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mélancolie

Rien n’égale en longueur les boiteuses journées,

Quand sous les lourds flocons des neigeuses années,

L’ennui fruit de la morne incuriosité,

Prend les proportions de l’immortalité. 

Auteur: Baudelaire Charles

Info: Spleen

[ noirceur ] [ lassitude ] [ sentiment d'absurdité ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

contemplation

Aucune couleur n’égale en profondeur celle d’un ciel, aucune chaleur ne conforte autant qu’un rayon de soleil, aucun chant ne vaut celui d’un oiseau et aucune odeur celles de la nature ; rien n’est plus fort que ce sentiment fugitif qu’elle vous offre de vous désignez votre place dans l’univers ; ainsi seulement on peut, parfois, accepter de mourir.

Auteur: Boissard Janine

Info: Rendez-vous avec mon fils

[ émerveillement ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

habituation

A côté d’une seule fossette de la femme convoitée, Rembrandt n’est rien. Confronté à la nuque de celle qui va s’offrir, Mozart s’écrase, se racornit, se ratatine. Rien n’égale la musique du sang qui bat.
Mais le désir retombe. Et la paranoïa du désir se brise. Et la vision totalitaire du monde qui est la vision du désir vole en éclats. Les seins de Sophie baisant étaient la beauté sur la terre. C’est Rembrandt et Mozart qu’on ressuscite. Dans les veines, le sang ne bat plus, il coule. Coulé, le désir.

Auteur: Zufferey Jean-Gabriel

Info: Dans "Le livre de Zob" page 118

[ sublimation ] [ fascination amoureuse ] [ délitement ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

désordre communautaire

Dans les luttes civiles, les soldats, sauf de rares exceptions, ne marchent qu’avec répugnance, par contrainte et par eau-de-vie. Ils voudraient bien être ailleurs et regardent plus volontiers derrière que devant eux. […] Dans les rangs populaires, rien de semblable. Là on se bat pour une idée. Supérieurs à l’adversaire par le dévouement, ils le sont bien plus encore par l’intelligence. Ils l’emportent sur lui, dans l’ordre moral et même physique, par la conviction, la vigueur, la fertilité des ressources, la vitalité du corps et de l’esprit. Ils ont la tête et le cœur. Nulle troupe au monde n’égale ces hommes d’élite. 

Auteur: Blanqui Auguste

Info: En 1868, cité par Éric Branca in 3 000 ans d’idées politiques, Chronique éditions, 2014

[ motivations ] [ peuple déchiré ] [ militaires ] [ forces de l'ordre ]

 

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Ajouté à la BD par Le sous-projectionniste

femmes-par-homme

Oui, femmes, quoi qu’on puisse dire,

Vous avez le fatal pouvoir

De nous jeter par un sourire

Dans l’ivresse ou le désespoir.



Oui, deux mots, le silence même,

Un regard distrait ou moqueur,

Peuvent donner à qui vous aime

Un coup de poignard dans le coeur.



Oui, votre orgueil doit être immense,

Car, grâce à notre lâcheté,

Rien n’égale votre puissance,

Sinon votre fragilité.



Mais toute puissance sur terre

Meurt quand l’abus en est trop grand,

Et qui sait souffrir et se taire

S’éloigne de vous en pleurant.



Quel que soit le mal qu’il endure,

Son triste rôle est le plus beau.

J’aime encor mieux notre torture

Que votre métier de bourreau.

Auteur: Musset Alfred de

Info: Poésies nouvelles, 1850

[ poème ] [ méprisantes ] [ héroïsme ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

habitudes

La routine est le seul style de vie à ma portée. Par routine, j’entends un petit répertoire d’activités tranquilles, les unes agréables les autres obligatoires. Le secret, pour leur conférer l’apparence du bonheur, est de rendre les contraintes plaisantes et d’éviter que les plaisirs ne deviennent contraignants — car si on a tout à gagner à joindre le plaisir aux premières, on perd beaucoup à mettre de l’obligation dans les seconds. En somme, la routine à laquelle je me plie ressemble à cette sagesse petite-bourgeoise prônée par Montaigne visant une existence "sans miracle ni extravagance". Rien n’égale en charme, à mes yeux, le train paisible de l’amour, de l’écriture, de la lecture et autres agréments, auquel je me laisse aller sans réserve ni vergogne. — Mais alors, me dira-t-on, que faites-vous de l’aventure ? De la lutte ? Hélas ! L’une demande une curiosité et l’autre une vitalité que je n’ai pas. Les chasseurs de nouveaux horizons me rasent. Les rebelles me lassent. La vraie vie est ailleurs ? Qu’ils y aillent. Mon utopie est ici, entre la plage, ma chambre, ma bibliothèque. Et c’est un territoire que je défendrai manu militari.

Auteur: Schiffter Frédéric

Info: Journées perdues

[ éloge ] [ familiarité des jours ] [ simplicité ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

cité imaginaire

De tous les changements de langue que doit affronter celui qui voyage dans des terres lointaines, aucun n’égale celui qui l’attend dans la ville d’Ipazie, parce qu’il ne touche pas aux mots mais aux choses. J’entrai à Ipazie un matin, un jardin de magnolias se reflétait dans une lagune bleue, moi-même j’avançais entre les haies assuré de découvrir de belles et jeunes dames au bain : mais au fond de l’eau, les crabes mangeaient les yeux des suicidées la pierre au cou et les cheveux verdis par les algues.

Je me sentis frustré et je voulus en appeler à la justice du sultan. Je montai les escaliers de porphyre du palais, celui dont les coupoles étaient les plus hautes, je traversai six cours de faïence avec des jets d’eau. La salle du milieu était fermée par des grilles : des forçats avec aux pieds des chaînes noires remontaient des rochers de basalte d’une carrière souterraine.

Il ne me restait plus qu’à interroger les philosophes. J’entrai dans la grande bibliothèque, je me perdis entre les rayons croulant sous les reliures en parchemin, je suivis l’ordre alphabétique d’alphabets disparus, montant et descendant à travers des couloirs par des escaliers et des passerelles. Dans le cabinet des papyrus le plus reculé, à travers un nuage de fumée, m’apparurent les yeux hébétés d’un adolescent étendu sur une natte, qui ne décollait pas les lèvres d’une pipe d’opium.

— Où est le sage ?

Le fumeur m’indiqua la fenêtre. Il y avait un jardin avec des jeux pour les enfants : les quilles, la balançoire, la toupie. Le philosophe était assis sur la pelouse. Il dit :

— Les signes forment une langue, mais pas celle que tu crois connaître.

Je compris que je devais me libérer des images qui jusqu’ici avaient annoncé les choses que je cherchais : seulement alors je réussirais à comprendre le langage d’Ipazie.

À présent il suffit que j’entende le hennissement des chevaux et le claquement des fouets pour que me prenne un tremblement amoureux : à Ipazie, tu dois entrer dans les écuries et les manèges pour voir les belles femmes qui montent en selle, cuisses nues, des jambières sur les mollets, et un jeune étranger s’approche-t-il qu’elles le renversent dans le foin ou la sciure et le pressent ferme contre leur téton.

Et lorsque mon âme ne demande d’autre nourriture et stimulant que la musique, je sais qu’il faut la chercher dans les cimetières : les musiciens se dissimulent dans les tombes ; d’une fosse à l’autre se répondent trilles de flûte et accords de harpe.

Il est certain qu’à Ipazie aussi viendra le jour où mon seul désir sera de repartir. Je sais que je ne devrai pas descendre au port mais gravir le clocheton le plus élevé de la forteresse et attendre qu’un navire passe là-haut. Mais passera-t-il jamais ? Il n’est pas de langage sans pièges.

Auteur: Calvino Italo

Info: Villes invisibles

[ sémiotique ]

 

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Ajouté à la BD par miguel