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portrait

Enfin, les cheveux de M. Renan, rares au sommet du crâne et malhabilement ramenés, peut-être par inconsciente coquetterie de moine raté, sont d'une nuance châtain-gris sale qui éloigne despotiquement l'antique image du nombre des années par le nombre des neiges et des hivers.

Le forme générale de cette tête de philosophe au front fuyant n'est pas ridicule, mais il n'y en a pas de moins imposante ni de moins fière.

La dépression occipitale est si sensible et les lignes osseuses inférieures sont dans de telles relations avec la coupole surbaissée de ce temple de la sagesse que, vu, tour à tour, de profil et de face, il offrirait à la fantaisie de Sterne les deux idées successives d'un alpha et d'un oméga...

Cocasse symbolisme physiognomonique providentiellement adapté à ce sceptique déliquescent qui semble porter en phylactères autour de sa personne toutes les formules conditionnelles ou dubitatives de la demi-douzaine de langues vivantes qu'il a la réputation de parler...

Auteur: Bloy Léon

Info: Propos d'un entrepreneur de démolitions

[ vacherie ] [ idées-apparence ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

écriture

Bien qu'un peu misanthrope, je ne suis pas encore assez indifférent à l'opinion et à la sympathie de mes lecteurs pour ne pas m'inquiéter du jugement qu'ils porteront sur ce livre. Je crains qu'après l'avoir fermé, ils ne se disent: "A quoi cet être bizarre a-t-il servi ? Que nous a-t-il appris ?
C'est comme un somnanbule qui a passé partout, sur les neiges et sur les sables, sur les fleuves des deux mondes et sur les mers les plus lointaines...
Il a foulé aux pieds presque toutes les plantes connues ou inconnues, sans en cueillir une seule, sans même nous les nommer. Quant aux rochers il en a fait sa table, son oreiller et sa maison et voilà tout.
La science ne lui doit rien, car il n'a rien analysé ni découvert. Son caractère et ses idées ont pris la consistance et la mobilité des nuages, avec lesquels sa vie s'est écoulée comme une espèce de rêve: or les rêveurs sont inutiles, pour ne pas dire nuisibles"
Voilà sans doute ce qu'on dira de moi.

Auteur: Russell Henry

Info: Souvenirs d'un montagnard

[ égoïsme ]

 

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questions

Il fut un temps où je considérais les montagnes différemment, où je voyais en elles quelque chose de permanent. Même en les approchant avec déférence (les défier comme le font les alpinistes est une autre affaire), cette permanence m'effrayait; leur caractère irréfutablement minéral semblait intensifier la conscience que j'avais de ma nature éphémère. N'est-ce pas à cause de cette angoisse devant ce qui passe que nous nous concentrons sur les quelques fragments d'expérience brute de la vie moderne? Ne peut-elle pas expliquer pourquoi la violence est lubrique, pourquoi la concupiscence nous dévore, pourquoi les soldats choisissent de ne pas oublier leurs jours d'horreur? Nous nous cramponnons à ces moments extrêmes où nous croyons mourir pour renaître cependant. Dans l'abandon sexuel comme dans le danger, nous sommes confondus, si brièvement que ce soit, avec un présent vital où nous collons à la vie réelle, où nous sommes la vie, où le sentiment d'exister nous pénètre; dans une extase partagée avec un autre être, la solitude s'évanouit, l'éternité la remplace. Mais en ce temps-là une telle union pouvait être atteinte par la seule angoisse.

Auteur: Matthiessen Peter

Info: Le léopard des neiges

[ existence ] [ affres ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

contemplation

Je veux, pour composer chastement mes églogues,
Coucher auprès du ciel, comme les astrologues,
Et, voisin des clochers écouter en rêvant
Leurs hymnes solennels emportés par le vent.
Les deux mains au menton, du haut de ma mansarde,
Je verrai l’atelier qui chante et qui bavarde;
Les tuyaux, les clochers, ces mâts de la cité,
Et les grands ciels qui font rêver d’éternité.

II est doux, à travers les brumes, de voir naître
L’étoile dans l’azur, la lampe à la fenêtre
Les fleuves de charbon monter au firmament
Et la lune verser son pâle enchantement.
Je verrai les printemps, les étés, les automnes ;
Et quand viendra l’hiver aux neiges monotones,
Je fermerai partout portières et volets
Pour bâtir dans la nuit mes féeriques palais.
Alors je rêverai des horizons bleuâtres,
Des jardins, des jets d’eau pleurant dans les albâtres,
Des baisers, des oiseaux chantant soir et matin,
Et tout ce que l’Idylle a de plus enfantin.
L’Emeute, tempêtant vainement à ma vitre,
Ne fera pas lever mon front de mon pupitre;
Car je serai plongé dans cette volupté
D’évoquer le Printemps avec ma volonté,
De tirer un soleil de mon cœur, et de faire
De mes pensers brûlants une tiède atmosphère.

Auteur: Baudelaire Charles

Info: Les Fleurs du Mal, Paysage

[ poème ]

 

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nord-sud

Dans toute l'histoire de la colonisation; l'Algérie est un cas unique. Aucune autre conquête n'a nécessité l'envoi d'une armée aussi nombreuse ni été marquée par des opérations militaires aussi longues et aussi meurtrières. [...] Les hostilités reprennent en mai 1841 et, comme celle de 1954 à 1962, au siècle suivant, la guerre durera sept ans. [...] Saint-Arnaud, placé sous ses ordres, écrit de son côté, en mai 1841 : "Nous avons pris des troupeaux, brûlé tout ce s'est trouvé sous nos pas... Nous resterons jusqu'à la fin juin à nous battre dans la province d'Oran et à y ruiner toutes les villes, toutes les possessions de l'émir.. Partout, il trouvera l'armée française, la flamme à la main." En avril 1842, Saint-Arnaud fait tout brûler entre Miliana et Cherchell. Il écrit : "Nous tirons peu de coups de fusil, nous brûlons tous les douars, tous les villages, toutes les cahutes." Un peu plus loin : "Le pays des Beni-Menasser est superbe et l'un des plus riches que j'ai vus en Afrique. Les villages et les habitations sont très rapprochés. Nous avons tout brûle, tout détruit. [...] Que de femmes et d'enfants, réfugiés dans les neiges de l'Atlas, y sont morts de froid et de misère."

Auteur: Saint-Arnaud Armand Jacques Achille Leroy de

Info: in Marianne et les colonies : Une introduction à l'histoire coloniale de la France de Gilles Manceron

[ impérialisme ]

 

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colonialisme

Bref, toute l'histoire de l'ethnologie ou de l'anthropologie suit ce même chemin, des colonies à l'antiracisme, celui, justement, qui va de Tintin au Congo à l'amitié du héros avec Tchang et Zorrino.

Si Hergé a droit au titre d'expert en sciences humaines, il le doit au parcours de tous les savants de ces disciplines qui, à la même époque, travaillaient sur ces mêmes sujets. Ce trajet fut le sien : mêmes sources troubles, même chemin somptueux, mêmes résultats sublimes. Le procès intenté à Tintin au Congo devrait alors se généraliser à Frazer, Durkheim, Lévy-Bruhl, Marcel Mauss... tous nos maîtres en humanité.

Je rêve parfois d'un retournement : qu'un groupe d'Amérindiens, d'Aborigènes australiens ou de bergers des Pyrénées viennent, en ces hauts lieux, étudier les mœurs et la sexualité des professeurs à Oxford, Harvard ou au Collège de France. Un tel retournement, une telle symétrie, Hergé les suggère à la dernière case de Tintin au Tibet, où le yéti, abominable homme des neiges, comme on sait, mais doué d'une bonté hospitalière transcendante, contemple, de sa solitude glacée, dos courbé pour que nul ne voie ses larmes, la caravane abominable dans les neiges, quitter ce haut pays, après lui avoir volé son nouvel ami. Quelle barbarie que la nôtre !

Auteur: Serres Michel

Info: Hergé mon ami, p. 138

[ vingtième siècle ] [ formacja ]

 
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Ajouté à la BD par miguel

voies publiques

[Au 18e siècle] Les routes ne sont pas encore ces voies d’asphalte régulières et éclairées auxquelles les Occidentaux sont aujourd’hui habitués. Les chemins sont précaires, régulièrement impraticables. À la saison des pluies, ils se transforment en d’inextricables bourbiers où s’enfoncent les hommes et les chevaux, parfois pour y mourir. Les registres paroissiaux de Chécy rapportent par exemple, en 1738, le décès d’un enfant tombé de voiture et englouti par la boue. En hiver, nombreux sont les villages confinés, pris au piège par des neiges abondantes ou des rivières qui s’épanchent. En été, lorsque les routes sont sèches, la poussière étouffe les convois, les cahots abîment les véhicules et secouent les voyageurs. Les trous qui se forment sur les routes cassent les essieux ; ils obligent à se déplacer prudemment, au pas, c’est-à-dire presque aussi lentement qu’un homme à pied. De multiples angoisses tenaillent les voyageurs : la peur des chutes et des embûches qui embourbent, des intempéries et des ténèbres qui égarent, des brigands et des bandits de grand chemin qui détroussent… Pour braver la distance et ses multiples obstacles, l’homme ne peut compter que sur la force musculaire, la sienne et celle de ses animaux. Sur les sentiers les mieux aménagés, il est possible de faire circuler la marchandise par convois, en chariot, mais là où les routes sont les plus précaires, il faut abandonner la roue et charger des bêtes de somme. 

Auteur: Galluzzo Anthony

Info: Dans "La fabrique du consommateur", éd. La découverte, Paris, 2020

[ historique ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

science-fiction

Jeanfile s'était finalement allié avec quelques espèces, les rats, les chiens... Une race de rare puma des neiges... des lichens du Groenland à la très longue mémoire... quelques insectes, les sapins Douglas... plusieurs variétés de dauphins bien sûr, etc. Tout ça pour que leurs expériences mises en commun permettent de mieux comprendre le monde et surtout d'élargir la vision de leur univers commun pour mieux le comprendre. Et trouver le ou les responsables. Après douze générations humaines de recherches tous azimuts les descendants de Jeanfile et des autres formes de vies associées commençaient à avoir une idée, floue mais établie, d'une part extérieure de leur univers-sens-matière. Là, un couple étrange agissait. Un binôme mal assorti qui donnait l'impression de ne pas tout bien contrôler. Avec le temps on les avait nommés Dia et Dieuble. Ces entités-mythes tripotaient le réél et on ne pouvait s'empêcher de penser qu'elles faisaient tout depuis la nuit des temps - à moins qu'elles n'y aient été contraintes de quelque manière -, pour que les formes de vies terrestres ne puissent pas communiquer clairement entre elles. Pour des raisons de pouvoir semblait-il puisque précisément les recherches en cours semblaient les déranger. Diviser pour régner ? Probablement. Face à de grandes difficultés pour avoir une idée du biotope de cet étonnant couple externe. Les vivants associés avaient décidé de lui trouver un nom. On s'était mis d'accord sur : enfaradis. Ou edenfer. Ça dépendait des jours.

Auteur: Mg

Info: 20 mars 2015

[ canevas ] [ dépassement ] [ unicité ] [ miroir ] [ bipolarité ]

 

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déclaration d'amour

Dans le bungalow, j'ai trouvé un dictionnaire anglais-indonésien, oublié par le précédent occupant Y découvrant des wagons de mots que j'ignorais, j'ai entrepris de composer mille et une façons de dire à Indra qu'elle est belle.
Belle comme un soleil qui a déployé ses feux au premier jour de la terre.
Comme l'éclat d'or qui se prélasse sur les flots à l'approche de certains crépuscules.
Comme un rire d'enfants qui, au détour d'une ruelle, se font offrir par une grande soeur des cornets de glace à la mangue.
Belle comme le chant de ce prince fameux qui renonça à son royaume pour rejoindre la couturière entraperçue dans l'obscurité d'une échoppe.
Comme la coulée de miel qu'une reine des abeilles a offert au gamin qui avait franchi trois précipices et cinq rivières pour trouver son essaim.
Comme la robe tissée de fils d'or et de fumée qu'un misérable et habile artisan offrit à la fille d'un roi pour s'en faire aimer.
Belle comme les tourbillons de sable qui dansent au-dessus des roches brunes, si loin dans le désert que nul homme ne les a jamais vus.
Comme la soie blanche des neiges qui recouvrent les villages en des contrées si loin au nord que celui qui les atteint n'en revient jamais...
Je rédige mes fadaises dans ma tête toute la journée. Le soir, je les lui murmure à l'oreille. Elle m'écoute avec passion, sourire qui tremble aux lèvres, paupières closes, les ailes de ses cils apaisées.

Auteur: Poncet Thierry

Info: Zykë l'aventure

[ transposition ]

 

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mise en scène marchande

La vraie imposture, ce ne sont même pas les émissions "culturelles", mais les "menaces" qui pèsent sur elles à intervalles réguliers et qui donnent aux sbires de Télérama l’occasion de livrer de bons combats ("Protégeons cette espèce en voie de disparition !"). Pivot jubile peut-être de se voir assimilé au léopard des neiges ou au rhinocéros de Java, mais il faudrait qu’on explique un jour pourquoi les Etats-Unis, par exemple, qui n’ont jamais eu d’ "animateurs culturels", ont encore de grands romanciers, alors que la France l’a, lui ; et a en même temps Pennac, Bobin, Picouly, Alexandre Jardin. La pivotisation de la littérature française n’a jamais été étudiée comme il le faudrait. J’attends toujours une analyse exhaustive sur ce sujet : Introduction à la vie pivote, par exemple. Avant la fin de l’Histoire, avant l’utopie réalisée de la démocratie terminale, un livre était un secret, un livre était une conspiration. Les émissions dites "culturelles" ont consisté à livrer les secrets des livres aux profanes au nom de la lutte contre l’élitisme et dans l’optique d’une indifférenciation chaque jour envenimée. Cette opération hebdomadaire d’exotérisme militant avait son symptôme dans l’étrange rituel de distribution gratuite de bouquins qui couronnait l’émission. Intéressante cérémonie sacrificielle et néo-christique. C’était la Cène rejouée, chaque vendredi soir, dans une baraque à frites. "Prenez et lisez", soufflait à ses invités le marchand de merguez. Par ailleurs, avec le recul des années, on peut dire que si les éditeurs et les journalistes ont tant aimé cette émission, c’est parce que sa base était sacrificielle et persécutrice. Bien sûr, il s’agissait de vendre des livres, mais par-dessus tout, bien plus encore que cela, irrésistiblement, il s’agissait de voir ravalés les écrivains, de les voir maltraités puisque égalisés, niés dans leur individualité, condamnés à se battre entre eux comme des catcheuses nues dans la boue. 

Auteur: Muray Philippe

Info: A propos de Bernard Pivot et de son émission "Apostrophe", dans "Exorcismes spirituels, tome 2 : Mutins de Panurge", éd. Les Belles lettres, Paris, 1998, pages 46-47

[ critique ] [ ironie ] [ abaissement ]

 

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