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défense

Un certain critique me range également dans la catégorie des esprits dissolvants en raison de l’intérêt que je porte à la psychologie comparée des religions. Cette qualification est justifiée dans la mesure où je désigne tous les objets de foi comme psychiques (étant entendu que le caractère transcendantal que peut revêtir leur signification excède ma compétence). J’établis donc un rapport entre la doctrine chrétienne et la psychologie, rapport qui, à mon sens, ne doit pas nécessairement tourner au désavantage du christianisme. Mon critique trahit une confiance bien limitée dans le pouvoir d’assimilation de son système de croyance, lorsqu’il s’effarouche devant le processus de fusion et d’interprétation qui s’esquisse. L’Eglise a pourtant su s’assimiler une pensée aussi étrangère que celle d’Aristote, et que n’a-t-elle pas emprunté à la philosophie païenne, au culte païen et […] au gnosticisme, sans pour cela s’empoisonner ! Si la doctrine chrétienne peut s’assimiler la psychologie à laquelle elle doit fatalement se heurter, cela constitue un signe de vitalité, car la vie est assimilation.

Auteur: Jung Carl Gustav

Info: Dans "Mysterium conjunctionis", tome 2, page 90

[ accusations ] [ psy-spi ]

 
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cycle

Ça fait quatre mille ans qu'on nous terrorise avec ces religions organisées ! La Terre existe depuis plus de quatre milliards d'années, elle peut quand même se défendre contre ces minuscules quatre mille ans... Cette idée selon laquelle on ne peut vivre qu'aux ordres de l'hémisphère gauche du cerveau, en négligeant totalement sa partie animale, païenne, physique, naturelle est absurde. Comment a-t-on pu à ce point négliger la nature pour se laisser embobiner par la Bible ou le Coran ? Comment a-t-on pu accepter docilement ce calendrier ridicule de douze mois, avec des mois dont on ne sait même pas s'ils ont 28, 29, 30 ou 31 jours ? Le corps, lui, sait qu'il y a treize mois : les femmes saignent treize fois par an, il y a treize pleines lunes. Mais le christianisme ne tolère pas le 13... En supprimant ce nombre, il s'est imaginé plus fort que la nature. Les gratte-ciel, à New York, n'ont pas de treizième étage : ça en dit long sur l'influence de la religion sur ce pays.

Auteur: Björk Gudmundsdottir

Info: interrogée sur le site des Inrockuptibles en avril 2007

[ symbole ] [ civilisation ] [ nombre ]

 

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étymologie

L’adjectif "païen" traduit deux termes en usage à la fin de l’Antiquité et au début du Moyen Âge. L’un est d’origine grecque, hellène, et l’autre d’origine latine, paganus : si l’on en croit Philastrius, ils étaient interchangeables dans leur acception courante. "Être hellène en matière de religion" se disait au IVe siècle de ceux qui adoraient les dieux. L’expression était employée par les principaux concernés eux-mêmes, mais semble avoir eu une dimension péjorative et était surtout mise en avant par les adversaires du polythéisme. Depuis une décision prise sous Caracalla, en l’an 212, tous les hommes livres de l’Empire étaient considérés comme "citoyens romains", même s’ils habitaient Byzance ou l’Anatolie : qualifier les partisans de la vieille religion d’ "Hellènes", et non de "Romains", était une manière de les exclure, pour en faire des citoyens de second rang.
Le mot paganus a donné en français les termes "païen" et "paysan". C’est ce dernier sens qui était initialement accolé à paganus signifiant l’ "homme de la campagne, du terroir" (le territoire local se disait pagus). Plus tard, l’expression servit de qualificatif injurieux pour les idolâtres qui refusaient de se convertir au christianisme. A force d’être traités de cette façon, les "païens" ont accepté cette étiquette et, d’une insulte qu’elle était, y ont vu un titre de gloire et un cri de ralliement, bien que l’utilisation laudative du terme ne se soit répandue qu’à l’époque moderne, avec l’éveil du néopaganisme.

Auteur: Isabel Thibault

Info: Dans "Manuel de sagesse païenne", éd. Le passeur, 2020, pages 15-16

[ évolution des usages ] [ historique ]

 

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philosophie antique

Pyrrhon était l’apôtre d’un scepticisme intégral. Selon lui, quel que soit le point de vue que nous envisageons, nous devons prendre soin de comprendre le point de vue opposé, afin de cerner la pertinence de chacune des perspectives en conflit – ou du moins leur pertinence apparente – et de nous tenir en retrait de toute croyance ou conviction. Le sceptique radical évite d’accorder un trop grand crédit aux idées, même en relation à un contexte donné, et préfère se ranger à la "tranquillité heureuse". Chacun se rappelle la formule latine : "In dubio abstine" ("Dans le doute, abstiens-toi"). Au lieu de nous rendre malheureux à force de chercher la vérité, résignons-nous à ne rien connaître ; et, au lieu de lutter contre les conventions établies, choisissons de nous y soumettre avec calme. […] Même le fait de s’obstiner à dire que rien n’est vrai et que nul ne peut rien connaître du monde constitue pour Pyrrhon un attachement excessif à la recherche de la vérité et trouble notre quiétude, que les Grecs qualifiaient d’ "ataraxie".
Cette démarche philosophique est exclusivement morale : elle porte sur l’attitude subjective à adopter face au monde et ne dit rien sur la nature objective du réel. Elle refuse par principe de porter un quelconque jugement de connaissance, y compris pour affirmer que l’Être paraît inconnaissable. Le seul jugement qu’elle porte est éthique : l’homme tranquille se garde de chercher la vérité.

Auteur: Isabel Thibault

Info: Dans "Manuel de sagesse païenne", éd. Le passeur, 2020, pages 43-44

[ résumé ]

 
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contre-initiation

Au cœur de la "Perle Noire du désert" se trouve la mosquée de Sidi Yaya dont la particularité serait de posséder une fonction protectrice de dimension eschatologique, puisque l’édifice sacré était chargé de protéger les fidèles de la fin du monde, avant toutefois que ses portes ne soient brisées le 2 juillet 2012 par les djihadistes du groupe Ansar Edin, une sous-branche de Al-Qaïda, qui s’était alors emparé de Tombouctou armé de haches, de pioches et de burins. Les membres de ce groupe salafiste radical et guerrier, composé de nombreux Touaregs et Maures locaux que les "barbus" fondamentalistes à l’esprit étroit avaient réussi à endoctriner et recruter, ont voulu démontrer que la profanation de la porte sacrée de la mosquée de Sidi Yaya n’allait pas provoquer la fin du monde et qu’une telle croyance était impie. Les islamistes radicaux sont en effet connus pour blâmer et excommunier toutes les anciennes traditions locales qu’ils jugent superstitieuses, païennes et hérétiques. La tradition locale indiquait toutefois que la porte sacrée ne devrait être ouverte qu’à la fin des temps, sous peine d’engendrer malheurs et malédictions, et qui sait si ces djihadistes fanatiques n’ont pas ouvert en totale insouciance une brèche dans la Grande Muraille cosmique, contrôlés et influencés par leurs "maîtres occultes" qui tiraient les ficelles en toute connaissance de cause. Tombouctou est connue pour avoir conservé depuis des temps illustres des milliers de manuscrits sur l’islam mais aussi l’histoire, l’astronomie, la musique, la botanique, la généalogie, l’anatomie et bien évidement l’alchimie. Autant de domaines généralement méprisés, voire considérés comme "impies" par Al-Qaïda et la tendance réformiste du salafisme qui se développe avec un succès croissant dans l’ensemble du monde musulman.

Auteur: Anonyme

Info: Dans "Les magiciens du nouveau siècle" page 526

[ acte symbolique négatif ] [ déséquilibre énergétique ]

 

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prise de pouvoir

Il y a maintenant presque exactement mille six cents ans que dans l’Empire romain sévissait également un dangereux parti révolutionnaire. Il sapait la religion et tous les fondements de l’Etat. Il niait carrément que la volonté de l’empereur fût la loi suprême, il était sans patrie, international, il s’étendait sur tout l’Empire depuis la Gaule jusqu’à l’Asie, débordait les limites de l’Empire. Il avait fait longtemps un travail de sape souterrain, secret. Mais depuis assez longtemps déjà il se croyait assez fort pour paraître au grand jour. Ce parti révolutionnaire qui était connu sous le nom de chrétien avait aussi sa forte représentation dans l’armée ; des légions tout entières étaient chrétiennes. Lorsqu’ils recevaient l’ordre d’aller aux sacrifices solennels de l’Eglise païenne nationale pour y rendre les honneurs, les soldats révolutionnaires poussaient l’insolence jusqu’à accrocher à leur casque des insignes particuliers – des croix – en signe de protestation. […] L’empereur Dioclétien ne put conserver plus longtemps son calme en voyant comment on sapait l’ordre, l’obéissance et la discipline dans son armée. Il intervint énergiquement, car il en était encore temps. Il promulgua une loi contre les chrétiens. Les réunions des révolutionnaires furent interdites, leurs locaux fermés ou même démolis, les insignes chrétiens, croix, etc., furent interdits, comme en Saxe les mouchoirs rouges. Les chrétiens furent déclarés incapables d’occuper des postes publics, on ne leur laissait même pas le droit de passer caporaux. […] on interdit purement et simplement aux chrétiens de demander justice devant les tribunaux. Cette loi d’exception resta elle aussi sans effet. Par dérision, les chrétiens l’arrachèrent des murs ; bien mieux, on dit qu’à Nicomédie, ils incendièrent le palais au-dessus de la tête de l’empereur. Alors, celui-ci se vengea par la grande persécution des chrétiens de l’année 303 de notre ère. Ce fut la dernière de ce genre. Et elle fut si efficace que dix-sept années plus tard, l’armée était composée en majeure partie de chrétiens et que le nouvel autocrate de l’Empire romain qui succéda à Dioclétien, Constantin, appelé par les curés le Grand, proclamait le christianisme religion d’Etat.

Auteur: Engels Friedrich

Info: "Introduction à La lutte des classes en France", 1895, dans "Le rôle de la violence dans l'histoire", éd. Le temps des cerises, Montreuil, 2020, pages 231-233

[ exemple historique ] [ vainqueurs ] [ communisme ]

 

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incrédules

Et ces crétins qui ont tous cru, notamment, comme Michel Homay*, à la fable du décès du christianisme en mai 1968, s’indignent des intolérances du passé et dénoncent les crimes jadis commis au nom de la foi, mais se pourlèchent que l’on prépare des lois inqusitoriales destinées à pénaliser les "propos homophobes et transphobes", lesquels vont permettre à ces tristes individus aux mains tachées d’encre depuis la IIIe République de vivre une "sexualité ludique, joyeuse, libre, contractuelle" tout en prenant leur bain de pieds et en calculant leurs points de retraite tandis que l’on remplira les prisons.

Ils disent aussi que, pour en finir avec le cannibalisme rivalitaire des "dieux", il est urgent de remplacer l’imposture de toutes les croyances par le "jaillissement de la vie" ou encore par un "athéisme résolu et gai". Mais qui, sinon eux-mêmes, les empêche d’être résolu, jaillissant et gais, ou encore "incroyablement enthousiastes" et "partisans d’une éthique joyeusement païenne" comme écrit l’un d’entre eux, je ne sais plus si c’est Michel Homay, Sallenave, Patrick Declerck, Accursi ou un autre sbire car je les confonds tous, et d’ailleurs ils ne sont bons qu’à être confondus dans leur confondante satisfaction de rabâcheurs positivistes et leur monochromie intellectuelle. [...]

La première chose remarquable chez l’athée absolu, c’est qu’il éprouve tout de suite le besoin maladif d’ajouter qu’il est joyeusement gai, gaiement réjoui, rempli d’enthousiasme allègre et jubilation tourbillonnante, comme si on pouvait en douter. La seconde chose remarquable, chez l’athée gaiement résolu, c’est la gueule triste de sa prose bâclée, de ses phrases démoralisées, de sa langue grise, précipitée et dépressive, de son analphabétisme d’agrégé de banlieue. L’athée joyeusement gai voudrait bien imposer à tous sa gaieté joyeuse, mais il est déjà incapable de la communiquer à son propre style. Il devrait commencer par euphoriser devant sa porte, mais il n’y pense même pas. Il ne voit pas que le plat sanglot de son style ne trahit que le ressentiment et l’esprit de vengeance qui sont à l’œuvre derrière son enthousiasme athée joyeusement païen et laborieusement incroyant.

Auteur: Muray Philippe

Info: Dans "Exorcismes spirituels, tome 4", Les Belles Lettres, Paris, 2010, pages 1492-1493 * pseudonyme utilisé pour désigner Michel Onfray

[ rebelles conformistes ] [ galériens ] [ platitude de style ] [ mutins de Panurge ]

 
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sécularisation

Le xvie siècle fut un équinoxe historique, où l’Idéal bafoué par les giboulées du sensualisme s’abattit enfin, racines en l’air. Le spirituel christianisme, sabordé dans ses méninges, saigné au tronc des carotides, vidé de sa plus intime substance, ne mourut pas, hélas ! Il devint idiot et déliquescent dans sa gloire percée.

Ce fut une convulsion terrible pendant cent ans, accompagnée d’un infiniment inutile et lamentable rappel des âmes. Notre circulante sphère parut rouler au travers des autres planètes comme un arrosoir de sang. Mais le martyre même ayant perdu sa vertu, la vieille bourbe originelle fut réintégrée triomphalement, toutes les portes des étables furent arrachées de leurs gonds et l’universelle porcherie moderne commença son bréneux exode.

Le christianisme, qui n’avait su ni vaincre ni mourir, fit alors comme tous les conquis. Il reçut la loi et paya l’impôt. Pour subsister, il se fit agréable, huileux et tiède. Silencieusement, il se coula par le trou des serrures, s’infiltra dans les boiseries, obtint d’être utilisé comme essence onctueuse pour donner du jeu aux institutions et devint ainsi un condiment subalterne, que tout cuisinier politique put employer ou rejeter à sa convenance. On eut le spectacle inattendu et délicieux, d’un christianisme converti à l’idolâtrie païenne, esclave respectueux des conculcateurs du Pauvre, et souriant acolyte des phallophores.

Miraculeusement édulcoré, l’ascétisme ancien s’assimila tous les sucres et tous les onguents pour se faire pardonner de ne pas être précisément la volupté, et devint, dans une religion de tolérance, cette chose plausible qu’on pourrait nommer le catinisme de la piété. Saint François de Sales apparut, en ces temps-là, juste au bon moment, pour tout enduire. De la tête aux pieds, l’Église fut collée de son miel, aromatisée de ses séraphiques pommades. La Société de Jésus, épuisée de ses trois ou quatre premiers grands hommes et ne donnant déjà plus qu’une vomitive resucée de ses apostoliques débuts, accueillit avec joie cette parfumerie théologique, où la gloire de Dieu, définitivement, s’achalanda. Les bouquets spirituels du prince de Genève furent offerts par de caressantes mains sacerdotales aux explorateurs du Tendre, qui dilatèrent aussitôt leur géographie pour y faire entrer un aussi charmant catholicisme… Et l’héroïque Moyen Âge fut enterré à dix mille pieds !…

Auteur: Bloy Léon

Info: Dans "Le Désespéré", Livre de poche, 1962, pages 226-228

[ décadence ] [ religion traîtresse ]

 

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psychanalyse

Il vous suffit d’ouvrir ce petit livre qui s’appelle Moïse et le monothéisme sur lequel FREUD, après l’avoir mijoté depuis quelques dix ans - à partir de Totem et Tabou il ne pensait qu’à ça, à cette histoire de Moïse et de la religion de ses pères - articule ce qui concerne le monothéisme. [...]

Rien ne me paraît en tout cas plus fermement articulé, plus conforme à toute la pensée antérieure de FREUD que ce Moïse et le monothéisme. Autour de quoi porte la question de Moïse et le monothéisme ? Il s’agit évidemment, de la façon la plus claire, du message monothéiste comme tel. C’est cela qui intéresse FREUD. C’est cela d’ailleurs qui d’emblée n’a pas besoin pour lui d’être discuté dans l’ordre de la connotation de valeur.

Je veux dire que pour lui il ne fait pas de doute que le message monothéiste comporte en soi-même un accent incontestable de valeur supérieure à tout autre. Le fait que FREUD soit athée ne change rien à ceci. Il reste que pour un athée, celui qui est FREUD - je ne dis pas pour tout athée : c’est à voir - en tout cas pour lui la visée du message monothéiste saisie dans son fondement radical, est quelque chose qui a une valeur décisive. [...]

[...] dans l’atmosphère païenne, alors qu’on ne l’appelait pas comme cela, qu’elle était en pleine floraison, le numen surgit à chaque pas, si l’on peut dire, à tous les coins des routes, surgit dans la grotte, à la croisée des chemins. Ce numen tisse l’expérience humaine. Nous pouvons encore apercevoir les traces de ce mode de véhicule, beaucoup de champs en existent encore dans l’existence humaine. C’est là quelque chose qui, par rapport à la manifestation, à la profession monothéiste, est dans un certain rapport de contraste. Je dis que le "numineux" surgit à chaque pas et inversement je dirais que chaque pas du "numineux" laisse une trace, engendre, si je puis dire, un mémorial.

Il n’en faut pas beaucoup pour qu’un temple s’élève, qu’un nouveau culte s’instaure. Le "numineux" pullule et agit de partout dans l’existence humaine, si abondant d’ailleurs que quelque chose à la fin doit se manifester tout de même par l’homme de maîtrise qui ne se laisse pas déborder. C’est ce formidable enveloppement, et en même temps une dégradation dans la fable, ces fables antiques, si riches de sens, dont nous pouvons encore nous bercer, et dont nous avons peine à concevoir comment elles étaient compatibles avec quoi que ce soit qui comportât une foi à ces dieux, puisqu’aussi bien ces fables, qu’elles soient héroïques, épiques ou vulgaires sont tout de même marquées : de je ne sais quel désordre, de je ne sais quelle ivresse, de je ne sais quel anarchisme, si l’on peut dire, des passions divines. [...]

En face de cela qu’avons-nous ? Nous avons donc le message monothéiste et c’est à cela que FREUD consacre son examen.

Auteur: Lacan Jacques

Info: 16 mars 1960

[ paganisme ] [ résumé ] [ contextualisation ]

 
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temporel-éternel

- L’idée maîtresse de mon article est qu’aux temps anciens des trois premiers siècles de son existence, le christianisme n’apparaissait sur la terre que comme une Église et n’était que cela. Or, quand l’État romain païen voulut devenir chrétien, il advint infailliblement que, devenu chrétien, il ne fit que s’incorporer l’Église, tout en continuant à être un État païen dans un grand nombre de ses fonctions. Au fond, il devait sans conteste en être ainsi. Mais Rome, en tant qu’État, avait conservé beaucoup trop de vestiges de la civilisation et de la sagesse païennes, comme par exemple les fins et les fondements mêmes de l’État. L’Église du Christ, elle, entrée dans l’État, ne pouvait évidemment rien céder de ses fondements, de la pierre sur laquelle elle reposait, et ne pouvait poursuivre que ses propres fins, fermement établies et indiquées par le Seigneur lui-même, entre autres celle de transformer en Église le monde entier et, partant, aussi l’antique État païen. Ainsi (c’est-à-dire en prévision de l’avenir), ce n’est pas l’Église qui doit se chercher une place déterminée dans l’État, comme "toute association publique" ou comme "une association humaine à fins religieuses" (ainsi que le dit de l’Église l’auteur à qui je réponds), mais au contraire, tout État temporel devrait par la suite se transformer entièrement en Église et ne plus être que cela, après avoir écarté tous ses buts incompatibles avec ceux de l’Église. Tout cela ne l’abaisse nullement et ne lui enlève ni son honneur ni sa gloire en tant que grand État, pas plus que la gloire de ses chefs, mais lui fait seulement quitter la fausse voie, encore païenne et erronée, pour la voie juste et véritable, la seule qui mène aux fins éternelles. Voilà pourquoi l’auteur du livre sur Les bases de la justice ecclésiastique eût vu juste si, en recherchant et en proposant ces bases, il ne les eût considérées que comme un compromis provisoire, indispensable encore à notre époque de péchés et non révolue, pas plus. Mais à peine l’auteur de ces bases ose-t-il déclarer que celles qu’il propose et dont le père Joseph vient d’énumérer une partie, sont des bases inébranlables, essentielles et éternelles, qu’il se trouve en opposition directe avec l’Église et sa sainte prédestination éternelle et immuable. Voilà tout mon article, son exposé complet.

- C’est-à-dire, en résumé, prononça de nouveau le père Païsius en appuyant sur chaque mot, selon certaines théories qui ne se sont que trop manifestées dans notre dix-neuvième siècle, l’Église doit se transformer en État, passer en quelque sorte d’une forme inférieure à une forme supérieure, pour s’y fondre ensuite, en cédant devant la science, l’esprit du temps et la civilisation. Et si elle s’y refuse et résiste, on ne lui assigne dans l’État qu’un certain coin, et encore sous surveillance, cela partout, à notre époque, dans les pays européens. Or, d’après la conception et l’espérance russes, ce n’est pas l’Église qui doit se transformer en État, pour passer d’un type inférieur à un type supérieur, c’est au contraire l’État qui doit finir par devenir digne d’être exclusivement une Église, et rien d’autre. Ainsi soit-il !

Auteur: Dostoïevski Fédor Mikhaïlovitch

Info: Dans "Les Frères Karamazov", traduction d'Elisabeth Guertik, le Cercle du bibliophile, pages 79-80

[ soumission ] [ hérésie ] [ modernité ]

 
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