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nature

Mais la véritable fête, c'est la lumière qui me la donnait : les jeux conjugués de la pluie et du soleil transformaient mon repaire de verdure en une manière de grotte océanique où tous les tons du vert, du jade au céladon, de l'émeraude à l'aigue-marine, rivalisaient dans cette pénombre élyséenne criblée de rayons. La plus mince ramure baignait dans une mousse de lumière dorée qui paraissait puiser son éclat à quelque fabuleuse source intérieure. Je ne me lassais pas de contempler à travers l'épaisseur du feuillage encore nappé de pluie, mais d'où montaient déjà les premières vapeurs, l'irisation des gouttes suspendues qui, durant un moment dont j'aurais souhaité prolonger les délices, continuaient l'une après l'autre à se détacher, comme à regret, de l'extrême pointe des feuilles vernissées. Je ne savais pas encore que je découvrirais dans cet avènement éphémère d'une oeuvre de la nature une préfiguration du plaisir que je trouverais un jour dans les accomplissements de l'art des hommes.

Auteur: Bertin Charles

Info: La Petite Dame en son jardin de Bruges, p 17

[ clarté ] [ beaux-arts ]

 

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cinéma

Voici le jour de la Musique. J'ai refusé d'entendre ce que Georges Auric composait.
J'en veux recevoir le choc sans préparatifs. Une longue habitude de travailler ensemble m'oblige à lui faire une confiance absolue. Nous enregistrons de neuf heures du matin à cinq heures dans la Maison de la Chimie. Cette opération est la plus émouvante de toutes. Je le répète, ce n'est que sur l'élément musical que ce film peut prendre le large. Désormières est au pupitre. Jacques Lebreton dispose les instrumentistes et les choeurs. Le microphone est dressé sur une longue perche au centre de la salle. (...) Cette musique épouse le film, l'imprégne, l'exalte, l'achève. L'enchantement de la Bête nous endort et le spectacle de cette pénombre sonore est le rêve de notre sommeil. (...) Ce qui étonne (...), c'est le synchronisme accidentel dont une demi-seconde d'avance ou de retard du chef d'orchestre peur rompre le charme. Parfois, il empoigne l'image et la soulève, parfois, il l'étouffe.

Auteur: Cocteau Jean

Info:

[ image-son ]

 

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nuit blanche

J'envoie promener le récepteur et ma fatigue, dévale l'escalier et traverse la rue. Presque en face, la porte du 9 est entrebâillée, celle de la chambre aussi, et voilà qu'Ivan et moi reprenons la litanie des phrases sur la fatigue jusqu'à ce que nous soyons trop extenués pour nous plaindre de l'étendue de nos sujets d'épuisement ; nous cessons de parler et luttons contre le sommeil malgré notre immense fatigue ; jusqu'à ce que le service du réveil appelle, le 00, je ne cesse de regarder dans la pénombre Ivan qui a encore droit à un quart d'heure de sommeil, d'espérer avec insistance et d'imaginer avoir entendu une phrase qui, loin d'être due à la fatigue, me serve d'assurance en ce monde; mais le contour de mes yeux contracte, la sécrétion des glandes est trop faible pour produire une larme au coin de chaque œil . Quand c'en est fait de quelqu'un, une phrase suffit-elle à le rassurer ? Il faudrait une assurance qui ne soit pas de ce monde.

Auteur: Bachmann Ingeborg

Info: malina (1971, 288 p.)

[ fasciculation ] [ euphorie nocturne ] [ douleur ]

 
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occultisme

L'homme n'est pas composé d'eau, comme on le dit habituellement, mais de soif, disait le petit homme à travers la pénombre, et il y a dans la vie d'autres énergies importantes, comme la peur, la chaleur, la faim, la douleur, etc. Elles forment quelque chose comme une langue oubliée. La mémoire des défunts n'est pas composée de souvenirs des choses physiques, car ils n'ont pas l'idée de ce que cela peut être, mais de souvenirs d' "énergies" qui les ont stimulés dans la vie. C'est pourquoi il existe ce lien entre les vivants et les morts. C'est le matériau immatériel commun aux uns et aux autres, où peuvent se joindre les deux mondes - celui-ci et celui-là. Notez donc sur un morceau de papier toutes vos énergies comme elles vous viennent à l'esprit et sans en changer l'ordre, marquez-les avec les lettres de l'alphabet de A à Z. N'oubliez pas l'amour, la haine, la joie et la tristesse, les parfums et la puanteur. C'est très important pour la suite...

Auteur: Pavic Milorad

Info: fin n°2 du Cahier Bleu, dans "Exemplaire unique" (ce roman propose, dans une boîte distincte, cent fins possibles)

[ outre-tombe ] [ communication ] [ instructions ] [ 2ème personne du pluriel ] [ subjectivisme ] [ au-delà ] [ moteur rémanents ]

 
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Ajouté à la BD par Benslama

cauchemar

Fait le rêve suivant que mes propres cris de terreur ont interrompu, ainsi qu'il m'arrive souvent. Je me trouve à la salle Gaveau, au premier balcon. La salle est pleine, mais les musiciens ne paraissent pas encore. Autour de moi, on parle tout haut; je lis mon programme et n'écoute pas. À ce moment, quelqu'un murmure à mon oreille : "Il y a un changement de programme." Presque aussitôt, les lumières baissent, un grand silence se fait, puis la petite porte qui se trouve à gauche des orgues s'ouvre, et dans la pénombre, il entre quelqu'un. On le pousse par derrière. Plusieurs hommes en noir le suivent de près, le guident, car il a la tête prise dans une sorte de cagoule sans ouvertures. Quelqu'un lance vers le plafond une longue corde qui s'attache, je ne sais comment, à un crochet de fer. Cette corde semble vivante et heureuse, toute frémissante entre les mains de ceux qui en nouent l'extrémité. J'ai compris alors qu'on allait pendre l'homme en cagoule et de toutes mes forces j'ai crié.

Auteur: Green Julien

Info: Journal 5 février 1929

[ peine capitale ]

 

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aliments

Après la plage, nous raccompagnions les filles jusqu'à la ferme, Mme Le Dour avait préparé un goûter de crêpes - non pas les crêpes fines ou les galettes de sarrasin fourrées de choses salées comme on les trouve maintenant, mais de vraies krampouzen de froment épaisses et lourdes, sans sucre ni beurre, et les bolées de cidre tiède (le cidre glacé doit être une invention américaine). Comme de toutes les nourritures d'enfance (les gnocchis cuisinés par la bonne Maria chez ma grand-mère, ou le foufou et la soupe de cacahuètes d'Ogoja au Nigéria), j'ai gardé le goût de ces crêpes, l'épaisseur chaude, le tanin du cidre dans les bols de grès, quelque chose de doux et de sauvage à la fois, dans la pénombre enfumée de la ferme, avec l'odeur des vaches, la lueur du jour par la porte ouverte, les reflets du quinquet sur la vaisselle des étagères et sur les clous des lits-clos formant des losanges et des rosaces, et aussi le rire niais des deux filles qui les vengeait de la violence des arrosages et des poignées de sable dans leurs cheveux.

Auteur: Le Clézio Jean-Marie

Info: Chanson bretonne - L'enfant et la guerre : Deux contes

[ manger ] [ jeunesse ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

antisémitisme

Hannah Arendt montre combien le totalitarisme vise à l'édification d'un "monde entièrement fictif". Ce monde fictif est celui du postulat doctrinal totalitaire, qui prétend avoir révélé les lois du devenir. Dans le cas du nazisme, ce postulat est celui de la lutte des races, lutte qui se manifeste, chez les Sémites, non dans l'honneur du combat, mais dans la pénombre interlope du complot. Ce postulat est infalsifiable, au sens où l'entend Karl Popper : il ne peut être invalidé, pris en défaut par un discours de narration du réel qui devra en être une défense et une illustration, offrant ainsi une cohérence apaisante au mensonge totalitaire. Arendt note que le mensonge vient sans doute répondre à la demande d'un public disposé à l'entendre, à l'appel d'une "soif de fiction" qui serait "désir […] d'un monde complètement cohérent, compréhensible et prévisible" : le chaos d'une histoire qui n'est que bruit et fureur est avantageusement ordonné par le principe monovalent du postulat explicatif. L'imaginaire du complot, notamment, présente l'immense mérite d'être immune à la contradiction, mieux, de l'intégrer pour la dépasser, d'être simple et accessible, et de proposer une herméneutique totale du réel.

Auteur: Chapoutot Johann

Info: Le nazisme et l'antiquité

[ propagande ]

 

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genèse

Au commencement la Terre était une plaine sans fin, obscure, séparée du ciel et de la mer grise, étouffant dans une pénombre crépusculaire. Il n’y avait ni soleil ni lune ni étoiles. Cependant, bien loin, vivaient les habitants du ciel, êtres jeunes et indifférents, humains de forme, mais possédant des pattes d’émeu et une chevelure dorée étincelante comme une toile d’araignée dans le soleil couchant, sans âge et insensibles aux atteintes des ans, existant depuis toujours dans leur vert paradis bien arrosé, au-delà des nuages de l’ouest.
A la surface de la Terre, il n’y avait que des trous qui deviendraient un jour des points d’eau. Aucun animal, aucune plante, mais autour de ces sources étaient rassemblés des amas de matière pulpeuse, des restes de la soupe primordiale – silencieux, sans souffle, ni éveillés ni endormis – contenant chacun l’essence de la vie ou la possibilité de devenir humain.
Sous la croûte terrestre, cependant, les constellations luisaient, le soleil brillait, la lune croissait et décroissait et toutes les formes de vie gisaient endormies – la fleur écarlate du pois du désert, le chatoiement de l’aile du papillon, les moustaches blanches et frémissantes du Vieil Homme Kangourou – tous en sommeil comme les graines du désert qui doivent attendre l’averse vagabonde.

Auteur: Chatwin Bruce

Info: Le Chant des pistes

[ aborigène ] [ rêve ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

science-fiction

Et puis il y avait eu l'arrivée de Piel Essiarf. Ce fou. Son excentricité essentielle et l'immense fortune héritée de ses parents avaient offert une ouverture incroyable, vrai coup de lumière dans la pénombre d'un solipsisme anthropomorphique sans issue.

Inspiré des travaux de Millar Gaichel, explorateur marginal du siècle précédent (un ufologiste passionné qui ingérait de très calculées doses de DMT tout en utilisant des lunettes spéciales afin d'élargir sa vision dans l'infrarouge et l'ultraviolet, tout ceci après s'être longuement rééduqué pour s'extraire au possible des préjugés culturels qui obstruaient ses sens), Piel Essiarf fit faire un bond immense à l'aventure du dépassement cognitif en combinant trois idées de recherches qu'il put faire développer "ensemble" via l'engagement de brillants chercheurs créateurs et l'intelligente utilisation des progrès technologiques de son époque.

Sa première idée, la plus originale et la plus difficile, déverrouillait tout. On la nomme encore aujourd'hui "Désyntonisation et reconversion syntones des formes de vie a-syntones." Les deux autres, non moins aventureuses, étaient plus facile d'accès puisque nous parlons des biens connues MTCC (Modélisations théoriques de civilisations non issues du carbone) et ERENAM (Etude des rapports d'échelles entre nano, anthro et macro monde.)

Dès les premières découvertes issues de cette tri-méthodologie la science des "techno-signatures non humaines" prit son envol. Et beaucoup d'autres disciplines. Énorme remise en perspective pour l'hubris des primates glabres de la 3e planète du système solaire. Mais c'est une autre histoire.

Auteur: Mg

Info: A la recherche de Zoul, 5 et 6 décembre 2018

[ dépassement ] [ anthro-syntonisation ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

colonialisme

Des formes noires, parmi les arbres, étaient accroupies, gisantes ou assises, appuyées contre les troncs, collées à la terre, moins indiquées qu’effacées par la lumière trouble, dans toutes les postures de la douleur, de l’accablement et du désespoir. Un nouveau coup de mine éclata sur la falaise suivi par un léger frémissement du sol sous mes pieds. L’œuvre se poursuivait. L’œuvre !… Et ceci était l’endroit où certains de ses serviteurs s’étaient retirés pour mourir.
Ils mouraient lentement ; aucun doute là-dessus. Ce n’était pas des ennemis, ce n’était pas des criminels ; ils n’étaient plus quoi que ce fût dans ce monde désormais, rien que les ombres noires de la maladie et de l’épuisement, répandues confusément dans la pénombre verdâtre. Amenés de tous les points de la côte, en vertu de ce qu’il y a de plus régulier dans les contrats d’engagement à terme, dépaysés dans un milieu contraire soumis à un régime inaccoutumé, ils ne tardaient pas à dépérir, cessaient d’être utiles et dès lors étaient autorisés à se traîner jusqu’ici et à reposer. Ces formes moribondes étaient libres comme l’air et presque aussi diaphanes. Je commençai à distinguer la lueur de leurs yeux sous les arbres. Ensuite en regardant à mes pieds, j’aperçus un visage tout près de ma main. La noire ossature était étendue de toute sa longueur, l’épaule contre un arbre ; avec lenteur, les paupières se soulevèrent ; les yeux creux me considérèrent, énormes et vides : il y eut une sorte de clignotement aveuglé dans la profondeur des orbites, elle s’éteignit peu à peu.

Auteur: Conrad Joseph Teodor Korzeniowski

Info: Au coeur des ténèbres

[ afrique ] [ oppression ] [ agonie ]

 
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Ajouté à la BD par miguel