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singularité verbale

Alors moi, je suis pour Saint Jean et son "Au commencement était le verbe", mais c'est un commencement qui en effet est complètement énigmatique. Ça veut dire ceci : les choses ne commencent, pour cet être charnel, ce personnage répugnant qu'est tout de même ce qu'il faut bien appeler un homme moyen, les choses ne commencent pour lui, je veux dire le drame ne commence pour lui que quand il y a le Verbe dans le coup, quand le Verbe , comme dit la religion - la vraie - quand le Verbe s'incarne. C'est quand le Verbe s'incarne que ça commence à aller vachement mal.
Il n'est plus du tout heureux, il ne ressemble plus du tout à un petit chien qui remue la queue ni non plus à un brave singe qui se masturbe. Il ne ressemble plus à rien du tout.
Il est ravagé par le Verbe

Auteur: Lacan Jacques

Info: Dans "La troisième"

[ fardeau ] [ point de bascule ] [ langage ] [ homme parlant ]

 
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homme-robot

Rappelons-en le critère décisif [de la différence entre un vrai homme et un automate d’une extrême perfection] : soumise à toute une série de sollicitations variées, notamment verbales, la machine finira toujours par ne pas répondre, ou par répondre de manière non pertinente, là où chaque homme, y compris parmi "les plus hébétés", répondra peu ou prou "au sens de tout ce qui se dira [ou fera] en sa présence". Nous l’avons vu cependant, la pertinence de la réponse au sens n’est pas fonction de son caractère attendu. Bien que cette réponse soit toujours réponse à une certaine attente, il faut qu’elle soit, à un certain degré, inattendue, donc surprenante et considérée comme originale, que ce soit dans sa forme (dans sa matérialité) ou dans sa substance (dans ce qu’elle exprime). La surprise, ici, peut tenir à un usage inventif des facultés de l’esprit, mais elle peut aussi tenir à un usage défectueux (ou à un défaut d’usage).

Auteur: Kambouchner Denis

Info: La question Descartes, éditions Gallimard, 2023, page 283

[ imprévisible ] [ défaillance ]

 

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bavardage

Lorsque tu veux savoir quelque chose et que tu n'y parviens pas par la réflexion intérieure, je te conseille alors, mon cher et spirituel ami, d'en parler avec le premier venu.

Point n'est besoin que ce soit un esprit particulièrement pénétrant, je ne veux pas dire non plus que tu dois l'interroger sur ce qui te préoccupe : non ! tu dois plutôt lui en parler d'abord.

Je te vois me faire de grands yeux et me répondre qu'on t'avait donné, dans tes jeunes années, le conseil de ne parler de rien d'autre que de choses que tu comprends déjà.

Mais, à l'époque, tu parlais vraisemblablement avec la prétention d'apprendre des choses aux autres ; je veux, pour ma part, que tu parles avec l'intention raisonnable de t'instruire toi-même ; et qu'ainsi ces deux règles de l'intelligence, différemment selon les cas, puissent peut-être absolument coexister.

Le Français dit "L'appétit vient en mangeant" et ce principe reste vrai quand on le parodie et que l'on dit l'idée vient en parlant.

Auteur: Kleist Heinrich von

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[ révélateur ] [ clarification des pensées ] [ maïeutique verbale ]

 

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langage populaire

Non l'argot ne se fait pas avec un glossaire, mais avec des images nées de la haine, c'est la haine qui fait l'argot. L'argot est fait pour exprimer les sentiments vrais de la misère. Lisez L'Humanité, vous n'y verrez que le charabia d'une doctrine. L'argot est fait pour permettre à l'ouvrier de dire à son patron qu'il déteste : tu vis bien et moi mal, tu m'exploites et roules dans une grosse voiture, je vais te crever.

Mais l'argot d'aujourd'hui n'est plus sincère, il ne résiste pas dans le cabinet du juge d'instruction.

J'attends toujours le truand qui fera fuir le juge avec son argot. Dans les prisons d'aujourd'hui, on file doux :

Oui Monsieur, bien Monsieur. On y est bien sage et on n'y parle pas l'argot, j'en ai fait l'expérience. Le temps est loin où Mandrin risquait chaque jour la Grève.

Il n'y a plus aujourd'hui que l'argot des bars à l'usage des demi-sels pour épater la midinette, et l'argot prononcé avec l'accent anglais à l'usage du XVIe.

Auteur: Céline Louis-Ferdinand

Info:

[ court-circuitage ] [ déstabilisation ] [ violence ] [ pulsion verbales ] [ rage ] [ sémantique primaire ]

 

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signifiant

Quant à la névrose de contrainte, il se confirme que c’est la représentation de mot et non le concept s’y attachant qui est le lieu où le refoulé fait sa percée. (Plus précisément le souvenir-de-mot). D’où le fait que ce sont les choses les plus disparates qui se trouvent volontiers réunies comme représentation de contrainte sous un mot plurivoque. [...] Par ex., le cas suivant. Une jeune fille, qui fréquente l’école de couture et qui aura bientôt fini, est tourmentée par la représentation de contrainte suivante : Non, tu ne dois pas t’en aller, tu n’as pas encore fini, tu dois faire encore plus, apprendre encore tout ce qui est possible. Derrière cela, il y a le souvenir de scènes d’enfance où elle est mise sur le pot, ne veut pas y rester et connaît la même contrainte. Tu ne dois pas t’en aller, tu n’as pas encore fini, tu dois faire encore plus. Le mot faire permet de réunir la situation ultérieure et la situation infantile. Les représentations de contrainte revêtent souvent une indétermination verbale particulière pour permettre une telle utilisation multiple. Si l’on examine de plus près (consciemment) cette représentation, une expression vient alors en parallèle : "tu dois apprendre encore plus" ; ce qui deviendra peut-être plus tard la représentation de contrainte fixée naît d’une telle interprétation fondée sur un malentendu de la part du conscient.

Auteur: Freud Sigmund

Info: Lettre à Wilhelm Fliess du 22 décembre 1897, trad. Françoise Kahn et François Robert, éditions P.U.F., Paris, 2006

[ structure psychologique ] [ influence inconsciente ]

 
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linguistique pragmatique

La signification réside dans la communication d'un locuteur avec autrui.

Il faut d'abord faire la distinction entre signification naturelle et signification non-naturelle. Dans le cas de signification non-naturelle, il y a une intention de signifier (à quelqu'un) une information qui n'est pas connue d'avance.

La signification se fonde donc sur la conversation entre plusieurs personnes, qui doivent accepter les mêmes règles.  

Ces règles font apparaitre des maximes conversationnelles ou lois du discours dans la théorie pragmatique, ainsi que la notion d'immplicature conversationnelle.

"Implicature" désigne soit (i) l'acte de signifier ou d'impliquer une chose en disant autre chose, soit (ii) l'objet de cet acte. Les implicatures peuvent être déterminées par le sens de la phrase ou par le contexte de la conversation, et peuvent être conventionnelles (dans différents sens) ou non conventionnelles. Les figures de style, telles que la métaphore et l'ironie, en sont des exemples familiers, tout comme l'emploi de termes vagues et l'utilisation de termes peu élogieux. L'implicature sert divers objectifs : communication, maintien de bonnes relations sociales, tromper sans mentir, style et efficacité verbale. La connaissance des formes courantes d'implicature s'acquiert en même temps que la langue maternelle.

Les implicatures conversationnelles sont devenues l'un des principaux sujets de la pragmatique. Une question conceptuelle et méthodologique importante en sémantique étant de savoir comment distinguer les sens et les sous-entendus des implicatures conversationnelles généralisées. Une question connexe est de savoir dans quelle mesure le sens de la phrase détermine ce qui est dit. La linguistique historique retrace l'évolution des implicatures conversationnelles en idiomes.

Auteur: Grice Paul Herbert

Info: wiki et autres sources

[ téléosémantique ] [ transmission idiomatique ] [ bio-sémantique ]

 

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écrivain-sur-écrivain

D’où vient le sentiment de malaise que fait naître Gogol ? De la certitude où il était peut-être lui-même d’avoir écrit le Diable, et pas un diable métaphorique mais le vrai Néant, le Rien qui devient tout – le Rien qui se déploie, et qui rigole, et qui vous laisse, seul, démoli, réduit à lui. Du Révizor au Mariage, en passant par Les Joueurs, du Nez au Manteau jusqu’au Portrait – la même force vide qui vous vampirise. Cette force, elle éclate dans Les Âmes mortes. Et pas seulement parce qu’il s’agit de morts qu’on peut vendre parce qu’ils ne coûtent pas cher, vu qu’ils sont morts, mais qu’on peut vendre parce qu’ils sont encore vivants aux yeux de l’administration. Non, ce n’est pas le sujet qui est en cause. Il y a dedans, par-delà les passages comiques, les scènes d’anthologie, derrière une invention verbale proprement géniale, quelque chose qui vous ronge – un sentiment, oui, comme de possession par quoi ? par un regard terrifiant, sans compassion aucune, sans pitié sur les hommes et particulièrement sur ceux qui se démènent, tremblent et se haïssent sur cette étendue plate, immense, et insauvable qu’on appelle la Russie… L’image de la troïka qui fend l’espace et de l’ivresse du voyage rappellent dans l’Odyssée de Tchitchikov "Les Démons" de Pouchkine – qui donnent leur titre aux Démons de Dostoïevski : Un tournoiement entre les monstres vides.

Alexandre Blok, mourant en 1921, l’avait écrit : "Elle nous a bouffés, notre brave mère patrie russe, comme une truie ses porcelets…" – Gogol, sidéré lui-même par l’ampleur du désastre qu’il reflétait, s’est, sans métaphore aucune, au sens le plus concret du terme, retourné dans sa tombe.

Auteur: Markowicz André

Info: Partages

[ slaves ]

 

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désignation idiomatique

Ce qui frappe d’abord l’homme "moderne", rompu à la théorie et à la science linguistique d’aujourd’hui, et pour lequel le langage est extérieur au réel, pellicule fine et sans consistance sinon conventionnelle, fictive, "symbolique", c’est que dans les sociétés "primitives", ou comme on dit "sans histoire", "pré-historiques", le langage est une substance et une force matérielle. Si l’homme primitif parle, symbolise, communique, c’est-à-dire établit une distance entre lui-même (comme sujet) et le dehors (le réel) pour le signifier dans un système de différences (le langage), il ne connaît pas cet acte comme un acte d’idéalisation ou d’abstraction, mais au contraire comme une participation à l’univers environnant. Si la pratique du langage suppose réellement pour l’homme primitif une distance par rapport aux choses, le langage n’est pas conçu comme un ailleurs mental, une démarche d’abstraction. Il participe comme un élément cosmique du corps et de la nature, confondu avec la force motrice du corps et de la nature. Son lien avec la réalité corporelle et naturelle n’est pas abstrait ou conventionnel, mais réel et matériel. L’homme primitif ne conçoit pas nettement de dichotomie entre matière et esprit, réel et langage, et par conséquent entre "réfèrent" et "signe linguistique", et encore moins entre "signifiant" et "signifié" : pour lui, ils participent tous au même titre d’un monde différencié.

Des systèmes magiques complexes, telle la magie assyrienne, reposent sur un traitement attentif de la parole conçue comme une force réelle. On sait que dans la langue akkadienne "être" et "nommer" sont synonymes. En akkadien, "quoi que ce soit" s’exprime par la locution "tout ce qui porte un nom". Cette synonymie n’est que le symptôme de l’équivalence généralement admise entre les mots et les choses, et qui sous-tend les pratiques magiques verbales. Elle transparaît aussi dans les exorcismes liés à l’interdiction de prononcer tel ou tel nom ou mot, aux incantations dont on exige la récitation à voix basse, etc.

Plusieurs mythes, pratiques et croyances révèlent cette vision du langage chez les primitifs. Frazer (the Golden Bough, 1911-1915) constate que dans plusieurs tribus primitives le nom, par exemple, considéré comme une réalité et non pas comme une convention artificielle, "peut servir d’intermédiaire — aussi bien que les cheveux, les ongles ou toute autre partie de la personne physique — pour faire agir la magie sur cette personne". Pour l’Indien d’Amérique du Nord, d’après ce même auteur, son nom n’est pas une étiquette, mais une partie distincte de son corps, comme l’œil, la dent, etc., et par conséquent un mauvais traitement de son nom le blessera comme une blessure physique. Pour sauvegarder le nom, on le fait entrer dans un système d’interdictions, ou de tabous.

Auteur: Kristeva Julia

Info: Le langage, cet inconnu, pp. 56-57

[ réalité encodée ] [ vocable dagyde ] [ premier degré performatif ] [ philologie diachronique ] [ codage du réel ]

 
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cénacle

Au fil des journées Emma devenait toujours plus critique, surtout avec ses amis locaux, principalement la bande d'André, un musicien, ami de Miguel, pivot d'une clique d'artistes quadragénaires, tous issus de la bourgeoisie. Elle les analysait, les jaugeant maintenant comme de tristes êtres, qui se croyaient métamorphosés parce qu'après avoir vécu ces expériences - par lesquelles ils avaient eu l'impression de se faire peur - ils étaient simplement intégrés. Des petits bourgeois, ridicules par cette mise en place progressive et étudiée de façades plus ou moins réussies, plus ou moins souriantes, assorties de quelques petites excentricités d'habillement, de tournures verbales supposément originales. Elle voyait à présent des cadres moyens du fin tissu social helvétique, un de ces rassemblement de gens qui craignent toute forme de marginalité. Sérail dérisoire ou l'on se fait la bise comme les stars de la télévision pour marquer sa différence, pour montrer son appartenance à un cercle qui serait plus humain, plus averti, éclairé, mais qui, quand il existe, elle ne le savait que trop, n'a que le fonctionnement d'un groupe de pression. Elle riait presque en se remémorant qu'ils avaient créé une structure à but artistique baptisée "Les gars sympas " c'était à n'y pas croire.

Telle était donc l'intelligentsia, les révoltés de cet endroit ?... en était-ce de même pour la culture occidentale en général ?... Etaient-ce eux les artistes ?... Emma se surprenait à fulminer intérieurement. Traumatisée par l'enfant elle ne voyait plus chez eux qu'une forme d'élitisme atroce, imbécile, soumis aux conventions, aux diplômes, loin de la vie, la vraie, celle avec des excréments, des bleus, du sang, des cris. Elle aurait préféré ne pas les juger mais c'était impossible, elle les voyait si distants, si étriqués, prenant brusquement conscience qu'elle n'en n'avait jamais vu un plaisanter ou simplement discuter avec une caissière édentée ou un clodo en pleine cuite. Oui, c'était ça, égoïstes : lors des fêtes qui réunissaient les familles, elle voyait bien que leurs enfants leur cassaient les pieds, comme s'ils ne les avaient pondus que par convention, par simple peur de la mort, ou pire, par ennui. Pas comme dans son pays où la jeunesse était synonyme de joie, de plaisir... de folie qui se développe.

Elle les dépréciait, ils étaient froids, pédants. Elle analysait leurs postures, leurs attitudes - vues par elle comme un mélange de classe et de réserve étudiées - des limitations quoi, y voyant pour preuve que l'humour grossier, même sciemment provocateur, les faisaient se raidir immédiatement. Comprenant aussi qu'il fallait bien qu'ils conservent la cohérence de leur statut social. Ils étaient carrément bridés, oui, c'était ça : sans ouverture... s'auto bombardaient non racistes... tolérants... ne semblaient pas supporter par ailleurs qu'on fasse part de la moindre forme de non allégeance à leur endroit, empêtrés dans leurs représentations, leur foutu confort. Mais stop. Il fallait revenir sur terre, être positive. Qu'avaient-ils de différents des autres humains, somme toute ?... N'était-elle pas comme eux ?.

Auteur: MG

Info: In Jean-Sébastien, 1999

[ sociologie ] [ suisse ]

 

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vision romantique

Mais cette haine de la parole s’exprime finalement dans un dernier courant : non seulement il faut démolir le langage construit et signifiant, mais encore, le mieux, c’est non pas ce travail qui est œuvre d’individus raisonnants, au contraire, il faut prendre la vraie référence chez celui qui spontanément parle ce langage sans raison, sans contenu, sans enchaînement, sans clarté, mais avec une signification latente autre, totalement autre que celle des mots prononcés, à savoir le "fou". [...] Et l’on assiste alors à une étrange magie : le fou détruit la communication, le sens, la continuité et l’on admire, l’on s’extasie sur une si grande originalité ! Mais qu’est-ce que cela a encore à faire avec le langage ? On a beau l’intituler glorieusement le langage de la rupture, c’est précisément dire qu’il n’y a plus de langage ! [...] Le fou a bien entendu un langage. Mais peut-il être modèle ? Peut-il être une libération d’un sens plus authentique au-delà des affreux rationalismes et de la rationalité ? Il y a magie, fascination de l’inframonde, le fou a toujours exercé cette fascination sur ceux qui cherchaient une autre vérité que celle simplement humaine, le fou "chevauché" par un dieu, "possédé" par un démon, en communication avec un au-delà, porteur d’une illumination, d’une connaissance directe, ne passant pas par le cerveau conscient... Recherche d’un supra-langage dans sa déstructuration par le fou... [...] il faudrait peut-être se demander : pour qui cette folie a-t-elle un sens ? Et comment s’exprime la signification d’une si profonde déstructuration ? Eh bien uniquement pour celui qui a une profonde habileté herméneutique, donc un très habile herméneute, et uniquement par la grâce du langage le plus rigoureux et le plus expressif ! [...] C’est donc par le meilleur langage porteur de sens et de communication que ces explosions verbales inaudibles prennent une quelconque valeur ! [...] Quand on prétend que le fou parlant exprime son refus des conventions sociales, je veux bien que ce soit l’interprétation que l’herméneute m’en donne mais simplement je me demande : s’il n’y a pas de sens dans ce qu’ils disent, pourquoi en chercher un ? Si les mots et les structures langagières sont totalement dévalués, comment y trouver un message ? Je suis tout à fait d’accord pour considérer d’une part que ces discours du fou doivent être étudiés comme moyen de diagnostic de qui est celui qui parle ainsi, d’autre part que ces textes peuvent avoir dans leur non-sens une grande puissance d’évocation poétique, et que l’on peut y trouver des poèmes authentiques [...], mais encore une fois c’est seulement le sujet parlant le langage cohérent de la « raison » qui comprend, qui éprouve et qui traduit... ! Quant à s’enchanter de ce que ces écrits ridiculisent le "discours institué" et qu’ils nous "font sortir du langage", cette joie repose sur la conviction simpliste qu’il y a un discours institué, et que c’est un progrès de "sortir du langage" mais s’il en est ainsi, on se demande pourquoi ces auteurs continuent à écrire des phrases parfaitement compréhensibles dans un souci de communication ! Ridiculiser la parole, ce dont on se gargarise tant, c’est contribuer à la victoire de la puissance des foules, des ombres, des meurtres et les délires sociaux ne sont jamais innocents !

Auteur: Ellul Jacques

Info: Dans "La parole humiliée", éditions de la Table Ronde, Paris, 2014, pages 279 à 282

[ instrumentalisation politique ] [ déconstruction ]

 

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