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désenracinement

Tu ouvres les yeux
Paupières lourdes
Ton corps glisse sur le drap
Contraction du grand adducteur
Spasmes multiples du triceps
Sécheresse de la muqueuse buccale /
Tu ouvres les yeux et tu les refermes /
Agression de l’environnement
L’odeur du lit ne t’appartient pas
Rien ne t’appartient ici
Même pas les allumettes, les bouteilles de whisky en plastique, les cotons-tiges,
les pantoufles jetables ou la cire à chaussure /
Tu es pulvérisé dans l’espace
Tu es hors du temps paumé entre des latitudes et des longitudes qui s’embrouillent dans ta tête
Delhi, Tokyo, Dakar, Sao Paulo, Kiev, Hong Kong, Santiago /

Auteur: Badea Alexandra

Info: Dans "Pulvérisés", page 11

[ réveil ] [ repères ] [ émerger ] [ perdu ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

bourgeoisie

Le Rentier pour Ubu, est une figure philosophique, comme le salaud chez Sartre, l'Hystérique chez Freud, le Sophiste chez Platon, ou le Capitaliste chez Marx? Le rentier symbolise la pompe à phynance, il en est l'emblème totémique. Il est passé par le grand décervelage. Il est celui qui ne pense plus. Sans cervelle, il n'est plus qu'un moulinet à clichés. Néant de pensée, pensée-morte, anti-cervelle, il est l'être couché, prosterné devant la phynance... C'est l'anti-artiste. Il profite de tout. Il rentabilise, épargne, boursicote, planifie les actions, les idées, la vie, la mort. Le monde entier, c'est le monde de la gestion, de la mesquinerie, de l'étroitesse, du rétrécissement, de l'équilibre, de la mesure, de la règle, de la norme, des mains propres, des pantoufles, de la platitude...

Auteur: Sollers Philippe

Info:

[ résignation ]

 

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funérailles

Le bras sur l'accoudoir, il regardait par la portière avec un air de componction les stores baissés de l'avenue. Un qui s'écarte : vieille femme aux aguets. Nez aplati blanc contre le carreau. Remercie sa bonne étoile que son tour soit passé encore une fois. Inouï l'intérêt qu'elles prennent à un cadavre. Heureuses de nous voir partir ; nous leur donnons une telle peine à l'arrivée. Besogne qui semble être dans leur goût. Cachotteries chuchotées dans les coins. Elles trottent menu à pas fourrés dans leurs pantoufles de crainte qu'il s'éveille. Puis l'affairement autour du lit. Sa toilette. Molly et Mme Fleming faisant le lit. Tirez un peu plus de votre côté. Notre linceul. On ne sait jamais qui vous manipulera mort. Savonnage et shampoing. Je crois qu'on taille les ongles et les cheveux. On en garde un peu dans une enveloppe. Continuent tout de même à pousser. Vilain boulot.

Auteur: Joyce James

Info: In "Ulysse", t. 1, Gallimard-folio, p. 147 - trad. Auguste Morel

[ rites ] [ monologue intérieur ] [ femmes-hommes ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

végétal

Suite à une intuition de Darwin on a commencé des expériences pour découvrir assez vite que les plantes ont ce qu'on pourrait appeler leur "cerveau" dans les racines. Têtes plantées dans le sol, elles nous donneraient plutôt à voir leurs organes sexuels. Selon le chercher en neurobiologie Frantisek Baluska les racines analysent en permanence au moins une vingtaine de paramètres issus de leur environnement (luminosité, gravitation, etc..). Il démontre clairement que cette sorte de cerveau, un peu comme un périscope, se situe tout en pointe de la racine. Selon lui, si ces cellules ne sont pas des neurones, sous plusieurs aspects elles en sont très proches. (on voit entre autre, dans un film accéléré, une racine " tâtonner " pour trouver où s'installer. Et on voit ensuite la même racine, extrémité coupée, qui ne tâtonne plus mais va tout droit). Ce domaine de recherche, la neurobiologie, a beaucoup de peine à se faire reconnaître par les scientifiques installés en pantoufles.

Auteur: Arte TV

Info: l'esprit des plantes de Jacques Mitsch

[ sciences ] [ vie ]

 

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ville

Suivez la première rue venue, dans cette tendresse de lumière violette. Faites le vide dans l’esprit. Aussitôt, mille sensations vous assaillent de tous côtés. Ici l’homme est encore créature de poil et de plume ; ici le kyste et le quartz ont encore la parole. On y trouve des maisons qui parlent, des édifices volubiles, avec leurs visières de tôle et leurs fenêtres qui suent ; des lieux saints aussi, où les enfants se drapent autour des portiques, tels des contorsionnistes ; des rues roulantes, ambulantes, où rien n’est immobile, rien n’est fixe, compréhensible, sauf aux yeux et à l’esprit du rêveur. Des rues hallucinantes, également, où tout, soudain, n’est que silence, désert, comme après le passage d’un fléau des rues qui toussent, d’autres qui battent comme des tempes en fièvre, d’autres encore où l’on peut bien mourir, qui s’en soucie ? Des rues étranges, frangipaniques, où l’essence de rose se mêle à l’âcre morsure du poireau et de l’échalote. Des rues en pantoufles, répercutant le flip, flap de nonchalances mouvantes. Des rues droit sorties d’Euclide, qui ne s’expliquent qu’à coups de logique et de théorèmes…

Auteur: Miller Henry

Info: La Crucifixion en rose, tome 1 : Sexus

[ venelles ] [ onirique ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

obèse

La masse de la patronne remplit un grand fauteuil d'osier auquel chacun de ses mouvements arrache des gémissements douloureux.
Elle est vêtue d'une simple combinaison beige qui déborde par tous les orifices de son tablier à fleurs. Par-devant, les boutons, acculés à l'extrémité de la bride, contiennent vaillamment les amas indistincts de son ventre et de ses mamelles.
La peau de ses jambes et de ses bras est si distendue qu'elle en est transparente. On voit, à travers, une chair rosâtre alvéolée de blancheurs, qui ressemble à du hachis à saucisse.
Elle n'a plus ni poignets ni chevilles.
Ses pantoufles tuméfiées, dont la languette de molleton inversée s'étale comme l'appendice d'un étranglé, contiennent à grand-peine la plante de ses pieds.
Depuis longtemps, la graisse est venue à bout de tous ses membres.
Il ne restait que le visage. Des détachements luisants de fraîcheur se sont lancés à l'assaut de la gorge, du menton, des joues déjà en pleine déconfiture. Seuls, le nez, le front et, retranchés au fond des orbites, les petits yeux pétillants lui échappent encore, et ils émergent de ce fatras adipeux comme les vestiges d'un empire éboulé.

Auteur: Job Armel

Info: Baigneuse nue sur un rocher

[ littérature ]

 

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animal domestique

Journée particulière. Je pars avec mon chien dans la forêt comme de coutume. Soudain il file comme une flèche à l'intérieur d'un sous-bois de résineux très sombre. Après quelques secondes j'entends des feulements impressionnants. Inquiet (Merlin a parfois des problèmes de bagarre avec d'autres chiens - nous somme en Suisse) je fonce en courant dans le sous-bois. Je suis en pantoufles de gym, il fait moins 2 et il y a 20 cm de neige. J'arrive au sommet d'une forte pente et je vois la tête d'un chevreuil qui se débat dans le petit cours d'eau au fond du ravin, le chien n'est pas visible, caché par le dévers. Je hurle. Merlin surgit et remonte aussitôt vers moi, la tête dans les épaules, genre " j'ai encore fait une connerie."
Je le ramène à la maison pour l'y laisser, mets des chaussures adaptées et repars le long du ruisseau dans le creux très accidenté de la gorge pour découvrir le chevreuil, un jeune adulte magnifique, allongé dans 20 cm d'eau. Mort. Je le prends sur mes épaules et le remonte péniblement à la maison.
5 heures plus tard, grâce à Christian, il ne reste rien. Si ce n'est 7 ou 8 kilos de viande finement découpée dans le congélateur.
C'est en désossant la bête que nous avons pu constater qu'elle a les deux hanches cassées, probablement suite à sa chute dans le ruisseau dans la poursuite-bagarre. J'imagine mal Merlin capable de faire ça tout seul.
J'ai ensuite jeté le reste des abats en pleine nature, dans un endroit reculé, au contraire des indications de Christian qui m'avait conseillé de creuser un trou et d'enterrer le tout.

Auteur: Mg

Info: 28 fév. 2013

[ chasse ] [ boucherie ]

 

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égoïsme

Dis, tu as peur de te mouiller quand tu vois une injustice criante ! Pas vrai, tu ne vas pas avoir la trouille au moment de parler et d'agir... Je sais bien, chacun de nous est très fort quand il s'agit de critiquer et de râler contre une société pourrie. Mais finalement, quand il faut passer aux actes, qu'il faut s'habiller pour sortir de chez soi, on enfile ses pantoufles et sa bonne petite vie sans grosses histoires, et l'on s'excuse, et l'on trouve toujours des raisons...
Dis, qui pourra changer les structures d'une société qui aliène l'homme si tu ne participes pas avec tes camarades à ces transformations urgentes ? Tu es responsable, pour ta part, de l'avenir de l'homme. Ce qui est demandé aujourd'hui, ce n'est pas d'avoir une bonne conscience, mais d'avoir une conscience collective, sensible à tout ce qui se passe dans le monde et autour de soi. A quoi sert de balancer de grandes phrases, de toujours se gratter les méninges pour savoir ce qu'il faut faire, quand on n'a pas le courage de se salir les mains et de prendre ses responsabilités ? Ce que l'on pourrait reprocher à certains "révolutionnaires de salon", c'est qu'ils sont toujours en train de contester la société actuelle mais jamais leur propre personne, toujours à revendiquer leurs droits, sans jamais parler de leurs devoirs. Si les structures doivent changer, les mentalités aussi doivent se transformer de fond en comble. Que vaut un changement matériel si les hommes gardent profondément un esprit de profit et de domination ? Il faut attaquer sur tous les fronts...
Encore est-il nécessaire d'être secoué par un événement, par la rencontre de l'injustice, par de pauvres gens en détresse, pour prendre conscience de la nécessité des changements. C'est un peu comme un rappel brutal, au cours d'un sommeil, de la volonté de Dieu : "Je t'envoie vers tes frères pour y vivre en homme et travailler à faire régner la justice. Tu es avec moi responsable de la création." Et c'est peut-être en commençant par de petits gestes concrets que l'on devient vraiment responsable, prêt à lutter pour plus de justice et d'amour dans le monde. Tout le reste n'est que bavardage ou conversations d'intellectuels, qu'ils soient de gauche ou de droite !
Dis, si tu relisais sérieusement l'Évangiles, tu verrais sans doute à quel point celui qui se laisse saisir par le Christ devient responsable de toute un terre à connaître, à aimer...

Auteur: Imberdis P.

Info: Se salir les mains

[ solidarité ] [ action ]

 

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portrait

Céline craignait les visiteurs, il vivait comme un petit rentier, derrière une vitre, dans un fauteuil, assis sur des couvertures, les pieds emmitouflés et enfoncés dans des pantoufles énormes. Il écrivait tous les jours, jusqu'à 4 heures de l'après-midi. En arrivant, on demandait si le docteur était là. Il réagissait mieux quand on l'appelait docteur. Ce qui frappait, c'était son regard. Il avait cet oeil que la photo rend mal, un oeil bleu, malin, blasé, à la paupière floue, avec des éclairs, de l'amertume, de la ruse.

Quand il se sentait observé, il lui arrivait, pendant de longs moments, de parler comme un livre. Il y avait aussi des creux, durant lesquels il continuait à émettre de façon fragmentée. Si on ne l'interrompait pas ou si on ne le relançait pas par une question, il allait seul, oubliant le micro, dressant ses grands bras pour remplacer un mot ou une phrase, pour occuper le silence, puis il les laissait retomber sur ses genoux.

En allant l'interroger, je cherchais des influences de style dans ses lectures, des modèles. La Fontaine, principalement ; Mme de Sévigné aussi : les épistoliers sont à mi-chemin entre l'oral et l'écrit. Bien sûr qu'il avait à dire sur la Sévigné ! Les deux mains s'élèvent comme deux crabes à l'envers :

"Dans la Sévigné, on sent comme un tremblement de velours..."

Les autres stylistes y passent à leur tour. Stendhal ? Un pisse-froid Proust ? Il n'avait pas beaucoup de style, il était malade. Saint-Simon ? De premier ordre, mais emmerdant à cause de ses nobles ; il y a trop de nobles, c'est la barbe.

Mais c'était lui que je cherchais. À l'audition de la bande, sans les gestes, sans rien d'autre que ce qui est enregistré, l'évocation est encore vive et drôle, mais partielle. La langue orale, par son intonation, son accentuation, son rythme, conserve encore suffisamment de traits non équivoques. Mais le texte transcrit de ce que Céline disait est illisible. Il fallait être Céline pour transcoder son propre discours.

D'abord, il y a les silences. Ce sont des tunnels, et c'est de là, je crois, qu'il faut partir. Entre les moments où Céline cesse d'émettre des sons articulés et ceux où il reprend, la signification continue. Un exemple ? À propos de Villon, il dit : "Il ramène tout d'un coup, n'est-ce pas, des mélancolies qui viennent de loin... Qui sont bien au-dessus, au fond de la nature humaine, qui n'a pas cette qualité, n'est-ce pas..." Je note par des points de suspension ce qui me semble être un silence de dérive, là où Céline change de route. Et je note par une virgule ce qui me semble être un silence de reprise, là où, tandis que le silence se déroule. Céline continue dans la même direction. Dans un cas comme dans l'autre, le silence est un trait de la syntaxe célinienne : la signification continue dessous.

Auteur: Guénot Jean

Info: De la parole à l'écriture, article dans le journal Le Monde du 15 février 1969

[ écrivains français ]

 

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Ajouté à la BD par miguel