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justesse terminologique

Laisse-moi en dehors de ça. On s'en fout. Peut-être que Brodie a été malmené, peut-être pas. Je n'en sais rien. Ca ne compte pas. C'est un rustre du langage. Je ne peux pas aider quelqu'un qui pense, ou pense qu'il pense, qu'éditer un journal c'est de la censure, ou que jeter des briques c'est une manif alors que la construction de tours est une violence sociale, ou qu'une déclaration désagréable n'est que de la provocation alors que perturber l'orateur représente l'exercice de la liberté d'expression... Les mots ne méritent pas ce genre d'âneries. Ils sont innocents, neutres, précis, ils signifient ceci, décrivent cela, désignent l'autre, et si on s'en occupe un peu, on peut jeter des ponts par-dessus l'incompréhension et le chaos. Mais si on leur enlève leurs angles, ils ne valent plus rien, et Brodie leur enlève leurs angles. Je ne pense pas que les écrivains soient sacrés, mais les mots le sont. Ils méritent le respect. Si tu prends les bons mots dans le bon ordre, tu peux un peu faire bouger le monde, ou pondre un poème que des enfants prononceront à ta place après ta mort.

Auteur: Stoppard Tom

Info: The Real Thing, Act II, Scene 5, Henry and Annie

[ nécessaire ] [ indispensable ] [ justice ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

présupposé psychanalytique

Ce que je mets ici au principe de l’expérience analytique, c’est la notion qu’il y a du signifiant déjà installé, et déjà structuré. Il y a déjà une usine faite, et qui fonctionne. Ce n’est pas vous qui l’avez faite. Cette usine, c’est le langage, qui fonctionne là depuis aussi longtemps que vous pouvez vous en souvenir. Littéralement, vous ne pouvez pas vous souvenir au-delà, je parle de l’histoire de l’humanité dans son ensemble. Depuis qu’il y a là des signifiants qui fonctionnent, les sujets sont organisés dans leur psychisme par le jeu propre de ces signifiants. De ce fait, le Es [le ça], que vous allez chercher dans les profondeurs, n’est pas quelque chose de si naturel que ça, et moins encore que les images. [...]

Le scandale de ce fait, voilà où gît la position analytique. Quand nous abordons le sujet, nous savons qu’il y a déjà dans la nature quelque chose qui est son Es, et qui est structuré selon le mode d’une articulation signifiante marquant tout ce qui s’exerce chez ce sujet de ses empreintes, de ses contradictions, de sa profonde différence d’avec les coaptations naturelles.

Auteur: Lacan Jacques

Info: dans le "Séminaire, Livre IV", "La relation d'objet", éditions du Seuil, 1994, page 66

[ ordre symbolique ] [ être-jeté ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

réel-symbolique-imaginaire

[...] qu’y a-t-il en premier, le signifiant ou une impasse dans le Réel ? Parfois, Lacan présente comme un fait premier la colonisation traumatique du corps vivant par un Ordre symbolique parasite : c’est l’intervention du symbolique qui fait dérailler et sortir de ses gonds la mécanique bien équilibrée de l’organisme naturel, en transformant les instincts naturels en pulsions monstrueuses qui ne peuvent jamais être pleinement satisfaites puisqu’elles sont condamnées au retour éternel et à une immortalité obscène. Ailleurs et à d’autres moments, sur un mode plus mythico-spéculatif, Lacan semble être à la recherche d’une sorte d’excès ou de déséquilibre naturel, d’un mauvais fonctionnement ou d’un déraillement monstrueux ; il conçoit alors l’Ordre symbolique comme une in(ter)vention secondaire destinée à "civiliser" cet excès monstrueux et à résoudre son impasse. Il est tentant de soutenir que c’est ici, entre ces deux versions, que se trace la ligne de partage entre matérialisme et idéalisme : la primauté de l’Ordre symbolique est clairement idéaliste, ce n’est en dernier ressort qu’une nouvelle version de l’intervention divine dans l’ordre de la nature ; alors que la deuxième version – l’apparition de l’Ordre symbolique comme réponse à un excès monstrueux dans le Réel – est la seule solution vraiment matérialiste.

Auteur: Zizek Slavoj

Info: Dans "Fragile absolu", éditions Flammarion, 2010, pages 133-134

[ oscillation ] [ langage ]

 
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réfléchir

L'écriture transforme la liste et la liste à son tour transforme la série et la classe. Elle "transforme la série" : je veux dire par là que, dans l'écrit, la perception du schème organisateur (pattern) est surtout (quoique pas exclusivement) d'ordre visuel. Dans certains domaines, quand il s'agit de nombres par exemple, il serait extrêmement difficile de formuler une série (une liste organisée) sans transposer les données auditives en données visuelles, simplement parce que, pour ce qui est de l'examen global des informations fournies, l'oeil opère très différemment de l'oreille. La liste transforme la classe, lui donne corps. Je veux dire par là que la liste implique nécessairement une limite, un commencement et une fin. Quand on ne se sert que du langage oral, il y a peu d'occasions, voire aucune, où l'on ait à faire la liste des légumes, des arbres ou des fruits. (…) Un problème du genre : la tomate est-elle un fruit ou un légume ? ne rime absolument à rien dans un contexte oral ; il est même d'un intérêt douteux pour la plupart d'entre nous, mais il peut se révéler décisif concernant la classification et l'évolution des espèces naturelles. C'est ce genre de problèmes qu'engendrent les listes écrites.

Auteur: Goody Jack

Info: La raison graphique, pp. 186/187

[ cataloguer ] [ recenser ] [ réflexion ] [ imaginer ] [ lecture ] [ citation s'appliquant à ce logiciel ]

 

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bureaucrates

Le narrateur est un cadre bancaire d'une trentaine d'années qui vient de réintégrer "Futura", société qu'il avait quittée un an plus tôt pour un projet qui finalement n'a pas abouti. Divorcé, un enfant, c'est sans passion qu'il est revenu à la case départ ou presque. Il occupe désormais un poste de "gestion de projet" dans les assurances-vie.

Les premiers mois sont laborieux, il est en période d'essai et se donne à fond. Sa supérieure directe, Blondine, n'a pas la carrure pour le poste et se contente, lorsqu'elle est face à un de ses équipiers, de balancer des petites phrases toutes faites (toujours les mêmes) du style "il y a un trou dans la raquette" ou "il va monter en compétence". Retrouver ces expressions dans ce livre m'a amusée car elles sont utilisées quotidiennement dans mon entreprise, notamment par les directeurs (mon précédent directeur détenait la palme dans ce domaine !).

A la première réunion Blondine me dit : "c'est bien, tu as pris le taureau par les cornes. Pas de trou dans la raquette, on est en ordre de marche". Puis elle m'avait demandé s'il était utile de déranger tous ces opérationnels. Opérationnel, en langage "corporate", ça veut dire "larbin".

Auteur: sylire pseudo

Info: critique de Le poisson pourrit par la tête [burn-out] de Michel Goussu

[ management us ] [ rapports humains ] [ cols blancs ] [ fonctionnaires administratifs ]

 

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style littéraire

D’aucuns récusent que l’on puisse réduire le phénomène littéraire "Céline" à son écriture. Mais je puis dire, par témoignage personnel, que, hors cette écriture, je ne me serais pas appesanti sur la lecture du corpus célinien, où il n’est dit que des banalités.
Céline lui-même prétendait mépriser les idées, pour en appeler à l’émotion comme véritable support de la vie. On l’a suspecté de vouloir ainsi s’absoudre de ses penchants politiques circonstanciés.
Quoiqu’il en soit, Céline est d’abord un langage, mais alors un langage qui signifie quelque chose. Nous pourrions dire que l’âme de l’écrivain est inscrite dans ses phrases éclatées entre les trois petits points. C’est l’expression d’un émoi intime, d’une stupéfaction devant la marche du monde qui empêche une respiration normale, qui provoque une sorte de halètement psychique manifesté dans l’écriture.
Plus encore, cette saccade écrite qui brise la syntaxe, autrement dit rompt avec le faux ordre du monde, ces points d’exclamation sont autant d’appels tourmentés à quelque puissance inconnue, une protestation cahoteuse à l’égard d’un Destin inintelligible.
En somme, l’écriture exclamative et ahanante de Céline est l’analogue du "de profundis clamavi ad te" du psalmiste… La désespérance est telle, qu’on en attend quelque renaissance quasi surnaturelle, que Céline interprétait comme la vengeance de l’Esprit.

Auteur: Heurcelance Philippe

Info: Dans "Le langage de Céline"

[ fond-forme ] [ manière ]

 

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dictionnaire analogique

Cette base de données FLP et son fonctionnement présentent un ordre qui s'appuye sur celui (ou ceux) que les hommes établirent dès l'apparition des premiers signes. Ces marques : termes, mots, phrases, idées... symboles d'actions ou d'idées humaines, furent listées et donc organisées dès le début de notre histoire. Notre application tente de porter cet "esprit de répertoire" vers une version plus complexe en se fondant sur quelques idées simples : pas d'images ni de concessions au modèle consumériste, par exemple.

Miracles de l'informatique couplés à un travail communautaire de tri et de classification se conjuguent ici. Certains pourront y voir une forme de mathématisation du langage, ce qui serait une erreur. L'humain singulier, "exception à une règle qui n'existe pas" comme l'a formulé Pessoa, est trop instable, éphémère, évolutif, ondoyant. A l'instar de l'univers vivant il est trop miroir d'une évolution constante pour, sur la durée, correspondre à quelque chose de fixé.

Vous voilà donc avec un outil aux possibilités innombrables : statistiques, comparatives d'époques, de climats... déclinaisons d'idées voisines, mises en parallèle de structures sociales, rapprochements des manières de voir des femmes et des hommes, etc.

Et cette intuition des concepteurs ; que d'autres emplois émergeront avec le temps d'une base de données homme-machine plus raffinée que la moyenne.

Auteur: Mg

Info: 18 février 2018

[ citation s'appliquant au logiciel ] [ intrication idiomatique ]

 

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syntaxe

Ce qui distingue notre langue des langues anciennes et modernes, c'est l'ordre et la construction de la phrase. Cet ordre doit toujours être direct et nécessairement clair. Le français nomme d'abord le sujet du discours, ensuite le verbe qui est l'action, et enfin l'objet de cette action : voilà la logique naturelle à tous les hommes ; voilà ce qui constitue le sens commun. Or cet ordre, si favorable, si nécessaire au raisonnement, est presque toujours contraire aux sensations, qui nomment le premier l'objet qui frappe le premier. C'est pourquoi tous les peuples, abandonnant l'ordre direct, ont eu recours aux tournures plus ou moins hardies, selon que leurs sensations ou l'harmonie des mots l'exigeaient ; et l'inversion a prévalu sur la terre, parce que l'homme est plus impérieusement gouverné par les passions que par la raison. Le français, par un privilège unique, est seul resté fidèle à l'ordre direct, comme s'il était tout raison, et on a beau par les mouvements les plus variés et toutes les ressources du style, déguiser cet ordre, il faut toujours qu'il existe ; et c'est en vain que les passions nous bouleversent et nous sollicitent de suivre l'ordre des sensations : la syntaxe française est incorruptible. C'est de là que résulte cette admirable clarté, base éternelle de notre langue. Ce qui n'est pas clair n'est pas français ; ce qui n'est pas clair est encore anglais, italien, grec ou latin.

Auteur: Rivarol Antoine de

Info: Pensées, répliques et portraits

[ langage ] [ Gaule ]

 

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langue française

Ce qui distingue notre langue des langues anciennes et modernes, c'est l'ordre et la construction de la phrase. Cet ordre doit toujours être direct et nécessairement clair. Le français nomme d'abord le sujet du discours, ensuite le verbe qui est l'action, et enfin l'objet de cette action : voilà la logique naturelle à tous les hommes ; voilà ce qui constitue le sens commun. Or cet ordre, si favorable, si nécessaire au raisonnement, est presque toujours contraire aux sensations, qui nomment le premier l'objet qui frappe le premier. C'est pourquoi tous les peuples, abandonnant l'ordre direct, ont eu recours aux tournures plus ou moins hardies, selon que leurs sensations ou l'harmonie des mots l'exigeaient ; et l'inversion a prévalu sur la terre, parce que l'homme est plus impérieusement gouverné par les passions que par la raison. Le français, par un privilège unique, est seul resté fidèle à l'ordre direct, comme s'il était tout raison, et on a beau par les mouvements les plus variés et toutes les ressources du style, déguiser cet ordre, il faut toujours qu'il existe ; et c'est en vain que les passions nous bouleversent et nous sollicitent de suivre l'ordre des sensations : la syntaxe française est incorruptible. C'est de là que résulte cette admirable clarté, base éternelle de notre langue. Ce qui n'est pas clair n'est pas français ; ce qui n'est pas clair est encore anglais, italien, grec ou latin.

Auteur: Rivarol Antoine de

Info: L'Universalité du langage français, 1783, arléa 1998 <p.72>

 

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ordre symbolique

On apprend à parler. Quelqu’un, un, des adultes nous apprennent le langage. Donc on nous cadre. On nous modèle. On nous enferme. Dès que j’apprends une langue, je suis privé de ma liberté. Ma liberté de quoi ? Eh bien de créer ex nihilo ma propre langue. Et c’est une privation inacceptable, une violation du plus sacré de mes droits, celui de me faire moi-même. On me fait entrer dans un schéma déjà préparé, on m’apprend à parler selon un certain modèle. Scandale. Je hais cette parole simplement parce que moi adulte je me retourne vers mon enfance, et je m’aperçois que je ne peux plus revenir au stade de l’ingénuité absolue, où rien n’était préfixé, où tous les possibles, absolument tous étaient ouverts. On m’a enlevé ces possibles. J’ai été mis par le langage dans une conduite forcée. J’ai été frustré. Je suis frustré de la création de mon propre langage. On a exercé un pouvoir sur moi alors que j’étais innocent et sans défense. Langage instrument de pouvoir. Dans cette sublime protestation, on néglige seulement une chose : c’est que la parole ne consiste pas à pousser des hurlements inarticulés, dans le vent de la mer, mais elle est, elle n’est que véhicule de l’un à l’autre, relation d’un homme à un homme, et s’il y a une relation, il faut bien qu’il y ait un code, une entente sur la valeur des sons et des signes. Sans quoi aucune relation, aucune communication, aucun rapport ne sont possibles.

Auteur: Ellul Jacques

Info: Dans "La parole humiliée", éditions de la Table Ronde, Paris, 2014, page 271

[ castration symbolique ] [ limitation libératrice ]

 

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