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limitation

L'être humain ne dispose pas d'une grande capacité de penser ; même le plus intellectuel et le plus cultivé des hommes voit le monde et sa propre personne à travers un prisme de formules très naïves, simplificatrices, qui travestissent la réalité.  Car c'est, à ce qu'il paraît, un besoin inné et obligatoire de tous les êtres de se représenter leur moi comme une unité. Aussi fréquemment, aussi profondément que soit ébranlée cette illusion, elle se reforme et se consolide toujours immédiatement...

Réfléchir une heure ; rentrer en soi-même pendant un moment et se demander quelle part on prend personnellement au règne du désordre et de la méchanceté dans le monde, quel est le poids de notre responsabilité ; cela, vois-tu, personne n'en a envie ! Voilà pourquoi tout continuera comme avant ; voilà pourquoi jour après jour, des milliers et des milliers d'hommes préparent avec zèle la prochaine guerre…

Auteur: Hesse Hermann

Info: Le loup des steppes

[ intelligence ] [ introspection difficile ]

 

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sécularisation

Notre époque se croit réaliste. Jamais époque n’a été plus idéaliste, jamais elle n’a moins eu le sens du charnel. Elle oublie que l’homme est un esprit dans un corps et que pour lui le corporel est la médiation obligatoire du spirituel. On veut qu’il rejoigne immédiatement la foi pure, l’esprit pur, l’amour pur, et par un étrange retour des choses, on finit par immerger tout le spirituel dans le politique. On affirme alors que la religion, et spécialement la liturgie, parce qu’elle parle d’un autre monde, et qu’elle le rend quasiment perceptible, est la plus dangereuse des aliénations : elle nous détourne de combattre pour celui-ci, elle est l’opium du peuple. Ce qu’on veut détruire, ce que l’on a déjà détruit, ce sont les formes sacrées. Il ne demeure qu’une foi nue, tellement transcendante et subtile qu’elle ne se distingue plus guère de l’athéisme, mais qui continue d’exiger tout autant plus d’être incarnée dans des formes concrètes : l’ordre sacral étant détruit, il ne reste que l’ordre politico-social.

Auteur: Borella Jean

Info: "Situation du catholicisme aujourd'hui", éditions L'Harmattan, Paris, 2023, pages 19-20

[ règne de l'imaginaire ] [ actions profanes ] [ désincarnation ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

compromis

Le président de la Confédération suisse, Marcel Pilet-Golaz, avait déclaré qu’il était du plus grand intérêt pour la Suisse de s’ajuster à la  "nouvelle Europe" (un euphémisme pour dire "accepter les exigences des nazis"), propos très représentatifs de l’état d’esprit d’une grande partie de la population. En 1938 déjà, la formation politique de Pilet-Golaz avait fait passer une loi rendant obligatoire l’apposition d’un J majuscule sur les passeports des réfugiés juifs, et les nazis l’adoptèrent la même année avec enthousiasme, avant de franchir un autre pas en exerçant des pressions sur la Suisse pour obtenir la fermeture de ses frontières. En 1942, l’expression "la barque est pleine", désormais tristement célèbre, était devenue un lieu commun en Suisse. Pourtant, tout au long de la guerre, les Suisses allaient inventer une autre expression pour se moquer d’eux-mêmes et de leur volonté de rester neutres sur un continent dévasté par la guerre : ils disaient que "s’ils travaillaient pour les nazis pendant la semaine, le dimanche, par contre, ils priaient pour les Alliés". 

Auteur: Bair Deirdre

Info: Dans "Jung", trad. de l’anglais par Martine Devillers-Argouarc’h, éd. Flammarion, Paris, 2007, pages 702-703

[ collaboration douce ] [ le cul entre deux chaises ] [ nazisme ] [ neutralité ] [ ww2 ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

niveaux de perception

La liberté n'est pas une illusion ; elle est parfaitement réelle dans le contexte d'une conscience séquentielle. Dans un contexte de conscience simultanée, la liberté n'a pas de sens, mais la coercition non plus ; c'est simplement un cadre différent, ni plus ni moins valable que l'autre. C'est comme cette fameuse illusion d'optique, le dessin d'une jeune femme élégante, visage détourné du spectateur, ou d'une vieille bique au nez verruqueux, menton rentré sur la poitrine. Il n'y a pas d'interprétation "correcte" ; les deux sont tout aussi valables l'une que l'autre. Mais on ne peut les voir en même temps.

De même, la connaissance de l'avenir est incompatible avec le libre arbitre. Ce qui me permet d'exercer ma liberté de choix me rend également impossible de connaître l'avenir. À l'inverse, maintenant que je connais l'avenir, je n'agirais jamais à son encontre, y compris en disant aux autres ce que je sais : ceux qui connaissent l'avenir n'en parlent pas. Ceux qui ont lu le Livre des âges ne l'admettent jamais. 

Auteur: Chiang Ted

Info: Stories of Your Life and Others, 2010, p.137, Knopf

[ indépendance indispensable ] [ indéterminisme obligatoire ] [ mystère nécessaire ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

nationalisme

Aujourd'hui, la presse est libre, mais à la condition qu'elle restera dans son strict rôle d'abrutissement public. On lui pardonne des écarts de langage, pourvu, comme dans la chanson de café-concert, que le petit couplet patriotique et final vienne pallier et moraliser les antérieures obscénités. On tolère qu'elle nous montre des derrières épanouis, des sexes en fureur ou en joie, encore faut-il que ce soit dans un rayonnement du drapeau tricolore. Soyons vulgaires, abjects ; remuons les sales passions et les ordures bêtes, mais restons patriotes. On peut voler, assassiner, calomnier, trahir, être une brute forcenée, un lâche brigand, cela n'est rien si l'on organise du "boucan" dans les théâtres, si l'on insulte les femmes qui viennent d'Allemagne, si l'on vomit sur le génie des belles oeuvres, si l'on va, en hurlant de stupides refrains, porter de revendicatrices couronnes au tombeau du peintre médiocre que fut Henri Regnault. Car Henri Regnault est devenu un des nombreux symboles de la Patrie, son culte est obligatoire et national, comme l'impôt et comme le service militaire.

Auteur: Mirbeau Octave

Info: dans Le Figaro, lundi 18 mai 1891

 

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ménage

Eh bien un enfant ne peut pas ranger sans danger avant trois ans et demi – quatre ans. Un enfant qui range trop tôt peut devenir obsessionnel. […] Quelqu’un qui, plus tard, fait les choses pour les faire, mais non parce qu’elles ont un sens : selon une espèce de rite. Il n’est plus dans le vivant : il est soumis comme une chose aux autres choses. […] Quand un enfant joue, il met du désordre, c’est obligatoire. Il n’a pas encore son ordre. Son ordre va arriver à sept ans. Il peut néanmoins commencer à ranger à quatre ans, surtout si, chaque fois qu’il est question de ranger, la mère lui dit : "Bon ! Maintenant, avant de faire autre chose, nous allons ranger. Tiens ! Aide-moi." Elle fait les trois quarts du travail, il en fait le quart, à regret, mais il le fait. Au bout d’un certain temps, il le fait aussi parce qu’il voit son père ranger. Mais attention ! Les garçons dont le père ne range jamais ont beaucoup de peine à devenir "rangeurs".

Auteur: Dolto Françoise

Info: Dans "Lorsque l'enfant paraît", tome 1, éditions du Seuil, 1977, page 151

[ exemple ] [ apprentissage ] [ trier ] [ arranger ] [ nettoyer ] [ éducation ]

 

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élites

Le décret de bonheur prend l'apparence absolutiste de la pure philanthropie. Il suggère qu'au moins quelques personnes savent ce qu'est le bonheur mais veulent prévenir par le "rationnement" le collapsus qui surviendrait nécessairement si tous savaient la même chose. Prévenir le collapsus est la présupposition implicite, par la rhétorique, des économies planifiées des Etats. Ceux qui détiennent le savoir expérimentent déjà, au nom de tous les autres, ce qui résulte de leur savoir : ils vivent dans des enclaves au coeur de la collectivité et masquent les fenêtres de leurs limousines pour que personne ne puisse voir s'ils ne seraient pas, par hasard, déjà heureux. Ils distribuent à tous, avec une belle progressivité dans l'accoutumance du bonheur, un peu de ce qu'ils ont déjà expérimenté. La formation des files d'attente là où ont lieu les distributions permet de conclure au succès de la procédure — mais aussi d'imaginer les ruées et les affrontements qui surviendraient obligatoirement si ceux qui prétendent connaître le bonheur augmentaient les portions de leurs distributions dans la mesure de leur connaissance des besoins de ce qui rend heureux.

Auteur: Blumenberg Hans

Info: Le souci traverse le fleuve

[ justification ] [ pouvoir ] [ conservation ]

 

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helvète

Je suis suisse, vivant en Suisse (Vaud), pays qui est devenu une sorte d'état socialiste super-bureaucratique, avec un niveau de vie très élevé par comparaison avec quasi tous les autres pays du monde. (Coti minimale pour l'assurance maladie autour des 400 $ par mois... et c'est obligatoire !!).
Ce pays tombera de plus haut que les autres si les choses empirent, surtout parce qu'il a perdu son indépendance alimentaire, principalement par son augmentation de population. Il est à cet égard comme notre planète ; à un niveau minuscule : un endroit incapable de tenir un standart de vie minimal en utilisant seulement ses propres ressources.
Actuellement on y vit toujours très à l'aise, mais pour qui veut anticiper, ce n'est rien d'autre qu'un syndrome genre "enfermé au paradis" qui dissimule un avenir que personne ne veut regarder en face.
Surtout pas des dirigeants, toujours mieux payés et professionnalisés - suivez mon regard - incapables de penser une solution autrement qu'en terme de "croassance"... surtout démographique. 10 000 habitants de plus par année dans le canton depuis lurette. 13 000 l'année passée. Bravo !

Auteur: Mg

Info: 23 mai 2015

[ surpopulation ]

 

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habitudes

La routine est le seul style de vie à ma portée. Par routine, j’entends un petit répertoire d’activités tranquilles, les unes agréables les autres obligatoires. Le secret, pour leur conférer l’apparence du bonheur, est de rendre les contraintes plaisantes et d’éviter que les plaisirs ne deviennent contraignants — car si on a tout à gagner à joindre le plaisir aux premières, on perd beaucoup à mettre de l’obligation dans les seconds. En somme, la routine à laquelle je me plie ressemble à cette sagesse petite-bourgeoise prônée par Montaigne visant une existence "sans miracle ni extravagance". Rien n’égale en charme, à mes yeux, le train paisible de l’amour, de l’écriture, de la lecture et autres agréments, auquel je me laisse aller sans réserve ni vergogne. — Mais alors, me dira-t-on, que faites-vous de l’aventure ? De la lutte ? Hélas ! L’une demande une curiosité et l’autre une vitalité que je n’ai pas. Les chasseurs de nouveaux horizons me rasent. Les rebelles me lassent. La vraie vie est ailleurs ? Qu’ils y aillent. Mon utopie est ici, entre la plage, ma chambre, ma bibliothèque. Et c’est un territoire que je défendrai manu militari.

Auteur: Schiffter Frédéric

Info: Journées perdues

[ éloge ] [ familiarité des jours ] [ simplicité ]

 

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parallèle

Le christianisme au XVIe siècle, c’était l’air qu’on respirait bien davantage que des dogmes ; c’étaient des cérémonies, des traditions et des rites qui accompagnaient les individus de la naissance à la mort. Baptême, processions, messes de requiem, sacrement du mariage : toutes les journées, tous les actes de toutes les vies étaient […] saturées de religion. Les heures elles-mêmes, sonnées par les églises, parlaient chrétien. Aujourd’hui l’homme des villes, par ses fenêtres ouvertes, l’été, peut entendre s’égrener dans les appartements voisins la musique annonciatrice des informations, les jingles précédant la pub, les génériques ronflants ou primesautiers des émissions de l’après-midi ou celles du prime-time. Le fond de l’air parle média. La succession invariable des prières et des offices est remplacée par celle des jeux, des débats et des films. […] Les processions obligatoires contre la peste, la sécheresse ou les invasions de mulots ont leur équivalent dans les émissions sur le sida, la mucoviscidose, le trou de la couche d’ozone ou les inondations de Vaison-la-Romaine. On pourrait assez facilement montrer que le Spectacle imprègne la vie des hommes de façon à peu près aussi complète que le faisait la religion jadis.

Auteur: Muray Philippe

Info: Dans "Le portatif", pages 21-22

[ paradigme ] [ scander ] [ conditionnement ] [ renaissance française ]

 

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