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sécularisme

Si les racines de l'État n'avaient pas été profondément enfoncées dans le passé romain, l'État médiéval se serait dissout dans l'Église et l'Église dans l'État, et l'on ne voit pas comment le concept moderne de la séparation entre la conscience religieuse et l'État aurait pu se développer, ou même aurait pu naître.

Là est le secret de la différence profonde, bien plus profonde encore qu'on ne croit entre États chrétiens et États musulmans. L'Islam apporte non seulement une religion, mais un droit, une politique dont on chercherait vainement l'équivalent dans l'Évangile. [...] Impossible de toucher à quoi que ce soit sans rencontrer, sans risquer d'offenser le dogme. Et comme droit, politique, usages sont rudimentaires, constitués pour une société peu évoluée, c'est une tâche surhumaine d'adapter la société musulmane à la vie moderne.

Auteur: Lot Ferdinand

Info: La fin du monde antique et le début du Moyen Âge

[ monothéismes ] [ laïcité ] [ historique ]

 

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humour

C'est la plaisanterie qui doit faire justice de tous les travers des hommes et de la société. C'est par elle qu'on évite de se compromettre. C'est par elle qu'on met tout en place sans sortir de la sienne. C'est elle qui atteste notre supériorité sur les choses et sur les personnes dont nous nous moquons, sans que les personnes puissent s'en offenser, à moins qu'elles ne manquent de gaieté ou de moeurs. La réputation de savoir bien manier cette arme donne à l'homme d'un rang inférieur, dans le monde et dans la meilleure compagnie, cette sorte de considération que les militaires ont pour ceux qui manient supérieurement l'épée. J'ai entendu dire à un homme d'esprit : "Otez à la plaisanterie son empire, et je quitte demain la société." C'est une sorte de duel où il n'y a pas de sang versé, et qui, comme l'autre, rend les hommes plus mesurés et polis.

Auteur: Chamfort Nicolas de

Info: Maximes et Pensées, Caractères et Anecdotes, Garnier-Flammarion 1968 246 p.103

[ compétition ] [ langage ]

 

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séduction

L'amour se passe presque toujours en conversation. Il n'y a qu'une seule chose d'inépuisable chez un amant, c'est la bonté, la grâce et la délicatesse. Tout sentir, tout deviner, tout prévenir; faire des reproches sans affliger la tendresse; désarmer un présent de tout orgueil; doubler le prix d'un procédé par des formes ingénieuses; mettre de la flatterie dans les actions et non en paroles; se faire entendre plutôt que de saisir vivement; toucher sans frapper; mettre de la caresse dans les regards et jusque dans le son de sa voix; ne jamais embarrasser; amuser sans offenser le goût; toujours chatouiller le coeur; parler à l'âme...Voilà tout ce que les femmes demandent, elles abandonneront les bénéfices de toutes les nuits de Messaline pour vivre avec un être que leur prodiguera ces caresses d'âme dont elles sont si friandes, et qui ne coûtent rien aux hommes, si ce n'est un peu d'attention. Ces lignes renferment la plus grande partie des secrets du lit nuptial.

Auteur: Balzac Honoré de

Info: Physiologie du Mariage p.239

[ recettes ]

 

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colonialisme

Il avait cent ans d’avance quand il dénonçait la déculturation à l’œuvre aux Marquises : " Les missionnaires ont considéré que de sculpter, décorer, c’était le fétichisme, c’était offenser le Dieu des chrétiens. Tout est là, et les malheureux se sont soumis. La nouvelle génération, depuis le berceau, chante dans un français incompréhensible les cantiques, récite le catéchisme. Si une jeune fille ayant cueilli des fleurs fait artistiquement une jolie couronne et la met sur la tête, Monseigneur se fâche ! Bientôt le Marquisien sera incapable de monter à un cocotier, incapable d’aller dans la montagne chercher les bananes sauvages qui peuvent le nourrir. L’enfant, retenu à l’école, privé d’exercices corporels, le corps (histoire de décence) toujours vêtu, devient délicat, incapable de supporter la nuit dans la montagne. Ils commencent à porter tous des souliers, et leurs pieds, désormais fragiles, ne pourront courir dans les rudes sentiers, traverser les torrents sur les cailloux. Ainsi nous assistons à ce triste spectacle qui est l’extinction de la race en grande partie poitrinaire, les reins inféconds et les ovaires détruits par le mercure. "

Auteur: Gauguin Paul

Info: Relevé par Laure Dominique Agniel dans " PG : Une vie "

[ abrutissement ] [ religion importée ]

 

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philosophie

Cet avènement de l'ego s'accompagne de nos jours, de manière lancinante et généralisée dans la psyché de nos contemporains, du sentiment que pour exister il est indispensable de faire quelque chose de notable, et si possible d’y exceller. Exister: ex - sistere. Se tenir debout hors de soi, à l'extérieur, pour l'extérieur. Jean-Paul Sartre, dans "Les mots", raconte que petit garçon il considérait, fasciné, dans la bibliothèque de son grand-père, les énormes volumes au dos desquels figurait un nom - celui de l'auteur. Il avoue avoir décidé alors, plus ou moins in petto, qu'un jour un ou plusieurs volumes semblables porteraient également un nom: le sien.

Quel sens tout ceci peut-il bien avoir? Platon a-t-il écrit le Phédon, la République et les Lois pour que figure sur la tranche de leur édition son nom? Jean-Sébastien Bach écrivait-il ses cantates et passions pour que l'on parle de lui? Bouddha a-t-il dispensé son enseignement pour que sa renommée s'étende au monde entier et que l'on ait son nom constamment à l'esprit? Soyons sérieux: Bouddha, Bach et Platon, et avec eux tous les authentiques grands esprits n'ont produit ce qu'ils ont produit que parce qu'ils étaient habités profondément par un propos qui devait impérativement s'exprimer, propos qui ne tenait sa validité que d'être adressé à leurs semblables, dans l'urgence de transmettre une nourriture vitale au sein de ce qui s'établit en dernier ressort comme une co-institution intersubjective. La posture de Sartre, très symptomatique de la nécrose relationnelle moderne et contemporaine, ressortit à une économie relationnelle objectivante.

Que signifie le fait de vouloir accoler son nom au dos d'un in quarto, sans même qu'ait été mentionné le propos ou le titre de l'ouvrage? Rien d'autre que le fait de remettre à autrui le soin d'attester notre existence, si possible de manière positive, en se plaçant face à lui en situation d'objet: objet de son attention, objet de son admiration, objet de sa considération. Objet, position humiliante s'il en est, qui nous renvoie aux tout premiers moments infantiles de notre inscription dans le monde, lorsque nous étions l'objet des soins de nos parents, l'objet de leurs réprimandes (mauvais objet), l'objet de leurs encouragements (bon objet). L'objet.

Or nous n'avons pas vocation à en rester à ce stade immature et matriciel, certes condition incontournable de notre incarnation et croissance en ce monde. Nous sommes appelés à devenir ce que nous sommes fondamentalement: des sujets. Or, objet et sujet sont des catégories qui s'excluent mutuellement. Il faut donc choisir entre la tentation objectivante et l'appel subjectivant, qui, lorsque le problème n'est pas posé dans les termes adéquats nous soumettent à des forces de marées qui nous écartèlent littéralement. La vieille antienne du Diable 6 , que l'on retrouve notamment dans les trois tentations du Christ au désert (Marc 1 12-13; Matthieu 4 1-11; Luc 4 1-13) est sans surprise, avec une répétitivité qui en devient lassante et en fait un horizon anthropologique universel, celle-là: vivre dans le regard - si possible admiratif - d'autrui, comme objet, donc, et non en soi-même, comme sujet.

En nous proposant l'exaltation extériorisée de notre personne - qui repose au passage sur l'abaissement et l'instrumentalisation de celle des autres (plus grand que, plus petit que, superstructure de toute perversion...), le Diable se moque de nous, et c'est sur la toile de fond de son rire que nous consentons à abdiquer le sujet qui est en nous et qui nous constitue de la manière la plus éminente, pour nous abaisser au statut d'objet. Consentir à ce statut n'est pas seulement offenser la part la plus éminente de nous-même, c'est également se servir d'autrui et de son regard, en l'instrumentalisant à notre profit, puisqu'il n'est là que pour nous servir à nous rassurer sur notre existence (d'objet) et sa validité. Ainsi se placer soi-même en position d'objet conduit mécaniquement à instrumentaliser autrui, soit donc le transformer lui-même en objet, loin de l'impératif pratique préconisé par Kant: "Agis de telle sorte que tu traites l'humanité comme une fin, et jamais simplement comme un moyen". La phrase plus correcte, moins contaminée par les tendances essentialistes héritées de la Révolution française et de l'esprit du temps serait d'ailleurs: "Agis de telle sorte que tu traites ton prochain - ou ton semblable - comme une fin, et jamais simplement comme un moyen".

A rebours, lorsque l'on consent à établir ses quartiers sur la rive subjectale, de l'autre côté du Styx, toute parole que l'on profère, tout écrit que l'on produit, toute action que l'on pose, visent à aider ces autres nous-mêmes, autres sujets en devenir, à parvenir à la complétude de leur être. Ce qui compte dès lors n'est pas tant ce que l'on est que ce que l'on dit, écrit ou pose, en vertu du fait qu'on ne cherche plus qu'à servir cette vie merveilleuse qui nous traverse et qu'il importe tant de donner. On se fait alors cuisinier, afin, tant bien que mal, de contribuer à nourrir ceux qui ont faim, avec les moyens dont on dispose. Vivre, c'est aimer. Et, comme disait Victor Hugo, "aimer, c'est agir".

Auteur: Farago Pierre

Info: Une proposition pour l'autisme

[ ontologie individuelle ]

 

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politiquement correct

Le "n-word», ce tabou américain
Le mot "nigger", forcément tabou chez les Blancs, est très prisé des jeunes Afro-Américains, qui l’utilisent souvent entre eux, sans modération. Avec parfois quelques situations bizarres – merci Kendrick Lamar –, raconte notre chroniqueuse.

"Hey, nigga!" Je l’avoue, à chaque fois que j’entends des Afro-Américains s’apostropher de la sorte dans la rue, j’esquisse un petit sourire. Nigga, comme diminutif de nigger, pour "nègre". Le "Hey, nigga!" s’accompagne généralement immédiatement d’une bonne vieille accolade. C’est une marque d’amitié, de fraternité, très prononcée, mais qui peut surprendre. Les médias américains, eux, optent pour le tabou le plus absolu: c’est le fameux n-word.

Un marqueur identitaire
Cela faisait longtemps que j’avais envie d’écrire à ce sujet, à force d’entendre les nigga ou nigger à chaque coin de rue. Mais j’hésitais. Comment l’aborder? Le thème est délicat, et le dérapage ou la maladresse involontaire vite là. Et puis, à force de faire quelques recherches, je suis tombée sur le rappeur Kendrick Lamar. Kendrick Lamar, donc, a fait un jour monter une fan sur scène lors d’un concert en Alabama, lui prêtant son micro. Delaney est restée très fidèle à ses paroles. Trop. Car lorsqu’elle a répété "nigga" à plusieurs reprises – c’est le texte de la chanson qui voulait ça –, Kendrick Lamar a vu rouge et l’a interrompue. Précision: Delaney est Blanche. Totalement hypocrite? L’actrice Gwyneth Paltrow ne peut que compatir. En 2012, à un concert de Kanye West qui chantait Niggas in Paris avec Jay-Z, elle a eu le malheur de tweeter le mot. Elle a reçu une avalanche de critiques.

Le n-word renvoie à l’esclavagisme et au racisme. Au dernier mot que des Noirs ont parfois entendu avant d’être lynchés. Un Blanc qui le prononce, même par simple imitation, passe pour un suprémaciste qui considère les Noirs comme des êtres inférieurs. Mais dans la communauté noire, chez les rappeurs plus spécifiquement, il devient un marqueur identitaire, une sorte de revendication pour souligner la fierté de ses racines. Même l’écrivaine noire Toni Morrison, récemment décédée, l’utilisait souvent. Pour relever la discrimination raciale qui prévaut aux Etats-Unis.

Le bruit d'un fouet
"Le débat sur le racisme aux États-Unis s'articule autour du n-word et du nombre de membres de la communauté blanche qui l'ont historiquement utilisé comme une arme verbale contre les Noirs américains. C'est un rappel aussi vivifiant que le coton, les chaînes et les souvenirs de la Confédération de ce que nos ancêtres ont enduré pendant des siècles", écrit le journaliste Jeremy Helligar dans Variety. "Même aujourd'hui, pour beaucoup d'entre nous, lorsqu'une personne blanche prononce le n-word, c'est comme le bruit d'un fouet qui tape dans le dos d'un esclave. En raison de son histoire chargée, il ne sera jamais acceptable que des Blancs utilisent le n-word (pas même si c'est Eminem, bien qu'il semble inexplicablement obtenir un laissez-passer de la communauté hip hop), peu importe les circonstances."

Il ajoute: "Ces dernières décennies, des Noirs se sont emparés du mot que certains Blancs utilisent encore contre eux, et l'utilisent comme un terme presque affectueux pour leurs compatriotes afro-américains, le transformant souvent en "nigga", vraisemblablement pour le diluer et le rendre vainqueur. C'est une façon de prendre une arme qui a permis aux Afro-Américains de rester mentalement battus pendant des générations et de l'embrasser, lui ôtant ainsi son pouvoir destructeur". Mais Jeremy Helligar ne cache pas son scepticisme quant à cette utilisation-là.

Même Barack Obama
Lorsqu’il était président, Barack Obama a osé prononcer ce mot lors d’une interview à une radio de Los Angeles en 2015, dans le but de dénoncer le racisme ambiant. Cette phrase a déclenché la panique dans les rédactions: "Il ne s’agit pas seulement de ne pas dire "nègre" en public parce que c’est impoli." Le quotidien USA Today n’a retranscrit que la première lettre du mot. Le New York Times a choisi de faire une exception, en l’expliquant: "Dans ce cas précis, une paraphrase ou l’usage d’un euphémisme aurait laissé les lecteurs dans la confusion et aurait ôté de la substance à l’article." A la télévision, Fox News a prévu un "bip" et CNN a averti qu’un mot allait "beaucoup offenser".

Blancs et Noirs restent forcément inégaux face à l’utilisation de ce mot. Mais rien n’est simple. D’ailleurs, des Noirs eux-mêmes s’en offusquent, tant le terme, qu’il soit utilisé comme marque d’affection ou non, est dépréciatif. En 2007, nigger a eu droit à un enterrement officiel à Detroit, avec une procession funéraire mise sur pied par une grande organisation de défense des droits des Noirs américains. Et en 2011, raconte l’AFP, une maison d’édition de l’Alabama a même remplacé les 219 "nigger" dans Les Aventures de Huckleberry Finn de Mark Twain (1885) par "esclave".

Mais il a vite ressuscité. Est-ce finalement une bonne chose que de jeunes Blacks se réapproprient à leur manière un mot très chargé historiquement? On n’a pas fini d’en débattre.

Auteur: Graffenried Valérie de

Info: Le Temps online, 26 sept 2019

[ retournement linguistique ] [ langage ]

 

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repentir

Simplement, comme on verse un parfum sur une flamme

Et comme un soldat répand son sang pour la patrie,

Je voudrais pouvoir mettre mon cœur avec mon âme

Dans un beau cantique à la sainte Vierge Marie.



Mais je suis, hélas ! un pauvre pécheur trop indigne,

Ma voix hurlerait parmi le chœur des voix des justes :

Ivre encor du vin amer de la terrestre vigne,

Elle pourrait offenser des oreilles augustes.



Il faut un cœur pur comme l'eau qui jaillit des roches,

Il faut qu'un enfant vêtu de lin soit notre emblème,

Qu'un agneau bêlant n'éveille en nous aucuns reproches,

Que l'innocence nous ceigne un brûlant diadème,



Il faut tout cela pour oser dire vos louanges,

Ô vous Vierge Mère, ô vous Marie Immaculée,

Vous blanche à travers les battements d'ailes des anges,

Qui posez vos pieds sur notre terre consolée.



Du moins je ferai savoir à qui voudra l'entendre

Comment il advint qu'une âme des plus égarées,

Grâce à ces regards cléments de votre gloire tendre,

Revint au bercail des Innocences ignorées.



Innocence, ô belle après l'Ignorance inouïe,

Eau claire du cœur après le feu vierge de l'âme,

Paupière de grâce sur la prunelle éblouie,

Désaltèrement du cerf rompu d'amour qui brame !



Ce fut un amant dans toute la force du terme :

Il avait connu toute la chair, infâme ou vierge,

Et la profondeur monstrueuse d'un épiderme,

Et le sang d'un cœur, cire vermeille pour son cierge !



Ce fut un athée, et qui poussait loin sa logique

Tout en méprisant les fadaises qu'elle autorise,

Et comme un forçat qui remâche une vieille chique

Il aimait le jus flasque de la mécréantise.



Ce fut un brutal, ce fut un ivrogne des rues,

Ce fut un mari comme on en rencontre aux barrières ;

Bon que les amours premières fussent disparues,

Mais cela n'excuse en rien l'excès de ses manières.



Ce fut, et quel préjudice ! un Parisien fade,

Vous savez, de ces provinciaux cent fois plus pires

Qui prennent au sérieux la plus sotte cascade,

Sans s'apercevoir, ô leur âme, que tu respires ;



Race de théâtre et de boutique dont les vices

Eux-mêmes, avec leur odeur rance et renfermée,

Lèveraient le cœur à des sauvages leurs complices,

Race de trottoir, race d'égout et de fumée !



Enfin un sot, un infatué de ce temps bête

(Dont l'esprit au fond consiste à boire de la bière)

Et par-dessus tout une folle tête inquiète,

Un cœur à tous vents, vraiment mais vilement sincère.



Mais sans doute, et moi j'inclinerais fort à le croire,

Dans quelque coin bien discret et sûr de ce cœur même,

Il avait gardé comme qui dirait la mémoire

D'avoir été ces petits enfants que Jésus aime.



Avait-il, — et c'est vraiment plus vrai que vraisemblable,

Conservé dans le sanctuaire de sa cervelle

Votre nom, Marie, et votre titre vénérable,

Comme un mauvais prêtre ornerait encor sa chapelle ?



Ou tout bonnement peut-être qu'il était encore,

Malgré tout son vice et tout son crime et tout le reste,

Cet homme très simple qu'au moins sa candeur décore

En comparaison d'un monde autour que Dieu déteste.



Toujours est-il que ce grand pécheur eut des conduites

Folles à ce point d'en devenir trop maladroites

Si bien que les tribunaux s'en mirent, - et les suites !

Et le voyez-vous dans la plus étroite des boîtes ?



Cellules ! Prisons humanitaires ! Il faut taire

Votre horreur fadasse et ce progrès d'hypocrisie...

Puis il s'attendrit, il réfléchit. Par quel mystère,

Ô Marie, ô vous, de toute éternité choisie ?



Puis il se tourna vers votre Fils et vers Sa Mère,

Ô qu'il fut heureux, mais, là, promptement, tout de suite !

Que de larmes, quelle joie, ô Mère ! et pour vous plaire,

Tout de suite aussi le voilà qui bien vite quitte



Tout cet appareil d'orgueil et de pauvres malices,

Ce qu'on nomme esprit et ce qu'on nomme la Science,

Et les rires et les sourires où tu te plisses,

Lèvre des petits exégètes de l'incroyance !



Et le voilà qui s'agenouille et, bien humble, égrène

Entre ses doigts fiers les grains enflammés du Rosaire,

Implorant de Vous, la Mère, et la Sainte, et la Reine,

L'affranchissement d'être ce charnel, ô misère !



Ô qu'il voudrait bien ne plus savoir plus rien du monde

Qu'adorer obscurément la mystique sagesse,

Qu'aimer le cœur de Jésus dans l'extase profonde

De penser à vous en même temps pendant la Messe.



Ô faites cela, faites cette grâce à cette âme,

Ô vous, Vierge Mère, ô vous, Marie Immaculée,

Toute en argent parmi l'argent de l'épithalame,

Qui posez vos pieds sur notre terre consolée.

Auteur: Verlaine Paul

Info: Un conte

[ prière ] [ poème ] [ autoportrait distancié ] [ métanoïa ] [ christianisme ] [ catholicisme ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson