Citation
Catégorie
Tag – étiquette
Auteur
Info



nb max de mots
nb min de mots
trier par
Dictionnaire analogique intriqué pour extraits. Recherche mots ou phrases tous azimuts. Aussi outil de précision sémantique et de réflexion communautaire. Voir la rubrique mode d'emploi. Jetez un oeil à la colonne "chaînes". ATTENTION, faire une REINITIALISATION après  une recherche complexe. Et utilisez le nuage de corrélats !!!!..... Lire la suite >>
Résultat(s): 32
Temps de recherche: 0.04s

gouvernement

Qui a divisé le troupeau et l’a dispersé sur des chemins inconnus ? Mais le troupeau se reformera, et il se soumettra à nouveau, cette fois pour toujours. Alors nous leur donnerons un bonheur paisible, humble, à la mesure d’êtres faibles tels qu’ils ont été créés. Oh, nous les persuaderons enfin de ne pas s’enorgueillir, car Tu les as élevés haut et leur a appris ainsi à s’enorgueillir ; nous leur prouverons qu’ils sont débiles, qu’ils ne sont que de pitoyables enfants, mais que le bonheur de l’enfant est le plus doux de tous. Ils deviendront craintifs, ils auront les yeux fixés sur nous et se serreront contre nous avec effroi, comme les poussins autour de la mère poule. Ils nous admireront et seront terrifiés par nous, et ils seront fiers de nous voir assez puissants et assez intelligents pour avoir dompté un si turbulent troupeau de milliers de millions de têtes. Ils trembleront, débiles, devant notre colère, leur esprit deviendra timoré, leurs yeux enclins aux larmes comme ceux des enfants et des femmes mais, sur un signe de nous, ils passeront aussi facilement à la gaieté et au rire, à la joie claire et à l’heureuse chanson enfantine. Certes, nous les forcerons à travailler, mais, aux heures de loisir, nous organiserons leur vie comme un jeu d’enfant, avec des chansons enfantines, des chœurs, des danses innocentes. Oh, nous leur permettrons aussi le péché, ils sont faibles et impuissants, et ils nous aimeront comme des enfants pour leur avoir permis de pécher. Nous leur dirons que tout péché sera racheté s’il est commis avec notre permission ; que si nous le leur permettons, c’est parce que nous les aimons, et quant au châtiment de ces péchés, soit, nous le prendrons sur nous. Et nous le prendrons en effet sur nous, et ils nous adoreront comme des bienfaiteurs qui e chargent de leurs péchés devant Dieu. Et ils n’auront aucun secret pour nous. Nous leur permettrons ou leur interdirons de vivre avec leurs femmes et leurs maîtresses, d’avoir ou de ne pas avoir d’enfants – le tout selon leur docilité – et ils se soumettront avec allégresse et avec joie. Les plus douloureux secrets de leur conscience, tout, ils nous porteront tout à nous, et nous résoudrons tout, et ils accepteront avec joie notre jugement, car il leur épargnera le grave souci et les horribles supplices du choix personnel et libre qu’ils connaissent aujourd’hui. Et tous seront heureux, tous les millions d’êtres, hormis une centaine de mille qui les dirigent. Car nous seuls, les gardiens du secret, nous serons malheureux. Il y aura des centaines de millions d’enfants heureux et cent mille martyrs ayant pris sur eux la malédiction de la connaissance du bien et du mal.

Auteur: Dostoïevski Fédor Mikhaïlovitch

Info: Discours du Grand Inquisiteur au Christ, dans "Les Frères Karamazov", volume 1, traduction d'Elisabeth Guertik, le Cercle du bibliophile, pages 332-333

[ sécularisation ] [ modernité ] [ socialisme ] [ totalitarisme ] [ directeurs de conscience ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par Coli Masson

science profane

Si le freudisme affirme que la rationalité n’est qu’un camouflage hypocrite d’une animalité refoulée, cette affirmation - évidemment rationnelle — tombe sous le même verdict ; le freudisme, s’il avait raison, ne serait lui-même pas autre chose qu’une dénaturation symbolisante d’instincts physico-psychiques. Sans doute, les psychanalystes diront que dans leur cas, le raisonnement n’est pas fonction de refoulements inavouables ; mais nous ne voyons pas du tout, premièrement en vertu de quoi cette exception serait admissible sur la base de leur propre doctrine, et deuxièmement pourquoi cette loi d’exception ne jouerait qu’en leur faveur et non en faveur des doctrines spirituelles qu’ils rejettent haineusement, et avec un révoltant manque du sens des proportions. Au demeurant, rien n’est plus absurde qu’un homme se faisant l’accusateur, non de quelque accident psychologique, mais de l’homme comme tel ; d’où vient donc ce demi-dieu qui accuse, et d’où vient sa faculté d’accuser ? Si l’accusateur a raison, c’est que l’homme n’est pas si mauvais et qu’il y a en lui une capacité d’adéquation ; sinon il faudrait admettre que les protagonistes de la psychanalyse soient des dieux tombés imprévisiblement du ciel, ce dont on ne voit pas ombre de vraisemblance, pour dire le moins. La psychanalyse, d’abord élimine les facteurs transcendants essentiels à l’homme et ensuite remplace les complexes d’infériorité ou de frustration par des complexes d’aisance et d’égoïsme ; elle permet de pécher calmement, avec assurance, et de se damner avec sérénité. Comme toutes les philosophies de démolition - celle de Nietzsche par exemple - le freudisme attribue une portée absolue à une situation relative ; comme toute la pensée moderne, il ne sait que tomber d’un extrême à l’autre, incapable qu’il est de se rendre compte que la vérité - et la solution - se trouve dans la nature la plus profonde de l’homme, dont les religions et les sagesses traditionnelles sont, précisément, les porte-parole, les conservatrices et les garantes. En fait, la mentalité créée et diffusée par la psychanalyse consiste à refuser le dialogue logique ou intellectuel - seul digne d’êtres humains et à répondre par le biais de conjectures insolentes ; on ne cherche plus à savoir si l’interlocuteur a raison ou non, on demande qui étaient ses parents ou quelle est sa pression sanguine - pour nous borner à des exemples symboliques et encore assez anodins -, comme si de tels arguments ne pouvaient pas se retourner aisément contre leurs auteurs, ou comme si, en changeant même d’arguments, il n’était pas facile de répondre à une analyse par une autre analyse. Les pseudo-critères de l’analyse sont de préférence physiologiques ou sociologiques, conformément à la manie de l’époque ; il ne serait pas difficile de trouver des contre-critères et de faire l’analyse sérieuse de l’analyse imaginaire.

Auteur: Schuon Frithjof

Info: Dans "Logique et transcendance", éditions Sulliver, 2007, pages 16-17

[ critique ] [ réfutation ] [ égocentrisme ]

 
Mis dans la chaine
Commentaires: 5
Ajouté à la BD par Coli Masson