ruisseau
A vingt pas en aval une petite cascade murmurait une chanson claire… Je m’arrête. J’ai lu cent descriptions mieux faites que celle que je voulais tenter et toutes étaient inexactes, insuffisantes. On ne peut pas traduire la beauté simple d’un matin ingénu, la joie mesurée des réveils innocents, la légèreté de l’air, la jeunesse des feuilles et surtout la fluidité de l’eau. Comment dire, avec des mots pâteux, cette fuite de l’eau limpide.
Auteur:
Pérochon Ernest
Années: 1885 - 1942
Epoque – Courant religieux: industriel
Sexe: H
Profession et précisions: écrivain, enseignant
Continent – Pays: Europe - France
Info:
Le Chemin de plaine, p. 28, 1921, Plon
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écriture
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limitation
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nature
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convenances familiales
Dimanche papa et maman
m'ont emmené chez des amis
J'ai promis d'être
im-pec-cable!
Les grands parlent entre eux
de choses de leur passé
je suis le seul enfant et le
repas dure mille ans
même le dessert est pire que
des lentilles.
il n'y a ni télé, ni chat
ni jardin, ni grenadine...
et il y a des fourmis dans mes jambes
avec lesquelles
je ne peux même pas courir.
Auteur:
Malineau Jean-Hugues
Années: 1945 -
Epoque – Courant religieux: Récent et Libéralisme économique
Sexe: H
Profession et précisions: prof de littérature
Continent – Pays: Europe - France
Info:
Les goûts de mon enfance, C'est pâteux
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prison
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poème
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gamin
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manger
La Catherine s'en allait dans la chambre à four attenante à la maison et qui servait de réduit aux débarras ; elle prenait dans une vieille boutasse poussiéreuse une ou deux de ces petites pommes recroquevillées et les offrait au pauvre Médor qui s'en allait les déchiqueter dans la cour, sur les plantes de jonc où il avait l'habitude de dormir. A ce régime, il était efflanqué et de poil rude, on peut le croire ; il eût été facile de lui compter toutes les côtes.
Notre nourriture, à nous, n'était guère plus fameuse, à la vérité. Nous mangions du pain de seigle moulu brut, du pain couleur de suie et graveleux comme s'il eût contenu une bonne dose de gros sable de rivière. C'était plus nourrissant, disait-on, de laisser l'écorce mêlée à la farine.
La farine des quelques mesures de froment qu'on faisait moudre aussi était réservée pour les beignets et les pâtisseries - tourtons et galettes - qu'on cuisait avec le pain.
Cependant, l'habitude était de pétrir avec cette farine-là une petite miche ou ribate d'odeur agréable - mie blanche et croûte dorée - réservée pour la soupe de ma petite soeur Marinette, la dernière venue, et pour ma grand-mère, les jours où sa maladie d'estomac la faisait trop souffrir. Maman, à de certains jours, m'en taillait un petit morceau que je dévorais avec autant de plaisir que j'eusse pu faire du meilleur des gâteaux. Régal d'ailleurs bien rare, car la pauvre femme en était avare de sa bonne miche de froment !
La soupe était notre pitance principale ; soupe à l'oignon le matin et le soir, et, dans le jour, soupe aux pommes de terre, aux haricots ou à la citrouille, avec gros comme rien de beurre. Le lard était réservé pour l'été et les jours de fête. Avec cela des beignets indigestes et pâteux d'où les dents s'arrachaient difficilement, des pommes de terre sous la cendre et des haricots cuits à l'eau, à peine blanchis d'un peu de lait. On se régalait les jours de cuisson à cause du tourton et de la galette, mais ces hors-d'oeuvre étaient vite épuisés. Ah ! les bonnes choses n'abondaient guère !
Auteur:
Guillaumin Emile
Années: 1873 - 1951
Epoque – Courant religieux: industriel
Sexe: H
Profession et précisions: payasan, écrivain régionaliste bourbonnais
Continent – Pays: Europe - France
Info:
La vie d'un simple
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campagne
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simplicité
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