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orient-occident

Les plus anciens [manuscrits bouddhistes] connus ne datent que du Moyen Age, précisons même du bas Moyen Age, XIIIe ou XIV siècles. Si l’on remonte plus haut on ne trouve plus que les manuscrits manichéens dont nous avons parlé. Le plus ancien poème sanscrit sur la vie du Bouddha intitulé "Bouddha-Charita" est attesté pour la première fois en Inde en 673 après Jésus-Christ. [...]

Dans une lettre à W. S. Lilly, le cardinal Newman avait jadis protesté énergiquement contre les fantaisies des historiens indianistes : "Pour prouver l’authenticité et la date de nos Evangiles, nous avons une masse de manuscrits de dates et de familles différentes, une multitude de témoignages et de citations soit des Pères, soit des autres auteurs ; puis, pour satisfaire aux exigences de notre critique, il doit y avoir coïncidence parfaite entre les textes de divers manuscrits. Si un passage ne se trouve pas dans tous les manuscrits découverts, il est condamné... Pourquoi ne pas demander de telles garanties avant d’admettre pour vraie l’histoire du Bouddha ?"

On peut s’étonner, en effet, de l’extrême facilité avec laquelle les indianisants ont accepté toutes les légendes bouddhiques, sans le moindre esprit critique, à une époque où l’exégèse moderniste ergotait avec acrimonie contre les prétendues contradictions des manuscrits du Nouveau Testament. Les légendes du Bouddha, comme celles des récits musulmans sur la vie de Mahomet, ont bénéficié d’une indulgence inadmissible et coupable de la part d’écrivains, par ailleurs très sévères à l’égard des sources manuscrites du christianisme. Il y a là deux poids et deux mesures qui laissent sceptiques sur la bonne foi de ces auteurs.

Auteur: Couvert Etienne

Info: "La Gnose universelle", éditions de Chiré, 1983, pages 47-48

[ naïveté ]

 

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papa

Mon fils, quel magnifique mystère que mon fils, si attentif à mes moindres faits et gestes, si prompt à s'enflammer pour ma moindre action un peu spectaculaire mais, à l'instar de ses soeurs, tellement plus secret, caché, abritant, je crois, une spatialité intérieure plus ample, plus sérieuse, plus libre, déjà conscient par instinct de son avenir de combattant destiné - je n'ose écrire franchement, condamné - à séduire, exister. Faire sa place. Ses soeurs, petites boules d'amour chatoyantes, déjà tellement dans leur espace propre de petites dames, confiantes dans l'amour du monde, dans la transmission de la vie, prêtes à se livrer pour leur descendance... appliquées... inquiètes dans leurs certitudes, préparant depuis la nuit des temps le nid à venir... l'oeil aux aguets dans l'attente du prince charmeur car, quand à leur naïveté je suis d'un optimisme convaincu, elles devineront beaucoup et se tromperont rarement.
Elles défensives, lui au contraire, balançant franchement ses petits bras contre la réalité tangible, mettant en place ses capacités de mesure. Comme l'a si bien écrit Gibran, nous ne sommes que les arcs qui projettent les enfants, avec pour simple mission d'envoyer ces flèches d'un relâchement assuré et attentif de la main. Une main inquiète, tu le sais, qui a l'expérience de ces cibles mouvantes aux carreaux indécis, traits fragilisés par une impulsion trop ceci ou trop cela dans un parcours ou entrent en compte de redoutables charmes.
Mon fils, mes filles, quelques-unes parmi je ne sais combien de centaines d'autres millions de graines jetées aux vents. Brises, tourbillons, ouragans, souffles que l'on espère magnanimes mais dispensateurs de sursauts, rafales, tornades, cyclones pédagogiques habilement distribués par le destin. Avec une préférence pour le Zéphyr.

Auteur: Mg

Info: 2002

[ pensée-d'homme ]

 

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naïveté

Le naïf doit impérativement résulter, sans intervention de notre part, des paroles et des actes d’autres personnes, qui tiennent la place de la deuxième personne présente dans le cas du comique ou dans celui du mot d’esprit. Le naïf prend naissance lorsque quelqu’un se met complètement au-dessus d’une inhibition parce qu’elle n’existe pas chez lui, c’est-à-dire lorsqu’il semble la surmonter sans aucun effort. La condition pour que le naïf produise son effet, c’est que nous sachions que ce quelqu’un ne possède pas cette inhibition ; sinon nous disons de lui non pas qu’il est naïf, mais insolent.

[...] [exemple] Un frère et une sœur, elle âgée de douze ans et lui de dix, sont en train de jouer devant un parterre d’oncles et de tantes une pièce de théâtre de leur composition. La scène figure une cabane au bord de la mer. Au premier acte, les deux écrivains-comédiens, un pauvre pêcheur et sa brave femme, se plaignent de ce que les temps sont durs et leurs gains faibles. L’homme décide d’aller au-delà de la mer immense sur son petit bateau pour chercher la richesse ailleurs, et après que tous deux se sont fait de tendres adieux, le rideau se referme. Le second acte se passe quelques années plus tard. Le pêcheur est revenu chez lui riche et la bourse bien garnie, et il raconte à sa femme, qu’il trouve en train de l’attendre devant la cabane, quelle a été sa bonne fortune dans le monde. La femme l’interrompt fièrement : "Moi non plus, je n’ai pas chômé durant tout ce temps", et elle livre à ses regards le sol de la cabane, sur lequel on voit dormir douze grandes poupées, ses enfants...

Auteur: Freud Sigmund

Info: "Le Mot d'esprit et sa relation à l'inconscient", éditions Gallimard, Paris, 1988, page 325 à 328

[ blague ] [ défini ] [ processus ] [ innocence ]

 
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indiscrétion séditieuse

Avoir une âme tendancieusement rebelle ; haïr convulsivement les injustices à l’œuvre sous le soleil ; trembler devant le souffle bestial de ses semblables ; être étranglé par le ricanement assassin de la créature et maudire la Création, solidification trop visible de l'idée d'injustice...

Et être empêché par un reste de philosophie et par les enseignements de l'expérience de faire quoi que ce soit, renoncer à l'acte de révolte, capituler dans l'inconsolation ou dans le dans le réconfort de la vacuité.

C'est là toute la contradiction entre la réaction spontanée de ton être et la pétrification qui résulte d'une réflexion désabusée. — Lucifer a été le moins philosophe d'entre tous les anges. Ses ailes n'ont pas connu l'éreintement d'un vol lucide ; ses connaissances n'ont pas épuisé sa fraîcheur, dont émane la naïveté sublime de n'importe quelle contestation. Un ange sans expérience, noble proie de quelque amertume qui n'est pas incurable. Car croire que l'on peut améliorer quelque chose, que la créature et la Création peuvent figurer dans un meilleur ordre, c'est ne connaître la temporalité que dans ce qu'elle a d'amer, et imaginer à son terme une issue qui ne serait pas illusoire. Ses camarades qui sont restés au sein du Tout-Puissant ce sont eux qui ont tout su, parce qu'ils ont connu la vanité de toute tentation : ce sont eux qui se reposent dans le doux sommeil de l'irréparable éternité, gouvernés par la chaleur à jamais insipide, mais sûre, de leurs ailes réactionnaires. Ils logent encore dans le vieux bien divin, qui est notre mal.

Renverser le monde, impossible ; l'accepter, encore moins. Ce conflit est la formule qui résume la vie terrestre, dont le caractère irréparable fait figure de seule solution.

Auteur: Cioran Emil Michel

Info: Divagations

[ dualité ] [ monothéisme ] [ connaissance interdite ] [ fruit défendu ] [ rebelle curiosité ]

 
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orgueil

Il n’y a rien de plus facile pour un homme "ordinaire" et "borné" que de croire à sa propre originalité, à sa supériorité, et d’en jouir sans aucune hésitation. Il a suffi à certaines de nos demoiselles de se couper les cheveux, de mettre des lunettes bleues et de prendre le nom de "nihilistes" pour se convaincre aussitôt d’avoir acquis des "convictions personnelles". Il a suffi à un tel d’éprouver dans son cœur un brin de sentiment humanitaire, quelque chose de vertueux, poru s’imaginer tout de suite que personne n’a jamais ressenti rien de semblable et qu’il se trouve ainsi à l’avant-garde de l’humanité. Ou à tel autre d’adopter une idée quelconque sans l’approfondir, ou de lire de tel ou tel ouvrage une seule page sans commencement ni fin, pour croire aussitôt que ce sont ses "propres idées" et qu’elles sont nées dans son cerveau. La présomption de la naïveté, si l’on peut s’exprimer ainsi, produit en pareil cas des résultats vraiment extraordinaires : tout cela est invraisemblable mais on le rencontre à chaque instant. Cette présomption naïve, cette assurance du sot qui se prend pour un génie, a été parfaitement reproduite par Gogol sous les traits de l’étonnant lieutenant Pirogov. Celui-ci ne doute même pas qu’il ne soit pas un génie, voire même supérieure à tout autre génie, au point même de ne jamais se poser une telle question. Il n’a d’ailleurs pas de questions à se poser. L’illustre écrivain a même été obligé de le faire fouetter à la fin pour donner satisfaction au lecteur, dont le sens moral se trouve révolté par tant de présomption ; mais voyant que le "grand génie" s’est contenté de se secouer et de manger un petit gâteau feuilleté en vue de restaurer ses forces après l’exécution, l’auteur a écarté les bras, à bout d’étonnement, en plantant là son lecteur révolté.

Auteur: Dostoïevski Fédor Mikhaïlovitch

Info: "L'idiot", traduit par Nicolas Poltavtzev Presses de la renaissance, Paris, 1974, pages 378-379

[ superficialité ] [ prétentieux ] [ personnage de roman ]

 

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ésotérisme

Les humains ne réalisent pas que leurs pauvres et infantiles spiritualités leur dissimulent les véritables enjeux, occultes, du pouvoir sur terre, l'homme n'est pas le maître des horloges ici. Tant que l'homme n'aura pas mieux développé sa conscience, celle de ses corps subtils, comment voulez-vous qu'il reconnaisse un maître, quel qu'il soit. Nous avons été naïfs durant de long siècles parcque nous avons été conditionnés et aussi parce que nous avions pas le pouvoir de comprendre le subconscient et donc le vrai visage de notre être. Il faut savoir que les forces de l'ombre travaillent avec toutes les assises inférieures du mental humain - émotion et passion, manifestations issue de sa peur d'être mortel, en bref une incapacité à maîtriser ses émois et son mental. L'émotion est naturelle, mais elle en doit pas affecter le mental et le discernement. Et comme pour les forces occultes qui manipulent derrière, la pensée de l'homme c'est de la matière...
Le plus grand problème de l'homme, c'est la crainte, qui crée la confusion... et sa naïveté. Les entités qui manipulent en arrière plan, manipulent aussi l'astral et les représentations, on l'a vu avec les théories sur lesquelles s'appuyaient les nazis par exemple. Si les allemands avaient "su" Hitler comme Rudolf Steiner, l'Allemagne n'aurait pas suivi Hitler.
Percevoir Hitler comme un messie ça c’était bon pour les masses, mais pas pour les initiés, les gens qui faisaient partie de la grande calèche n’étaient pas des gens capables de se faire berner par Hitler, et ce Rudolf Steiner faisait partie de la grande calèche… donc les humains qui se sont voués au culte Hitlérien ou qui se sont assujettis à la puissance politique des SS, étaient des gens eux-mêmes assoiffés du pouvoir. Etant assoiffés du pouvoir ils étaient prisonniers du pouvoir, l’un va avec l’autre, si un humain aime le pouvoir il sera assujetti par le pouvoir, il sera détruit pas le pouvoir, le plus grand danger d’un être humain qui a le moindrement contact avec les forces de l’invisible c’est d’être intéressé, attaché ou rechercher le pouvoir, ils vont vous le donner, ils vont vous le donner le pouvoir, mais vous aurez un prix à payer. Le mensonge cosmique existe.

Auteur: Montréal Bernard de

Info:

[ vingtième siècle ]

 

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outils asservissants

A ces approches technocritiques, la Silicon Valley oppose souvent ce cliché qu'il convient de fusiller sans sommation et à bout portant. Il s'énonce ainsi : " la technologie est neutre, son impact ne dépend au fond que du bon ou mauvais usage qu'on en fait. "

C'est une idée courte, et même une idée stupide, quadruplement stupide. Il n'est jamais inutile de redire pourquoi :

1° Parce que la technique porte en elle une valeur latente : l'efficacité. Autrement formulé : la possibilité d'agir sur nos environnements de façon forte. Toute machine prédétermine l'utilisateur à faire de l'efficacité la valeur de son action, avant tout choix de sa part. [...]

2° Parce qu'en amont, l'innovation technologique dépend de la Recherche qui dépend elle-même des crédits de recherche ou du capital-risque investi, et donc déjà d'une forte présélection des découvertes, produits et services et qu'on juge a priori " utiles " à développer car lucratifs. La machine reste donc toujours " sociale avant d'être technique " (Deleuze), c'est-à-dire qu'elle présuppose en univers capitaliste, pour être finalement fabriquée, une attente du marché et une rentabilité. [...]

3° Parce qu'en aval, une technologie induit une multitude d'effets, souvent difficiles à anticiper : elle réinvente des pratiques et reformate des comportements, elle enfante parfois une culture entière (le jeu massivement multijoueur, les danses internet, les animatiques) juste par les interactions nouvelles qu'elle offre. S'en servir c'est déjà transformée ses rapports à soi et ses relations aux autres, se ménager de nouvelles prises et consentir à de futures emprises en mutilant d'anciennes capacités qu'on sous-traite à l'appli. [...]

4° Enfin parce que toute technologie porte en elle un nouveau rapport au monde. On croit utiliser un frigo quand c'est notre façon de nous nourrir qui est révolutionnée par le stockage des aliments frais. La machine situe notre liberté et notre liberté s'exerce face à elle, en elle. Nous sommes libres de nos usages de la machine, libres même de ne pas l'utiliser, parfois. Mais c'est une liberté en situation, déjà située, un libre-arbitre qui s'exerce à l'intérieur d'un monde transformé et repotentialisé par la machine où il devient impossible de se comporter comme si elle n'existait pas. [...]

À cette quadruple aune, croire encore en la neutralité des technologies qu'on nous propose n'est même plus de la naïveté. C'est une faute politique.

Auteur: Damasio Alain

Info: Vallée du silicium, pp. 207-210

[ dépendance ]

 

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musique

(L'auteur se retrouve dans un salon, curieux de rencontrer Richard Wagner)
Après les salutations d'usage, je pris place à mon tour au milieu de quelques fidèles qui m'avaient précédés. - La conversation reprit son cours, que ma venue avait évidemment interrompu ; parmi les visiteurs se trouvait un jeune Italien très bavard, et dont la spécialité me sembla être, comme on dit vulgairement, de faire des gaffes. - Dans le but probablement louable, de m'instruire, il demanda au Maître ce qu'il pensait de la Danse macabre, de Saint-Saëns.
Wagner allant parler, j'étais toutes oreilles.
"La Danse macabre, fit-il avec son disgracieux accent allemand, la Danse macabre ! Ma chère Cosima, n'est-ce pas cette machine où des os se battent ? Qu'il nous a fait entendre à Bade ? Oui, très gentil, très gentil !"
L'Italien, voyant qu'il avait fait fausse route, ne se découragea pas :
- "Et Rossini ? Notre grand Rossini ? Quelle est celle de ces oeuvres que vous préférez ?"
- "Oh ! Rossini, il avait certainement l'étoffe d'un musicien ; et je me souviens qu'étant à Paris, un jour que j'allais le voir, il voulut bien reconnaître devant moi son insuffisante éducation musicale, et avec une franchise qui lui fait honneur, il me dit : Cher maître, si au lieu d'être né italien, j'avais eu le bonheur de naître votre compatriote, je crois que j'aurais fait quelque chose. - Il faut pourtant avouer qu'il a fait trois mesures bonnes dans sa vie."
Et donnant l'exemple à l'appui, il ébaucha trois mesures du Barbier sur le piano. Après cette courte et bienveillante appréciation sur l'auteur de Guillaume Tell, il y eut un moment de silence, après quoi, toujours à l'instigation du jeune Italien, le maître exécuta une série d'autres musiciens, que dans ma naïveté je croyais gens de valeur ; et comme conclusion :
"Non, voyez-vous, à notre époque il n'y en a qu'un : c'est Offenbach."
Je me sentais étouffer dans cette atmosphère haineuse, et j'avais hâte de revoir le soleil, de contempler la nature, si radieuse dans ce beau pays de Naples. Je regrettais presque d'avoir approché et pu juger cet homme, si dieu par son génie, si piètrement humain par sa vanité. Ce fut la seule fois que j'eus l'honneur d'être admis dans l'intimité de Wagner, et plus que jamais j'ai été à même d'apprécier cette véridique parole : il ne faut pas voir les grands hommes de trop près.

Auteur: Godebski Cyprien

Info: Mémoires d'un artiste, texte violemment attaqué comme étant un faux par Willy

[ polémique ] [ critique ] [ vacherie ]

 

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portrait

Imaginez la scène: un plateau TV, des gants de boxe posés devant la caméra, et un duel cathodique à audience maximale: Bernard Tapie, version 1989, contre Eric Zemmour, version 2021. Nul doute que l’homme d’affaires français, décédé dimanche à 78 ans, aurait savouré, si l’occasion s’était présentée, ce énième moment de gloire médiatique, lui qui parvint à s’imposer il y a trente ans face à Jean-Marie Le Pen dans un moment de télévision resté très controversé. Leur affrontement, genre pugilat, fit alors couler beaucoup d’encre à une époque où le "clash" n’était pas encore la règle. Mais il reste dans les mémoires car aucune autre personnalité, de droite comme de gauche, n’était parvenue avant lui à dompter en direct le fondateur du Front national.

Bernard Tapie était un populiste-né au sens où son instinct animal du public et des formules qui font mouche – assorties d’un bon lot de vérités arrangées (les fake news d’aujourd’hui) – constituait son tremplin électoral. Tapie le politicien, entré au culot dans l’arène du pouvoir républicain par l’éloge médiatique du capitalisme, répugnait à l’exactitude des chiffres et aux démonstrations rigoureuses. Il feignait aussi d’ignorer, lui l’homme d’affaires franco-français, les contraintes de la mondialisation. Son registre était, comme d’autres populistes, celui de l’incantation nationale. Mais à la différence d’un Jean-Marie Le Pen et d’un Eric Zemmour, Tapie regardait dans les yeux la France telle qu’elle est, sans faire de différence entre les Blancs, les chrétiens et les autres. Marseille, cette ville qui n’était pas la sienne où il sera inhumé, l’avait convaincu que le métissage et la multiculturalité peuvent être des atouts s’ils riment avec fierté. Cela n’enlève rien aux mensonges qu’il proféra souvent, aux combines qu’il affectionnait et aux dégâts sociaux engendrés par ses rachats d’entreprises revendues ensuite à la découpe. Mais cela explique sans doute les raisons de l’affection populaire qui, jamais – y compris en prison – ne l’abandonna.

Bernard Tapie laisse derrière lui, vu de l’étranger, l’image d’un bateleur franchouillard, cascadeur chanceux des affaires et des stades plutôt que bâtisseur de légende. Il fut aussi, dans l’histoire récente de la République, l’instrument des règlements de compte d’un François Mitterrand éberlué par son talent et maître cynique dans l’art d’exploiter sa naïveté mâtinée de cupidité. Mais l’une des marques de ce populiste, franc-tireur hors "système" et pourfendeur des blocages de la haute administration, est qu’il aimait les Français dans ce qu’ils ont de plus compliqué à gérer: leur diversité.

Auteur: Werly Richard

Info: Le Temps, 4 octobre 2021

[ aventurier ] [ combattant ] [ panache ]

 
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femmes-entre-elles

Parmi les femmes qui composaient la société de***, Mélanide était la moins aimable, et l'une des plus remarquables par son esprit ; mais personne encore n'avait poussé plus loin l'enivrement et l'aveuglement de l'amour-propre. Ce qui entraîne le défaut de goût, et produit toujours les ridicules les plus saillants.
Avec des traits et une taille hommasse, Mélanide ne pouvait se trouver jolie ; mais elle se persuadait qu'elle était belle, et d'après cette opinion, elle avait toute la recherche de la parure, toutes les mines d'une coquette uniquement occupée de sa figure. Il y avait dans sa personne et dans ses manières quelque chose de si affecté, de si bizarre, que dès qu'elle paraissait, tous les yeux se fixaient sur elle. Et, prenant alors l'étonnement et la curiosité pour de l'admiration, elle se disait tout bas, "nulle femme n'a produit cet effet"; et cette comique illusion de son orgueil était parfaitement exprimée par la mâle assurance de son maintien, par son air intrépide et conquérant : elle ignorait que les hommes qui aiment le mieux les femmes, ne regardent jamais fixement celles qui sont jeunes, jolies, et modestes. La galanterie à cet égard ressemble à l'amour: elle craint de blesser et de profaner son objet ; elle n'ose le contempler qu'à la dérobée; et c'est ainsi qu'en admirant la beauté elle rend hommage à la pudeur.
Mélanide avait infiniment d'esprit, mais un esprit absolument dénué de grâce; et le désir ardent et continuel de briller le rendait souvent faux. Ne pensant qu'à elle, rapportant tout à elle, ne parlant que d'elle, directement ou indirectement, elle ne savait ni écouler, ni répondre. Quand on ne voyait pas clairement sa vanité, on la sentait; on en était toujours ou frappé ou importuné. Les amis de Mélanide faisaient d'elle, sans le vouloir, la critique la plus piquante; ils avouaient qu'elle contait mal, qu'elle était dépourvue du charme, du naturel et de la naïveté, de celui de la gaîté. Mais ils prétendaient qu'elle avait dans la conversation "de la force et de l'éloquence".
Cette singulière admiration ressemblait plus à une épigramme qu'à un éloge. Sans doute on peut être éloquent en tête-à-tête avec ce qu'on aime, tandis que dans la conversation il faut, non les talents d'un orateur, mais de la grâce et du naturel. Dans la société la plus intime, un entretien agréable est toujours un dialogue vif et serré : l'usage du monde en exclut les "longues tirades", et par conséquent l'éloquence; rien n'y doit être approfondi : la variété, la légèreté en font le charme ; la force y serait déplacée, elle n'y paraîtrait que comme de la pesanteur.

Auteur: Genlis Madame de

Info: à propos de Mme de Staël

[ vacherie ] [ haine ] [ mondanités ]

 

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