paris en 1210, en 1215 puis, de la part de la papauté, en 1231, 1241, 1261, jusqu’à la condamnation du 7 mars 1277 [...]. Six ou sept condamnations portées au long du XIIIe siècle par l’autorité suprême, mais leur réitération même prouve leur inefficacité.

Auteur: Borella Jean

Info: "Situation du catholicisme aujourd'hui", éditions L'Harmattan, Paris, 2023, pages 191-192

[ remise en question ] [ découverte ] [ christianisme ]

 

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