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mythologie grecque

Le paradigme ovidien du désespoir de la séparation met en scène un séduisant jeune homme, Narcisse, dont la nymphe Écho – Écho la résonnante (resonabilis Echo) "qui ne sait ni se taire quand on lui parle, ni parler la première" - brûlée de désir, est amoureuse. Méprisée, elle le maudit, et Narcisse va subir le tourment du non-séparé, privé d’écho, indécis devant son image, et conséquemment méconnaissant l’objectivité-altérité du monde.

Tourment de celui qui voyant, ne sait pas ce qu’il voit (quid videat nescit) : s’approchant d’une source pour apaiser sa soif, et tandis qu’il boit, épris soudain de son image, "il prend pour un corps ce qui n’est que de l’eau". Narcisse demeure étranger à ceci, que j’exprimerai en empruntant à Paul Valéry : faire entrer dans ce qui est, le levain de ce qui n’est pas. Nous retrouvons, par le mythe, la problématique d’un vide symbolique, la question de l’être au cœur de l’institution du sujet

[...] le mythe de la nymphe Écho s’offrant amoureusement à Narcisse emprisonné dans l’étreinte de lui-même devient pour nos le paradigme de la vulnérabilité du principe de Raison. En termes politiques, le mythe invite à reconnaître l’absolutisme inhérent à la fonction d’instituer, quand il s’agit du pouvoir de manier ce que, depuis Freud, nous appelons le narcissisme, c’est-à-dire de manœuvrer les identifications du sujet à travers le rapport à l’image de soi : la Raison est en cause, car sont en jeu l’inceste et son autre face, le meurtre.

Auteur: Legendre Pierre

Info: Dans "Leçons X, Dogma : Instituer l'animal humain", Librairie Arthème Fayard, 2017, pages 123-124

[ interprétation ]

 

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mythologie grecque

Que la fonction de cet être suprême en méchanceté qu’est le surmoi soit de déchaîner ce qui est enchaîné par le symbolique pour jouir de ce que devient le corps quand, cessant d’être symbolisé, d’être bien dit, il choit comme objet mal dit, maudit, est ce qui s’exprime à travers la malédiction d’Œdipe, qui voue les restes de son fils à rester sans sépulture dans le réel. 

[...] avec elle [Antigone] s’interrompt la répétition funeste par laquelle Œdipe a repris à son compte la malédiction dont il a été victime : n’est-elle pas celle qui, ayant été témoin silencieux de la malédiction proférée par son père sur son frère, va être amenée à s’élever contre cette malédiction qui voue Polynice à mourir sans tombeau ? [...]

Dans une telle interprétation, le désir d’Antigone ne se comprend pas comme désir incestueux pour le frère mort, mais comme désir d’un sujet qui ne veut pas survivre à n’importe quel prix : son désir de mort ne signifie pas qu’elle désire "la" mort mais qu’elle désire, par sa mort, rendre transmissible que le prix qu’elle accorde au fait de redonner vie au symbolique qui a été mis à mort par son père outrepasse son désir de donner la vie à une descendance familiale. Voilà pourquoi, d’Œdipe à Antigone, il n’y a pas répétition mais dépassement par la fille de l’impasse du père, transmutation par laquelle cette pierre de rebut qu’est Œdipe est devenue pierre d’angle du désir d’Antigone pour le symbolique.

Auteur: Didier-Weill Alain

Info: "Les trois temps de la loi", éditions du Seuil, 1995, pages 101-102

[ psychanalyse ] [ répétition-reprise ]

 

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mythologie grecque

Ulysse a été métamorphosé par Athéna pour reprendre ses traits propres: Ulysse avec vingt ans de plus. Il se retrouve donc face à Pénélope dans toute sa beauté de héros, et celle-là n'arrive toujours pas à se décider à le reconnaître. Télémaque est furieux contre elle. Eurycée aussi. On reproche à Pénélope son coeur de pierre. Mais elle a justement ce coeur d'airain qui lui a permis de résister à tout ce que les prétendants lui ont fait subir. "Si cet homme est bien le seul et l'unique Ulysse, nous nous retrouverons parce qu'il y a entre nous un signe secret et sûr, un signe irréfutable que nous sommes, lui et moi, seuls à connaître." Ulysse sourit, il se dit que tout va bien. Comme elle est maligne, au soir couchant, elle demande à ses servantes d'apporter le lit de sa chambre pour Ulysse parce qu'ils ne vont pas dormir ensemble. A peine a-t-elle donné ces ordres qu'Ulysse voit rouge, il rentre dans une véritable fureur: "Quoi, apporter ici le lit? Mais ce lit, on ne devrait pas pouvoir le déplacer! - Pourquoi? -Parce que, s'exclame Ulysse, ce lit, c'est moi qui l'ai construit; je ne l'ai pas dressé mobile sur quatre pieds, un de ses pieds, c'est un olivier enraciné dans la terre, c'est sur cet olivier, taillé et coupé, à partir de lui, intact dans le sol, que j'ai bâti cette couche. Elle ne peut pas bouger." A ces mots, Pénélope tombe dans ses bras: "Tu es Ulysse."

Ce signe secret, qu'ils sont seuls à partager et à conserver en mémoire en dépit des années, évoque surtout ce qui les lie et fait d'eux un couple, l'homophrosunè, la communauté de pensée. Quand Nausicaa s'est laissée aller à évoquer devant lui son mariage, Ulysse lui a déclaré que l'homophrosunè était la chose la plus importante pour un homme et pour une femme quand ils vont se marier: le fait qu'il y ait accord de pensée et de sentiment entre l'époux et l'épouse. Et c'est cela que représente le lit nuptial.

Auteur: Vernant Jean-Pierre

Info: L'univers, les dieux, les hommes

[ lien conjugal ]

 

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mythologie grecque

Platon, qui était bien plus et mieux qu’un philosophe, identifiait Athéna avec la déesse libyenne Neith, qui possédait un temple à Saïs, en Egypte. Des sources grecques plus tardives font naître Athéna près du lac Tritonis en Lybie, où elle fut trouvée par trois nymphes vêtues de peaux de chèvres. Elle tua, par accident, dans sa jeunesse, sa compagne de jeux Pallas ; elle en associa plus tard le nom au sien pour célébrer le souvenir de Pallas. C’est ultérieurement qu’elle vint en Grèce, en Attique, près du fleuve béotien Triton (doublet du précédent). D’autres traditions feraient venir Athéna et son olivier d’Asie mineure ; quoi qu’il en soit les grecs la tenaient bien pour étrangère à Hellas et antérieure à leur cycle historique. [...] Précisons enfin que l’étymologie du nom d’Athéna – et donc d’Athènes par conséquent – est inconnue, ce qui confirme le caractère mystérieux de la déesse pour les grecs d’époque classique. On connaît la querelle de Poséidon et d’Athéna ; le premier avait revendiqué l’Attique en plantant son trident sur l’Acropole d’Athènes ; là s’était formé aussitôt un puits d’eau salée. Plus tard Athéna y vint aussi et planta le premier olivier (cultivé) ; peut-être simplement greffa-t-elle un olivier sauvage avec une greffe apportée de Lybie ou d’Asie mineure. La querelle ne trouva d’apaisement qu’à la suite de la sentence d’un tribunal des dieux, à la seule majorité d’une voix ; il fut décrété qu’Athéna avait plus de droits sur le territoire de l’Attique parce qu’elle avait fait un cadeau meilleur.

La figure de la déesse est fort complexe est polyvalente. Elle est la fille favorite de Zeus, qui l’a enfantée lui-même en une sorte de parthénogenèse. Elle naît de son crâne, grâce à une brèche faite au coin et au maillet, avec la collaboration technique d’Héphaïstos (ou de Prométhée, selon les versions). La présence et l’usage du maillet n’est pas innocente : dans nombre de traditions il est l’instrument foudroyant qui confère la lumière. Athéna est, pour son père, comme un autre lui-même. Déesse de la Lumière et de la Sagesse, Déesse-Vierge (n’oublions pas que c’est là le sens de parthénos), elle est une manière de Reine du Ciel, nous pourrions écrire de "Sainte-Vierge", sans trop d’abus.

C’est une déesse "poliade", gardienne de ville ; c’est une guerrière, elle excite les guerriers au combat, elle leur fabrique des armes défensives et offensives. C’est aussi une patronne d’agriculture, en dehors même de son olivier ; elle est figurée souvent avec des épis dans les mains. Ses attributions sont aussi purificatrices et maternelles ; elle est la Koria, la "fille" par excellence. Elle est pure (Agna) et purificatrice (katharsios). Elle est patronne des médecins, ce qu’elle doit probablement à l’utilisation médicinale de l’huile d’olives. Enfin elle est Erganè¸ c’est-à-dire ouvrière, opérative, au sens le plus noble et le plus fort ; elle a imaginé la charrue, les armes... elle est manufacturière de l’industrie du bronze ; de ce fait la plupart des métiers se réclament d’elle : les orfèvres, les ciseleurs, les charpentiers, architectes, sculpteurs, potiers, peintres à l’encaustique, carrossiers, cordonniers... bien entendu également patronne de travaux féminins, des fileuses, des tisserandes. [...]

Dernier domaine des attributs d’Athéna, non les moindres : c’est la déesse du bon gouvernement et la protectrice du droit ; c’est aussi celle de la pensée réfléchie, de la raison et du savoir, sa compétence va de la philosophie à la littérature. Nous pensons que ces derniers attributs sont les plus récents et, finalement, les moins profondément enracinés. [...]

Athéna était également honorée, en dehors de l’Attique, dans un grand nombre de lieux de culte, en Crète, en Argolide, en Arcadie, en Béotie. A Lindos, à Rhodes, on lui attribuait une origine phénicienne ; c’est là qu’on rapportait qu’elle aurait appris aux Héliades et aux Telchines le travail du bronze – ce qui pourrait fournir une indication non négligeable de son origine.

Auteur: Laget Francis

Info: L'Olivier symbolique dans Liber n°6, printemps 2021

[ emblèmes ] [ historique ]

 

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