Citation
Catégorie
Tag – étiquette
Auteur
Info



nb max de mots
nb min de mots
trier par
Dictionnaire analogique intriqué pour extraits. Recherche mots ou phrases tous azimuts. Aussi outil de précision sémantique et de réflexion communautaire. Voir la rubrique mode d'emploi. Jetez un oeil à la colonne "chaînes". ATTENTION, faire une REINITIALISATION après  une recherche complexe. Et utilisez le nuage de corrélats !!!!..... Lire la suite >>
Résultat(s): 89
Temps de recherche: 0.0425s

nostalgie

Venir à Pâques, je l'espère bien, quoique ce soit l'époque où nous allons à Bade. Enfin ; j'espère revoir Paris, en avril, quand les arbres du Luxembourg ont des feuilles tendres et transparentes au soleil, et que même les manuscrits de la Bibliothèque nationale sentent le printemps. Tous les dimanches, cher poète, à la tombée du soir, j'ai des spleens lancinants à songer à Paris à cette heure, à notre quartier, rues Denfert, Gay-Lussac, Berthollet, Monsieur le Prince, etc... Ces rues existent-elles toujours ? Je vois Henry filant comme une élégante sauterelle le long des murs de la rue Denfert, et puis causant avec vous dans votre petit salon et j'en suis très jaloux. Fermez-lui parfois votre porte au nez, n'est-ce pas ?

Auteur: Laforgue Jules

Info: "Lettres à un poète", éd. La Connaissance, p. 18

[ fantasme ] [ épistolaire ] [ saison ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par Benslama

nostalgie

Ils dormaient là où le hasard les menait, sans autre exigence de confort que le giron de l'autre, quelquefois avec le le firmament pour seul toit, l'immense oeil noir de Dieu, criblé de ces lumières qui sont le reflet laissé par les regards des hommes qui ont contemplé le ciel, génération après génération, interrogeant le silence et écoutant l'unique réponse donnée par le silence. Plus tard, quand elle sera seule au monde, Marie de Magdala voudra se souvenir de ces jours et de ces nuits, et chaque fois elle sera obligée de lutter âprement pour défendre sa mémoire des assauts de la douleur et de l'amertume, comme si elle protégeait une île d'amour des attaques d'une mer tourmentée et de ses monstres.

Auteur: Saramago José

Info: L'Evangile selon Jésus-Christ

[ nocturne ] [ couple ] [ deuil ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par miguel

nostalgie

On ne peut retourner chez soi, dans sa famille, dans l'enfance, dans l'amour romantique, les rêves de célébrité et de gloire d'un jeune homme, rêves de départ, d'évasion en Europe et à l'étranger, dans le lyrisme, vers le chant, l'esthétique, l'idée adolescente de l'artiste et la suffisance de l'"art", de la "beauté", et "l'amour", dans sa tour d'ivoire à la maison, retrouver sa cabane à la campagne, sa chaumière à Bermude, loin de tous les conflits du monde, au pays du père qu'on a perdu et cherché, au pays de quelqu'un qui peut t'aider, te sauver, te soulager, revenir aux anciennes formes et systèmes des choses qui autrefois paraissaient éternelles, mais qui changent sans cesse de retour vers les échappatoires du Temps et de la Mémoire.

Auteur: Wolfe Thomas Clayton

Info: You Can't Go Home Again

[ impossibilité ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par miguel

nostalgie

J'aimerais voyager dans le temps pour revenir à la décennie pendant laquelle la drogue et moi étions copines et se défoncer servait à quelque chose. (... ) D'une minute à l'autre, comme dans un conte de fées, la réalité devient malléable. Ce génie est séduisant. Sans quoi je ne lui aurais pas consacré ma vie. Mais maintenant, je dirais plutôt que je suis comme possédée. Ça n'a plus de sens. Je le sais. Je m'ennuie aussi quand je me défonce. Je le fais quand même. La partie de moi qui veut se droguer est semblable à une région luttant pour prendre le pouvoir sur tout le pays. Elle ne lutte pas pour son autonomie, elle lutte pour l'indexation. C'est une instance dictatoriale. Mais c'est aussi mon pays. Et c'est ma guerre, de toute façon.

Auteur: Despentes Virginie

Info: Cher connard, pp 113-114

[ addiction ] [ routine maîtresse ] [ introspection ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par miguel

nostalgie

Peu à peu nous découvrons que le rire clair de celui-là nous ne l’entendrons plus jamais, nous découvrons que ce jardin-là nous est interdit pour toujours. Alors commence notre deuil véritable qui n’est point déchirant mais un peu amer.

Rien, jamais, en effet ne remplacera le compagnon perdu. On ne se crée point de vieux camarades. Rien ne vaut le trésor de tant de mauvaises heures vécues ensemble, de tant de brouilles, de réconciliations, de mouvements de cœur. On ne reconstruit point ces amitiés-là. Il est vain si l’on plante un chêne, d’espérer s’abriter bientôt sous son feuillage.

Ainsi va la vie. Nous nous sommes enrichis d’abord, nous avons planté pendant des années, mais viennent les années où le temps défait ce travail et déboise. Les camarades, un à un, nous retirent leur ombre. Et à nos deuils se mêle désormais le regret secret de vieillir. 

Auteur: Saint-Exupéry Antoine de

Info: Terre des hommes, éditions Gallimard, 1939

[ deuil ] [ amitié ] [ irréparable ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par miguel

nostalgie

Retournée, mise en place et contemplée enfin sans blasphèmes ni marchandage, cette toile (Un village breton sous la neige) devenait un paysage breton, village d'hiver sous la neige : quelques maisons de chaume épaulent la ligne d'horizon et se pressent autour du clocher juste central. A gauche, une falaise violette tombe vers un ciel de crépuscule. A droite filent des arbres maigres. Tout le sol est fait de neige, ruisselant de lumières fondues, magnifique pelage bleu et rose, fourrure sur le sol froid. C'est donc cela que le Peintre, en mourant, recréait avec nostalgie ? Sous les soleils de tous les jours, le suscitateur des dieux chauds voyait un Village breton sous la neige ! Cette toile, je l'ai gardée. Le don même en serait injurieux, Gauguin mourut en la peignant, c'est un legs. Seule de tant d'autres, elle se signe de l'absence du nom.

Auteur: Segalen Victor

Info: Dans "Premiers écrits sur l'art (Gauguin, Moreau, Sculpture)"

[ compensation ] [ oeuvre oubliée ] [ art pictural ]

 
Mis dans la chaine

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par Coli Masson

nostalgie

Je vais vous dire ce que me rappellent tous les ans, le ciel agité de l’automne et les feuilles qui jaunissent dans les arbres qui frissonnent.
Je vais vous dire ce que je vois quand je traverse le Luxembourg dans les premiers jours d’octobre, alors qu’il est un peu triste et plus beau que jamais ;
car c’est le temps où les feuilles tombent une à une sur les blanches épaules des statues.
Ce que je vois alors dans ce jardin, c’est un petit bonhomme qui, les mains dans les poches et son sac sur le dos, s’en va à l'école en sautillant comme un moineau.
Ma pensée seule le voit ; car ce petit bonhomme est une ombre :
c’est l’ombre du moi que j’étais, il y a vingt-cinq ans....
Il y a vingt-cinq ans, à pareille époque, il traversait, avant huit heures,
ce beau jardin pour aller en classe.
Il avait le cœur un peu serré : c’était la rentrée.

Auteur: France Anatole

Info: Le Livre de mon ami, LA RENTRÉE

[ enfance ] [ école ]

 

Commentaires: 0

nostalgie

Gwenn, pilleuse d'épaves, allait à la marée glaner sur le sable jaune des vieux morceaux de bois blanchis et rongés par le sel, mille fois poncés par le ressac, en ramassait un, examinait sa forme à la lumière hivernale. On se foutait d'elle, qui vidait ses poches pleines de cailloux bizarres et de débris de verre tintinnabulant dans ses mains. Elle encombrait la table de la cuisine de pieuvres de bois mort alors qu'on prenait l'apéro au retour de la plage. Imaginez le tableau, des os de goélands, c'était cradingue, elle nous les mettait sous le nez, et les plumes avec, ça schlinguait la marée et c'était Bysance

Oh, petite fille de la mer, ma sirène aux cheveux d'or, aux yeux trempés dans le ciel défiant le Grand Astre, obstinée, espiègle, ma sœur des après-midi d'été, quand je te vois arpenter la grève blanche à marée basse, penchée sur le sable, ma complice des tapages nocturnes et des danses barbares, je viens te dire adieu.

Auteur: Bellec Hervé

Info: La nuit blanche

[ enfance ] [ deuil ] [ copine ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par miguel

nostalgie

Le croira-t-on, nous avons été nourris dans un peuple gai. Dans ce temps-là un chantier était un lieu de la terre où des hommes étaient heureux. Aujourd’hui un chantier est un lieu de la terre où des hommes récriminent, s’en veulent, se battent ; se tuent.

De mon temps tout le monde chantait. (Excepté moi, mais j’étais déjà indigne d’être de ce temps-là.) Dans la plupart des corps de métiers on chantait. Aujourd’hui on renâcle. Dans ce temps-là on ne gagnait pour ainsi dire rien. Les salaires étaient d’une bassesse dont on n’a pas idée. Et pourtant tout le monde bouffait. Il y avait dans les plus humbles maisons une sorte d’aisance dont on a perdu le souvenir. Au fond on ne comptait pas. Et on n’avait pas à compter. Et on pouvait élever des enfants. Et on en élevait. Il n’y avait pas cette espèce d’affreuse strangulation économique qui à présent d’année en année nous donne un tour de plus. On ne gagnait rien ; on ne dépensait rien ; et tout le monde vivait.

Auteur: Péguy Charles

Info: L’Argent, Les Cahiers de la Quinzaine, 1913, Éditions des Équateurs, coll. Parallèles, 2008

[ simplicité joyeuse ] [ musique spontanée ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par Le sous-projectionniste