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auto-présentation

La bibliothèque, miroir de notre intimité

Les confinements ont rendu les bibliothèques omniprésentes à l’arrière-plan des apéros Whatsapp et des réunions Zoom. Manière de rappeler que si les livres ouvrent sur l’ailleurs, une fois rangés dans des rayonnages, ils racontent aussi leurs propriétaires.

On pensait le concept de bibliothèque de salon devenu désuet à l’ère du tout-numérique. Avec la multiplication du télétravail et des visioconférences, les arrière-plans d’étagères de livres au cachet intello ne cessent de fleurir sur les écrans d’ordinateurs. Sur Instagram, les images de bibliothèques personnelles se sont même mises à concurrencer les habituelles orgies chromatiques de couchers de soleil, confinement oblige. Comme si les livres, ces bouées de sauvetage en temps de sevrage social et culturel, composaient un paysage fantasmatique, capable de satisfaire nos imaginaires et nos désirs d’évasion. Afficher sa bibliothèque, c’est aussi dévoiler une partie de soi.

Auteur: Vignal Marion

Info: Le Monde, 31/12/2020

[ mise en valeur ] [ grand lecteur apparent ]

 

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homme-animal

Les animaux qui ont les visages les plus expressifs sont ceux qui ont 4 sabots : les chevaux, les ânes et les zèbres. Faut-il s'en étonner, quant on sait que ce sont des animaux sociables et très visuels ? Le test intitulé "EQUINE FACS" ne distingue pas moins de 17 mouvements musculaires produits par les chevaux suivant un nombre infini de combinaisons. Les chevaux se souhaitent la bienvenue en tirant verts l'arrière les commissures de leurs lèvres, ils retroussent la lèvre supérieure en cas de flehmen (quand ils remarquent une odeur inhabituelle), ou encore révèlent une sclérotique entièrement blanche quand ils ouvrent grand les yeux parcqu'ils on peur ; par ailleurs, ils possèdent une large gamme de positions des oreilles. Quiconque a chez lui un chien ou un chat le sait : leur oreilles sont des panneaux de signalisation ultra efficaces, à tel point, selon moi, que l'immobilité de nos oreilles est un grave handicap.

Auteur: Waal Frans de

Info: La dernière étreinte, p 79

[ physionomies ] [ comparaison ] [ langage corporel ]

 
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illumination

(après avoir ingéré une molécule qui décuple les capacités intellectuelles)

Peu importe ce que j'étudie, je peux voir des structures. Je vois la gestalt, la mélodie dans les notes, dans tout : mathématiques et sciences,  art et  musique, psychologie et sociologie. Lorsque je lis les textes, je ne puis que constater combien les auteurs progressent péniblement d'un point à l'autre en tâtonnant à la recherche de liens qu'ils ne voient pas. Ils ressemblent à ces gens qui ne savent pas lire la musique et qui examinent la partition d'une sonate de Bach en essayant d'expliquer comment une note mène à une autre. Aussi admirables que soient ces modèles, ils m'ouvrent la voie vers d'autres. Il existe d'autres motifs qui attendent d'être découverts, des gestalts à une toute autre échelle. Pour ce qui les concerne je suis moi-même aveugle ;  mes propres sonates  ne sont qu'isolés points de données en comparaison. Je n'ai aucune idée de la forme que pourraient prendre ces structures cachées, mais cela viendra avec le temps. Je veux les trouver, et les comprendre. Je le veux plus que tout ce que j'ai jamais voulu auparavant.

Auteur: Chiang Ted

Info: La tour de Babylone, Comprends

[ soif intellectuelle ] [ drogue ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

mourir

Trois stratégies s'ouvrent à qui se sent vieillir : certains se sentent tellement abattus par la vieillesse qu'ils sombrent dans la dépression et l'abandon. d'autres tentent d'éviter les méfaits de l'âge, nient l'approche de la mort, renoncent à la recherche du sens et se réfugient dans la routine quotidienne. D'autres enfin affrontent consciemment leur situation acceptent les transformations liées à l'approche de la fin de l'âge mûr et parviennent au point où ils sont prêts à " s'éteindre avec la vie ", pour reprendre la formule de Jung. Opter pour cette stratégie, c'est embrasser la vie et la mort comme un couple d'opposés intimement liés et affirmer son désir de participer de plain-pied à un processus qui transcende ces deux entités. La conscience des fins dernières progresse et l'individu discerne le rhizome qui sous-tend la splendeur et la mort du monde tangible. Dans le cadre de l'évolution personnelle qui mène du moi au Soi, la fin de la maturité constitue une période de métamorphose qui prépare l'ultime transition vers la mort et offre à chacun la chance de définir son existence individuelle comme une partie infime mais nullement négligeable de l'inflexible volonté du cosmos.

Auteur: Stevens Anthony

Info: Jung, Editions du Félin, 1994

[ affronter ] [ psychanalyse ] [ triades ]

 

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pensée-de-femme

Notre enfant aura quatre ans l'an prochain. Sous-alimentation, alcoolisme du père ou je ne sais quelle maladie : toujours est-il qu'il n'est guère plus grand qu'un bébé de deux ans. La faiblesse de ses jambes ne lui permet pas de marcher et ses lèvres ne s'ouvrent que pour un vague bredouillement. J'en viens à me demander si ce n'est pas un retardé mental. Un jour que je l'avais amené aux bains publics et que je le tenais nu dans mes bras, j'ai été tellement peinée de le voir si petit, si malingre, que je me suis laissée aller à pleurer devant tout le monde. Le pauvre a le ventre fragile et fait souvent de la fièvre mais mon mari n'en a cure et reste rarement au calme à la maison. Si je lui dis que l'enfant est fiévreux, il me répond d'un air évasif : "Mène-le donc au médecin." Et, sans plus, prend son macfarlane et va je ne sais où. C'est bien joli de dire : "Mène-le donc au médecin" ! Encore faut-il en avoir les moyens. Tout ce que je peux, c'est me coucher à ses côtés et lui caresser la tête en silence.

Auteur: Dazai Osamu

Info: La Femme de Villon

[ maman ] [ impuissante ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

baise

A la différence de la lecture des pages écrites, la lecture que les amants font de leur corps (de ce concentré de corps et d’esprit dont les amants se servent pour coucher ensemble) n’est pas linéaire. Commencée n'importe où, elle saute, se répète, revient en arrière, insiste, se ramifie en messages simultanés et divergents, elle revient pour converger, elle affronte des moments de lassitude, tourne la page, retrouve le fil, se perd. On peut y reconnaître une direction, un parcours dirigé vers une fin, dans la mesure où elle tend vers un climax, et qu'en vue de cette fin elle dispose des phases rythmiques, des scansions métriques, des retours de motifs. Mais le climax est-il vraiment sa fin ultime ? Ou la course en direction de cette fin ne s'oppose-t-elle pas à un autre élan qui s'épuise, à contre-courant, à remonter les instants, à récupérer du temps ?

Si l'on voulait représenter l'ensemble au moyen d'un graphique, chaque épisode nécessiterait, avec son point culminant, un modèle à trois dimensions, peut-être à quatre ; aucun modèle, aucune expérience ne peut se répéter. Ce par quoi l'acte sexuel et la lecture se ressemblent le plus, c'est que s'ouvrent en eux des temps et des espaces différents du temps et de l'espace mesurables.

Auteur: Calvino Italo

Info: Si par une nuit d'hiver un voyageur, 2015 : pp. 220-221

[ rencontre ] [ analogie ]

 

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transposition

Supposons que dans un roman anglais, un personnage dise "it's raining cats and dogs". Le traducteur qui, pensant dire la même chose, traduirait littéralement par il pleut des chats et des chiens serait stupide. On le traduira par il pleut à torrents ou il pleut des cordes. "
Dire presque la même chose n'est pas un essai théorique sur la traduction, mais une illustration des problèmes que pose la traduction à travers des exemples qu'Umberto Eco a vécus : en tant qu'éditeur, en tant qu'auteur, en tant que traducteur. Ce sont ces trois éclairages que nous retrouvons dans un ouvrage qui fourmille d'exemples. Nul besoin de maîtriser les langues citées pour comprendre, puisqu'on est toujours dans la comparaison.
Umberto Eco nous enseigne que la fidélité n'est pas la reprise du mot à mot mais du monde à monde. Les mots ouvrent des mondes et le traducteur doit ouvrir le même monde que celui que l'auteur a ouvert, fût-ce avec des mots différents. Les traducteurs ne sont pas des peseurs de mots, mais des peseurs d'âme. Dans ce passage d'un monde à l'autre, tout est affaire de négociation. Le mot est lâché : un bon traducteur sait négocier avec les exigences du monde de départ pour déboucher sur un monde d'arrivée le plus fidèle possible, non pas à la lettre mais à l'esprit. Tout est donc dans le presque du titre.

Auteur: Bouzaher Myrien

Info: à propos de Dire presque la même chose, Expériences de traduction d'Umberto Ecco

[ interprétation ]

 
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antiféminisme

Le féminisme en demande beaucoup trop aux femmes. Le féminisme exige des femmes qu’elles sortent de la torpeur millénaire qui leur a toujours été accordée de grâce. Tout ça pour obtenir le droit d’aller voter à la grande foire démocratique et pour gagner cent euros de plus par mois, alors qu’on pourrait très bien rester une femme au foyer et se la couler douce toute la journée. J’aime pouvoir profiter des avantages que me confère le sexe faible. Pouvoir cultiver un gros cul plein de graisse, pouvoir pécho même si je ressemble à un gros thon rien que parce que la plupart des hommes sont prêts à tout pour niquer, pouvoir dire que j’ai la migraine le soir au moment d’aller me pieuter sans qu’on remette en cause ma féminité, rater ma vie professionnelle sans en faire une question personnelle, avoir des occupations ménagères toutes trouvées les dimanches pluvieux, être capable de faire l’amour plusieurs fois par jour sans fatigue (avec des hommes différents de préférence), aller préparer le repas du soir plutôt que de me faire chier devant la télé. Et si je n’ai aucune ambition, pas besoin d’en trouver une : il me suffit de pondre un gosse ou deux pour qu’on me foute la paix tout le reste de mon existence. Seulement voilà, depuis quelques temps, des mecs qui veulent nous foutre dans la même merde qu’eux ouvrent leur grande gueule de bâtards pour nous dire ce que nous, les femmes, nous devrions devenir. Ils nous disent : vous pourriez devenir tellement d’autres choses. Vous pourriez devenir des hommes, par exemple.

Auteur: Colimasson

Info:

 
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Ajouté à la BD par miguel

résistance populaire

La classe managériale (dont ce serait une grave erreur de penser qu’elle est l’héritière, même dégénérée, des anciens seigneurs : ceux-ci faisaient piétiner cyniquement par leurs chevaux les récoltes des manants, ils imposaient le droit de cuissage et défendaient les frontières contre les envahisseurs ; les élitocrates ouvrent les frontières aux envahisseurs, ils imposent le devoir de cuissage, et c’est toute la vie des manants qu’ils piétinent) ne restaura la honte que pour fustiger le manque d’hygiène des basses couches de la nouvelle société avancée qui tergiversaient encore bêtement et ralentissaient l’instauration d’un monde.com sans tabac et sans alcool. On vit la France d’ "en haut" […] pilonner sans répit la France des ploucs, dite aussi parfois "moisie" dans le vocabulaire répulsif des élitocrates ; et, sur ce ton bienveillant qui cache toujours la haine la plus venimeuse, lui répéter qu’à l’aube du troisième millénaire, il fallait qu’elle apprenne enfin, elle aussi, à évoluer, à s’assouplir, à se différencier, à se pluraliser, à se flexibiliser par tous les bouts au lieu de se cramponner à son vieux pantalon jacobin, passé de mode.

On vit les nouvelles élites, si joliment nomades, si gracieusement mobiles, terroriser les "gens ordinaires", c’est-à-dire le peuple, et entreprendre de guérir celui-ci de son "populisme". Comme l’écrit encore Michéa : "On sait à quel point, depuis quelques années, les médias officiels travaillent méthodiquement à effacer le sens originel du mot [populisme] à seule fin de dénoncer comme "fascistes" ou "moralisateurs" (à notre époque, le crime de pensée suprême) tous les efforts des simples gens pour maintenir une civilité démocratique minimale et s’opposer à l’emprise croissante des "experts" sur l’organisation de leur vie."

Auteur: Muray Philippe

Info: Dans "Exorcismes spirituels, tome 3", Les Belles Lettres, Paris, 2002, pages 189-190

[ à deux vitesses ] [ formatage de la pensée ] [ adaptation forcée ] [ mondialosation ] [ nomades vs sédentaires ] [ argent ] [ fric sans frontières ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

obscurité

La nuit sous un toit est un temps de mortelle monotonie mais en plein air, sous les étoiles, les heures passent légères avec leur rosée et leur parfum, et chacune d'elles amène un changement dans le visage de la nature. Ce qui est une sorte de mort temporaire pour de gens étouffés entre les murailles et les rideaux, n'est qu'un sommeil aérien et vivant pour l'homme qui repose à même la terre. Toute la nuit, il peut entendre la respiration profonde et libre de la nature ; même lorsqu'elle sommeille, elle a des mouvements et des sourires. Et quel tressaillement, inconnu des emmurés, lorsque le signal du réveil se propage sur la moitié de la terre qui dort dans l'ombre et que les êtres vivants qui peuplent l'obscurité commencent à se dresser sur leurs pieds. Alors, le coq chante pour la première fois, pas encore pour annoncer l'aurore, mais comme une sentinelle joyeuse qui hâte la fuite des heures nocturnes. Le bétail s'éveille dans les prairies, les brebis commencent à brouter les collines couvertes de rosée et cherchent un nouveau pâturage parmi les fougères ; et les hommes qui dorment à la belle étoile, après s'être couchés comme les poules, ouvrent leurs yeux ensommeillés pour contempler la beauté de la nuit.

Par quel appel inaudible, par quelle caresse de la Nature tous ces dormeurs sont-ils ainsi à la même heure réveillés à la vie? Tombe-t-il des étoiles une telle influence, ou partageons-nous quelque frisson de notre mère la terre, sous nos corps au repos? Même les bergers et les vieux paysans, qui connaissent le mieux ces secrets, ignorent tout des moyens ou du but de cette résurrection nocturne. C’est vers 2 heures du matin que la chose a lieu, selon eux; ils n’en savent pas davantage, et ne cherchent pas plus loin.

Auteur: Stevenson Robert-Louis

Info: Voyage avec un âne dans les Cévennes. Pléiade p.165-166

[ aube ]

 
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