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hybris

Mais, plus que tout autre, Hegel a omis de se considérer comme contenu dans le Réel (espace et temps) ; il s’est cru en mesure de décréter des lois qui régiraient l’univers. En oubliant qu’on ne juge que du dehors et que nul homme ne peut se dire hors de ce qui est. Par cette branche se sont engouffrés toutes les sciences d’abord, puis tous les systèmes politiques, économiques, sociologiques, ethnologiques, astrophysiques et médicaux qui n’ont pas fini de proliférer. Or, à chaque système correspond une application restreinte, puis universelle. A chaque application une nouvelle restriction de la liberté individuelle, une nouvelle hécatombe, une nouvelle pollution, une nouvelle destruction de biens irrécupérables, dans le renversement du progressisme juif à l’expression contemporaine de la Tyché des Hellénistes : "On n’arrête pas le progrès". Puis, ce temps aussi se retourne, et de nouveaux précis ridicules voient le jour, qu’il reste à étudier.

Auteur: Pichon Jean-Charles

Info: Dans le tome 1 du "Jeu de la réalité, page 130

[ ignorance ] [ prétention ] [ toute-puissance ] [ philosophie ] [ certitude rationaliste ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

habillement

Valentine avait soigneusement prévu ses effets : choisissant, pour ses débuts au tribunal, un costume relativement conventionnel (mais coûteux) ; passant des laines et des gabardines aux soies, aux satins, aux velours, aux brocarts et aux fourrures ; des hauts cols, des manchettes amidonnées et des plastrons aux chemises ouvertes de style indien ou marocain ; renonçant à la chaste dignité des rayures et de l'écossais pour des cachemires voluptueux, des tissus japonais peints à la main, des dentelles vénitiennes ajourées, du chintz fleuri... ! Oubliant les teintes sombres pour le pourpre, le vert tilleul, le cramoisi, le bleu lavande, l'argent. Il avait préparé une cape doublée de brocart doré, évoquant une toge romaine ; un manteau de loutre aubergine ; son pardessus de "deuil" de style cosaque, avec son splendide col de zibeline. Calculant ses effets avec une habileté diabolique...
Les dames se pressaient pour voir quelle fleur le jeune homme avait choisie pour sa boutonnière, ce jour-là... !

Auteur: Oates Joyce Carol

Info: Les mystères de Winterthurn, p.278

[ vêtements ]

 

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homme démiurge

Il est intéressant de noter avec quelle netteté nos attitudes courantes  font la distinction entre notre respect d'un "artisanat" de la reproduction sélective et notre profonde suspicion et désapprobation quant à la  "technologie" de l'épissage des gènes. Artisanat qui est mis à l'honneur, mais pas la technologie, qui oublions que ces mots ont un ancêtre commun, le techné, mot grec qui désigne l'art, l'habileté ou l'artisanat dans tout travail. Nous reculons, horrifiés, devant les tomates génétiquement modifiées et tournons le dos aux fibres "artificielles" de nos vêtements, tout en vantant les mérites de produits "biologiques" et "naturels" tels que la farine de céréales complètes ou le coton et la laine, oubliant que les céréales, les plants de coton et les moutons sont eux-mêmes des produits de la technologie humaine, de techniques d'hybridation et d'élevage habiles. Celui qui voudrait se vêtir de fibres non améliorées par la technologie et vivre d'aliments provenant de sources non domestiquées aura vraiment froid et faim.

Auteur: Dick Steven J.

Info: Cosmos & Culture: Cultural Evolution in a Cosmic Context

[ ingéniosité ] [ incohérence éthique ] [ étymologie ]

 
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Ajouté à la BD par miguel

nature

Il avait passé deux ou trois heures précieuses à marauder dans les bruyères encore humides, guettant le premier chant d'un couple d'engoulevents. Ils arrivaient d'Afrique au mois de mai, oiseaux au plumage brun roux, presque impossibles à repérer dans leur repaires diurnes parmi le ajoncs. Ils n'en sortaient qu'à la nuit tombante, silhouette fugaces se détachant sur les derniers feux du soleil dans leur chasse aux insectes. Leur vol heurté, fait de glissades et d'écarts imprévisibles, s'accompagnait de cet étrange chant ronronnant que produisait leur larynx inférieur. Si on se tenait parfaitement immobile parmi les buissons, comme le faisait Faraday, et qu'on tapait dans ses mains, les oiseaux fondaient sur vous en un formidable looping, curieux de voir de plus près cet animal étranger sur leur territoire. Ainsi avait-il pratiqué ce jeu pendant près d'une heure, oubliant un instant la rage qu'avait fait naître en lui la mort de Vanessa et, quand la lumière s'était fondue dans le noir du ciel, il avait pris le chemin du retour, s'arrêtant dans son pub favori pour saluer la mémoire de Vanessa de trois pintes de Romsey.

Auteur: Hurley Graham

Info: Coups sur coups

[ observation ] [ thérapie ]

 

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rétro-évolution

Il est une faculté que très peu d’hommes connaissent et que presque personne n’exerce ; je l’appellerai la faculté. — Pouvoir se simplifier graduellement et sans limites ; pouvoir revivre réellement les formes évanouies de la conscience et de l’existence ; par exemple, se dépouiller de son époque et rebrousser en soi sa race jusqu’à redevenir son ancêtre ; bien plus, se dégager de son individualité jusqu’à se sentir positivement un autre ; bien mieux, se défaire de son organisation actuelle en oubliant et éteignant de proche en proche ses divers sens et rentrant sympathiquement, par une sorte de résorption merveilleuse, dans l’état psychique antérieur à la vue et à l’ouïe ; plus encore, redescendre dans cet enveloppement jusqu’à l’état élémentaire d’animal et même de plante, - et plus profondément encore, par une simplification croissante, se réduire à l’état de germe, de point, d’existence latente ; c’est-à-dire, s’affranchir de l’espace, du temps, du corps et de la vie, en replongeant de cercle en cercle jusqu’aux ténèbres de son être primitif, en rééprouvant, par d’indéfinies métamorphoses, l'émotion de sa propre genèse et en se retirant et se condensant en soi jusqu’à la virtualité des limbes : faculté précieuse et trop rare, privilège suprême de l’intelligence, jeunesse spirituelle à volonté !

Auteur: Amiel Henri-Frédéric

Info: "Poésies et pensées"

[ régression positive ] [ introversion ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

déclaration d'amour

Hé quoi ! Vous êtes étonnée
Qu'au bout de quatre-vingts hivers,
Ma Muse faible et surannée
Puisse encor fredonner des vers ?

Quelquefois un peu de verdure
Rit sous les glaçons de nos champs ;
Elle console la nature,
Mais elle sèche en peu de temps.

Un oiseau peut se faire entendre
Après la saison des beaux jours ;
Mais sa voix n'a plus rien de tendre,
Il ne chante plus ses amours.

Ainsi je touche encor ma lyre
Qui n'obéit plus à mes doigts ;
Ainsi j'essaie encor ma voix
Au moment même qu'elle expire.

"Je veux dans mes derniers adieux,
Disait Tibulle à son amante,
Attacher mes yeux sur tes yeux,
Te presser de ma main mourante."

Mais quand on sent qu'on va passer,
Quand l'âme fuit avec la vie,
A-t-on des yeux pour voir Délie,
Et des mains pour la caresser ?

Dans ce moment chacun oublie
Tout ce qu'il a fait en santé.
Quel mortel s'est jamais flatté
D'un rendez-vous à l'agonie ?

Délie elle-même, à son tour,
S'en va dans la nuit éternelle,
En oubliant qu'elle fut belle,
Et qu'elle a vécu pour l'amour.

Nous naissons, nous vivons, bergère,
Nous mourons sans savoir comment ;
Chacun est parti du néant :
Où va-t-il ?... Dieu le sait, ma chère.

Auteur: Voltaire

Info: A Mme Lullin

[ poème ]

 

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idéologie

La vérité, pour en revenir à notre point de départ, c’est qu’en politique il n’y a pas d’ordinaire de solution définitive ; c’est que les doctrines absolues ne peuvent s’appliquer dans toute leur intégrité au monde mobile des faits. La vérité, c’est que, pour opérer un changement durable dans les mœurs et dans l’esprit public, il faut plus de temps, plus d’efforts, plus de luttes que ne l’imaginaient nos pères ; c’est que la fondation d’un gouvernement libre est une œuvre singulièrement plus longue et plus compliquée qu’ils ne l’avaient rêvé. La vérité enfin, c’est que le libéralisme, non moins que l’ancien dogmatisme autoritaire, a eu lui aussi des prétentions démesurées ; c’est qu’il a eu trop de foi dans les formes et les formules, qu’il a montré trop de dédain pour les droits historiques et les institutions traditionnelles, qu’il a trop cru à la facilité d’édifier un gouvernement sur des notions abstraites, oubliant la fragilité des constructions élevées sur de pareilles bases ; c’est, en un mot, ainsi que nous le disions en commençant, qu’il a trop présumé de l’homme et de la raison et peut-être aussi de la liberté, qui en somme n’est qu’un moyen et non un but, car, si elle favorise le développement intellectuel et matériel des sociétés, elle ne saurait suppléer aux doctrines morales, les seules dont une civilisation se nourrisse et vive.

Auteur: Leroy-Beaulieu Anatole

Info: Les mécomptes du libéralisme, Revue des Deux Mondes, 3e période, tome 69, 1885

[ résultat imprévisible ] [ théorie-pratique ] [ écart ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

rangement

Boîtes en fer blanc
Au début nous ne rangions pas nos souvenirs dans des boîtes. Nous les laissions simplement traîner partout autour de nous, en les poussant, les déplaçant et les oubliant pour un temps. On les tenait dans les fissures des murs, sous les tapis, parmi les vieilles choses remisées, dans les poches des manteaux que l'on ne portait pas, entre les pages des livres, dans les armoires et les bouquets de fleurs sèches. Puis, quand tous les endroits "secrets" en regorgeaient, nous tombions quotidiennement sur eux, nous les retrouvions par hasard en faisant le ménage ou en cherchant une place pour de nouveaux souvenirs. Nous avons bientôt compris qu'un désordre pareil ne pouvait être plus longtemps toléré, et que nous risquions aussi de voir un souvenir important se perdre, se faire manger par les mites ou attaquer par l'humidité. C'est pourquoi, un samedi, nous avons organisé un grand ménage. Nous avons sorti tous les souvenirs à la lumière du jour, les avons brossés, exposés au soleil, puis enveloppés dans des morceaux de toile cirée, et pour finir rangés dans des boîtes à biscuits, à tabac ou à bonbons. Nous n'en avons jeté aucun (même pas le plus désagréable), car on ne jette pas les souvenirs, pour éviter qu'un jour puisse se trouver aux ordures une partie de nous-mêmes plus grande que celle qui nous reste.

Auteur: Petrovic Goran

Info: Atlas des reflets célestes, p 214

[ conservation ] [ littérature ]

 

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colonialisme

"Terra nullius", c'est un petit concept amusant, tu sais. C'est quelque chose que les Anglais ont inventé quand ils sont arrivés ici, en voyant qu'il n'y avait pas des masses de terres cultivées en Australie. Il se trouve que les Aborigènes formaient un peuple semi-nomade, qui vivait de chasse, de pêche et de cueillette. Et juste parce qu'eux ne passaient pas la moitié de la journée courbés sur des champs de patates, les Anglais les ont considérés comme inférieurs. Ils partaient du principe que le travail de la terre était un maillon obligatoire dans l'évolution de toute civilisation, en oubliant que les premiers qui étaient venus ici avaient failli mourir de faim après avoir essayé de vivre sur ce que leur donnait cette terre stérile. Mais les Aborigènes connaissaient la nature de A à Z, se déplaçaient pour trouver leur nourriture en fonction des saisons, et semblaient vivre dans l'abondance. Le Capitaine Cook en parlait comme des êtres les plus heureux qu'il ait jamais rencontrés. Ils n'avaient tout simplement pas besoin de travailler la terre. Mais parce qu'ils n'étaient pas sédentaires, les Anglais ont décidé que cette terre n'appartenait à personne. C'est donc devenu terra nullius. Et selon ce principe, les Anglais pouvaient sans scrupule établir des titres de propriétés aux colons intéressés, sans se soucier de ce que les Aborigènes pouvaient en penser. En fin de compte, ils n'étaient pas propriétaires de leur terre.

Auteur: Nesbo Jo

Info: L'homme chauve-souris : Une enquête de l'inspecteur Harry Hole

[ envahisseurs ]

 

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école laïque

Cette propension, si contraire à l’esprit et aux espérances du vrai libéralisme, s’expliquerait mal si la sphère des intérêts religieux n’était beaucoup plus vaste qu’elle ne le semble au premier abord. Les préoccupations religieuses, on l’a vu maintes fois dans les dernières années, compliquent et passionnent bien des questions diverses. C’est dans le champ de l’enseignement surtout que les partis politiques sont exposés à des conflits avec l’Eglise ; c’est sur ce terrain glissant que l’Etat est le plus souvent poussé à entrer en lutte avec elle au nom de la raison, de la science ou de l’intérêt national. Oubliant son incompétence en matière de doctrines, il se laisse parfois entraîner à faire contre les idées religieuses ce qu’il a longtemps pratiqué à leur profit. Il se laisse investir du rôle et des fonctions de la religion ; il a ses dogmes philosophiques ou scientifiques qu’il fait prêcher au peuple, et jusqu’à ses catéchismes qu’enseigne une sorte de sacerdoce laïque. Il tend à s’arroger le droit qu’il dénie à l’Eglise, le droit de façonner les générations à sa ressemblance et de couler les âmes dans un moule de son choix, en sorte que si les prétentions de certains croyants nous ramèneraient au moyen âge, celles de certains démocrates nous feraient reculer jusqu’à cette espèce de communisme moral où l’enfant, regardé comme chose publique, était la propriété de la cité. Quelle déconvenue pour les libéraux, qui avaient proclamé le principe de l’incompétence de l’Etat et qui en attendaient la pacification religieuse !

Auteur: Leroy-Beaulieu Anatole

Info: Les catholiques libéraux, l'Église et le libéralisme de 1830 à nos jours, Librairie Plon, 1885, pages XVI-XVII

[ endoctrinement ] [ substitution ] [ éducation ]

 

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