Citation
Catégorie
Tag – étiquette
Auteur
Info



nb max de mots
nb min de mots
trier par
Dictionnaire analogique intriqué pour extraits. Recherche mots ou phrases tous azimuts. Aussi outil de précision sémantique et de réflexion communautaire. Voir la rubrique mode d'emploi. Jetez un oeil à la colonne "chaînes". ATTENTION, faire une REINITIALISATION après  une recherche complexe. Et utilisez le nuage de corrélats !!!!..... Lire la suite >>
Résultat(s): 65
Temps de recherche: 0.0397s

citation s'appliquant à ce logiciel

Il y a dans toute énumération deux tentatives contradictoires; la première est TOUT recenser, la seconde d'oublier tout de même quelque chose; la première voudrait clôturer définitivement la question, la seconde la laisser ouverte; entre l'exhaustif et l'inachevé, l'énumération me semble ainsi être, avant toute pensée (et avant tout classement), la marque même de ce besoin de nommer et de réunir sans lequel le monde (la "vie") resterait pour nous sans repères: il y a des choses différentes qui sont pourtant un peu pareilles; on peut les assembler dans des séries à l'intérieur desquelles il sera possible de les distinguer.

Auteur: Perec Georges

Info: Penser/Classer, Hachette 1985 nrf

[ classement ] [ rangement ] [ trier ] [ lister ]

 

Commentaires: 0

aide-mémoire

Tout objet acheté à l'étranger est une réserve de mémoire. Le Christ baroque posé au mur m'empêche d'oublier l'instant passé avec des amis dans une boutique poussiéreuse de Caracas, l'ange polychrome légèrement détérioré me rappelle la dame qui, à Santiago, me disait "J'aime sa blessure à le tempe" et la statue du petit moine qui régit sur le bureau me console d'un marchandage malheureux dans une foire japonaise. Ces pans de vie comment les aurais-je préservés sans de pareilles aides ? Les objets conservés sont de véritables repères d'orientation dans un passé qui sans cela risquerait de se défaire. Ils le sauvegardent encore. Il y a là du proustianisme délibéré.

Auteur: Banu Georges

Info: L'Oubli, p. 70

[ pont avec la réalité ] [ bibelots ] [ voyages ] [ signes ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par miguel

province

Chanfier roulait depuis six heures quand il traversa par l'inévitable rue principale ce bled froid et triste. L'artère étroite n'en finissait pas et les maisons basses qui la bordaient se suivaient, toutes pareilles, sous un ciel aux nuages gris que le vent de l'océan tout proche jetait dans une course rapide. C'était une petite ville, ni plus ni moins sinistre que celles qu'il avait rencontrées tout au long de sa route, sur des nationales, à travers les provinces.
Il était un peu plus de quinze heures, on était en semaine, il n'y avait pas un trainard sur les trottoirs. Le genre de patelin où l'on peut compter les oisifs sur les dents d'un râteau.

Auteur: Siniac Pierre

Info: Femmes blafardes

[ décor ]

 

Commentaires: 0

chance .

Chaque homme vise aux mêmes buts, qui sont les honneurs et la richesse ; mais ils emploient pour les atteindre des moyens variés : l'un la prudence, l'autre la fougue ; l'un la violence, l'autre l'astuce ; celui-ci la patience, cet autre la promptitude ; et toutes ces méthodes sont bonnes en soi. Et l'on voit encore de deux prudents l'un réussir et l'autre échouer ; et à l'inverse deux hommes également prospères qui emploient des moyens opposés. Tout s'explique par les seules circonstances qui conviennent ou non à leurs procédés. De là résulte ce que j'ai dit précédemment : des façons de faire différentes produisent un même effet, et de deux conduites toutes pareilles l'une atteint son but, l'autre fait fiasco.

Auteur: Machiavel Nicolas

Info: Le Prince/Le livre de poche/Librairie Générale Française 1983

[ hasard ]

 

Commentaires: 0

barbarie

Il y a cinquante ans, dans mon enfance, il semblait absolument évident que le mauvais vieux temps était passé, que la torture, les massacres, l'esclavage et la persécution des hérétiques avaient disparu à jamais. Pour des gens qui portaient haut-de-forme, se déplaçaient en train et prenaient un bain quotidien, de pareilles horreurs étaient simplement inconcevables. Nous vivions au vingtième siècle, que diable ! Quelques années plus tard, ces mêmes hommes qui se baignaient chaque jour et allaient à l'église en huit-reflets commettaient des atrocités d'une ampleur dont les Asiatiques et les Africains enténébrés n'eussent jamais rêvé. À la lumière de l'histoire récente, il serait stupide de croire que ce genre de choses ne peut pas se reproduire. Il le peut et sans doute il le fera.

Auteur: Huxley Aldous

Info: Retour au meilleur des mondes

[ cyclique ] [ vigilance ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par miguel

routine

Nous entrons tous les trois ; nous commençons par prendre le thé, puis paraissent sur la table deux jeux de cartes, le gros fromage, les fruits et la bouteille de champagne de Crimée que je connais depuis longtemps. Le sujet de nos conversations n'a rien de nouveau, c'est toujours le même que cet hiver. L'université, les étudiants, la littérature, le théâtre en prennent pour leur compte ; la médisance rend l'atmosphère épaisse, irrespirable et ce ne sont plus deux crapauds, comme cet hiver, mais trois qui l'empoisonnent de leur haleine. Outre le rire chaud et velouté et les roulades en cascade pareilles à celles de l'accordéon, la femme de chambre qui nous sert entend encore un ricanement fêlé, pareil à celui d'un général de vaudeville : hé-hé-hé...

Auteur: Tchekhov Anton Pavlovitch

Info: "Une banale histoire", in "Le duel, et autres nouvelles", éd. Folio-Gallimard, p. 303

[ médiocrité ] [ amertume ] [ habitude ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par Benslama

art d'écrire

Il n'y a pas de plus grand rafraîchissement pour l'esprit que la lecture des classiques anciens ; dès qu'on ouvre au hasard l'un d'entre eux, ne fût-ce que pour une demi-heure, on se sent aussitôt délassé, soulagé, épuré, élevé et fortifié ; il semble que l'on vient de se désaltérer à la source pure d'un rocher. Cet effet est-il dû à la perfection des langues anciennes, ou à la grandeur des esprits dont le temps n'a ni entamé ni affaibli les œuvres ? Peut-être aux deux raisons ensemble. Mais je sais une chose : si l'on doit cesser un jour d'apprendre les langues anciennes, comme on nous en menace, nous aurons une littérature nouvelle consistant en un gribouillage d'une barbarie, d'une platitude et d'une indignité sans pareilles jusque-là.

Auteur: Schopenhauer Arthur

Info: Dans "Parerga et Paralipomena"

[ exemplarité ] [ élévation ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par Coli Masson

legs philosophique

Si parfois je me suis cru malheureux, c'est sous l'influence d'une confusion, d'une erreur. Je me suis pris pour un autre, par exemple pour un suppléant qui n'arrive pas à se faire titulariser, pour l'accusé dans un procès en diffamation, pour l'amoureux que cette jeune fille dédaigne, pour le malade qui ne peut sortir de chez lui, pour d'autres personnes souffrant de pareilles misères. Je n'ai pas été ces personnes. Elles ont été, tout au plus, le tissu de plusieurs vêtements que j'ai portés, puis rejetés. Qui suis- je réellement ? Je suis l'auteur de Le Monde comme volonté et représentation; je suis celui qui a donné à l'énigme de l'Être une réponse qui occupera les penseurs des siècles futurs. Voilà l'homme que je suis; qui pourrait le contester dans les années qui me restent encore à vivre ?

Auteur: Schopenhauer Arthur

Info: Rapporté par Eduard Grisebach, 1860. Aussi relevé par Borges dans Enquêtes, Histoires des échos d'un nom, Folio, p 216

[ illusions ] [ postérité ] [ autocritique ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par miguel

nord-sud

Toute prétention à une supériorité quelconque, sauf dans le domaine technologique, qu'ont pu entretenir les nations chrétiennes, a, en ce qui me concerne, été réduite à néant par l'existence même du IIIe Reich. Les Blancs furent et sont encore stupéfaits par l'holocauste dont l'Allemagne fut le théâtre. Ils ne savaient pas qu'ils étaient capables de choses pareilles. Mais je doute fort que les Noirs en aient été surpris ; au moins au même degré. Quant à moi, le sort des juifs et l'indifférence du monde à leur égard m'avaient rempli de frayeur. Je ne pouvais m'empêcher, pendant ces pénibles années, de penser que cette indifférence des hommes, au sujet de laquelle j'avais déjà tant appris, était ce à quoi je pouvais m'attendre le jour où les États-Unis décideraient d'assassiner leurs nègres systématiquement au lieu de petit à petit et à l'aveuglette.

Auteur: Baldwin James

Info: La prochaine fois, le feu

[ ww2 ]

 

Commentaires: 0

camp de concentration

Toute prétention à une supériorité quelconque, sauf dans le domaine technologique, qu'ont pu entretenir les nations chrétiennes, a, en ce qui me concerne, été réduite à néant par l'existence même du IIIe Reich. Les Blancs furent et sont encore stupéfaits par l'holocauste dont l'Allemagne fut le théâtre. Ils ne savaient pas qu'ils étaient capables de choses pareilles. Mais je doute fort que les Noirs en aient été surpris ; au moins au même degré. Quant à moi, le sort des juifs et l'indifférence du monde à leur égard m'avaient rempli de frayeur. Je ne pouvais m'empêcher, pendant ces pénibles années, de penser que cette indifférence des hommes, au sujet de laquelle j'avais déjà tant appris, était ce à quoi je pouvais m'attendre le jour où les États-Unis décideraient d'assassiner leurs nègres systématiquement au lieu de petit à petit et à l'aveuglette.

Auteur: Baldwin James

Info: La prochaine fois, le feu

[ occident ] [ vingtième siècle ] [ compromis ]

 

Commentaires: 0